Bilal Ag Achérif, président du MNLA. PH/DR
L’Azawad et le Mali ne sont pas un seul Etat, souligne encore le chef du MNLA. L’Azawad et le Mali « n’ont jamais fait un ». « La question n’est pas de savoir s’ils sont distincts » mais plutôt de savoir « comment les mettre ensemble ». Dès l’indépendance du Mali, témoigne-t-il « les chefs coutumiers de l’Azawad ont écrit au président de Gaulle pour l’alerter sur les conséquences négatives de l’intégration de notre région au sein du nouvel Etat. De fait, nos populations ont été victimes de massacres dès le début des années 60, puis sous tous les présidents qui se sont succédé à Bamako, même sous le mandat d’Amadou Toumani Touré (le président renversé en mars dernier, ndlr) ». « Jamais personne - militaire ou politique - n’a été arrêté au Mali pour les exactions commises dans l’Azawad ». Sur place, ajoute-t-il « les populations voient le Mali comme un Etat qui vient les piller et les massacrer ».
A une question sur la possibilité de trouver un accord avec Bamako et faire partie de ce pays, Bilal Ag Achérif précise qu’il faut se rappeler de tout ce passé et discuter. « Le Mali doit arrêter les responsables des massacres dans l’Azawad et les remettre à la justice internationale. C’est un préalable indispensable aux futures discussions. On ne ferme pas la porte aux négociations, mais elles doivent porter sur le droit à l’autodétermination des populations de l’Azawad ». « Leur aspiration profonde, c’est qu’on leur donne la responsabilité d’administrer leur propre territoire. Si la communauté internationale nous reconnaît ce droit, nous aurons une responsabilité vis-à-vis d’elle : celle d’assainir notre territoire, que nous connaissons sur le bout des doigts. Mais, aujourd’hui, si on demande à un jeune de l’Azawad de se battre contre les groupes terroristes, il va se demander pourquoi il risquerait sa vie alors que la communauté internationale veut prendre son territoire pour le remettre à l’Etat malien ».
« Nous nous battons déjà contre ces groupes nuisibles financés par l’argent de la drogue et des prises d’otages », informe-t-il sur la lutte du MNLA contre les groupes armés dans la région. Mais, a-t-il regretté « nous manquons de moyens, nos soldats n’ont pas de quoi manger. Un appui politique et financier serait le bienvenu ».
« Le MNLA ne parle pas au nom des Touaregs, mais au nom de toutes les populations présentes sur ce territoire », précise encore Ag Achérif. « Les chefs du MNLA sont songhaïs, arabes, peuls et aussi touaregs. Nous sommes tous dans la même situation, nos droits sont bafoués par Bamako. On dit que nous sommes minoritaires, mais qui a fait des statistiques ? S’il le pouvait, le Mali dirait que nous n’existons même pas ».
A propos des groupes islamistes activant dans la région, le chef du MNLA souligne que « le Mujao et Aqmi doivent être exclus de tout dialogue. « Ce sont des mouvements étrangers à l’Azawad, dirigés par des étrangers. Nous n’avons rien à voir avec eux ». Quant au mouvement Ansar-Edine, Bilal Ag Achérif souligne qu’il « doit faire un pas en avant pour entrer dans la négociation en rompant ses relations avec les groupes terroristes ».
Bilal Ag Achérif indique que l’argent de la drogue et des rançons liées aux prises d’otages permet certes, aux groupes terroristes « d’attirer certains jeunes. Mais les populations de l’Azawad n’ont rien en commun avec l’idéologie d’Al Qaïda. Ceux qui les ont rejoints le font par pur intérêt financier ou par peur ». Il faut justement, à ce titre, « offrir une alternative à ces jeunes ». « Le Mujao a récemment recruté plusieurs militants locaux mais aussi à l’extérieur de la région grâce à l’argent touché en échange de la libération d’otages espagnols », informe-t-il encore.
