"La vérité est pareille à l'eau, qui prend la forme du vase qui la contient" (Ibn Khaldoun) /// «La vérité est le point d’équilibre de deux contradictions » (proverbe chinois). /// La vérité se cache au mitan du fleuve de l'info médiatique (JM).
La fête de la violette se déroulant chaque année en les terres de La Ferté Imbault, fief de messire Guillaume Peltier, monseigneur Taurin nous pardonnera d'en utiliser les armoiries pour orner les épîtres qui suivent.
« U zinu » se fait un plaisir de les retranscrire ici. Il a pu les découvrir en "visitant" le secrétaire d'une sienne cousine, hélas encartée à l’UMP devenue "Républicaine", mais qu’il affectionne tout de même, la parenté l’emportant , comme il se doit, sur les divergences idéologiques et l’esprit partisan.
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FETE DE LA VIOLETTE – AN III.
Quand la fête de la violette devient "républicaine".
( d'autres diraient : " Républicaine, ta mère ! "
4 juillet 2015.
Ma bonne amie,
Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Voici un an nous étions réunis, dans l'enthousiasme et la ferveur, mais point tout à fait dans la sérénité, pour la seconde fête de la violette, toute dédiée à Nicolaescu, notre bien aimé conducator.
Je ne vous ferai pas l'injure de penser que votre culture vous laisse ignorer que ce titre de conducator fut porté, jusqu'à sa tragique exécution, par un Roumain de fière envergure, pharaon du Danube et maître de toutes les pensées de ses sujets. Il me plaît de l'attribuer à Nicolas en signe de ma profonde vénération.
La Roumanie fournit à notre belle France, vous le savez, à la fois de l'ivraie et du bon grain. Comptent, cela va de soi, parmi le bon grain, Lionel Luca et ce pauvre Copé, oublié de tous, malgré les éminents services qu'il rendit jadis à notre cause. Je vous laisse deviner, mais je pense que vous n'aurez aucun mal à le faire, ce que recouvre le terme d'ivraie.
Mais venons en à des considérations moins géographiques et surtout moins migratoires.
L'an dernier, un certain Bygmalion rôdait parmi nous, répandant sa pestilence et ses miasmes dans toute notre assemblée. Nous dûmes, pour chasser les remugles de sa présence, clamer à cors et à cris le nom de notre Chef, et nous prévaloir hautement de sa parfaite innocence.
Cette année, métamorphosés en Républicains, nous ne courons plus le risque de voir réapparaître les fantômes qui hantèrent notre demeure. Par les artifices habiles d'un subtil changement de terminologie, nous voici dépouillés de notre tunique de Nessus, et revêtus du lin blanc de la probité. Les Balkany, experts comme chacun sait, en vertu et sainteté, ne sont pas, soit dit en passant, les derniers à se réjouir de notre virginité retrouvée.
Cette année, disais-je, invités par les deux impétueux animateurs de notre Droite forte, à venir en masse nous rassembler autour de Nicolae(scu), nous nous comptâmes, en ce sabbat du 4 juillet, près de 4.000 en arrivant au port.
Ce fut une belle fête républicaine, et non un barnum festif, comme se plaisent à le colporter nos ennemis.
Je vous concéderai qu'elle ne rassembla pas une foule aussi massive que celle de la fête de la Fédération, qui se déroula, je crois, au Champ de Mars en l'an 1790. Mais qu'importe.
Notre conception de la République, vous le savez, n'est pas tout à fait celle des révolutionnaires de 1789, non plus que celle, soit dit en passant, de la diabolique Marine et de son compère Florian.
On y vit, bien sûr, celui que nous espérons voir redevenir bientôt notre prince, mais aussi quantité de délégués féaux et loyaux accourus de tous nos beaux départements, de toutes nos villes et de toutes nos campagnes, pour lui prêter serment d'allégeance.
Nous ne vîmes point Ganelon Fillon, ni pépé Juppé. Nous apprîmes que le jour même ce dernier avait tenté de rassembler quelques maigres troupes du côté de Suresnes pour ce que le bas peuple appelle une brochette-partie, ou un barbecue.
Il tint, comme à l'accoutumée, des propos qui laissèrent poindre ses malsaines ambitions de géronte atrabilaire et prétentieux.
Pire encore, il osa reprendre son antienne favorite sur la nécessité de ne point diviser les Français en modérés et excités, nous rejetant, cela va de soi, parmi ces derniers, et donnant inconsidérément à croire aux benêts et aux jocrisses, que nous serions proches en sentiments et idées de l'antirépublicaine Le Pen.
Toujours acoquiné avec le traitre Bayrou, désormais ravalé - Dieu en soit loué- au rang d'édile de bas étage, il ne manqua pas de flatter ce dernier. Nous fûmes nombreux à nous gausser de cette piètre alliance entre l'ambitieux et celui qui n'est plus qu'une sorte de Soubise cherchant le résidu de ses maigres troupes à la lueur d'une lanterne.
Pour subvenir aux besoins de sa campagne, le Girondin tendit la sébile. Mais, j'appris dès le lendemain, et cela me causa joie, que de maigres subsides tombèrent dans son escarcelle.
Quelques jours auparavant, notre cher Nicolas, fin stratège, avait opportunément conclu avec Jean Christophe, président d'un Centre qui nous est très proche, un pacte circonstanciel destiné à nous assurer une large moisson de régions et de provinces lors de la prochaine votation (terme que j'emprunte à nos amis Suisses).
Dans notre camp, en ce beau pays de Sologne, où nous accueillaient le bouillant Guillaume et le sémillant Geoffroy, Nicolas sut trouver la métaphore appropriée en évoquant les arbres dont les racines sont aussi fortes que l'est la Droite de nos deux amis.
