" U zinu" :
Inutile de se livrer à de longs discours : l'article d'El watan, relatif à la question kabyle en Algérie permet de découvrir quelques similitudes avec la Corse et le rapport de cette dernière avec la France.
Il existe, en Kabylie comme en Corse, deux tendances principales : l'une autonomiste revendiquant son appartenance à la nation algérienne, et l'autre indépendantiste, représentée par le mouvement "MAK". ( Mouvement pour l'Autodétermination de la Kabylie) qui s'exprime notamment à travers le site https://www.makabylie.org
Mais n'allons pas plus loin dans la comparaison, et laissons le lecteur tirer ses propres conclusions, car dans le contexte actuel aborder des problématiques faisant référence au Maghreb soulève des tensions idéologiques extrêmes.
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Hamou Boumedine. Coordinateur du Rassemblement pour l’autonomie de la Kabylie (RPK)
«Pour nous, la Kabylie fait partie de l’Algérie et doit y rester»
Votre mouvement s’inscrit dans une démarche visant à obtenir un statut particulier pour la Kabylie. Pouvez-vous nous expliquer votre projet ?
Notre projet s’inscrit dans une perspective d’appropriation de la Kabylie d’un pouvoir institutionnalisé en vue de sauvegarder son identité, développer sa langue et sa culture.
Cela suppose une refondation de l’Etat algérien qui permettra d’accorder à la Kabylie, et à toutes les régions qui le souhaitent, une large autonomie politique, comme c’est le cas dans tous les pays qui ont opté pour un système régionalisé ou de type fédéral. L’Algérie est une société plurielle qui demande à revisiter, de manière sereine, sa diversité et adapter l’Etat à la nation multiculturelle.
Quand on dit large autonomie politique, cela implique l’établissement d’un parlement et d’un gouvernement régionaux. Ils auront des compétences quasi similaires à celles d’un pays, en dehors bien sûr de ce qui relève des domaines de la souveraineté nationale, à savoir la défense, la diplomatie et la monnaie. Pour dédramatiser peut-être ce terme d’autonomie, il faut comprendre que ce n’est pas une invention kabyle, mais un système largement établi dans les pays qui n’ont pas été victimes du système jacobin français.
Quels sont les points communs ou de divergence entre votre mouvement politique et le MAK de Ferhat Mhenni ?
Le point de convergence avec le MAK est surtout la Kabylie, nous avons la même préoccupation pour la sauvegarde de notre identité face aux menaces réelles de disparition. Ce qui nous différencie, c’est l’Algérie. Pour nous, la Kabylie fait partie de l’Algérie et il faut tout faire pour qu’elle y reste. Nous avons des liens historiques, culturels, humains avec le pays de Larbi Ben M’hidi et de Kateb Yacine. Par contre, le MAK est dans une vision indépendantiste, ce qui peut conduire, de notre point de vue, à des risques dont on ne mesure pas les conséquences.
Et avec le RCD et le FFS qui prônent respectivement les projets de la régionalisation modulable et le fédéralisme ?
Le FFS et le RCD sont des partis qui se veulent nationaux, même si leur base électorale est essentiellement ancrée en Kabylie et dans l’Algérois. Leurs préoccupations sont nationales et celles-ci n’intègrent pas la demande de reconnaissance des droits collectifs des peuples et communautés constituant l’Algérie. Pour ces deux partis, la question de la nation ne se pose pas, alors que pour nous elle est primordiale.
C’est en revisitant la nation dans une conception multiculturaliste qu’on pourra réellement faire avancer le débat sur la régionalisation, comme le suggère, et il faut le reconnaître, le RCD.
Comment estimez-vous l’impact suscité par l’annonce de la création de votre mouvement, notamment en Kabylie ?
Les réactions sont largement favorables, mais nous acceptons que des avis contraires s’expriment sur notre initiative. Nous avons construit un mouvement, le RPK, pour rassembler les forces vives de la Kabylie pour le meilleur et non pour rentrer en compétition avec les uns et les autres. Nous sommes des démocrates et nous croyons que le débat, l’acceptation de la liberté d’opinion sont les meilleurs voies pour faire avancer notre région, et par la même toute l’Algérie.
Les assises constitutives de votre mouvement sont prévues pour l’été prochain, le RPK participera-t-il aux élections après l’obtention de son agrément ?
