Extrait d'une dépêche de l'AFP: : « La Kabylie, région peu développée par rapport aux autres préfectures du nord, abrite des maquis qui servent de repaire aux islamistes depuis la guerre civile de 1992 . Les attaques contre les forces de l’ordre y sont nombreuses et meurtrières mais en même temps cette région abrite nombre de bars et bordels clandestins où les visiteurs et habitants se rendent régulièrement » C'est tellement explicite que cela se passe de tout commentaire (PH/DR)
Avec l'aimable autorisation du site d'information de l'ONG Tamazgha, nous reproduisons l'article publié sous le titre L'AFP ou l'entreprise de désinformation
L’AFP "se considère" comme l’une des trois agences de presse mondiales. Elle est chargée de collecter, vérifier, recouper et diffuser l’information, sous une forme neutre, fiable et utilisable directement par tous types de médias : radios, télévisions, presse écrite et sites Internet mais aussi par des grandes entreprises et administrations. Il s’agit d’un organe de presse de l’État français doté d’un statut particulier voté le 10 janvier 1957 par le Parlement français qui, normalement, garantit son indépendance et son objectivité. Cependant, force est de constater que la couverture médiatique des évènements en Libye qu’elle assure depuis 2011, lorsque cela concerne les Berbères, s’avère peu fiable et, encore moins, neutre.
Cette agence censée collecter, vérifier et diffuser l’information à grande échelle fait à vrai dire dans le dilettantisme des plus flagrants. Alors qu’elle est censée agir en toute neutralité, elle se comporte en réalité comme le porte-voix de la politique étrangère du gouvernement français, du moins en ce qui concerne les sujets liés à la question amazighe.
Sans chercher à remonter loin dans le temps, le mois d’août 2013, la couverture médiatique faite par cette agence de presse à propos du rassemblement pour "la défense de la liberté de conscience" en Kabylie montre à quel point qu’avec l’AFP ce n’est nullement cocasse, on peut y lire cela : « La Kabylie, région peu développée par rapport aux autres préfectures du nord, abrite des maquis qui servent de repaire aux islamistes depuis la guerre civile de 1992 . Les attaques contre les forces de l’ordre y sont nombreuses et meurtrières mais en même temps cette région abrite nombre de bars et bordels clandestins où les visiteurs et habitants se rendent régulièrement. »
Ces propos ont été commis par madame Béatrice Khadige, correspondante de l’AFP, à Alger le 5 août 2013. Au-delà des approximations que ne tolère guère l’éthique journalistique, ces propos s’apparentent au vieux discours raciste et tendancieux du régime algérien sur les Kabyles et la Kabylie. Ces allégations ne sont pas dignes d’un journalisme tel que nous le concevons, puisqu’il s’adonne avec amateurisme, loin de la déontologie que requiert le métier, à la stigmatisation d’une région bien précise – La Kabylie – et dont la population, selon la correspondante de l’AFP, "se rend régulièrement dans des bordels".
De quelle objectivité ou de quelle neutralité l’AFP peut-elle se prévaloir aujourd’hui ? Cette agence affiche de fait les preuves les plus criantes de ses accointances et de ses relations obscures avec la ligne politique du gouvernement français d’abord et puis avec celle de certains pays dont elle traite l’information. Incidemment, en examinant de très près la situation actuelle en Libye, la couverture médiatique de l’AFP indique que cette agence verse plutôt dans la désinformation que dans une information juste, recoupée et hiérarchisée. Et elle le fait non pas par incompétence mais par choix éditorial et politicien.
A propos de l’action des Amazighs à Mellitah, près d’At-Willul (Zouara, Lybie), l’AFP, dans une dépêche en date du 29 octobre 2013 (13h30), affirme que "des Amazighs libyens observent depuis quarante-huit heures un sit-in dans le complexe gazier de Mellitah dans l’ouest de la Libye qu’ils menacent de bloquer […]". Elle rajoute que "des citoyens de la ville de Zouara (ouest), venus par voie de mer dimanche, ont organisé un sit-in dans le complexe gazier de Millitah menaçant de bloquer le site […]".
