Très tôt le matin, des familles entières se dirigèrent, par grappes joyeuses, vers l’école du village qui devait abriter l’événement. Nul doute que les belles robes kabyles qui rivalisaient avec cette journée printanière prometteuse, mettaient du baume au cœur et de l’authenticité dans l’air.
Vers 10 heures trente, comme programmé, la conférence conjointement animée par Younès Adli et Boudjemâa Agraw ouvrit la journée, laquelle faut-il le souligner, a été rehaussée de la présence de nombreuses personnalités de la région. Parmi elles, le Maire de la commune de Tizi-Ouzou, Wahab Aït-Menguellet, des détenus et des militants de 80, à l’instar de About Arezki, de Brahim Bentaleb, ainsi que d’autres militants de la cause identitaire, des délégués des Arch, comme Hocine Azem et d’autres figures, sans oublier le monde artistique avec notamment Mouloud Assam.
Après l’observation d’une minute de silence à la mémoire des victimes de la démocratie, celles des jeunes du Printemps noir de 2001 en particulier, l’allocution d’ouverture a été prononcée par Kahina Bouayad, la jeune présidente, qui rappela brièvement le parcours déjà bien rempli de l’Association.
Younès Adli fut le premier à prendre la parole. D’emblée, il plaida pour le devoir de vérité, après s’être « rendu compte, ces derniers temps, d’une certaine catégorie d’acteurs qui a tendance à réciter, voire écrire cette page d’histoire, selon ses convenances ». A la décharge éventuelle de ces militants, « le système cloisonné de l’organisation clandestine » qui avait réfléchi puis porté les revendications de 80 », mais lequel système, ne doit en aucun cas les dédouaner de leur redondance annuelle qui aurait pu être palliée par un travail de recherche objectif à postériori. Pour l’histoire et les jeunes militants d’aujourd’hui, poursuit-il, les événements de 80 « avaient débuté en réalité le 7 avril, à Alger, à la place actuelle du 1er Mai où la manifestation avait été réprimée dans l’œuf ». Des arrestations avaient eu lieu des principaux meneurs et de quelques militants également. Dès le départ, le FFS, avec Ali Mécili en première loge, avait beaucoup travaillé à la préparation des événements depuis Paris, mais le FUA de Rachid Ali Yahya n’était pas en reste, pour autant.
Privilégiant l’analyse à l’événementiel, Younès Adli mettra en avant cette chaîne de résistance et de combat pour la cause identitaire qui avait pris naissance dès 1947 mais surtout 49, l’année dite de la « crise berbériste », pour arriver aux printemps 80 et 2001 , en passant par des étapes importantes comme celles des « poseurs de bombes » et du combat des joueurs et des encadreurs de la JSK sur les terrains et les sphères du football. « Les sacrifices de Bennai Ouali, Laïmèche Ali, M’barek Aït-Menguellet, Amar Ould Hamouda et bien d’autres doit être rappelé dans des circonstances comme celle qui nous réunit aujourd’hui ». « C’est un devoir pour nous ! » ne manquait pas d’insister le conférencier.
Les événements de 80, ont apporté certes leur lot d’arrestations, avec même la pratique de la torture (comme celle subie en particulier par About Arezki) mais introduisirent insidieusement l’interdit professionnel pour de nombreux autres militants. « A l’époque, dès 1981, nombre de militants travailleurs ont été arbitrairement affectés en dehors de la wilaya de Tizi-Ouzou, pendant que d’autres ont été tout simplement licenciés ». Younès Adli poursuit, en révélant qu’il a fait partie de cette seconde catégorie qui a fait même l’objet d’autres licenciements par la suite.