Il eut, bien sûr, tout loisir d'évoquer aussi les thèmes qui lui sont ordinaires, l'identité nationale, les racines judéo-chrétiennes, et autres valeurs de notre vieille France.
Il nous invita à ne point bêler autour du mot diversité, cette diversité dont j'ose me souvenir qu'il chanta peut-être inconsidérément la louange du temps où il pensait utile de la promouvoir. Il nous enjoignit de nous préoccuper plutôt de notre identité, ce que je crois en effet plus salutaire pour notre pays et nos concitoyens.
Il étrilla copieusement les lézards grecs, leur fainéantise, leur légendaire paresse, et leurs coutumières prévarications, affirmant haut et fort que les pauvres contribuables français seraient les seules victimes expiatoires de leurs turpitudes.
S'élevant avec force contre les assertions mensongères des gauchistes et anarchistes de tout poil, il exonéra de tout péché les généreux banquiers venus depuis des lustres au secours du peuple grec et de ses dirigeants antérieurs.
Il n'omit pas de fulminer, comme à l'ordinaire, contre l'usurpateur hollandais et sa médiocre normalité, le fustigeant sévèrement, et observant qu'il traitait avec une maladresse inconvenante notre grande amie Merkel.
En une formule inédite et littérairement osée, mais lucide et vigoureuse, il déclara que l'usurpateur "se divisait" d'avec Angela en l'importunant avec sa recherche d'un compromis honteux et capitulard.
Les militants présents, au nombre desquels je comptais, ont vivement applaudi à son propos musclé, à ses saillies vigoureuses, à ses traits d'humour finement assénés, aux boutades assassines dont il est coutumier.
Le paroxysme de notre enthousiasme fut atteint lorsqu'il nous fit confidence, à propos de nos ennemis de l'intérieur, qu'il avait choisi délibérément "de ne pas tout entendre et de ne pas tout voir", mais que cette retenue n'aurait qu'un temps. Nous songeâmes, cela va de soi à Fillon, Juppé, Bertrand, Le Maire, et autres prétendants prétentieux et pernicieux qui n'ont en tête que de se produire dans l'arène de primaires inutiles autant que génératrices de fatales divisions.
Pour conclure, je vous dirai ma bonne amie, que malgré l'orage diluvien qui s'abattit sur l'immense chapiteau de notre rencontre, nous vécûmes dans l'union et la dévotion une belle et grande journée, et que nous fîmes honneur à notre nouveau sigle en répétant à l'envi, comme pour nous en persuader, que nous étions d'authentiques républicains.
P.S : paru dans AGORAVOX le 15 juillet 2015
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FÊTE DE LA VIOLETTE, AN II.
5 Juillet 2014
Ma bonne amie,
Bien que n’étant point de celles que l’on appelle communément, dans le commun du peuple, une femme forte, je me rendis, répondant à l’aimable invitation de messieurs Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, au raout de "La France forte" organisé le 5 de ce triste mois de juillet 2014, en la campagne solognote.
Je ne vous y vis point. Mais, m'étant enquise des raisons de votre absence, j'appris que de petits tracas de santé en étaient la cause. Aussi m'efforcerai-je en quelques lignes de vous conter cette merveilleuse journée.
Je n’ignore point que de viles gazettes gagnées à la cause de l’usurpateur parlèrent le lendemain de rassemblement de sarkolâtres hystériques et de sarkomania délirante. Certaines mêmes, prenant prétexte des gais propos que nous échangeâmes lors de nos libations, et de nos « santés » répétées en l’honneur de Nicolas, osèrent utiliser le terme sulfureux de sarkopride. Mais je vous confierai, ma chère amie, que ces termes certes inappropriés et condamnables reflètent tout de même avec assez de justesse notre amour infini et notre pieuse dévotion à l’égard de celui qui reste dans la présente adversité, notre guide suprême et notre phare lumineux.
Exaspérés, irrités, courroucés, outrés, indignés par les viles attaques dont l’accable le clan qui s’est emparé du pouvoir, nous ne manquâmes pas, a contrario, tout au long de cette mémorable journée, d’encenser, d’honorer, et de glorifier notre bien aimé Nicolas.
Nous ne manquâmes pas non plus de vilipender ses détracteurs, de les agonir, de les invectiver et de les vouer aux gémonies, tout en nous faisant violence pour ne pas tomber sous les coups d’une justice taubiresque toujours prompte à nous chercher querelle.
J’ai vécu pour ma part avec émotion et ferveur cette journée faite d’intense convivialité, qui nous a toutes et tous unis dans la célébration de notre magnifique chef.
La foule y fut très dense, car accourus de tous les coins et recoins de notre belle France, tous les affidés de la sarkozie avaient tenu à honorer de leur présence cette annuelle célébration. Nous nous comptâmes près de deux milliers, nombre que les argousins de l’usurpateur, dépêchés dans les fourrés environnants pour nous compter et recenser ne purent démentir, et qui témoigne éloquemment du grand crédit de notre coterie.
Il y avait là, bien sûr, tout le haut gratin de "l’Association des amis de Sarkozy". Nous pûmes y croiser aussi, au détour des tables et des étals, la garde rapprochée, le noyau dur, les plus fervents supporteurs, voire même quelques prétendus amis confits d’hypocrisie et de fausse dévotion. Gens de haute et basse lignée surent, je vous l’assure, tomber les uns dans les bras des autres dans une même communion à la gloire de Nicolas. Tous scandèrent avec force et vigueur, en chœur et à cris, le prénom tant chéri.
Seul manquait monsieur de Copé, qui l’an passé confondit, en un tragique moment d’égarement, la rose et la violette, pourtant fleurs devenues fort antinomiques. Une mienne voisine de table me confia que certains petits tracas passagers lui faisaient obligation pour l’instant d’être moins voyant et surtout moins prolixe qu’à l’ordinaire. L’honnête échevin de Meaux, qui n’en finit plus d’accumuler les médisances fillonesques, mais qui le lui rend bien en dévoilant pour sa part les somptuaires frais d’aéronefs du renégat, était, m’a-t-on affirmé, en déplacement avec son onéreuse épouse.