Cette information est complètement erronée et nous la contestons. La réalité est que les Amazighs se sont rendus sur le complexe le samedi 26 octobre, et non pas dimanche 27 octobre comme l’annonce l’AFP. Ces derniers, une centaine de combattants armés, ont ainsi investi le complexe gazier et ils le contrôlent totalement. Nous ne comprenons pas pourquoi l’AFP s’entête à réduire cette action de grande envergure à un simple sit-in de citoyens ou à une simple excursion.
L’AFP affirme également que "Jusqu’à présent le complexe continue son activité […]". Cette information est également mensongère, car le complexe gazier en question ne fonctionne qu’à 50% de ses capacités. Même les médias libyens l’ont confirmé. De plus, les navires pétroliers sont empêchés d’accoster à Mellitah paralysant ainsi toute activité d’exportation. Seul le gazoduc alimentant l’Italie est laissé en fonctionnement pour le moment.
Le métier de journaliste est un métier noble mais périlleux. Il a le devoir d’informer et non de désinformer. Pour qu’il soit crédible, les faits doivent être recoupés et attestés. Le journalisme tel que nous le concevons à Tamazgha et ses lecteurs, ne doit et ne peut souffrir d’aucun parti pris, ni même de collusion, ni avec un État ni avec un groupe d’intérêt. L’un des beaux attributs du fait d’informer est la rigueur et l’éthique intellectuelles ; il se trouve qu’elle est gravement mise en cause chez certains journalistes de l’AFP, ceux en charge du dossier des pays du nord de l’Afrique notamment. L’intégrité intellectuelle qui doit animer tout journaliste même quand celui-ci travaille pour le compte d’un État doit être intacte et ne peut souffrir d’aucune allégeance. Les affirmations, péremptoires dans la forme et approximatives dans le fond, de l’AFP représentent par voie de conséquence l’expression, sans ambages, d’une ligne éditoriale dictée par des intérêts bien précis ; c’est l’expression on ne peut plus limpide de la politique berbère de la France qu’il conviendrait plutôt d’appeler "politique anti-berbère de la France".
Ce que l’AFP feint d’ignorer – et c’est une information capitale pour tous ceux qui s’intéressent à ce Pays – c’est le fait que les combattants amazighs menacent d’arrêter complètement le fonctionnement du complexe gazier si leurs revendications ne sont pas satisfaites (NDLR : la production est totalement arrêtée depuis le 11 novembre). Les militants amazighs de Libye sont conscients des enjeux de la mise en œuvre d’une telle décision : porter atteinte au nerf névralgique du pays et par ricochet à l’économie des pays qui font "des affaires" avec l’Etat libyen. Ils s’attaquent, et c’est légitime, au "retour sur investissement" de ces faiseurs de présidents et de gouvernements dont la politique dessert leurs intérêts.
Nous rappelons également que l’action de ces combattants amazighs ayant investi le complexe de Mellitah est étroitement liée aux autres actions menées par d’autres combattants, notamment ceux de Lalut (Nalut) et ceux d’Oubari : les combattants de Lalut ont coupé l’oléoduc traversant leur territoire depuis le 29 septembre, ceux de la région d’Oubari (Amazighs Touaregs) ont, quant à eux, investi le champ pétrolier, connu sous le nom de Charara exploité par la compagnie Repsol, le samedi 26 octobre. Toutes ces actions coordonnées sont menées dans le cadre de la contestation par les Amazighs de Libye de la politique anti-amazighe du Conseil général national (CGN) et du gouvernement libyen. Il faut souligner que ces deux instances, mises en place par "l’aide" des occidentaux et sponsorisées par le Qatar, objectivent une fin de non-recevoir pour toute revendication émanant des populations amazighes. Par des démarches pacifiques, le mouvement amazigh de Lybie, depuis septembre 2011, a posé le problème de l’identité libyenne pour mettre fin à l’injustice historique dont ils faisaient l’objet notamment depuis le règne de Kadhafi.