Dans son enchaînement, Younes Adli a tenu à rendre hommage à Saïd Boudaoud, un ancien militant de la cause auprès de qui il avait suivi ses premiers cours de formateur en Tamazight, alors qu’il était encore étudiant en troisième cycle à Paris. Le conférencier ne terminera pas sans rappeler Kateb Yacine qui « nous encourageait à remplacer le nom impropre de berbère par celui d’Amazigh, plus authentique car découlant de Mazigh, notre ancêtre selon Ibn-Khaldoun ». Sa pièce « La guerre de 2000 ans », un précis de l’histoire de Tamazgha, était souvent interdite en milieu universitaire par « de véritables hordes de frères musulmans que le pouvoir en place dressait contre la cause amazigh ».
Boujemâa Agraw, quant à lui, focalisa beaucoup plus sur l’Académie berbère, dont « les animateurs tenaient absolument au tifinagh». A Paris, leurs réunions avec les partisans des caractères latins « se terminaient souvent en queue de poisson ». Il a fallu « l’arbitrage de Mouloud Mammeri, très respecté à l’époque, pour apaiser les tensions et opter pour les caractères latins», lesquels, selon l’auteur de la grammaire de tamazight « tajerumt », allaient faire faire avancer la cause de plusieurs années. Tout comme Mouloud Mammeri, le second conférencier nomma Ferhat Mehenni et Matoub Lounès comme ses compagnons de lutte et de concertation pour l’avancée du combat identitaire.
Le moment le plus émouvant de la journée fut sans conteste la remise conjointe du prix « Taos Amrouche » pour l’authenticité et la modernité à Younès Adli et Boudjemâa Agraw. Depuis la cour de l’école pleine à craquer, des you you stridents et des applaudissements nourris enveloppèrent l’atmosphère et la scène sur laquelle les deux lauréats étaient visiblement envahis par une indicible émotion. Moment de véritable communion sur un fond d’ «Imazighen, Imazighen ! » scandé par une assistance des grands jours.
La suite fut brillamment remplie, tour à tour, par une chorale d’enfants, dont il y a lieu de souligner le travail remarquable assuré par la jeune Slimani Katia, le théâtre avec de jeunes mais prometteurs comédiens de l’Association et enfin un gala de clôture où les chanteurs locaux eurent à faire preuve de leur talent.
Vers 10 heures trente, comme programmé, la conférence conjointement animée par Younès Adli et Boudjemâa Agraw ouvrit la journée, laquelle faut-il le souligner, a été rehaussée de la présence de nombreuses personnalités de la région. Parmi elles, le Maire de la commune de Tizi-Ouzou, Wahab Aït-Menguellet, des détenus et des militants de 80, à l’instar de About Arezki, de Brahim Bentaleb, ainsi que d’autres militants de la cause identitaire, des délégués des Arch, comme Hocine Azem et d’autres figures, sans oublier le monde artistique avec notamment Mouloud Assam.
Après l’observation d’une minute de silence à la mémoire des victimes de la démocratie, celles des jeunes du Printemps noir de 2001 en particulier, l’allocution d’ouverture a été prononcée par Kahina Bouayad, la jeune présidente, qui rappela brièvement le parcours déjà bien rempli de l’Association.
Younès Adli fut le premier à prendre la parole. D’emblée, il plaida pour le devoir de vérité, après s’être « rendu compte, ces derniers temps, d’une certaine catégorie d’acteurs qui a tendance à réciter, voire écrire cette page d’histoire, selon ses convenances ». A la décharge éventuelle de ces militants, « le système cloisonné de l’organisation clandestine » qui avait réfléchi puis porté les revendications de 80 », mais lequel système, ne doit en aucun cas les dédouaner de leur redondance annuelle qui aurait pu être palliée par un travail de recherche objectif à postériori. Pour l’histoire et les jeunes militants d’aujourd’hui, poursuit-il, les événements de 80 « avaient débuté en réalité le 7 avril, à Alger, à la place actuelle du 1er Mai où la manifestation avait été réprimée dans l’œuf ». Des arrestations avaient eu lieu des principaux meneurs et de quelques militants également. Dès le départ, le FFS, avec Ali Mécili en première loge, avait beaucoup travaillé à la préparation des événements depuis Paris, mais le FUA de Rachid Ali Yahya n’était pas en reste, pour autant.
