Carte de localisation de la Kabylie en Afrique du Nord (Photo : Wikimedia Commons)
Traduction libre en français de l'interview réalisée en anglais par Sharon Udasin et Jan Koscinski du Jerusalem Post, quotidien fondé en 1932 ("Palestine Post" jusqu'en 1950), dont l'édition anglaise est la plus vendue en Israël :
Pour Ferhat Mehenni, Israël est un partenaire idéal et ami de la Kabylie, une région géographique sur la côte nord de l'Algérie dont le peuple souhaite se passer du contrôle de ce grand pays d'Afrique du Nord.
Depuis les évènements du "Printemps noir" de 2001, au cours desquels le peuple kabyle a contesté l'interdiction par le gouvernement algérien de pratiquer leur culture et leur langue, Ferhat Mehenni a fondé le Mouvement pour l'Autonomie de la Kabylie et est actuellement président du Gouvernement provisoire de la Kabylie en exil en France.
La Kabylie se situe en Algérie sur la côte nord de la Méditerranée, elle est restée indépendante à travers le Moyen Age et la présence ottomane, elle ne fait partie de l'Algérie actuelle que depuis la période de la colonisation française dans le milieu du 19ème siècle. La région a ensuite subi de nombreuses blessures durant la guerre d'indépendance algérienne, qui a eu lieu de 1954 à 1962.
« La Kabylie n'a jamais accepté de perdre son indépendance en 1857 et c'est ce qui a conduit la bataille pour l'indépendance de l'Algérie », a déclaré Ferhat Mehenni.
Les habitants de la Kabylie, qui, dit Ferhat Mehenni, remplissent les universités algériennes, n'ont jamais été de milieux arabes ou islamistes et sont cependant, issus de leur propre culture et langue berbères.
En tant que tels, a-t-il expliqué, « les Kabyles ont toujours eu un peu de sympathie pour Israël ».
« Pendant la guerre de 1967, la Kabylie a applaudi la défaite des Arabes », a ajouté Ferhat Mehenni.
Les Kabyles ont tenté à maintes reprises de faire valoir leurs droits au sein de la juridiction du gouvernement algérien, mais ont fait peu de progrès, selon Ferhat Mehenni.
« Faute de moyens pour une résistance armée, notre génération a opté pour le combat politique, et nous avons produit le « printemps berbère » en 1980 », a-t-il dit. « Ce fut culturel, linguistique d'abord, parce que nous avons vu qu'il y avait un rouleau compresseur "arabisant" sur les enfants dans nos écoles, et depuis, nous avons entamé une longue marche pacifiique vers notre existence ».
Estimant qu'un gouvernement démocratique pourrait résoudre leur problème, les Kabyles étaient plein d'espoir quand un système de multipartisme électoral est mis en place en 1989, mais les accointances du régime conservateur au pouvoir (FLN) avec les islamistes (FIS) étaient encore plus fortes, selon Mehenni.
En 1994, les Kabyles ont pris part à un boycott scolaire qui s'étend de la maternelle jusqu'à l'université, pour exiger que leur langue soit reconnue, une opération qui a fonctionné, mais n'a toujours pas donné à la Kabylie une reconnaissance administrative officielle, a-t-il expliqué.
« La Kabylie a investi dans sa quête d'identité, mais n'a jamais été un bastion de l'islamisme », a déclaré Ferhat Mehenni. « En 1990, alors qu'en Algérie, nous avons observé un ras de marée islamiste; en Kabylie, il n y'a pas eu un seul élu islamiste ».
Pendant un certain temps, la Kabylie est restée la « Suisse de l'Algérie », mais en 1997, l'armée algérienne est arrivée à un accord avec les islamistes et les attaques étaient déplacées vers la Kabylie, infligeant à la région des troubles et le chaos, a expliqué Ferhat Mehenni.
