19 mai 1981 ou le printemps de Vgayet: « Un peuple qui oublie son Histoire se condamne à la revivre » Winston Churchil (PH/DR)
Le 19 mai 1981, une répression féroce s'est abattue sur la Kabylie de la Soumame. Plusieurs dizaines de militants kabyles ont été arrêtés par la police algérienne à Vgayet, (Bougie) en Kabylie. Ces événements du printemps de Vgayet en 1981 sont du même ordre que ceux d’avril 1980 à Tizi-Ouzou, mais la forte répression que le régime raciste a fait subir aux kabyles à Vgayet en 1981 n’a pas eu le retentissement de celle de Tizi-Ouzou.
Si aujourd’hui, tout le monde connait le printemps berbère d’avril 1980, très peu connaissent le printemps de Vgayet de 1981 alors que ces événements ont été déterminants pour la Kabylie toute entière dans sa prise de conscience collective. Les événements du 20 Avril 1980 à Tizi-Ouzou et ceux du 19 mai 1981 à Vgayet constituent deux fondements importants dans la construction du combat du peuple kabyle pour la réhabilitation de sa langue, de sa culture et de son identité plusieurs fois millénaire.
Le 19 mai 1981 à Vgayet, après le détournement du projet universitaire de Vgayet vers une autre région d’Algérie, des milliers de lycéens, d’étudiants et d’universitaires, rapidement suivis par l’ensemble de la population, ont organisé une immense manifestation pacifique de protestation. Suite à la férocité de la répression qui s’est abattue sur la marche pacifique, celle-ci a tourné à l’émeute générale puis en révolte qui embrasa toute la région de Vgayet.
La répression fut terrible, y compris sur des lycéens mineurs qui ont eu à subir les affres de la torture de la sécurité militaire de l’époque, que l’on appelle aujourd’hui DRS. Il y a eu plusieurs centaines d’arrestations et plus d’une centaine de condamnations, dont plusieurs lycéens qui ont passé le Bac en prison, comme du temps du colonialisme français et cela uniquement pour avoir organisé une marche pacifique qui réclamait uniquement leurs droits élémentaires, notamment leurs droits culturels et identitaires. La réponse fut sans appel : répression, arrestation, torture et condamnation. Parmi les condamnations arbitraires qui ont été retenues contre les manifestants, une trentaine ont été condamnés sous le chef d’inculpation d’« atteinte à la sûreté de l’Etat ».
A cette période, après le printemps berbère de 1980 et le prétendu débat qui s’en est suivi en 1981 sur le dossier culturel algérien au sein des instances dirigeantes du pouvoir algérien, la définition de l’Algérie officielle persistait dans son négationnisme primaire et décrétait l’Algérie, et donc la Kabylie aussi, comme un pays arabo-islamique. A Tizi-Ouzou, l’ambiance était à l’abattement suite à ce décret négationniste qui a fortement découragé les militants de l’université de Tizi-Ouzou mais il n’en était pas de même à Vgayet qui fut un nouveau souffle à même de prendre le relais de Tizi-Ouzou.
En mai 1981, à l’instar de Tizi-Ouzou l’année d’avant, c’est toute la population de Vgayet qui a investi à son tour la rue pour protéger sa jeunesse contre la dictature et la répression du régime négationniste d’Alger. Parmi les revendications principales des évènements du 19 mai 1981, il y avait la libération inconditionnelle des détenus de 1980 à Tizi-Ouzou, la reconnaissance de la langue et la culture amazighes et la restitution du projet universitaire de Vgayet détourné au profit d’une autre région.
Le printemps de 1981 et la journée du 19 mai n’était rien de moins que la poursuite du 20 avril et du printemps amazigh qu’elle a engendré. La grandiose marche du 19 mai 1981 a balayé le gigantesque dispositif répressif mis en place par le pouvoir algérien. Profitant de la journée nationale du 19 mai, les lycéens et étudiants de Vgayet, auxquels se joignent en masse les populations. C’est une véritable déferlante humaine qui fait face à la police algérienne et les fourgons de la police ne font pas le poids face à la détermination du peuple kabyle à Vgayet. Ils sont littéralement renversés.