D’abord, la question de l’agrément reste posée, puisque la Constitution algérienne ne reconnaît pas les partis et mouvements politiques sur la base régionale. C’est une bataille politique et juridique que nous aurons à engager avec détermination pour que avoir accès à l’exercice d’un droit politique. Pour les élections, la question sera posée à la direction du RPK, qui sera issue des assises que nous comptons organiser l’été prochain.
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Mouvement pour l'Autodétermination de la Kabylie
Le PEK, adopté par le congrès du MAK, résume son combat pour un Etat Kabyle souverain
www.makabylie.org
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EL WATAN
11.12.17
Marches des étudiants pour tamazight aujourd’hui
Mobilisation sur fond d’appréhension en Kabylie
L’onde de choc provoquée par le rejet d’une proposition d’amendement au profit de tamazight par la commission juridique de l’APN ne s’arrête pas.
Que ce soit à Béjaïa, à Tizi Ouzou ou à Bouira, depuis quelques jours, les rues de la Kabylie renouent avec la fièvre de la revendication identitaire.
Des marches de protestation s’y déroulent un peu partout depuis que ce rejet a été rendu public.
Hier, des lycéens sont sortis dans plusieurs localités de la wilaya de Béjaïa, comme à Aokas et El Kseur, pour marcher pour tamazight, emboîtant le pas à leurs camarades de nombreuses autres communes des wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa qui sont sortis dans la rue la semaine passée, brandisssant banderoles et drapeaux amazighs.
Ce mouvement de rue, grossi par un effet d’entraînement inattendu, intervient en pleine période des examens du premier trimestre, déjà perturbés par la grève illimitée du Cnapeste. Le climat n’est pas différent à l’université où la colère gronde.
Aujourd’hui, les rues de Béjaïa et de Tizi Ouzou vont vibrer sous les pas de milliers d’étudiants mobilisés pour battre le pavé dans une marche que l’on veut être celle «du peuple».
A Béjaïa, les étudiants marcheront ce matin vers la place Saïd Mekbel sous la houlette de la coordination locale des étudiants qui a appelé à une grève qui paralyse les deux campus depuis une dizaine de jours. La manifestation synchronisée est organisée pour deux objectifs : dire non à la loi de finances qui vient d’être adoptée par la majorité présidentielle et revendiquer «la promotion, la généralisation et la mise en œuvre juridique et institutionnelle de la langue tamazight».
Les communautés lycéenne et estudiantine bouillonnent alors que des voix sages, mais rares, tentent de ramener le débat sur un terrain fertile, tout en sensibilisant sur une «mauvaise» interprétation des faits et rendant compte de la distinction entre une loi et une proposition d’amendement. «La distinction est plus qu’impérative», écrit Brahim Tazaghart, ancien militant du MCB, dans une contribution publiée par El Watan.
«Un débat enclenché sur la base de fausses informations, de confusions, du mauvais usage des concepts, de manipulations des mots est voué à l’échec. L’éthique politique, la morale militante, la noblesse de notre combat ne nous permettent pas de tricher avec la population, de mentir devant le peuple, de déformer la formation politique de nos étudiants et de notre jeunesse», affirme B.
Tazaghart qui soutient, cependant, les manifestations pacifiques des lycéens et des étudiants. Y a-t-il eu mauvaise communication ? M. Tazaghart le croit et, selon lui, c’est elle qui a autorisé les questions des lycéens, étudiants et de la rue «telles que : c’est vrai qu’ils veulent supprimer l’enseignement de tamazight ?» En reprochant aux partis politiques de laisser, par leur silence, la voie aux «manipulateurs», il les invite à défendre la promulgation de «la loi organique» qui doit suivre pour la mise en œuvre de la constitutionnalisation de tamazight, langue nationale et officielle en 2016.
La seule réaction des partis a été celle du RCD et du FFS qui accusent tous deux le PT de «manipulation». Le RCD dénonce «l’effet de manipulation recherché par le PT», et le FFS accuse le même parti de «manœuvres de manipulation de l’opinion». Loin des querelles partisanes, qui calmera la rue ? La protestation des lycéens et étudiants continue et gagne même le soutien de la société civile, dont certaines organisations ont appelé à rejoindre les marches d’aujourd’hui.
