"La vérité est pareille à l'eau, qui prend la forme du vase qui la contient" (Ibn Khaldoun) /// «La vérité est le point d’équilibre de deux contradictions » (proverbe chinois). /// La vérité se cache au mitan du fleuve de l'info médiatique (JM).
Un ouvrage récent intitulé « Si le geste est beau » (éditions La manufacture du Livre) dû à la plume d’un écrivain corse, Benjamin Franceschetti, évoque les menées anarchistes en France à la veille de la première guerre mondiale et les manœuvres policières et autres qui ont accompagné leur répression.
L’anarchisme ne semble pas avoir prospéré de la même manière en Corse.
Si à titre individuel quelques insulaires ont pu exprimer des sympathies pour les idées et la mouvance anarchistes, ce courant de pensée ne s’est jamais traduit par une action que l’on n’ose qualifier de « directe ».
La Corse a toutefois connu une tentative de pratique communautaire relevant de l’idéologie libertaire.
France3 Corse (Via Stella) lui avait consacré en 2019 un article/reportage signé Dominique Morel.
JM.
https://www.lamanufacturedelivres.com/livre/si-le-geste-est-beau
ROMAN POLICIER
416 pages
a paru le 2 mars 2023
ISBN 978-2-3588-7946-0
L'auteur
Benjamin Franceschetti est né en 1990 à Bastia, où il a grandi. Après des études à Paris et un mémoire sur le Bonheur dans l’œuvre de Dante, il enseigne la philosophie en banlieue parisienne depuis six ans.
Résumé éditeur
Relevés de presse
Si le geste est beau
Benjamin Franceschetti
ROMAN POLICIER
416 pages
a paru le 2 mars 2023
ISBN 978-2-3588-7946-0
L'auteur
Benjamin Franceschetti est né en 1990 à Bastia, où il a grandi. Après des études à Paris et un mémoire sur le Bonheur dans l’œuvre de Dante, il enseigne la philosophie en banlieue parisienne depuis six ans.
Résumé éditeur
1914. Un petit groupe d’anarchistes se disperse pour jeter des bombes contre plusieurs bâtiments publics parisiens, revendiquant la libération d’un des leurs. Mais à la dernière minute, Arthur dit L’Alchimiste change de cible et un restaurant bourgeois explose. L’attentat fait sept victimes. Au sein de la cellule anarchiste, cette initiative a un goût de trahison. L’opinion publique s’embrase, le gouvernement est sous pression. Fabre, commissaire de police, est tenu de trouver des coupables. Jeune journaliste aux rêves de grandeur, Eugène entend mener son enquête parallèle, quitte à prendre des risques inconsidérés. Mais bientôt les deux hommes perçoivent derrière l’affaire des influences qui dépassent les anarchistes. Et si ces derniers n’étaient que des hommes de paille, manipulés par bien plus puissants qu’eux ? Vers quel bourbier ces deux enquêteurs s’avancent-ils ?
Entre traque, complot, manigances et agents doubles, ce premier roman mené de main de maître nous fait respirer le parfum d’une époque qui vacille au bord du gouffre.
Entre traque, complot, manigances et agents doubles, ce premier roman mené de main de maître nous fait respirer le parfum d’une époque qui vacille au bord du gouffre.
Relevés de presse
- Dans cette enquête menée ou torpillée par des protagonistes concurrents, le suspense dure jusqu’à la dernière page. Gilles Heuré, Télérama
- Benjamin Franceschetti, la révélation corse du roman noir. Entretien intégral .Sébastien Bonifay, France 3 Corse Viastella
- Un cocktail explosif pour un premier roman palpitant, plein d’humanité et d’émotions. On ne sait pas si le geste est beau, mais le livre l’est sans aucun doute. Hervé Delouche, 813
- Complots, attentats, espions... Si le geste est beau est une réussite totale. Christophe Laurent, Corse Matin
- Lorsque les pions se mettent en place, l’histoire se révèle passionnante. Et très instructive. Agnès Laurent, L'express
- Avec ce théâtre de marionnettes très maîtrisé, dont la construction kaléidoscopique suit les faits et gestes des différents acteurs de l’intrigue dans une altemance de séquences courtes et rythmées qui garantissent une lecture sans temps mort, l’auteur livre un roman d’espionnage très noir. I. M., Historia
- "L’impression que j’avais, c’était que la seule manière, en 1914, de mettre en scène des personnages qui commettraient des actes terroristes, c’était forcément d’en faire des personnages qui ont un rapport, en fin de compte, assez lointain à l’anarchie." Entretien intégral Radio Libertaire
- Benjamin Franceschetti fait preuve d’une maîtrise insolente, creusant ses nombreux personnages, dans un décor restitué aux boutons de manchette près. Corse Matin