A tout seigneur, tout honneur : Brice sut trouver les mots adéquats pour nous réconforter, voire nous conforter en prononçant ces fortes paroles de circonstance : "Certains diront qu'il y a les affaires. Ah, les affaires ! […] Ne vous laissez pas abuser, il n'y a pas d'affaires ». Nous n’en doutions point, mais l’entendre dire avec vigueur nous revigora de la plus belle manière.
Monsieur de Chatel, échappé à la surveillance de l’odieux directoire qui brime son office, clama en une envolée digne de notre sœur Morano : « ils veulent combattre Nicolas Sarkozy, parce que c'est le plus brillant, le plus déterminé, le plus courageux ». Vous confierai-je que la redondance de mes frénétiques applaudissements m’étonna moi-même lorsque, par-dessus la clameur des approbations, ces fortes paroles parvinrent à mes oreilles.
Je goûtai aussi les mots qu’il sut trouver pour fustiger les pisse-vinaigre, les envieux, les comploteurs qui osent, tels des traîtres parés en moines encapuchonnés, ourdir de sombres machinations contre Nicolas tout en murmurant de féales patenôtres. Au premier chef plaçons celui qui durant près de cinq années fit mine de le servir avec humilité. Mais n’oublions pas non plus l’ancien exilé québécois, plus sournois encore en ses dires et propos médisants.
Dans la remarquable péroraison de monsieur de Chatel, il fut question de morale, de loyauté, de vérité, toutes vertus qui sont propres à Nicolas et que nous nous faisons devoir de nous mêmes pratiquer, imitant en cela le beau Geoffroy, que nous rémunérons modestement selon les uns, excessivement selon les autres, pour ses brillantes prestations oratoires dans les lucarnes médiatiques, prestations que ses détracteurs qualifient méchamment de jacassin médiocre et partisan.
Toutes les dames de notre coterie étaient là. Au nombre d’icelles, comme à l’accoutumée, se distingua par son langage fort et cru notre chère Nadine, toujours prompte à manier le dithyrambe, la louange et l’encensement à l’adresse de Nicolas, mais aussi, comme il se doit, l’avanie, l’injure, l’apostrophe et la diatribe à l’encontre de ses ennemis.
Je vous dirai en toute franchise que son parler souvent vulgaire froisse parfois mon entendement, et que son allure de cantinière napoléonienne me chagrine quelquefois. Mais je me raisonne en me faisant rappel que nous sommes une Union pour un Mouvement Populaire, et que l’ardente Nadine fait assez peuple pour en constituer l’un des basiques fleurons.
Dame Dati, invitée d’honneur, toujours superbement autant que richement parée, sut se montrer digne de son glorieux passé de justicière, mais se fit toutefois remarquer par une passion téléphonique effrénée, usant et abusant de cet appareil que mon petit-fils appelle un mobile, et qu’il utilise, soit dit en passant, de manière quasi permanente au fil de ses journées et peut-être même de ses nuits. Interrogé par mes soins sur les conséquences financières d’une telle passion, voire d’une telle addiction, un convive averti des finances de notre mouvement me rasséréna, en m'assurant que le coût des longues et fréquentes conversations de Rachida était pris en charge, malgré sa déliquescence, par le trésor du parti.
Dame Rosso Debord et dame Tabarot, dont chacun sait la distinction physique mais aussi l’intelligence et la finesse du langage, étaient également de la partie, toujours aussi surprenantes en leur inconditionnelle adoration de Nicolas. Elles ne furent pas les dernières à scander ce prénom chéri, prenant soin, tout comme moi, d’en détacher longuement chaque syllabe. Nous pûmes une nouvelle fois vérifier leur attachement, leur dévouement, leur ardeur, et leur flamboyante ferveur.
L’un de nos chers louveteaux, dont il ne me souvient plus s’il s’agit de Geoffroy ou de Guillaume, mais peu importe puisque ces deux vaillants garçons tiennent ordinairement le même langage, osa évoquer certaine tour penchée qui défie les lois de la gravité depuis déjà quelques siècles. «L'UMP c'est la tour de Pise, le sommet flageole, mais le socle est solide» s’écria-t-il en un moment d’enthousiasme non contenu.
Je fus initialement choquée par le rappel de la dangereuse inclinaison de la tour à laquelle il faisait allusion, mais je me ravisai promptement en ne retenant de son imprudente référence que l’évocation de la solidité du socle, socle dont je m’honore d’être une modeste composante.
Je ne sais quel libelle du parti hollandais s’étant dès le lendemain emparé de la comparaison en faisant insidieusement observer que désormais, et surtout depuis Bygmalion, la statue du Commandeur reposait sur un socle branlant, je me suis, depuis lors, revenue en mes occupations ordinaires, attachée à le consolider par un redoublement de zèle et d’affection.
Que vous dirai-je encore ? Un "mur du soutien", surmonté d’une grande banderole portant les mots "Nicolas Sarkozy, on a besoin de toi" nous invitait à une apposition de signatures et de slogans. Il fut rapidement couvert d’appels, de prières, de suppliques, d’exhortations, mais aussi de diatribes et d’injures dignes d’un autre mur, celui qui orne une officine honnie de tous, et dont la décence qui me caractérise m’interdit de citer le déterminant.
Au soir de cette mémorable journée, plus ragaillardie que jamais, emplie de gratitude et d’espoir, j’ai rejoint ma demeure de Neuilly en me promettant de morigéner les soldats désemparés qui jetaient aux orties leur armure d’antan, et de rassembler en une troupe résolument pugnace le dernier carré des grognards de mon entourage.