Pour la coordination des étudiants de Béjaïa, le message est clair, le pouvoir «persiste dans sa marginalisation de notre identité millénaire ‘‘tamazight’’ par le refus catégorique de sa promotion, sa génération et sa mise en œuvre juridique et institutionnelle comme langue nationale et officielle». Les tenants du pouvoir sont accusés de s’attaquer «aux fondements mêmes de la nation, à savoir son identité».
En même temps qu’elles crieront le rejet des «lois antisociales et antipopulaires», les marches d’aujourd’hui dénonceront surtout «la précarisation de la culture amazighe» et rappelleront l’atmosphère des manifestations d’avant la constitutionnalisation de tamazight.
Kamel Medjdoub
A l’appel des étudiants de Béjaïa, Tizi Ouzou et Bouira
Imposantes marches pour tamazight
le 12.12.17 |
Ils étaient des dizaines de milliers d’étudiants, de lycéens et de collégiens à répondre à l’appel du collectif des étudiants de l’université Abderrahmane Mira de Béjaïa pour scander : «Tamazight partout et pour tous, du préscolaire à l’université !»
Les rues reliant le campus de Targa Ouzemmour à la place Saïd Mekbel ont vibré sous les pas des marcheurs qui revendiquent «une loi organique portant mise en œuvre de la reconnaissance de tamazight comme langue nationale et officielle, tel que le stipule la Constitution de 2016 et l’obligation et la généralisation de l’enseignement de la langue amazighe», comme écrit dans la déclaration du collectif estudiantin.
Cette marche intervient après 11 jours d’une grève enclenchée à l’université en signe de protestation contre le rejet, par la commission juridique de l’APN d’une proposition d’amendement en faveur de tamazight dans le cadre du projet de la loi de finances 2018. Au-delà des vives réactions enregistrées ici et là, pour dénoncer «un canular» ou une «manipulation», cet amendement, a écrit Brahim Tazaghart dans une récente contribution à El Watan, «a pu replacer le débat autour de tamazight, permettant de mettre en évidence l’absence d’une politique gouvernementale, mais aussi l’exigence de la lutte pour y remédier».
Dans une déclaration rendue publique, le collectif des étudiants a considéré que «le pouvoir, à travers le rejet dudit amendement, n’agit que pour le reniement de ses engagements (…). Ce semblant de réhabilitation, tel que stipulé dans les articles 3 et 4 de la Constitution, porte atteinte au vivre-ensemble des citoyens, n’est que pour la pérennité du système rentier liberticide responsable d’un délitement sans précédent des institutions de l’Etat, et engage toute une nation vers un avenir incertain».
Les manifestants ont exprimé leur refus de cette loi de finances «antisociale» en brandissant une banderole sur laquelle on pouvait lire : «Non à la loi de finances, basta à la marginalisation de tamazight». Cette action de rue s’est caractérisée par une organisation irréprochable qui n’a laissé aucune place aux dérapages tant appréhendés. Ainsi, ceux qui craignaient l’embrasement ont été très vite rassurés par un encadrement responsable et conscient des enjeux et des dangers de la manipulation, tant le spectre de cette dernière était appréhendé par des observateurs.
La procession a été organisée en plusieurs carrés où on peut distinguer divers courants politiques et différentes organisations de la société civile. Des dizaines de drapeaux du MAK, dont les militants ont scandé des slogans hostiles au pouvoir, ont flotté dans le ciel aux côtés du sigle du Parti socialiste des travailleurs (PST) et de celui de la Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie (CGATA) brandis par leurs militants respectifs qui ont rejoint le mouvement.
En plus des militants du MAK, une autre partie des étudiants a réitéré son attachement à une Algérie unique et plurielle avec l’amazighité comme socle de la nation en écrivant sur une banderole : «Qui touche à mon amazighité, touche à mon algérianité». Pratiquement toute la société civile de Béjaïa a été représentée dans cette marche par ses acteurs, à l’image du Café littéraire Dihya Lwiz, des élus de l’UDS, du RCD, le collectif El Hachemi Cherif, le comité de soutien aux travailleurs de Béjaïa, des syndicalistes du Snapap et des universitaires.
