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IDIR  "Un grand poète s'en est allé"
Article tiré de CORSE-MATIN
Samedi 9 mai 2020
Véronique EMMANUELLI
 
 
IDIR : " un grand poète s'en est allé"




À un moment donné de sa carrière internationale, Idir, le plus célèbre des baladins kabyles qui s'est éteint le 2 mai à Paris à l'âge de 70 ans, est passé par la Corse. « Au début des années 1990, il était venu chanter lors de soirées de soutien aux prisonniers politiques notamment », se souvient le chanteur du groupe I Muvrini, Jean-François Bernardini.
L'épisode sera le point de départ d'une belle amitié. Bientôt Idir monte sur la scène du théâtre de Bastia pour y faire circuler du sens et de la poésie. Il évolue une fois de plus aux côtés de I Muvrini. « Nous avions alors fait des voix sur la chanson qui a fait sa notoriété, "A Vava Inouva", reprend-il. Le lien tissé entre le Kabyle et les Corses sera durable. Sans doute parce qu'il semble aller de soi. « Cette relation a perduré. Nous nous sommes revus à plusieurs reprises sur des scènes, à l'occasion de festivals. Notre dernière rencontre remonte à deux ans et demi » , confie Jean-François Bernardini.
L'épisode coïncide alors avec la sortie du single des Muvrini, « Ma soeur musulmane » . L'artiste kabyle est sensible aux mots qui se fondent aux notes et, à l'émotion qui habite la mélodie d'une douceur lancinante, presque magnétique. « Le titre l'avait beaucoup touché. Il m'a dit, tu me fais verser une larme lorsque j'écoute cette chanson. Parce que cette femme musulmane que tu évoques, elle ressemble aux seules femmes que je connais, des femmes de paix.»
D'autres propos d'Idir sont restés gravés dans la mémoire de Jean François Bernardini. « Il répétait volontiers, l'islam n'est pas un combat, ni une guerre. Le seul islam que je connais, c'est un islam de paix. La seule guerre, c'est aimer et aimer aimer l'autre. Il faut se battre pour aimer. Il était très heurté par toutes les formes d'intégrismes. »
La Corse est un motif récurrent de la discussion toujours chaleureuse. « Il me demandait de lui parler de l'île, des évolutions en cours. II était un chanteur politique, au sens noble du terme, pas un propagandiste. »
Il est aussi un défenseur passionné et persévérant de la cause culturelle. « La culture revenait selon lui à célébrer l'intelligence et à cultiver l'émotion. » Depuis ses montagnes de Kabylie, il suivra le chemin « d'un homme humble discret » , plein de générosité et d'une élégance qui élève.
« C'est un grand monsieur, un grand poète aussi qui s'en est allé faire de la poésie dans le ciel » , conclut Jean-François Bernardini. Le public ne s'y est pas trompé. La popularité d'Idir, ambassadeur de la culture kabyle, a eu raison de toutes les frontières.


Pour écouter la merveilleuse chanson " A VAVA INOUVA" , cf. YOU TUBE.


 


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