La revendication principale des Berbères de Lybie est la révision de l’article 30 de la déclaration constitutionnelle qui prévoit la prise de décision par le vote, donc à la majorité, des questions relatives à ce qui est appelé "composantes de la Libye". Les Amazighs refusent de laisser les instances gouvernementales libyennes soumettre les questions relevant de leur culture et de leur identité à un quelconque vote : un droit naturel ne peut faire l’objet d’aucun vote mais plutôt de reconnaissance, selon les Amazighs de Lybie. Ce sont des questions qui doivent être tranchées par consensus et par compromis. La question que soulève l’article 30 de la déclaration constitutionnelle porte essentiellement sur les constantes nationales, en d’autres termes : le nom de l’État, sa définition, son identité, son drapeau, son hymne national, sa langue officielle, etc. Les Amazighs et les Toubous refusent d’occuper les seconds plans, ils exigent une parfaite égalité et représentativité entre les différentes composantes ethniques de la Libye. Ils considèrent que les instances gouvernementales actuelles, par leurs décisions politiques unilatérales et tranchées, ne font que renaître de ses cendres l’autoritarisme de Kadhafi ; en d’autres termes un autoritarisme en remplace un autre.
Ce qui est reprochable, à juste titre, à une agence de presse comme l’AFP, c’est son mépris vis-à-vis des populations berbères en général et celles de Libye en particulier. Dans ce cas précis de la Libye, l’objet de ces occupations et de ces blocages des sites gaziers et pétroliers par les Amazighs. Aucun travail d’investigation sur le terrain, au sein des sites concernés, n’a été mené par les correspondants de cette agence. L’information qu’elle est censée récolter et hiérarchiser pour qu’elle soit ensuite utilisée par d’autres canaux d’information est basée sur les seules allégations et déclarations des officiels libyens. Il convient alors de signaler et de dénoncer le manque d’objectivité, d’honnêteté et d’effort d’exactitude de la dite agence de presse, ce qui par ailleurs s’explique plus par un choix d’une ligne éditoriale que par une quelconque difficulté financière concernant l’activité journalistique à l’international de celle-ci, d’où le caractère volontaire non seulement de ce que l’on peut appeler pudiquement des dérapages mais des prises de position clairement anti-amazighes. En revanche, la télévision arabe Al Jazeera a agi avec professionnalisme puisqu’elle a couvert l’événement en se rendant sur place où elle a recueilli les doléances des militants amazighs qui occupent actuellement le site gazier de Mellitah et les déclarations des officiels libyens. L’information rapportée par cette chaîne arabe apporte la preuve de l’inexactitude de l’information diffusée par l’AFP.
Ces dernières années, que ce soit la couverture médiatique d’un événement en Kabylie, ou en Libye, sans parler de l’Azawad, l’AFP a confirmé son mépris vis-à-vis des Amazighs. Ses correspondants dans ces pays du nord de l’Afrique ou du Sahel adoptent le plus souvent des positions obséquieuses quand elles ne relaient pas elles-mêmes les thèses nauséabondes des régimes dictatoriaux en place. Le traitement de l’événement des non-jeûneurs de Tizi-Ouzou en est des plus édifiants.
En somme, l’AFP, en tant qu’instrument et porte-voix de la politique étrangère de l’État français, n’est ni neutre ni indépendante et encore moins objective dans le traitement de l’information qu’elle diffuse. Dans leB.A. BA du journalisme d’Albert Camus dont c’est le centenaire de la naissance cette année, on peut y lire"Aller voir est la première chose à faire. Ensuite, il est nécessaire de vérifier les diverses perspectives possibles, en donnant la parole à tous. Il n’est pas question d’éluder le point de vue de l’adversaire, mais au contraire de l’entendre et de l’analyser. Le jeune journaliste prône une équité inviolable."