L'Algérie, quant à elle, n'investit pas un dinar dans le développement de la Kabylie, et décourage même les entreprises à s'installer en Kabylie, où l'état prône "l'arabisation", a-t-il dit.
Depuis qu’Abdelaziz Bouteflika est arrivé au pouvoir en Algérie en 1999, la Kabylie a boycotté toutes les élections législatives et présidentielles algériennes.
Alors que les Kabyles sont restés l'épine dorsale de l'administration algérienne, ils ont été retirés de tous les postes supérieurs, et dans l'armée, ils sont obligés de prendre leur retraite avant qu'ils ne puissent accéder à des postes de haute responsabilité, a affirmé Ferhat Mehenni.
Les femmes kabyles ne portent pas de voiles, et les Kabyles résidant en France n'ont pas participé à la campagne pour la légalisation du port du voile dans les écoles, selon Ferhat Mehenni.
Au contraire, a-t-il dit, les Kabyles sont rapidement séduits par les valeurs de la France, y compris la laïcité et la liberté.
La Kabylie a toujours été engagée dans la cause de l'Algérie, mais elle a toujours été rejetée par l'Etat et maintenant, elle lutte seulement pour son indépendance exactement à cause de ce rejet, a souligné Ferhat Mehenni.
Appelant l'état algérien actuel un « Etat voyou », Ferhat Mehenni a déclaré que le pays reste un havre pour le terrorisme islamique et est en danger de devenir un seconde « Iran » - une nation avec laquelle l'Algérie partage des relations fortes depuis 1995.
L'Algérie souhaite avoir une bombe nucléaire pour elle-même, et Bouteflika a construit deux fois plus de mosquées au cours de ses mandats en tant que président que n'ont été construites au cours de toute l'histoire de l'Algérie, a-t-il poursuivi. Alors que la plupart des pays conviennent que la situation en Kabylie est une injustice, un grand nombre se dérobent quant à sa défense en raison de la richesse de l'Algérie en pétrole et en gaz, selon Ferhat Mehenni.
« L'environnement d'Israël est plus favorable à la Kabylie », a-t-il dit, insistant sur le fait que tous les gouvernements arabes de la région sont en faveur de l'Algérie et ne sont pas du côté du peuple kabyle. « Nous espérons vivement que l'ostracisme du gouvernement Kabyle sera abrogé par la plupart des pays arabes de la région ».
Avant sa visite en Israël - son tout premier - Ferhat Mehenni a été reçu par le Département d'Etat américain, le Parlement canadien, le Parlement européen et l'Assemblée nationale française.
Les ministres du Gouvernement kabyle sont également tous en exil, dispersés autour de ce qu'il appelle la « diaspora » - France, Canada, Royaume-Uni, Allemagne et Italie.
« A travers la construction de liens on gagne une reconnaissance», a-t-il dit.
Durant son séjour en Israël, Ferhat Mehenni a rencontré Danny Danon (Likoud) MK et vice-président de la Knesset, des représentants de la division Afrique du Nord du ministère des Affaires étrangères et Uzi Landau, ministre de l'énergie et des ressources en eau, entre autres. Il a décrit Landau comme étant « très attentif » à ce que lui et le ministre des Relations internationales, Lyazid Abid, lui ont présenté.
La Kabylie est une région avec beaucoup de montagnes et d'énormes quantités d'eau, Ferhat Mehenni a dit que c'était là une excellente occasion de rencontrer un ministre du gouvernement qui gère un système complexe de l'eau.
Landau n'a pas pu être joint pour commenter cette entrevue avant le bouclage de la presse, dimanche.
Ferhat Mehenni a déclaré que lui et son peuple continueront à poursuivre une « défiance vis-à-vis de la loi algérienne, qui veut qu'Israël soit boycotté », et a souligné qu'il espérait que « nos relations puissent être intensifiées ».
En voyageant en Israël, Mehenni dit que lui et Abid ont réalisé un rêve, celui qui leur permet de quitter avec la conviction qu'Israël adoptera la Kabylie comme sa sœur.