J’espère vivement, ma chère amie, que vous serez des nôtres, encore que je n’ose féminiser le terme de grognard de crainte de froisser l’Académie, ou accessoirement, les lecteurs habituels de notre cher Figaro.
Je vous invite, "in fine", ainsi qu'il se dit en bon latin, à prendre désormais pour devise, comme nous tous, le mot hardi de fortitude.
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LA GRAND MESSE DE LA VIOLETTE - AN I.
6 juillet 2013 - En Sologne.
EPISODE 1
Il faut que je vous dise combien fut grand notre bonheur lors de la petite sortie champêtre que monsieur De Peltier organisa pour fêter le retour supposé de notre bon sire.
Ce fut en vérité une merveilleuse journée, où nous nous pressâmes par milliers, n’en déplaise aux argousins du lieutenant général de police, toujours prompts, dans leur zèle réducteur, à diviser par dix, si ce n’est pas vingt, le nombre de nos affidés.
Femmes et enfants ne furent pas les derniers à manifester leur attachement à notre estimé monarque et à chanter sa gloire immortelle.
Certes, Monsieur De Copé commit une petite bévue en confondant la rose et le réséda, pardon, la rose et la violette. Mais nos cris et nos clameurs, ainsi que quelques sifflements, le ramenèrent prestement à la raison.
..... A l'orée du champ se tenaient des frères quêteurs, dont nous remplîmes les sébiles de piécettes sonnantes et trébuchantes.
La châtelaine de Bity, retenue en ses terres par les affres de la vieillesse, n’était point présente. Mais elle avait pris soin de nous mander un solide gaillard de sa connaissance ployant sous le poids d’une lourde charge de pièces jaunes qu’il déversa dans les caisses déposées aux fins de recevoir dons et offrandes.
Frère Bertrand, pour sa part, agitait une sorte de tronc que quelques initiés affirmèrent être celui de la veuve. Mais n’étant point averti des us et coutumes de cette coterie je ne saurais vous en dire davantage.
Le brave curé de notre paroisse, quant à lui, nous pria de considérer qu'il s'agissait là d'une sorte de denier du culte auquel il nous fallait absolument et religieusement souscrire. Je suppose, qu’en toute bonne foi, cela va sans dire, il parlait du culte de notre passé monarque.
Je n’y rencontrai point, à mon grand étonnement, notre sœur Boutin. On supposa qu’incommodée par la chaleur, elle était tombée en pamoison, ce que de méchantes langues prétendent être chez elle, entre deux transes, chose coutumière.
Par contre, nous eûmes l’immense joie d’y voir et surtout d’y entendre les plus éminents thuriféraires de notre bon prince, tous dignitaires de l’opus regis, qui, vous le savez ou l’ignorez, est une institution qui se consacre à la diffusion des saintes pensées et même des silences de notre séculière divinité.
Bref, si nous fûmes en moins grand nombre que lors des grandes manifestations contre les turpitudes du mariage gay, nous pûmes mesurer dans la plus parfaite communion, la force de notre conviction et l'ardeur de l'amour que nous portons à notre bien aimé sire.
EPISODE 2
Au lendemain de la grand messe des violettes, nous apprîmes que notre bon sire, lassé d’être, tel un innocent chevreuil, pourchassé en chasse à courre, à cor et à cris, par une vile meute de robins enragés excités par les veneurs de l’usurpateur Hollande, notre bon sire disais-je, décida de rameuter, de son côté, ce qui lui restait de bons et loyaux serviteurs.
Notre vénéré monarque, en un superbe hourvari dont il a le secret, sut forlonger la traque au point même de semer une saine panique parmi les sonneurs de trompe, qui en restèrent cois et pantois.
Nous vîmes se presser en son office toute la cohorte de ses courtisans et de ses courtisanes, des rangs desquelles émergèrent, cela n'étonnera personne, dame Morano, dame Rosso Debord, dame Tabarot, et dame Montchamp, toutes quatre toujours grandioses et dithyrambiques dans l’éloge, la louange, l’apologie et l’encensement de leur souverain.
Nous y vîmes aussi le duc de Bordeaux, rigide et droit dans ses bottes, qui nous rejoignit après un détour rapide (mais salutaire) par la cité de Canossa.
Le passé premier ministre, monsieur De Fillon, dut franchir sous les huées, une sorte d’arc, non point de triomphe, mais de repentance, que les quelques lettrés de notre assemblée assimilèrent, je ne sais trop pourquoi, à des fourches caudines.
Monsieur de Copé, comme à l'accoutumée, entré en rampant, usa d’un langage reptilien pour exalter la grandeur de notre bien aimé Prince et ne manqua pas non plus d’enflammer la cour par des propos vipérins à l’encontre des ennemis de notre bon sire.
En son ineffable bonté, ce dernier, à défaut de deniers, sut trouver les paroles de réconfort que chacun attendait, mais ne manqua pas non plus de morigéner les impatients, les envieux et les traîtres qui, tels des moines encapuchonnés cachant mal leurs tristes desseins, ayant cru leur heure arrivée s’étaient empressés de crier à travers lucarnes et gazettes : « le Roi est mort » !
EPISODE 3
Las ! Après cette belle et pieuse journée, le docile Fillon, jugé jusqu'alors mouton bêlant, devint en l'espace de quelques heures, un lion rugissant.
Reconnaissons, à sa décharge, qu'il "en avait pris pour son grade", comme il se dit chez le bon peuple, lors du médiatique rassemblement des plus valeureux ligueurs de notre bord.
Vilipendé, gourmandé, admonesté, ce fut pour lui un vrai supplice que d'assister au Te Deum organisé à la gloire de notre Prince.