- Une histoire palpitante. Radio Dunes
- Benjamin Franceschetti nous entraîne avec brio au milieu de cette affaire, qui en cache bien d’autres. Chronique intégrale . Le Noir rôde
- Le lecteur découvre un écheveau de manipulations ignobles tressé par d’insoupçonnables hauts fonctionnaires et en vient rapidement à se prendre de pitié pour les petites gens qui en font les frais : idéalistes anarchistes de la belle époque, simple pigiste ou commissaire de police proche de la retraite. Christophe Gelé
- j’ai toujours été intéressé par l’anarchisme, théorie qui semble impossible à prendre au sérieux, mais qui s’avère cacher une multitude de courants différents, de positions variées... »,La Lozère Nouvelle
- J’ai toujours été intéressé par l’anarchisme en tant que théorie politique et je voulais rendre compte de sa diversité. Selon les courants, on navigue entre l’utopie, le nihilisme, le simple militantisme ou même une certaine forme d’immobilisme. C’est quand même un courant auquel on peut rattacher aussi bien Proudhon que Céline ! » Entretien intégral . Be Polar
https://france3-regions.francetvinfo.fr/corse/corse-du-sud/insolite-ephemere-communaute-anarchiste-corse-1623155.html
Publié le 13/02/2019
Mis à jour le 11/06/2020
Écrit par Dominique Moret
L'insolite et éphémère communauté anarchiste de Corse
Publié le 13/02/2019 à 19h30 • Mis à jour le 11/06/2020 à 14h03
Écrit par Dominique Moret
A gauche, assis, Isidore Escalaïs, maître tourneur. La photo a été prise à Alger, peu de temps avant son arrivée en Corse • © Photo familiale fournie par Yvette Hognat
L'insolite et éphémère communauté anarchiste de Corse
Publié le 13/02/2019
Mis à jour le 11/06/2020
Écrit par Dominique Moret
L'insolite et éphémère communauté anarchiste de Corse
Publié le 13/02/2019 à 19h30 • Mis à jour le 11/06/2020 à 14h03
Écrit par Dominique Moret
A gauche, assis, Isidore Escalaïs, maître tourneur. La photo a été prise à Alger, peu de temps avant son arrivée en Corse • © Photo familiale fournie par Yvette Hognat
En 1905 partisans de la laïcité républicaine et catholiques traditionnalistes se déchirent sur fond de loi de séparation de l'église et de l'Etat. A contre-courant du débat national une poignée d'anarchistes expérimente le "Ni dieu ni maître" à Cognocoli Monticchi. La tentative tourne court
"Beaucoup font couler l'encre à propos des médias pour les critiquer, peu font couler l'essence dans leurs locaux pour les incendier". Ces lignes issues de la revendication de l'incendie ayant endommagé les locaux de France bleu Isère dans la nuit du 27 au 28 janvier dernier par un groupuscule anarchiste ravivent la curiosité du public pour les héritiers de Proudhon et de Bakounine. En Corse, la courte épopée de l'Anarchie a élu domicile dans une paisible localité de la vallée du Taravu, à Cognocoli-Monticchi.
"Bientôt nous créerons une cellule nouvelle de l'humanité future. Par ces temps de veulerie et de crétinisme c'est encore une belle oeuvre à tenter pour éclairer ceux qui ne savent pas". Ces mots relatés par Le dictionnaire des anarchistes de Jean Maitron sont extraits d'une lettre écrite par d'Isidore Escalaïs en février 1906. Mais ne bâtit pas la Cité du soleil qui veut...
Des sympathies pour la Commune de Paris
Isidore Escalaïs marié et père d'une petite fille est maître tourneur à Alger, Marcel Ducher y exerce lui la profession de contremaître. Par le biais de Maurice Fourrié, les deux anarchistes entrent en relation avec Louis Costa, notaire à Cognocoli-Monticchi, secrétaire de la Fédération socialiste corse. Ce dernier va favoriser l'éclosion d'une communauté libertaire, notamment en convaincant son frère François Costa, également à Alger, de mettre un terrain à disposition. Escalaïs et sa famille, Ducher mais également un certain Borgiali et son épouse vont s'installer au lieu dit Ciorfoli, à deux kilomètres de Cognocoli.
"Le père de Louis Costa a participé à la Commune de Paris. Il n'a pas été fusillé mais après les événements il est assigné à résidence à Cognocoli" précise Béatrice Berland, l'arrière petite fille de Louis Costa, s'expliquant ainsi le penchant de son aieul pour l'Anarchie. Au début du siècle passé, le mouvement libertaire n'est pas encore entré en opposition frontale avec le Marxisme. "De toute façon Louis était un homme complexe, fondateur du Parti socialiste il était également francmaçon" souligne-t-elle, évoquant également les sympathies du notaire envers les idées autonomistes de l'entre deux guerres.