« Liberté pour la Kabylie, Eternité pour Israël », a-t-il dit.
wbw/bbi
SIWEL 290054 MAI 12
Pour Ferhat Mehenni, Israël est un partenaire idéal et ami de la Kabylie, une région géographique sur la côte nord de l'Algérie dont le peuple souhaite se passer du contrôle de ce grand pays d'Afrique du Nord.
Depuis les évènements du "Printemps noir" de 2001, au cours desquels le peuple kabyle a contesté l'interdiction par le gouvernement algérien de pratiquer leur culture et leur langue, Ferhat Mehenni a fondé le Mouvement pour l'Autonomie de la Kabylie et est actuellement président du Gouvernement provisoire de la Kabylie en exil en France.
La Kabylie se situe en Algérie sur la côte nord de la Méditerranée, elle est restée indépendante à travers le Moyen Age et la présence ottomane, elle ne fait partie de l'Algérie actuelle que depuis la période de la colonisation française dans le milieu du 19ème siècle. La région a ensuite subi de nombreuses blessures durant la guerre d'indépendance algérienne, qui a eu lieu de 1954 à 1962.
« La Kabylie n'a jamais accepté de perdre son indépendance en 1857 et c'est ce qui a conduit la bataille pour l'indépendance de l'Algérie », a déclaré Ferhat Mehenni.
Les habitants de la Kabylie, qui, dit Ferhat Mehenni, remplissent les universités algériennes, n'ont jamais été de milieux arabes ou islamistes et sont cependant, issus de leur propre culture et langue berbères.
En tant que tels, a-t-il expliqué, « les Kabyles ont toujours eu un peu de sympathie pour Israël ».
« Pendant la guerre de 1967, la Kabylie a applaudi la défaite des Arabes », a ajouté Ferhat Mehenni.
Les Kabyles ont tenté à maintes reprises de faire valoir leurs droits au sein de la juridiction du gouvernement algérien, mais ont fait peu de progrès, selon Ferhat Mehenni.
« Faute de moyens pour une résistance armée, notre génération a opté pour le combat politique, et nous avons produit le « printemps berbère » en 1980 », a-t-il dit. « Ce fut culturel, linguistique d'abord, parce que nous avons vu qu'il y avait un rouleau compresseur "arabisant" sur les enfants dans nos écoles, et depuis, nous avons entamé une longue marche pacifiique vers notre existence ».
Estimant qu'un gouvernement démocratique pourrait résoudre leur problème, les Kabyles étaient plein d'espoir quand un système de multipartisme électoral est mis en place en 1989, mais les accointances du régime conservateur au pouvoir (FLN) avec les islamistes (FIS) étaient encore plus fortes, selon Mehenni.
En 1994, les Kabyles ont pris part à un boycott scolaire qui s'étend de la maternelle jusqu'à l'université, pour exiger que leur langue soit reconnue, une opération qui a fonctionné, mais n'a toujours pas donné à la Kabylie une reconnaissance administrative officielle, a-t-il expliqué.
« La Kabylie a investi dans sa quête d'identité, mais n'a jamais été un bastion de l'islamisme », a déclaré Ferhat Mehenni. « En 1990, alors qu'en Algérie, nous avons observé un ras de marée islamiste; en Kabylie, il n y'a pas eu un seul élu islamiste ».
Pendant un certain temps, la Kabylie est restée la « Suisse de l'Algérie », mais en 1997, l'armée algérienne est arrivée à un accord avec les islamistes et les attaques étaient déplacées vers la Kabylie, infligeant à la région des troubles et le chaos, a expliqué Ferhat Mehenni.
L'Algérie, quant à elle, n'investit pas un dinar dans le développement de la Kabylie, et décourage même les entreprises à s'installer en Kabylie, où l'état prône "l'arabisation", a-t-il dit.