Mestafa G’Idir et Masin Ferkal.
SIWEL 151647 NOV 13
L’AFP "se considère" comme l’une des trois agences de presse mondiales. Elle est chargée de collecter, vérifier, recouper et diffuser l’information, sous une forme neutre, fiable et utilisable directement par tous types de médias : radios, télévisions, presse écrite et sites Internet mais aussi par des grandes entreprises et administrations. Il s’agit d’un organe de presse de l’État français doté d’un statut particulier voté le 10 janvier 1957 par le Parlement français qui, normalement, garantit son indépendance et son objectivité. Cependant, force est de constater que la couverture médiatique des évènements en Libye qu’elle assure depuis 2011, lorsque cela concerne les Berbères, s’avère peu fiable et, encore moins, neutre.
Cette agence censée collecter, vérifier et diffuser l’information à grande échelle fait à vrai dire dans le dilettantisme des plus flagrants. Alors qu’elle est censée agir en toute neutralité, elle se comporte en réalité comme le porte-voix de la politique étrangère du gouvernement français, du moins en ce qui concerne les sujets liés à la question amazighe.
Sans chercher à remonter loin dans le temps, le mois d’août 2013, la couverture médiatique faite par cette agence de presse à propos du rassemblement pour "la défense de la liberté de conscience" en Kabylie montre à quel point qu’avec l’AFP ce n’est nullement cocasse, on peut y lire cela : « La Kabylie, région peu développée par rapport aux autres préfectures du nord, abrite des maquis qui servent de repaire aux islamistes depuis la guerre civile de 1992 . Les attaques contre les forces de l’ordre y sont nombreuses et meurtrières mais en même temps cette région abrite nombre de bars et bordels clandestins où les visiteurs et habitants se rendent régulièrement. »
Ces propos ont été commis par madame Béatrice Khadige, correspondante de l’AFP, à Alger le 5 août 2013. Au-delà des approximations que ne tolère guère l’éthique journalistique, ces propos s’apparentent au vieux discours raciste et tendancieux du régime algérien sur les Kabyles et la Kabylie. Ces allégations ne sont pas dignes d’un journalisme tel que nous le concevons, puisqu’il s’adonne avec amateurisme, loin de la déontologie que requiert le métier, à la stigmatisation d’une région bien précise – La Kabylie – et dont la population, selon la correspondante de l’AFP, "se rend régulièrement dans des bordels".
De quelle objectivité ou de quelle neutralité l’AFP peut-elle se prévaloir aujourd’hui ? Cette agence affiche de fait les preuves les plus criantes de ses accointances et de ses relations obscures avec la ligne politique du gouvernement français d’abord et puis avec celle de certains pays dont elle traite l’information. Incidemment, en examinant de très près la situation actuelle en Libye, la couverture médiatique de l’AFP indique que cette agence verse plutôt dans la désinformation que dans une information juste, recoupée et hiérarchisée. Et elle le fait non pas par incompétence mais par choix éditorial et politicien.
A propos de l’action des Amazighs à Mellitah, près d’At-Willul (Zouara, Lybie), l’AFP, dans une dépêche en date du 29 octobre 2013 (13h30), affirme que "des Amazighs libyens observent depuis quarante-huit heures un sit-in dans le complexe gazier de Mellitah dans l’ouest de la Libye qu’ils menacent de bloquer […]". Elle rajoute que "des citoyens de la ville de Zouara (ouest), venus par voie de mer dimanche, ont organisé un sit-in dans le complexe gazier de Millitah menaçant de bloquer le site […]".