Dès le lendemain, donc, à la surprise générale, il administra urbi et orbi une volée de bois vert à tous les obséquieux, les craintifs, les couards et les soumis qui persistaient à chanter des psaumes en lieu et place de réciter des actes de contrition, mais il osa surtout , tel un indocile Artaban, contester les légitimes et persistantes prétentions de notre bien aimé monarque.
« U zinu » se fait un plaisir de les retranscrire ici. Il a pu les découvrir en "visitant" le secrétaire d'une sienne cousine, hélas encartée à l’UMP devenue "Républicaine", mais qu’il affectionne tout de même, la parenté l’emportant , comme il se doit, sur les divergences idéologiques et l’esprit partisan.
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FETE DE LA VIOLETTE – AN III.
Quand la fête de la violette devient "républicaine".
( d'autres diraient : " Républicaine, ta mère ! "
4 juillet 2015.
Ma bonne amie,
Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Voici un an nous étions réunis, dans l'enthousiasme et la ferveur, mais point tout à fait dans la sérénité, pour la seconde fête de la violette, toute dédiée à Nicolaescu, notre bien aimé conducator.
Je ne vous ferai pas l'injure de penser que votre culture vous laisse ignorer que ce titre de conducator fut porté, jusqu'à sa tragique exécution, par un Roumain de fière envergure, pharaon du Danube et maître de toutes les pensées de ses sujets. Il me plaît de l'attribuer à Nicolas en signe de ma profonde vénération.
La Roumanie fournit à notre belle France, vous le savez, à la fois de l'ivraie et du bon grain. Comptent, cela va de soi, parmi le bon grain, Lionel Luca et ce pauvre Copé, oublié de tous, malgré les éminents services qu'il rendit jadis à notre cause. Je vous laisse deviner, mais je pense que vous n'aurez aucun mal à le faire, ce que recouvre le terme d'ivraie.
Mais venons en à des considérations moins géographiques et surtout moins migratoires.
L'an dernier, un certain Bygmalion rôdait parmi nous, répandant sa pestilence et ses miasmes dans toute notre assemblée. Nous dûmes, pour chasser les remugles de sa présence, clamer à cors et à cris le nom de notre Chef, et nous prévaloir hautement de sa parfaite innocence.
Cette année, métamorphosés en Républicains, nous ne courons plus le risque de voir réapparaître les fantômes qui hantèrent notre demeure. Par les artifices habiles d'un subtil changement de terminologie, nous voici dépouillés de notre tunique de Nessus, et revêtus du lin blanc de la probité. Les Balkany, experts comme chacun sait, en vertu et sainteté, ne sont pas, soit dit en passant, les derniers à se réjouir de notre virginité retrouvée.
Cette année, disais-je, invités par les deux impétueux animateurs de notre Droite forte, à venir en masse nous rassembler autour de Nicolae(scu), nous nous comptâmes, en ce sabbat du 4 juillet, près de 4.000 en arrivant au port.
Ce fut une belle fête républicaine, et non un barnum festif, comme se plaisent à le colporter nos ennemis.
Je vous concéderai qu'elle ne rassembla pas une foule aussi massive que celle de la fête de la Fédération, qui se déroula, je crois, au Champ de Mars en l'an 1790. Mais qu'importe.
Notre conception de la République, vous le savez, n'est pas tout à fait celle des révolutionnaires de 1789, non plus que celle, soit dit en passant, de la diabolique Marine et de son compère Florian.
On y vit, bien sûr, celui que nous espérons voir redevenir bientôt notre prince, mais aussi quantité de délégués féaux et loyaux accourus de tous nos beaux départements, de toutes nos villes et de toutes nos campagnes, pour lui prêter serment d'allégeance.
Nous ne vîmes point Ganelon Fillon, ni pépé Juppé. Nous apprîmes que le jour même ce dernier avait tenté de rassembler quelques maigres troupes du côté de Suresnes pour ce que le bas peuple appelle une brochette-partie, ou un barbecue.
Il tint, comme à l'accoutumée, des propos qui laissèrent poindre ses malsaines ambitions de géronte atrabilaire et prétentieux.
Pire encore, il osa reprendre son antienne favorite sur la nécessité de ne point diviser les Français en modérés et excités, nous rejetant, cela va de soi, parmi ces derniers, et donnant inconsidérément à croire aux benêts et aux jocrisses, que nous serions proches en sentiments et idées de l'antirépublicaine Le Pen.
Toujours acoquiné avec le traitre Bayrou, désormais ravalé - Dieu en soit loué- au rang d'édile de bas étage, il ne manqua pas de flatter ce dernier. Nous fûmes nombreux à nous gausser de cette piètre alliance entre l'ambitieux et celui qui n'est plus qu'une sorte de Soubise cherchant le résidu de ses maigres troupes à la lueur d'une lanterne.
Pour subvenir aux besoins de sa campagne, le Girondin tendit la sébile. Mais, j'appris dès le lendemain, et cela me causa joie, que de maigres subsides tombèrent dans son escarcelle.
Quelques jours auparavant, notre cher Nicolas, fin stratège, avait opportunément conclu avec Jean Christophe, président d'un Centre qui nous est très proche, un pacte circonstanciel destiné à nous assurer une large moisson de régions et de provinces lors de la prochaine votation (terme que j'emprunte à nos amis Suisses).
Dans notre camp, en ce beau pays de Sologne, où nous accueillaient le bouillant Guillaume et le sémillant Geoffroy, Nicolas sut trouver la métaphore appropriée en évoquant les arbres dont les racines sont aussi fortes que l'est la Droite de nos deux amis.
Il eut, bien sûr, tout loisir d'évoquer aussi les thèmes qui lui sont ordinaires, l'identité nationale, les racines judéo-chrétiennes, et autres valeurs de notre vieille France.
