Dihya est enfin retournée dans son pays, dans les Aurès. Après 33 ans d’exil forcé, elle est rentré au pays. Elle était accompagnée du militant Chaoui Salim Yezza, fer de lance de la révolte de Tkoukt en 2004 et de Nadia, la militante kabyle, bien connue de la diaspora. L’accueil réservé à Dihya a été grandiose. Dihya était attendue par une foule nombreuse qui s’était munie de dizaines de drapeaux Chaouis et amazighs et par une troupe d’Idheballens (musiciens traditionnels). Les retrouvailles ont été un grand moment d’émotion, tant pour Dihya que pour tous ceux qui s’étaient déplacés en masse pour l’accueillir.
Mais qui est Dihya ?
En raison d’un répertoire musical jugé « subversif » et d’une certaine accointance avec le mouvement berbériste de Kabylie, Dihya a quitté précipitamment sa terre natale en 1979. Dihya et son mari Messaoud Néjahi, étaient effectivement les premiers amazighs des Aurès à composer des chansons engagées en Chaoui, ce qui n’était pas du gout des autorités algériennes, qui faisaient déjà face à la contestation identitaire en Kabylie. Il n’était pas question qu’ils laissent germer la même contestation en pays Chaoui.
Effectivement, l’Etat algérien ne voulait surtout pas qu’un autre printemps amazigh se déroule en pays Chaoui. Dihya et Messaoud sont d’abord étroitement surveillés, avant d’être littéralement poussés à l’exil. Le répertoire de Dihya est entièrement interdit d’antenne en Algérie. Pas question que les Chaouis entendent les chansons de Dihya, dont « Ekkerd ekkerd a yelli ad nawi Thilili », ou « Yougerthen » (Jugurtha), seules les chansons Chaouis « en arabe » sont diffusées par la radio algérienne.
Après 33 ans d'un exil forcé, La diva des Aurès est accueillie comme une reine! la Reine des Aurès, la bien nommée DIHYA!
Ansuf yess-em gher tmurt-im a Tasedda !
maa,
SIWEL 191609 DEC 14
Dihya à Orly avec Nadia qui l'accompagne et un militant kabyle, juste avant son départ pour Batna.(PH/DR)
Le militant chaoui salim Yezza est également attendu. Sa mère, ici à l’aéroport est radieuse, ivre de bonheur à l'idée de revoir enfin son fils, lui aussi contraint à l’exil ( PH/DR)