Outre les informations transmises par la famille Costa, l'histoire de Ciorfoli est surtout consignée dans le premier tome de Le Mouvement anarchiste en France de Jean Maîtron, paru chez Gallimard. Le grand public s'est familiarisé avec les faits grace à l'encyclopédie en ligne Wikipédia dans lequel François Berland, descendant des Costa, est un contributeur actif. Ces sources nous apprennent que les protagonistes fondent une communauté agricole centrée sur l'élevage, sont aidés par les subsides de Louis Griveau, le parrain de Marcel Ducher. Le mécène qui vit à Paris ignore tout des intentions politiques de son filleul. L'argent est prêté pour ce qui lui est présenté comme une entreprise rentable.
Une trahison conjugale
Le coeur de l'histoire se déroule entre avril et novembre 1906. Les membres de la colonie achètent huit vaches, trente-huit cochons, vingt brebis, cinquante taurillons et de la volaille en quantité : poules, canards, oies... A tel point que le parrain va finir par s'interroger sur l'opportunité d'engager de tels frais. Mais l'investisseur n'aura pas le temps d'être ruiné. Le 12 novembre 1906 Marcel Ducher s'enfuit à Bastia avec l'épouse d'Escalaïs. Le 16 novembre Borgiali s'évanouit dans la nature emportant la caisse avec lui. Les tentatives de reprise d'exploitation vont s'avérer vaines, le bétail est vendu l'année suivante afin de limiter les pertes financières pour Louis Griveau.
Si l'événement s'inscrit dans l'histoire tumultueuse de l'Anarchie, avec une difficulté plusieurs fois éprouvée à mettre en pratique les idéaux libertaires, à l'échelle de la Corse l'expérience relève de l'anecdote. Si les Costa connaissent et divulguent volontiers l'histoire de la famille, les descendants d'Isidore Escalaïs avouent avoir pris connaissance de Ciorfoli de manière fortuite. "Je n'ai su cette histoire que très tard. Notre grand-père ne s'en vantait pas" avoue Yvette Hognat qui précise qu'à la fin de sa vie Isidore Escalaïs est devenu communiste. Même connaissance parcellaire de la part d'Eric Panis, l'arrière petit-fils. "Au cimetière d'Ajaccio, au lieu d'être surmontée par une croix la tombe de mon arrière grand-père s'orne d'une colonne brisée, le signe des anarchistes". C'est à peu près tout. Le reste a été glané sur Internet.
L'histoire contemporaine nous enseigne que la politique et la violence ont souvent fait bon ménage dans l'île. En revanche les mouvements anarchistes qui ailleurs en Europe sont allés jusqu'à proner l'assassinat de rois, de présidents de la République ou de ministres sont restés absents. Né de la société industrielle et du sentiment d'exploitation des ouvriers au XIXème siècle, le "Ni dieu ni maître" des anarchistes n'a eu qu'un faible écho en Corse où l'industrie ne s'est jamais développée
A Cognocoli, dans le cercle amical des Costa beaucoup ont entendu parler d'une plaque gravée apposée au-dessus de l'entrée de la colonie. D'autres ont eu un vague écho de l'anecdote par une grand-mère ou un cousin, le tout étant présenté comme un évènement lointain et quelque peu incongru dans une société rurale peu encline à l'expérminentation. "C'était assez inédit, et même délirant pour l'époque, dans un petit village en Corse, résume Béatrice Berland. Un projet utopiste, mais ça a quand même eu lieu, ne fusse que quelque temps".
"Beaucoup font couler l'encre à propos des médias pour les critiquer, peu font couler l'essence dans leurs locaux pour les incendier". Ces lignes issues de la revendication de l'incendie ayant endommagé les locaux de France bleu Isère dans la nuit du 27 au 28 janvier dernier par un groupuscule anarchiste ravivent la curiosité du public pour les héritiers de Proudhon et de Bakounine. En Corse, la courte épopée de l'Anarchie a élu domicile dans une paisible localité de la vallée du Taravu, à Cognocoli-Monticchi.
"Bientôt nous créerons une cellule nouvelle de l'humanité future. Par ces temps de veulerie et de crétinisme c'est encore une belle oeuvre à tenter pour éclairer ceux qui ne savent pas". Ces mots relatés par Le dictionnaire des anarchistes de Jean Maitron sont extraits d'une lettre écrite par d'Isidore Escalaïs en février 1906. Mais ne bâtit pas la Cité du soleil qui veut...