Il nous invita à ne point bêler autour du mot diversité, cette diversité dont j'ose me souvenir qu'il chanta peut-être inconsidérément la louange du temps où il pensait utile de la promouvoir. Il nous enjoignit de nous préoccuper plutôt de notre identité, ce que je crois en effet plus salutaire pour notre pays et nos concitoyens.
Il étrilla copieusement les lézards grecs, leur fainéantise, leur légendaire paresse, et leurs coutumières prévarications, affirmant haut et fort que les pauvres contribuables français seraient les seules victimes expiatoires de leurs turpitudes.
S'élevant avec force contre les assertions mensongères des gauchistes et anarchistes de tout poil, il exonéra de tout péché les généreux banquiers venus depuis des lustres au secours du peuple grec et de ses dirigeants antérieurs.
Il n'omit pas de fulminer, comme à l'ordinaire, contre l'usurpateur hollandais et sa médiocre normalité, le fustigeant sévèrement, et observant qu'il traitait avec une maladresse inconvenante notre grande amie Merkel.
En une formule inédite et littérairement osée, mais lucide et vigoureuse, il déclara que l'usurpateur "se divisait" d'avec Angela en l'importunant avec sa recherche d'un compromis honteux et capitulard.
Les militants présents, au nombre desquels je comptais, ont vivement applaudi à son propos musclé, à ses saillies vigoureuses, à ses traits d'humour finement assénés, aux boutades assassines dont il est coutumier.
Le paroxysme de notre enthousiasme fut atteint lorsqu'il nous fit confidence, à propos de nos ennemis de l'intérieur, qu'il avait choisi délibérément "de ne pas tout entendre et de ne pas tout voir", mais que cette retenue n'aurait qu'un temps. Nous songeâmes, cela va de soi à Fillon, Juppé, Bertrand, Le Maire, et autres prétendants prétentieux et pernicieux qui n'ont en tête que de se produire dans l'arène de primaires inutiles autant que génératrices de fatales divisions.
Pour conclure, je vous dirai ma bonne amie, que malgré l'orage diluvien qui s'abattit sur l'immense chapiteau de notre rencontre, nous vécûmes dans l'union et la dévotion une belle et grande journée, et que nous fîmes honneur à notre nouveau sigle en répétant à l'envi, comme pour nous en persuader, que nous étions d'authentiques républicains.
P.S : paru dans AGORAVOX le 15 juillet 2015
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FÊTE DE LA VIOLETTE, AN II.
5 Juillet 2014
Ma bonne amie,
Bien que n’étant point de celles que l’on appelle communément, dans le commun du peuple, une femme forte, je me rendis, répondant à l’aimable invitation de messieurs Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, au raout de "La France forte" organisé le 5 de ce triste mois de juillet 2014, en la campagne solognote.
Je ne vous y vis point. Mais, m'étant enquise des raisons de votre absence, j'appris que de petits tracas de santé en étaient la cause. Aussi m'efforcerai-je en quelques lignes de vous conter cette merveilleuse journée.
Je n’ignore point que de viles gazettes gagnées à la cause de l’usurpateur parlèrent le lendemain de rassemblement de sarkolâtres hystériques et de sarkomania délirante. Certaines mêmes, prenant prétexte des gais propos que nous échangeâmes lors de nos libations, et de nos « santés » répétées en l’honneur de Nicolas, osèrent utiliser le terme sulfureux de sarkopride. Mais je vous confierai, ma chère amie, que ces termes certes inappropriés et condamnables reflètent tout de même avec assez de justesse notre amour infini et notre pieuse dévotion à l’égard de celui qui reste dans la présente adversité, notre guide suprême et notre phare lumineux.
Exaspérés, irrités, courroucés, outrés, indignés par les viles attaques dont l’accable le clan qui s’est emparé du pouvoir, nous ne manquâmes pas, a contrario, tout au long de cette mémorable journée, d’encenser, d’honorer, et de glorifier notre bien aimé Nicolas.
Nous ne manquâmes pas non plus de vilipender ses détracteurs, de les agonir, de les invectiver et de les vouer aux gémonies, tout en nous faisant violence pour ne pas tomber sous les coups d’une justice taubiresque toujours prompte à nous chercher querelle.
J’ai vécu pour ma part avec émotion et ferveur cette journée faite d’intense convivialité, qui nous a toutes et tous unis dans la célébration de notre magnifique chef.
La foule y fut très dense, car accourus de tous les coins et recoins de notre belle France, tous les affidés de la sarkozie avaient tenu à honorer de leur présence cette annuelle célébration. Nous nous comptâmes près de deux milliers, nombre que les argousins de l’usurpateur, dépêchés dans les fourrés environnants pour nous compter et recenser ne purent démentir, et qui témoigne éloquemment du grand crédit de notre coterie.
Il y avait là, bien sûr, tout le haut gratin de "l’Association des amis de Sarkozy". Nous pûmes y croiser aussi, au détour des tables et des étals, la garde rapprochée, le noyau dur, les plus fervents supporteurs, voire même quelques prétendus amis confits d’hypocrisie et de fausse dévotion. Gens de haute et basse lignée surent, je vous l’assure, tomber les uns dans les bras des autres dans une même communion à la gloire de Nicolas. Tous scandèrent avec force et vigueur, en chœur et à cris, le prénom tant chéri.
Seul manquait monsieur de Copé, qui l’an passé confondit, en un tragique moment d’égarement, la rose et la violette, pourtant fleurs devenues fort antinomiques. Une mienne voisine de table me confia que certains petits tracas passagers lui faisaient obligation pour l’instant d’être moins voyant et surtout moins prolixe qu’à l’ordinaire. L’honnête échevin de Meaux, qui n’en finit plus d’accumuler les médisances fillonesques, mais qui le lui rend bien en dévoilant pour sa part les somptuaires frais d’aéronefs du renégat, était, m’a-t-on affirmé, en déplacement avec son onéreuse épouse.