Cette information est complètement erronée et nous la contestons. La réalité est que les Amazighs se sont rendus sur le complexe le samedi 26 octobre, et non pas dimanche 27 octobre comme l’annonce l’AFP. Ces derniers, une centaine de combattants armés, ont ainsi investi le complexe gazier et ils le contrôlent totalement. Nous ne comprenons pas pourquoi l’AFP s’entête à réduire cette action de grande envergure à un simple sit-in de citoyens ou à une simple excursion.
L’AFP affirme également que "Jusqu’à présent le complexe continue son activité […]". Cette information est également mensongère, car le complexe gazier en question ne fonctionne qu’à 50% de ses capacités. Même les médias libyens l’ont confirmé. De plus, les navires pétroliers sont empêchés d’accoster à Mellitah paralysant ainsi toute activité d’exportation. Seul le gazoduc alimentant l’Italie est laissé en fonctionnement pour le moment.
Le métier de journaliste est un métier noble mais périlleux. Il a le devoir d’informer et non de désinformer. Pour qu’il soit crédible, les faits doivent être recoupés et attestés. Le journalisme tel que nous le concevons à Tamazgha et ses lecteurs, ne doit et ne peut souffrir d’aucun parti pris, ni même de collusion, ni avec un État ni avec un groupe d’intérêt. L’un des beaux attributs du fait d’informer est la rigueur et l’éthique intellectuelles ; il se trouve qu’elle est gravement mise en cause chez certains journalistes de l’AFP, ceux en charge du dossier des pays du nord de l’Afrique notamment. L’intégrité intellectuelle qui doit animer tout journaliste même quand celui-ci travaille pour le compte d’un État doit être intacte et ne peut souffrir d’aucune allégeance. Les affirmations, péremptoires dans la forme et approximatives dans le fond, de l’AFP représentent par voie de conséquence l’expression, sans ambages, d’une ligne éditoriale dictée par des intérêts bien précis ; c’est l’expression on ne peut plus limpide de la politique berbère de la France qu’il conviendrait plutôt d’appeler "politique anti-berbère de la France".
Ce que l’AFP feint d’ignorer – et c’est une information capitale pour tous ceux qui s’intéressent à ce Pays – c’est le fait que les combattants amazighs menacent d’arrêter complètement le fonctionnement du complexe gazier si leurs revendications ne sont pas satisfaites (NDLR : la production est totalement arrêtée depuis le 11 novembre). Les militants amazighs de Libye sont conscients des enjeux de la mise en œuvre d’une telle décision : porter atteinte au nerf névralgique du pays et par ricochet à l’économie des pays qui font "des affaires" avec l’Etat libyen. Ils s’attaquent, et c’est légitime, au "retour sur investissement" de ces faiseurs de présidents et de gouvernements dont la politique dessert leurs intérêts.
Nous rappelons également que l’action de ces combattants amazighs ayant investi le complexe de Mellitah est étroitement liée aux autres actions menées par d’autres combattants, notamment ceux de Lalut (Nalut) et ceux d’Oubari : les combattants de Lalut ont coupé l’oléoduc traversant leur territoire depuis le 29 septembre, ceux de la région d’Oubari (Amazighs Touaregs) ont, quant à eux, investi le champ pétrolier, connu sous le nom de Charara exploité par la compagnie Repsol, le samedi 26 octobre. Toutes ces actions coordonnées sont menées dans le cadre de la contestation par les Amazighs de Libye de la politique anti-amazighe du Conseil général national (CGN) et du gouvernement libyen. Il faut souligner que ces deux instances, mises en place par "l’aide" des occidentaux et sponsorisées par le Qatar, objectivent une fin de non-recevoir pour toute revendication émanant des populations amazighes. Par des démarches pacifiques, le mouvement amazigh de Lybie, depuis septembre 2011, a posé le problème de l’identité libyenne pour mettre fin à l’injustice historique dont ils faisaient l’objet notamment depuis le règne de Kadhafi.