Des sympathies pour la Commune de Paris
Isidore Escalaïs marié et père d'une petite fille est maître tourneur à Alger, Marcel Ducher y exerce lui la profession de contremaître. Par le biais de Maurice Fourrié, les deux anarchistes entrent en relation avec Louis Costa, notaire à Cognocoli-Monticchi, secrétaire de la Fédération socialiste corse. Ce dernier va favoriser l'éclosion d'une communauté libertaire, notamment en convaincant son frère François Costa, également à Alger, de mettre un terrain à disposition. Escalaïs et sa famille, Ducher mais également un certain Borgiali et son épouse vont s'installer au lieu dit Ciorfoli, à deux kilomètres de Cognocoli.
"Le père de Louis Costa a participé à la Commune de Paris. Il n'a pas été fusillé mais après les événements il est assigné à résidence à Cognocoli" précise Béatrice Berland, l'arrière petite fille de Louis Costa, s'expliquant ainsi le penchant de son aieul pour l'Anarchie. Au début du siècle passé, le mouvement libertaire n'est pas encore entré en opposition frontale avec le Marxisme. "De toute façon Louis était un homme complexe, fondateur du Parti socialiste il était également francmaçon" souligne-t-elle, évoquant également les sympathies du notaire envers les idées autonomistes de l'entre deux guerres.
Outre les informations transmises par la famille Costa, l'histoire de Ciorfoli est surtout consignée dans le premier tome de Le Mouvement anarchiste en France de Jean Maîtron, paru chez Gallimard. Le grand public s'est familiarisé avec les faits grace à l'encyclopédie en ligne Wikipédia dans lequel François Berland, descendant des Costa, est un contributeur actif. Ces sources nous apprennent que les protagonistes fondent une communauté agricole centrée sur l'élevage, sont aidés par les subsides de Louis Griveau, le parrain de Marcel Ducher. Le mécène qui vit à Paris ignore tout des intentions politiques de son filleul. L'argent est prêté pour ce qui lui est présenté comme une entreprise rentable.
Une trahison conjugale
Le coeur de l'histoire se déroule entre avril et novembre 1906. Les membres de la colonie achètent huit vaches, trente-huit cochons, vingt brebis, cinquante taurillons et de la volaille en quantité : poules, canards, oies... A tel point que le parrain va finir par s'interroger sur l'opportunité d'engager de tels frais. Mais l'investisseur n'aura pas le temps d'être ruiné. Le 12 novembre 1906 Marcel Ducher s'enfuit à Bastia avec l'épouse d'Escalaïs. Le 16 novembre Borgiali s'évanouit dans la nature emportant la caisse avec lui. Les tentatives de reprise d'exploitation vont s'avérer vaines, le bétail est vendu l'année suivante afin de limiter les pertes financières pour Louis Griveau.
Si l'événement s'inscrit dans l'histoire tumultueuse de l'Anarchie, avec une difficulté plusieurs fois éprouvée à mettre en pratique les idéaux libertaires, à l'échelle de la Corse l'expérience relève de l'anecdote. Si les Costa connaissent et divulguent volontiers l'histoire de la famille, les descendants d'Isidore Escalaïs avouent avoir pris connaissance de Ciorfoli de manière fortuite. "Je n'ai su cette histoire que très tard. Notre grand-père ne s'en vantait pas" avoue Yvette Hognat qui précise qu'à la fin de sa vie Isidore Escalaïs est devenu communiste. Même connaissance parcellaire de la part d'Eric Panis, l'arrière petit-fils. "Au cimetière d'Ajaccio, au lieu d'être surmontée par une croix la tombe de mon arrière grand-père s'orne d'une colonne brisée, le signe des anarchistes". C'est à peu près tout. Le reste a été glané sur Internet.
L'histoire contemporaine nous enseigne que la politique et la violence ont souvent fait bon ménage dans l'île. En revanche les mouvements anarchistes qui ailleurs en Europe sont allés jusqu'à proner l'assassinat de rois, de présidents de la République ou de ministres sont restés absents. Né de la société industrielle et du sentiment d'exploitation des ouvriers au XIXème siècle, le "Ni dieu ni maître" des anarchistes n'a eu qu'un faible écho en Corse où l'industrie ne s'est jamais développée
A Cognocoli, dans le cercle amical des Costa beaucoup ont entendu parler d'une plaque gravée apposée au-dessus de l'entrée de la colonie. D'autres ont eu un vague écho de l'anecdote par une grand-mère ou un cousin, le tout étant présenté comme un évènement lointain et quelque peu incongru dans une société rurale peu encline à l'expérminentation. "C'était assez inédit, et même délirant pour l'époque, dans un petit village en Corse, résume Béatrice Berland. Un projet utopiste, mais ça a quand même eu lieu, ne fusse que quelque temps".
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