Depuis qu’Abdelaziz Bouteflika est arrivé au pouvoir en Algérie en 1999, la Kabylie a boycotté toutes les élections législatives et présidentielles algériennes.
Alors que les Kabyles sont restés l'épine dorsale de l'administration algérienne, ils ont été retirés de tous les postes supérieurs, et dans l'armée, ils sont obligés de prendre leur retraite avant qu'ils ne puissent accéder à des postes de haute responsabilité, a affirmé Ferhat Mehenni.
Les femmes kabyles ne portent pas de voiles, et les Kabyles résidant en France n'ont pas participé à la campagne pour la légalisation du port du voile dans les écoles, selon Ferhat Mehenni.
Au contraire, a-t-il dit, les Kabyles sont rapidement séduits par les valeurs de la France, y compris la laïcité et la liberté.
La Kabylie a toujours été engagée dans la cause de l'Algérie, mais elle a toujours été rejetée par l'Etat et maintenant, elle lutte seulement pour son indépendance exactement à cause de ce rejet, a souligné Ferhat Mehenni.
Appelant l'état algérien actuel un « Etat voyou », Ferhat Mehenni a déclaré que le pays reste un havre pour le terrorisme islamique et est en danger de devenir un seconde « Iran » - une nation avec laquelle l'Algérie partage des relations fortes depuis 1995.
L'Algérie souhaite avoir une bombe nucléaire pour elle-même, et Bouteflika a construit deux fois plus de mosquées au cours de ses mandats en tant que président que n'ont été construites au cours de toute l'histoire de l'Algérie, a-t-il poursuivi. Alors que la plupart des pays conviennent que la situation en Kabylie est une injustice, un grand nombre se dérobent quant à sa défense en raison de la richesse de l'Algérie en pétrole et en gaz, selon Ferhat Mehenni.
« L'environnement d'Israël est plus favorable à la Kabylie », a-t-il dit, insistant sur le fait que tous les gouvernements arabes de la région sont en faveur de l'Algérie et ne sont pas du côté du peuple kabyle. « Nous espérons vivement que l'ostracisme du gouvernement Kabyle sera abrogé par la plupart des pays arabes de la région ».
Avant sa visite en Israël - son tout premier - Ferhat Mehenni a été reçu par le Département d'Etat américain, le Parlement canadien, le Parlement européen et l'Assemblée nationale française.
Les ministres du Gouvernement kabyle sont également tous en exil, dispersés autour de ce qu'il appelle la « diaspora » - France, Canada, Royaume-Uni, Allemagne et Italie.
« A travers la construction de liens on gagne une reconnaissance», a-t-il dit.
Durant son séjour en Israël, Ferhat Mehenni a rencontré Danny Danon (Likoud) MK et vice-président de la Knesset, des représentants de la division Afrique du Nord du ministère des Affaires étrangères et Uzi Landau, ministre de l'énergie et des ressources en eau, entre autres. Il a décrit Landau comme étant « très attentif » à ce que lui et le ministre des Relations internationales, Lyazid Abid, lui ont présenté.
La Kabylie est une région avec beaucoup de montagnes et d'énormes quantités d'eau, Ferhat Mehenni a dit que c'était là une excellente occasion de rencontrer un ministre du gouvernement qui gère un système complexe de l'eau.
Landau n'a pas pu être joint pour commenter cette entrevue avant le bouclage de la presse, dimanche.
Ferhat Mehenni a déclaré que lui et son peuple continueront à poursuivre une « défiance vis-à-vis de la loi algérienne, qui veut qu'Israël soit boycotté », et a souligné qu'il espérait que « nos relations puissent être intensifiées ».
En voyageant en Israël, Mehenni dit que lui et Abid ont réalisé un rêve, celui qui leur permet de quitter avec la conviction qu'Israël adoptera la Kabylie comme sa sœur.
« Liberté pour la Kabylie, Eternité pour Israël », a-t-il dit.
wbw/bbi
SIWEL 290054 MAI 12