Privilégiant l’analyse à l’événementiel, Younès Adli mettra en avant cette chaîne de résistance et de combat pour la cause identitaire qui avait pris naissance dès 1947 mais surtout 49, l’année dite de la « crise berbériste », pour arriver aux printemps 80 et 2001 , en passant par des étapes importantes comme celles des « poseurs de bombes » et du combat des joueurs et des encadreurs de la JSK sur les terrains et les sphères du football. « Les sacrifices de Bennai Ouali, Laïmèche Ali, M’barek Aït-Menguellet, Amar Ould Hamouda et bien d’autres doit être rappelé dans des circonstances comme celle qui nous réunit aujourd’hui ». « C’est un devoir pour nous ! » ne manquait pas d’insister le conférencier.
Les événements de 80, ont apporté certes leur lot d’arrestations, avec même la pratique de la torture (comme celle subie en particulier par About Arezki) mais introduisirent insidieusement l’interdit professionnel pour de nombreux autres militants. « A l’époque, dès 1981, nombre de militants travailleurs ont été arbitrairement affectés en dehors de la wilaya de Tizi-Ouzou, pendant que d’autres ont été tout simplement licenciés ». Younès Adli poursuit, en révélant qu’il a fait partie de cette seconde catégorie qui a fait même l’objet d’autres licenciements par la suite.
Dans son enchaînement, Younes Adli a tenu à rendre hommage à Saïd Boudaoud, un ancien militant de la cause auprès de qui il avait suivi ses premiers cours de formateur en Tamazight, alors qu’il était encore étudiant en troisième cycle à Paris. Le conférencier ne terminera pas sans rappeler Kateb Yacine qui « nous encourageait à remplacer le nom impropre de berbère par celui d’Amazigh, plus authentique car découlant de Mazigh, notre ancêtre selon Ibn-Khaldoun ». Sa pièce « La guerre de 2000 ans », un précis de l’histoire de Tamazgha, était souvent interdite en milieu universitaire par « de véritables hordes de frères musulmans que le pouvoir en place dressait contre la cause amazigh ».
Boujemâa Agraw, quant à lui, focalisa beaucoup plus sur l’Académie berbère, dont « les animateurs tenaient absolument au tifinagh». A Paris, leurs réunions avec les partisans des caractères latins « se terminaient souvent en queue de poisson ». Il a fallu « l’arbitrage de Mouloud Mammeri, très respecté à l’époque, pour apaiser les tensions et opter pour les caractères latins», lesquels, selon l’auteur de la grammaire de tamazight « tajerumt », allaient faire faire avancer la cause de plusieurs années. Tout comme Mouloud Mammeri, le second conférencier nomma Ferhat Mehenni et Matoub Lounès comme ses compagnons de lutte et de concertation pour l’avancée du combat identitaire.
Le moment le plus émouvant de la journée fut sans conteste la remise conjointe du prix « Taos Amrouche » pour l’authenticité et la modernité à Younès Adli et Boudjemâa Agraw. Depuis la cour de l’école pleine à craquer, des you you stridents et des applaudissements nourris enveloppèrent l’atmosphère et la scène sur laquelle les deux lauréats étaient visiblement envahis par une indicible émotion. Moment de véritable communion sur un fond d’ «Imazighen, Imazighen ! » scandé par une assistance des grands jours.
La suite fut brillamment remplie, tour à tour, par une chorale d’enfants, dont il y a lieu de souligner le travail remarquable assuré par la jeune Slimani Katia, le théâtre avec de jeunes mais prometteurs comédiens de l’Association et enfin un gala de clôture où les chanteurs locaux eurent à faire preuve de leur talent.