Un cadavre à peine enfoui à Sévaré.(PH/Dorothée Thiénot/L'Express)
Sévaré est une ville de 30 000 habitants où les militaires maliens sont stationnés sur la ligne de front séparant le Nord du Sud et où l'armée française contrôle maintenant l'aéroport. Selon les témoignage recueillis par Dorothée Thiénot, journaliste à l'Express, le décès de la victime que l'on a bien voulu lui montrer est tout récent. Son témoin est un riverain qui ne s'est décidé à montrer la dépouille qu'en pleine nuit et sous couvert d'anonymat : «Vendredi, ma mère a entendu des détonations. J'ai attendu une nuit, et puis je suis allé regarder...».C'est un corps nu qui gît grossièrement enfoui dans la terre. A l'exception d'une partie des doigts de la main, le corps semble intact écrit Dorothée Thiénot. La victime n'est pas unique, dans plusieurs endroits de la ville, des habitants ont vu des soldats de l'armée malienne jeter des corps dans des puits.
Depuis l'attaque des islamistes de la ville voisine de Kona, la hantise des djihadistes a donné lieu à une campagne populaire de dénonciation des "suspects". Une campagne de dénonciation qui tourne en chasse à l'homme: «Etre Arabe, Touareg ou habillé de façon traditionnelle, pour quelqu'un qui n'est pas de Sévaré, cela suffit à le faire disparaître» témoignent deux jeunes.
Selon les témoignages recueillis sur place, l'Express fait état d'exécutions sommaires qui ont eu lieu à Sévaré: «un meurtre a été commis la semaine dernière dans le camp militaire à deux pas du centre de tir où sont égorgés les "suspects"» explique une jeune femme du nom de Miriam. Elle a témoigné d'«un corps sans tête, jeté dans le puits vendredi dernier ». La jeune femme rajoute : « Le même jour et le lendemain, non loin de l'hôpital, des soldats en uniforme ont jeté dans un puits, et aux yeux de tous, des cadavres présentés comme ceux de "rebelles"». Un ancien militaire du nom de Moussa qui, selon la journaliste sur place, ne cache pas sa haine des "peaux-rouges", le surnom donné aux Touaregs dans le sud, renchérit: «J'étais là! »,«Les morts étaient des rebelles! ».
Dorothée Thiénot rapporte que, selon ses information, vendredi dernier, de passage à Sévaré, un père et son jeune fils, originaires du Nord, auraient été tués à coup de Machette et de balles, avant de finir dans le puits. Un ami de la famille lui a confié qu'un proche parent des victimes, gendarme à Sévaré, est parti à Bamako afin de trouver le militaire coupable. «Il veut des explications. Et il portera plainte, c'est certain...».
Les militaires maliens humiliés par la défaite au Nord exécutent froidement les "suspects". un jeune de la ville affirme que «Si on n'est pas en mesure de présenter sa carte d'identité, on est amené à la gendarmerie et si aucun habitant de Sévaré ne reconnaît le "suspect", on l'exécute». La gendarmerie qui a confirmé les deux premières étapes à l'Express assure néanmoins que les suspects "avérés" sont envoyés à Bamako pour être jugés. « Des procès qui, curieusement, n'ont pas grande presse...» écrit Dorothée Thiénot.
Depuis plusieurs jours, sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes dénoncent les représailles contre les azawadiens, contre les peaux claires. Plus officiellement, la Fédération Internationale des Droits de l'Homme (FIDH) ainsi que Human Rights Watch et Amnesty International ont dénoncé des exécutions sommaires par l'armée malienne. Les militaires maliens prétendent ne rien savoir de ces "rumeurs". Interrogé à Sévaré par L'Express, le colonel Didier Dacko, assure n'avoir entendu parler de rien; mais les militaires maliens se rendent coupables d'exactions commis à huit clos d'autant plus facilement que la Ville de Sévaré est à nouveau fermée aux journalistes tandis que celle de Kona demeure fermée aussi bien aux journalistes qu'aux ONG. Humiliée par sa défaite au Nord, l'armée malienne semble décidée à se venger des "peau-rouge", comme elle l'a toujours fait depuis 1963, loin des journalistes et des ONG. Que dit l'armée française ?
Source L'Express
nbb,
SIWEL 210315 JAN 13
Depuis l'attaque des islamistes de la ville voisine de Kona, la hantise des djihadistes a donné lieu à une campagne populaire de dénonciation des "suspects". Une campagne de dénonciation qui tourne en chasse à l'homme: «Etre Arabe, Touareg ou habillé de façon traditionnelle, pour quelqu'un qui n'est pas de Sévaré, cela suffit à le faire disparaître» témoignent deux jeunes.
Selon les témoignages recueillis sur place, l'Express fait état d'exécutions sommaires qui ont eu lieu à Sévaré: «un meurtre a été commis la semaine dernière dans le camp militaire à deux pas du centre de tir où sont égorgés les "suspects"» explique une jeune femme du nom de Miriam. Elle a témoigné d'«un corps sans tête, jeté dans le puits vendredi dernier ». La jeune femme rajoute : « Le même jour et le lendemain, non loin de l'hôpital, des soldats en uniforme ont jeté dans un puits, et aux yeux de tous, des cadavres présentés comme ceux de "rebelles"». Un ancien militaire du nom de Moussa qui, selon la journaliste sur place, ne cache pas sa haine des "peaux-rouges", le surnom donné aux Touaregs dans le sud, renchérit: «J'étais là! »,«Les morts étaient des rebelles! ».
Dorothée Thiénot rapporte que, selon ses information, vendredi dernier, de passage à Sévaré, un père et son jeune fils, originaires du Nord, auraient été tués à coup de Machette et de balles, avant de finir dans le puits. Un ami de la famille lui a confié qu'un proche parent des victimes, gendarme à Sévaré, est parti à Bamako afin de trouver le militaire coupable. «Il veut des explications. Et il portera plainte, c'est certain...».
Les militaires maliens humiliés par la défaite au Nord exécutent froidement les "suspects". un jeune de la ville affirme que «Si on n'est pas en mesure de présenter sa carte d'identité, on est amené à la gendarmerie et si aucun habitant de Sévaré ne reconnaît le "suspect", on l'exécute». La gendarmerie qui a confirmé les deux premières étapes à l'Express assure néanmoins que les suspects "avérés" sont envoyés à Bamako pour être jugés. « Des procès qui, curieusement, n'ont pas grande presse...» écrit Dorothée Thiénot.
Depuis plusieurs jours, sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes dénoncent les représailles contre les azawadiens, contre les peaux claires. Plus officiellement, la Fédération Internationale des Droits de l'Homme (FIDH) ainsi que Human Rights Watch et Amnesty International ont dénoncé des exécutions sommaires par l'armée malienne. Les militaires maliens prétendent ne rien savoir de ces "rumeurs". Interrogé à Sévaré par L'Express, le colonel Didier Dacko, assure n'avoir entendu parler de rien; mais les militaires maliens se rendent coupables d'exactions commis à huit clos d'autant plus facilement que la Ville de Sévaré est à nouveau fermée aux journalistes tandis que celle de Kona demeure fermée aussi bien aux journalistes qu'aux ONG. Humiliée par sa défaite au Nord, l'armée malienne semble décidée à se venger des "peau-rouge", comme elle l'a toujours fait depuis 1963, loin des journalistes et des ONG. Que dit l'armée française ?
Source L'Express
nbb,
SIWEL 210315 JAN 13