« L’intervention ne servirait à rien dans les conditions actuelles », prédit le chef du MNLA. « On ne peut pas prescrire une ordonnance sans avoir ausculté le malade, sans avoir consulté les populations de l’Azawad. Une telle opération militaire, avec des troupes qui ne connaissent rien du terrain, provoquerait plus de désordre, diffuserait la menace terroriste dans toute l’Afrique de l’Ouest et augmenterait le trafic de drogue. Elle risquerait de faire beaucoup de victimes collatérales. Comment distinguer les terroristes des autres ? Ils portent les mêmes vêtements », indique-t-il.
aai/libération
SIWEL 011407 DEC 12
A une question sur la possibilité de trouver un accord avec Bamako et faire partie de ce pays, Bilal Ag Achérif précise qu’il faut se rappeler de tout ce passé et discuter. « Le Mali doit arrêter les responsables des massacres dans l’Azawad et les remettre à la justice internationale. C’est un préalable indispensable aux futures discussions. On ne ferme pas la porte aux négociations, mais elles doivent porter sur le droit à l’autodétermination des populations de l’Azawad ». « Leur aspiration profonde, c’est qu’on leur donne la responsabilité d’administrer leur propre territoire. Si la communauté internationale nous reconnaît ce droit, nous aurons une responsabilité vis-à-vis d’elle : celle d’assainir notre territoire, que nous connaissons sur le bout des doigts. Mais, aujourd’hui, si on demande à un jeune de l’Azawad de se battre contre les groupes terroristes, il va se demander pourquoi il risquerait sa vie alors que la communauté internationale veut prendre son territoire pour le remettre à l’Etat malien ».
« Nous nous battons déjà contre ces groupes nuisibles financés par l’argent de la drogue et des prises d’otages », informe-t-il sur la lutte du MNLA contre les groupes armés dans la région. Mais, a-t-il regretté « nous manquons de moyens, nos soldats n’ont pas de quoi manger. Un appui politique et financier serait le bienvenu ».
« Le MNLA ne parle pas au nom des Touaregs, mais au nom de toutes les populations présentes sur ce territoire », précise encore Ag Achérif. « Les chefs du MNLA sont songhaïs, arabes, peuls et aussi touaregs. Nous sommes tous dans la même situation, nos droits sont bafoués par Bamako. On dit que nous sommes minoritaires, mais qui a fait des statistiques ? S’il le pouvait, le Mali dirait que nous n’existons même pas ».
A propos des groupes islamistes activant dans la région, le chef du MNLA souligne que « le Mujao et Aqmi doivent être exclus de tout dialogue. « Ce sont des mouvements étrangers à l’Azawad, dirigés par des étrangers. Nous n’avons rien à voir avec eux ». Quant au mouvement Ansar-Edine, Bilal Ag Achérif souligne qu’il « doit faire un pas en avant pour entrer dans la négociation en rompant ses relations avec les groupes terroristes ».
Bilal Ag Achérif indique que l’argent de la drogue et des rançons liées aux prises d’otages permet certes, aux groupes terroristes « d’attirer certains jeunes. Mais les populations de l’Azawad n’ont rien en commun avec l’idéologie d’Al Qaïda. Ceux qui les ont rejoints le font par pur intérêt financier ou par peur ». Il faut justement, à ce titre, « offrir une alternative à ces jeunes ». « Le Mujao a récemment recruté plusieurs militants locaux mais aussi à l’extérieur de la région grâce à l’argent touché en échange de la libération d’otages espagnols », informe-t-il encore.
« L’intervention ne servirait à rien dans les conditions actuelles », prédit le chef du MNLA. « On ne peut pas prescrire une ordonnance sans avoir ausculté le malade, sans avoir consulté les populations de l’Azawad. Une telle opération militaire, avec des troupes qui ne connaissent rien du terrain, provoquerait plus de désordre, diffuserait la menace terroriste dans toute l’Afrique de l’Ouest et augmenterait le trafic de drogue. Elle risquerait de faire beaucoup de victimes collatérales. Comment distinguer les terroristes des autres ? Ils portent les mêmes vêtements », indique-t-il.
aai/libération
SIWEL 011407 DEC 12