A tout seigneur, tout honneur : Brice sut trouver les mots adéquats pour nous réconforter, voire nous conforter en prononçant ces fortes paroles de circonstance : "Certains diront qu'il y a les affaires. Ah, les affaires ! […] Ne vous laissez pas abuser, il n'y a pas d'affaires ». Nous n’en doutions point, mais l’entendre dire avec vigueur nous revigora de la plus belle manière.
Monsieur de Chatel, échappé à la surveillance de l’odieux directoire qui brime son office, clama en une envolée digne de notre sœur Morano : « ils veulent combattre Nicolas Sarkozy, parce que c'est le plus brillant, le plus déterminé, le plus courageux ». Vous confierai-je que la redondance de mes frénétiques applaudissements m’étonna moi-même lorsque, par-dessus la clameur des approbations, ces fortes paroles parvinrent à mes oreilles.
Je goûtai aussi les mots qu’il sut trouver pour fustiger les pisse-vinaigre, les envieux, les comploteurs qui osent, tels des traîtres parés en moines encapuchonnés, ourdir de sombres machinations contre Nicolas tout en murmurant de féales patenôtres. Au premier chef plaçons celui qui durant près de cinq années fit mine de le servir avec humilité. Mais n’oublions pas non plus l’ancien exilé québécois, plus sournois encore en ses dires et propos médisants.
Dans la remarquable péroraison de monsieur de Chatel, il fut question de morale, de loyauté, de vérité, toutes vertus qui sont propres à Nicolas et que nous nous faisons devoir de nous mêmes pratiquer, imitant en cela le beau Geoffroy, que nous rémunérons modestement selon les uns, excessivement selon les autres, pour ses brillantes prestations oratoires dans les lucarnes médiatiques, prestations que ses détracteurs qualifient méchamment de jacassin médiocre et partisan.
Toutes les dames de notre coterie étaient là. Au nombre d’icelles, comme à l’accoutumée, se distingua par son langage fort et cru notre chère Nadine, toujours prompte à manier le dithyrambe, la louange et l’encensement à l’adresse de Nicolas, mais aussi, comme il se doit, l’avanie, l’injure, l’apostrophe et la diatribe à l’encontre de ses ennemis.
Je vous dirai en toute franchise que son parler souvent vulgaire froisse parfois mon entendement, et que son allure de cantinière napoléonienne me chagrine quelquefois. Mais je me raisonne en me faisant rappel que nous sommes une Union pour un Mouvement Populaire, et que l’ardente Nadine fait assez peuple pour en constituer l’un des basiques fleurons.
Dame Dati, invitée d’honneur, toujours superbement autant que richement parée, sut se montrer digne de son glorieux passé de justicière, mais se fit toutefois remarquer par une passion téléphonique effrénée, usant et abusant de cet appareil que mon petit-fils appelle un mobile, et qu’il utilise, soit dit en passant, de manière quasi permanente au fil de ses journées et peut-être même de ses nuits. Interrogé par mes soins sur les conséquences financières d’une telle passion, voire d’une telle addiction, un convive averti des finances de notre mouvement me rasséréna, en m'assurant que le coût des longues et fréquentes conversations de Rachida était pris en charge, malgré sa déliquescence, par le trésor du parti.
Dame Rosso Debord et dame Tabarot, dont chacun sait la distinction physique mais aussi l’intelligence et la finesse du langage, étaient également de la partie, toujours aussi surprenantes en leur inconditionnelle adoration de Nicolas. Elles ne furent pas les dernières à scander ce prénom chéri, prenant soin, tout comme moi, d’en détacher longuement chaque syllabe. Nous pûmes une nouvelle fois vérifier leur attachement, leur dévouement, leur ardeur, et leur flamboyante ferveur.
L’un de nos chers louveteaux, dont il ne me souvient plus s’il s’agit de Geoffroy ou de Guillaume, mais peu importe puisque ces deux vaillants garçons tiennent ordinairement le même langage, osa évoquer certaine tour penchée qui défie les lois de la gravité depuis déjà quelques siècles. «L'UMP c'est la tour de Pise, le sommet flageole, mais le socle est solide» s’écria-t-il en un moment d’enthousiasme non contenu.
Je fus initialement choquée par le rappel de la dangereuse inclinaison de la tour à laquelle il faisait allusion, mais je me ravisai promptement en ne retenant de son imprudente référence que l’évocation de la solidité du socle, socle dont je m’honore d’être une modeste composante.
Je ne sais quel libelle du parti hollandais s’étant dès le lendemain emparé de la comparaison en faisant insidieusement observer que désormais, et surtout depuis Bygmalion, la statue du Commandeur reposait sur un socle branlant, je me suis, depuis lors, revenue en mes occupations ordinaires, attachée à le consolider par un redoublement de zèle et d’affection.
Que vous dirai-je encore ? Un "mur du soutien", surmonté d’une grande banderole portant les mots "Nicolas Sarkozy, on a besoin de toi" nous invitait à une apposition de signatures et de slogans. Il fut rapidement couvert d’appels, de prières, de suppliques, d’exhortations, mais aussi de diatribes et d’injures dignes d’un autre mur, celui qui orne une officine honnie de tous, et dont la décence qui me caractérise m’interdit de citer le déterminant.
Au soir de cette mémorable journée, plus ragaillardie que jamais, emplie de gratitude et d’espoir, j’ai rejoint ma demeure de Neuilly en me promettant de morigéner les soldats désemparés qui jetaient aux orties leur armure d’antan, et de rassembler en une troupe résolument pugnace le dernier carré des grognards de mon entourage.
J’espère vivement, ma chère amie, que vous serez des nôtres, encore que je n’ose féminiser le terme de grognard de crainte de froisser l’Académie, ou accessoirement, les lecteurs habituels de notre cher Figaro.