Nordine Douici
Yennayer, un combat de longue haleine
le 29.12.17 |
EL WATAN
L’Etat a enfin reconnu Yennayer comme journée nationale chômée et payée. L’annonce en a surpris plus d’un. Alors que certains ont qualifié la décision d’inattendue, d’autres l’ont juste accueillie avec beaucoup de joie. Réactions autour de son officialisation.
«La décision du président de la République d’instituer le12 janvier journée chômée et payée à partir du 12 janvier 2018 est une décision historique qui tend à consacrer les valeurs nationales», a déclaré hier le ministre de l’Intérieur, Noureddine Bedoui, en marge d’une séance plénière à l’Assemblée populaire nationale (APN).
Annoncée mercredi lors de la réunion du Conseil des ministres, la nouvelle de l’instauration de Yennayer journée nationale chômée et payée a vite fait le tour de la Toile.
Yennayer est enfin reconnu après tant d’années de combat pour la culture, la langue et l’identité amazighes. La décision a été prise après une vague de contestations des étudiants dans plusieurs régions du pays, notamment en Kabylie et à l’Est. Les protestataires revendiquaient la généralisation de l’enseignement de tamazight sur l’ensemble du territoire national, mais pas que. La question de la place de l’identité et de la langue amazighes en Algérie a été aussi évoquée.
Bedoui a même souligné la nécessité de «conforter l’unité nationale» et avoué que la langue amazighe «existe dans toutes les régions du pays», même si cela n’est guère nouveau pour beaucoup d’Algériens, pour qui Yennayer est une fête ancestrale, et qui savent que l’amazighité est l’identité par excellence de l’Algérie et de toute l’Afrique du Nord. L’autre nouvelle est celle de la création d’une académie dénommée «Académie algérienne de la langue amazighe». Les deux décisions annoncées mercredi ont suscité différentes réactions qu’El Watan Week-end a recueillies auprès des militants de différentes générations qui défendent la cause amazighe en Algérie.
Meziane Abane
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Ali Brahimi. Ex-député et ancien détenu du Printemps berbère de 1980
Tout ce qui a été arraché l’a été par nos souffrances
le 29.12.17 |
C’est une avancée symbolique fondamentale.
Elle règle la problématique des Algériens et des Amazigh vis-à-vis du temps, en remettant ce dernier dans le compteur du temps amazigh, un concept dont le terme en berbère a même disparu.
Ce n’est pas peu, il reste maintenant à amender également la Constitution pour requalifier cette terre qualifiée d’arabe. La requalifier pour ce qu’elle est, de terre amazighe ou, au moins, éviter de ne pas trop jouer avec les qualificatifs frustrants et répressifs. Yennayer comme journée nationale, c’est un acquis indéniable d’une lutte de plusieurs générations vécue dans le sang, la torture et dans les larmes dans une Algérie pourtant indépendante.
Il reste, maintenant dans ce combat de plusieurs générations, la Kabylie qui a fourni la militance face au déni. Et aux autres Algériens non berbérophones de se saisir de la cause amazighe pour en faire véritablement une cause nationale et pour la sortir des ornières ou le déni anti-amazigh des régimes nord-africains arabiques et islamiques.
La réhabilitation de l’identité et de la culture amazighes est une œuvre de longue haleine. Maintenant, nous ne pouvons pas, sur un seul fait, juger de l’existence ou non d’une volonté politique chez le régime algérien. Tout ce qui a été arraché l’a été par nos souffrances. Jusqu’ici, la volonté politique du régime a été très peu présente.
Mais nous ne crachons pas sur l’avenir. Ce qui est certain, c’est que la revendication amazighe est une revendication hautement subversive. En ce sens, elle pose la question de la diversité et de la pluralité qui lui sont consubstantielles pour des régimes nord-africains qui sont plutôt bâtis sur la pensée unique. C’est ce qui a fait de tamazight une question très politique. C’est une question qui ne pose pas uniquement la problématique de la langue, la culture et de l’identité, mais aussi celle de l’acquisition des libertés fondamentales, des droits de l’homme, de l’Etat de droit et de la démocratie.
