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Conférence du MAK à Sétif : « La langue kabyle est menacée de disparition»

18/01/2013 - 23:53

GUENZAT (SIWEL) — Invité par l’âarch de Guenzath, relevant de la confédération d’Ath Yaâla, sise à 85 km du chef-lieu de Sétif, le président du MAK, M. Bouaziz Ait-Chebib, a eu l’occasion d’animer une conférence-débat, durant la journée d’hier et de partager les festivités de commémoration de « Yennayer » avec la population locale de Guenzat, qui, faut-il le rappeler est un village Kabyle des hauts plateaux de la Kabylie.


Accompagné par M. Bousaad Becha, cadre du MAK et responsable au niveau de la confédération d’Ath-Douala, le premier responsable de la formation autonomiste a été reçu par les membres de l’association culturelle « Azar Nath Yaâla » ainsi que par le responsable de la section locale du MAK sur place, en l’occurrence M. Mouloud Younsi.

M. Bouaziz Ait-Chebib, qui avait assisté à l’exposition murale sur le thème de « Yennayer » organisée par l’association en question, a entamé son allocution en rendant hommage aux citoyens kabyles de Guenzath, ainsi qu’au plus jeune martyr du printemps noir, natif de cette région « Elias Yaacob » âgé à peine de 11 ans. D’ailleurs le président du MAK s’est rendu à la stèle dédiée à sa mémoire. Un autre hommage a été rendu à l’historien kabyle « Mouloud Gaïd », un homme de culture berbère.

Lors de cette intervention, M. Bouaziz Ait-Chebib a affirmé que l’organisation sociale de la Kabylie avant 1857, date à laquelle elle était tombée entre les mains coloniales, se caractérisait par une organisation autonome propre à chaque village. Il explique que la première structure du village « Tajmaât » était une structure démocratique, au sens propre du terme. « Tajmaât » garantissait à tous de dire ce qu’il pense en toute liberté, sans aucune restriction.« C’est une liberté d’expression de fait, ce qui confirme que la première structure villageoise en Kabylie, est une structure démocratique, » dira le président du MAK.

S’agissant des Kabyles, M. Bouaziz Ait-Chebib plaide pour le fait qu’ils constituent un peuple auquel le passé, le présent et l’avenir sont un commun, ce qui nous amène à dire que la Kabylie est une nation à qui la langue, le Kabyle, est réduite à un simple patrimoine. « Tant que notre langue n’est pas enseignée à l’école, le Kabyle, est menacé de disparition », affirme le président du MAK.

Abordant la thématique de la laïcité, « celle-ci n’est pas du tout contre la religion, selon l’orateur, mais au contraire la laïcité protège les religions de tout usage ou manipulation politique. Le MAK respecte et respectera toutes les religions, » dira M. Bouaziz Ait-Chebib. « La conviction religieuse de tout un chacun demeure du domaine de la sphère privée du citoyen. Faut-il appeler que nos ancêtres juraient « Djmââ liman » au nom de toutes les croyances », continue d’affirmer le président du MAK pour étayer ses dires.

S’agissant de l’organisation sociopolitique de la Kabylie, M. Bouaziz Ait-Chebib a appuyé ses arguments sur la visite de Karl Marx en Kabylie durant l’année 1882. Bien que cette visite s’inscrive dans le cadre de soins médicaux, le célèbre philosophe allemand, auteur du « capital » avait déclaré qu’il a trouvé en Kabylie un exemple de socialisme de ses rêves.

Vers la fin de son intervention, le président du MAK avait déclaré que la Kabylie se trouve sous la domination du colonialisme arabo-algérien et que le temps est venu à la Kabylie de mettre les lois et les institutions qui lui sont compatibles. Il continue de dire que le Kabyle menacé d’extinction (Selon un rapport de l’UNESCO parut en 2007 et qui cite 40 langues menacées de disparition, dont la langue Kabyle), doit être protégé par ses enfants, car personne ne le fera à leur place.

Il est utile de signaler que M. Bousaad Becha, cadre du MAK s’était entretenu avec M. Karim Yaalaoui, poète et intellectuel Kabyle de la région. L’importance d’une telle rencontre, pour l’épanouissement de la culture Kabyle, a été soulevée par les deux côtés. D’ailleurs, un vibrant hommage a été rendu à l’intellectuel Kabyle, Smaïl Oumezghid, compagnon de Mohand Ouharoun. Smaïl Oumezghid, ingénieur de formation et militant Amazigh des années 1970, a été longtemps emprisonné durant les années 1980.

Par ailleurs, cette conférence-débat a été considérée comme une réussite par l’assistance, qui a salué un geste politique fort de la part du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK) qui avait souhaité célébrer « Yennayer » avec la population locale de « Guenzath » qui n’est autre que la terre natale du général Mohamed Mediene, patron du département du renseignement et de la sécurité (DRS). C’est un geste symbolique et significatif, nous dira l’un des citoyens présents lors de cette conférence.

aaa/tamurt
SIWEL 18 2353 JAN 13




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