Je vous invite, "in fine", ainsi qu'il se dit en bon latin, à prendre désormais pour devise, comme nous tous, le mot hardi de fortitude.
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LA GRAND MESSE DE LA VIOLETTE - AN I.
6 juillet 2013 - En Sologne.
EPISODE 1
Il faut que je vous dise combien fut grand notre bonheur lors de la petite sortie champêtre que monsieur De Peltier organisa pour fêter le retour supposé de notre bon sire.
Ce fut en vérité une merveilleuse journée, où nous nous pressâmes par milliers, n’en déplaise aux argousins du lieutenant général de police, toujours prompts, dans leur zèle réducteur, à diviser par dix, si ce n’est pas vingt, le nombre de nos affidés.
Femmes et enfants ne furent pas les derniers à manifester leur attachement à notre estimé monarque et à chanter sa gloire immortelle.
Certes, Monsieur De Copé commit une petite bévue en confondant la rose et le réséda, pardon, la rose et la violette. Mais nos cris et nos clameurs, ainsi que quelques sifflements, le ramenèrent prestement à la raison.
..... A l'orée du champ se tenaient des frères quêteurs, dont nous remplîmes les sébiles de piécettes sonnantes et trébuchantes.
La châtelaine de Bity, retenue en ses terres par les affres de la vieillesse, n’était point présente. Mais elle avait pris soin de nous mander un solide gaillard de sa connaissance ployant sous le poids d’une lourde charge de pièces jaunes qu’il déversa dans les caisses déposées aux fins de recevoir dons et offrandes.
Frère Bertrand, pour sa part, agitait une sorte de tronc que quelques initiés affirmèrent être celui de la veuve. Mais n’étant point averti des us et coutumes de cette coterie je ne saurais vous en dire davantage.
Le brave curé de notre paroisse, quant à lui, nous pria de considérer qu'il s'agissait là d'une sorte de denier du culte auquel il nous fallait absolument et religieusement souscrire. Je suppose, qu’en toute bonne foi, cela va sans dire, il parlait du culte de notre passé monarque.
Je n’y rencontrai point, à mon grand étonnement, notre sœur Boutin. On supposa qu’incommodée par la chaleur, elle était tombée en pamoison, ce que de méchantes langues prétendent être chez elle, entre deux transes, chose coutumière.
Par contre, nous eûmes l’immense joie d’y voir et surtout d’y entendre les plus éminents thuriféraires de notre bon prince, tous dignitaires de l’opus regis, qui, vous le savez ou l’ignorez, est une institution qui se consacre à la diffusion des saintes pensées et même des silences de notre séculière divinité.
Bref, si nous fûmes en moins grand nombre que lors des grandes manifestations contre les turpitudes du mariage gay, nous pûmes mesurer dans la plus parfaite communion, la force de notre conviction et l'ardeur de l'amour que nous portons à notre bien aimé sire.
EPISODE 2
Au lendemain de la grand messe des violettes, nous apprîmes que notre bon sire, lassé d’être, tel un innocent chevreuil, pourchassé en chasse à courre, à cor et à cris, par une vile meute de robins enragés excités par les veneurs de l’usurpateur Hollande, notre bon sire disais-je, décida de rameuter, de son côté, ce qui lui restait de bons et loyaux serviteurs.
Notre vénéré monarque, en un superbe hourvari dont il a le secret, sut forlonger la traque au point même de semer une saine panique parmi les sonneurs de trompe, qui en restèrent cois et pantois.
Nous vîmes se presser en son office toute la cohorte de ses courtisans et de ses courtisanes, des rangs desquelles émergèrent, cela n'étonnera personne, dame Morano, dame Rosso Debord, dame Tabarot, et dame Montchamp, toutes quatre toujours grandioses et dithyrambiques dans l’éloge, la louange, l’apologie et l’encensement de leur souverain.
Nous y vîmes aussi le duc de Bordeaux, rigide et droit dans ses bottes, qui nous rejoignit après un détour rapide (mais salutaire) par la cité de Canossa.
Le passé premier ministre, monsieur De Fillon, dut franchir sous les huées, une sorte d’arc, non point de triomphe, mais de repentance, que les quelques lettrés de notre assemblée assimilèrent, je ne sais trop pourquoi, à des fourches caudines.
Monsieur de Copé, comme à l'accoutumée, entré en rampant, usa d’un langage reptilien pour exalter la grandeur de notre bien aimé Prince et ne manqua pas non plus d’enflammer la cour par des propos vipérins à l’encontre des ennemis de notre bon sire.
En son ineffable bonté, ce dernier, à défaut de deniers, sut trouver les paroles de réconfort que chacun attendait, mais ne manqua pas non plus de morigéner les impatients, les envieux et les traîtres qui, tels des moines encapuchonnés cachant mal leurs tristes desseins, ayant cru leur heure arrivée s’étaient empressés de crier à travers lucarnes et gazettes : « le Roi est mort » !
EPISODE 3
Las ! Après cette belle et pieuse journée, le docile Fillon, jugé jusqu'alors mouton bêlant, devint en l'espace de quelques heures, un lion rugissant.
Reconnaissons, à sa décharge, qu'il "en avait pris pour son grade", comme il se dit chez le bon peuple, lors du médiatique rassemblement des plus valeureux ligueurs de notre bord.
Vilipendé, gourmandé, admonesté, ce fut pour lui un vrai supplice que d'assister au Te Deum organisé à la gloire de notre Prince.
Dès le lendemain, donc, à la surprise générale, il administra urbi et orbi une volée de bois vert à tous les obséquieux, les craintifs, les couards et les soumis qui persistaient à chanter des psaumes en lieu et place de réciter des actes de contrition, mais il osa surtout , tel un indocile Artaban, contester les légitimes et persistantes prétentions de notre bien aimé monarque.
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