Meziane Abane
http://www.elwatan.com/edito/jeu-dangereux-en-kabylie-07-06-2018-369704_171.php
le 07.06.18 |
On ne peut opposer le silence à l’appel de Ferhat Mehenni à la constitution de milices armées en Kabylie ou l’évoquer avec légèreté ou à demi-mot, au prétexte que cette question est extrêmement délicate. Car, c’est justement parce qu’elle est porteuse de graves périls tant pour la région que pour le pays qu'il faut en parler publiquement, l’analyser et, bien entendu, la condamner sans équivoque : c’est de la compréhension des motivations profondes de Ferhat Mehenni, de ses tenants et aboutissants que naîtra la vigilance des citoyens, seule à même de barrer la route à l’aventurisme qu'il prône. La conscience citoyenne est la meilleure parade, bien plus efficace que les actions des services sécuritaires, d’autant que ceux-ci traînent avec eux dans la région de mauvais souvenirs.
Cette conscience est déjà bien présente sur les réseaux sociaux qui ont répercuté l’appel du « président » du MAK : quasiment à l’«unanimité», il est signifié d’une manière cinglante à Ferhat Mehenni : «Le sang de nos jeunes a trop coulé», «La Kabylie a trop souffert, elle a besoin de sérénité et de développement», «Halte aux provocateurs et aux semeurs de haine de tous bords». Mais il faut toujours aller plus loin dans le travail d’éveil et de sensibilisation : ce sera la tâche des élites intellectuelles et culturelles et des leaders d’opinion de la région, parmi eux les comités et les associations de village présents en grand nombre, généralement bien représentatifs et écoutés par la majorité des citoyens. Lors des grandes crises que la Kabylie a traversées, ces structures ont joué un rôle majeur dans le maintien de la cohésion collective et dans le retour à la stabilité. La Kabylie est sortie indemne des terribles épreuves d’avril 1980 et des années arch. Début 2000, elle a payé le prix du sang, 126 jeunes fauchés par les balles des gendarmes, souffert du choix par les terroristes islamistes de la région comme leur zone privilégiée de repli, faisant fuir les investisseurs, les entrepreneurs et les cadres, ce qui a aggravé le chômage et la paupérisation.
Quelque peu apaisée aujourd’hui, voilà qu'on veut imposer à la Kabylie une autre épreuve à travers une aventure périlleuse dont on ne sait si elle est de l’initiative propre de Ferhat Mehenni ou si elle lui a été inspirée, pire dictée, par des forces occultes, visant à déstabiliser tout le pays à la veille de la décisive échéance électorale que sera l’élection présidentielle d’avril 2019. Des forces internes et/ou externes, à l'affût de dividendes politiques sur le dos d’une région que l’histoire a profondément meurtrie : depuis le Mouvement national («crise berbériste» au PPA) jusqu'à la décision toute récente de constitutionnalisation de la langue amazighe, ce sont 70 années de répression ouverte de l’identité berbère, dans toutes ses composantes. L’ensemble des pouvoirs politiques qui se sont succédé à la tête du pays depuis l’indépendance ont suivi la ligne du déni et de l’oppression, fragilisant à l’extrême la population qui n’a dû sa survie identitaire qu’à son remarquable esprit de résilience puisé de son socle civilisationnel multiséculaire. Bien que tardivement, le pouvoir actuel s’est rendu à l’évidence qu'il valait mieux, pour lui et pour la Kabylie, composer et aller dans le sens du règlement de la question identitaire.
Des pas ont été franchis, la région commence à souffler, il reste à aller plus loin, sans arrière-pensées ni mauvais calculs. Des autorités politiques, elle attend, cette fois-ci, en réaction à la provocation de Ferhat Mehenni, une attitude ferme et surtout intelligente, sans céder aux sirènes de la récupération et de la manipulation qui, en retour, ne feront qu'alimenter les thèses séparatistes et celles porteuses de violence.
Ali Bahmane
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mardi 30 août 2022
https://www.sudradio.fr/bercoff-dans-tous-ses-etats/ferhat-mehenni-pendant-27-ans-il-y-a-eu-une-algerie-francaise-et-une-kabylie-independante
Pour avoir connu nombre de Kabyles durant mon séjour en Algérie (1943-1961) et pour avoir vécu de 1954 à 1961 la guerre d'Algérie, sachant pertinemment par ailleurs que la Kabylie fut un "haut - lieu" de la guerre d'indépendance (ou de libération), je pense que le thème développé par Ferhat MEHENNI mérite d'être connu, ne fût-ce qu'à titre historique.
J.M