Des manifestants impuissants devant l'imposant mur des forces antiémeutes (photo SIWEL)
Quelques 2 000 manifestants ont été bloqués à la place du 1er mai, lieu donné par les organisateurs pour démarrer la marche populaire appelant au changement en Algérie. Dès la matinée, les services de sécurité ont procédé à l'interpellation d'une cinquantaine de manifestants parmi eux des journalistes. Ils ont été relâchés au début de l'après-midi.
Ali Belhadj, Bélaïd Abrika et des députés du RCD arrêtés
Parmi les manifestants interpellés dès la matinée figuraient l'ex numéro 2 du Front islamique du salut (FIS dissous) Ali Belhadj, l'ex-délégué des Aârchs kabyles, Bélaïd Abrika ainsi que des syndicalistes et des députés du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD). Ces derniers ont été relâchés peu de temps après.
Alger une ville fermée
Pour empêcher la manifestation de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), les autorités ont procédé à l'arrêt des transports provenant notamment de Kabylie, a appris Siwel sur place. Des barrages filtrant véhicule par véhicule ont été dressés alors que les trains étaient à l'arrêt.
Les marcheurs divisés en 3 groupes
Les services antiémeute présents en très grand nombre sur place ont effectué des opérations de dispersion des manifestants pour empêcher la constitution d'une foule. Trois groupes de manifestants se distinguaient sur les différents coins de la place du 1er mai. Des partisans de l'ex numéro 2 du FIS, Ali Belhadj, environ une cinquantaine étaient quadrillés à l'arrêt des bus de l'ETUSA alors que l'essentiel de la foule, majoritairement en provenance de Kabylie était stoppée au rond-point de la place. Plus loin, le leader du RCD, Saïd Sadi, en compagnie du président d'honneur de la Ligue algérienne des Droits de l'homme (LADDH), Ali Yahia Abdennour, ainsi que d'autres personnalités étaient entourés par les forces de l'ordre avant que M. Ali Yahia, âgé de 90 ans, ne soit victime d'un malaise lors d'une bousculade . Des slogans hostiles au pouvoir et appelant au changement démocratique ont été criés tel « FLN au musée », « le peuple veut la chute du régime » et « pouvoir assassin ».
Les autorités mobilisent les « Baltadjia »
Sur les lieux de la manifestation, quelques dizaines de jeunes désœuvrés ont tenté de se constituer en groupe de soutien au chef de l'État Abdelaziz Bouteflika et de faire une contre-manifestation. Des slogans antikabyles ont été lancés par ces derniers pour semer la division entre les manifestants. « Allez manifester chez vous à Tizi. Les Kabyles veulent prendre le pouvoir pour chasser les Arabes du pays », criaient quelques jeunes « proBouteflika » qui ajoutaient que « l'Algérie n'est pas l'Égypte ou la Tunisie ». Des altercations ont été observées alors que des journalistes sur place ont surpris le maire de Sidi M'hamed, Mohamed Bourouina, en train d'appeler le ministre de l'Intérieur, Dahou Ould Kablia, lui faisant part de la mobilisation de voyous pour perturber la marche des manifestants transformée en sit-in sur place. « Les Baltadjia (terme égyptien qui désigne les voyous) sont payés par les responsables du pouvoir pour semer la zizanie », commente un présent.
Les initiateurs de la marche interdite ont convenu de se réunir ce samedi soir pour discuter des suites à donner à leur mouvement de protestation.
ysn
SIWEL 121440 FEV 11
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