La revendication principale des Berbères de Lybie est la révision de l’article 30 de la déclaration constitutionnelle qui prévoit la prise de décision par le vote, donc à la majorité, des questions relatives à ce qui est appelé "composantes de la Libye". Les Amazighs refusent de laisser les instances gouvernementales libyennes soumettre les questions relevant de leur culture et de leur identité à un quelconque vote : un droit naturel ne peut faire l’objet d’aucun vote mais plutôt de reconnaissance, selon les Amazighs de Lybie. Ce sont des questions qui doivent être tranchées par consensus et par compromis. La question que soulève l’article 30 de la déclaration constitutionnelle porte essentiellement sur les constantes nationales, en d’autres termes : le nom de l’État, sa définition, son identité, son drapeau, son hymne national, sa langue officielle, etc. Les Amazighs et les Toubous refusent d’occuper les seconds plans, ils exigent une parfaite égalité et représentativité entre les différentes composantes ethniques de la Libye. Ils considèrent que les instances gouvernementales actuelles, par leurs décisions politiques unilatérales et tranchées, ne font que renaître de ses cendres l’autoritarisme de Kadhafi ; en d’autres termes un autoritarisme en remplace un autre.
Ce qui est reprochable, à juste titre, à une agence de presse comme l’AFP, c’est son mépris vis-à-vis des populations berbères en général et celles de Libye en particulier. Dans ce cas précis de la Libye, l’objet de ces occupations et de ces blocages des sites gaziers et pétroliers par les Amazighs. Aucun travail d’investigation sur le terrain, au sein des sites concernés, n’a été mené par les correspondants de cette agence. L’information qu’elle est censée récolter et hiérarchiser pour qu’elle soit ensuite utilisée par d’autres canaux d’information est basée sur les seules allégations et déclarations des officiels libyens. Il convient alors de signaler et de dénoncer le manque d’objectivité, d’honnêteté et d’effort d’exactitude de la dite agence de presse, ce qui par ailleurs s’explique plus par un choix d’une ligne éditoriale que par une quelconque difficulté financière concernant l’activité journalistique à l’international de celle-ci, d’où le caractère volontaire non seulement de ce que l’on peut appeler pudiquement des dérapages mais des prises de position clairement anti-amazighes. En revanche, la télévision arabe Al Jazeera a agi avec professionnalisme puisqu’elle a couvert l’événement en se rendant sur place où elle a recueilli les doléances des militants amazighs qui occupent actuellement le site gazier de Mellitah et les déclarations des officiels libyens. L’information rapportée par cette chaîne arabe apporte la preuve de l’inexactitude de l’information diffusée par l’AFP.
Ces dernières années, que ce soit la couverture médiatique d’un événement en Kabylie, ou en Libye, sans parler de l’Azawad, l’AFP a confirmé son mépris vis-à-vis des Amazighs. Ses correspondants dans ces pays du nord de l’Afrique ou du Sahel adoptent le plus souvent des positions obséquieuses quand elles ne relaient pas elles-mêmes les thèses nauséabondes des régimes dictatoriaux en place. Le traitement de l’événement des non-jeûneurs de Tizi-Ouzou en est des plus édifiants.
En somme, l’AFP, en tant qu’instrument et porte-voix de la politique étrangère de l’État français, n’est ni neutre ni indépendante et encore moins objective dans le traitement de l’information qu’elle diffuse. Dans leB.A. BA du journalisme d’Albert Camus dont c’est le centenaire de la naissance cette année, on peut y lire"Aller voir est la première chose à faire. Ensuite, il est nécessaire de vérifier les diverses perspectives possibles, en donnant la parole à tous. Il n’est pas question d’éluder le point de vue de l’adversaire, mais au contraire de l’entendre et de l’analyser. Le jeune journaliste prône une équité inviolable."
Mestafa G’Idir et Masin Ferkal.
SIWEL 151647 NOV 13