Malgré le dispositif impressionnant, les bombes lacrymogènes et les rafles policières, la ville entière de Vgayet appartient à ses citoyens. Par la suite les « meneurs », jugés pour atteinte à la sureté de l’Etat, sont soutenus le jour même de leur audience par des militants venus de Tizi-Ouzou et d’Alger qui entonnaient les chants révolutionnaires de Ferhat Imazighen Imoula. En juin 1982, ils seront libérés sur décision de Chadli Bendjedid, alors président de la république algérienne après une grève de la faim de 26 jours. Pendant leur incarcération, le centre universitaire détourné a été finalement construit dans la précipitation mais avec une interdiction d’inscription pour certains militants.
Le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK) organise une marche à Vgayet le 19 mai pour commémorer cet évènement important de l'histoire contemporaine de la Kabylie. Pour le mouvement kabyle, « il est important que le peuple kabyle connaisse toute l’étendue de la lutte qu’il mène depuis tant et tant d’années ».
C'est dans cet esprit que le MAK dit avoir « décidé de commémorer publiquement tous les évènements importants du combat identitaire mené par la Kabylie» et ce « dans un souci de réappropriation de la totalité de l’Histoire contemporaine du combat kabyle et afin de rendre l’hommage qui est dû à tous les enfants de Kabylie qui se sont dressés contre l’impérialisme arabo-islamique représenté par l’Etat algérien, de Muhand Arav Bessaoud à la jeunesse kabyle de 2001, en passant par Muhand ou Haroun, de Tizi-Ouzou à Vgayet en passant par Tuvirett», a encore affirmé le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie, par la voix de son président, M. Bouaziz Ait-Chebib.
zp,
SIWEL 110227 MAI 14
Si aujourd’hui, tout le monde connait le printemps berbère d’avril 1980, très peu connaissent le printemps de Vgayet de 1981 alors que ces événements ont été déterminants pour la Kabylie toute entière dans sa prise de conscience collective. Les événements du 20 Avril 1980 à Tizi-Ouzou et ceux du 19 mai 1981 à Vgayet constituent deux fondements importants dans la construction du combat du peuple kabyle pour la réhabilitation de sa langue, de sa culture et de son identité plusieurs fois millénaire.
Le 19 mai 1981 à Vgayet, après le détournement du projet universitaire de Vgayet vers une autre région d’Algérie, des milliers de lycéens, d’étudiants et d’universitaires, rapidement suivis par l’ensemble de la population, ont organisé une immense manifestation pacifique de protestation. Suite à la férocité de la répression qui s’est abattue sur la marche pacifique, celle-ci a tourné à l’émeute générale puis en révolte qui embrasa toute la région de Vgayet.
La répression fut terrible, y compris sur des lycéens mineurs qui ont eu à subir les affres de la torture de la sécurité militaire de l’époque, que l’on appelle aujourd’hui DRS. Il y a eu plusieurs centaines d’arrestations et plus d’une centaine de condamnations, dont plusieurs lycéens qui ont passé le Bac en prison, comme du temps du colonialisme français et cela uniquement pour avoir organisé une marche pacifique qui réclamait uniquement leurs droits élémentaires, notamment leurs droits culturels et identitaires. La réponse fut sans appel : répression, arrestation, torture et condamnation. Parmi les condamnations arbitraires qui ont été retenues contre les manifestants, une trentaine ont été condamnés sous le chef d’inculpation d’« atteinte à la sûreté de l’Etat ».
A cette période, après le printemps berbère de 1980 et le prétendu débat qui s’en est suivi en 1981 sur le dossier culturel algérien au sein des instances dirigeantes du pouvoir algérien, la définition de l’Algérie officielle persistait dans son négationnisme primaire et décrétait l’Algérie, et donc la Kabylie aussi, comme un pays arabo-islamique. A Tizi-Ouzou, l’ambiance était à l’abattement suite à ce décret négationniste qui a fortement découragé les militants de l’université de Tizi-Ouzou mais il n’en était pas de même à Vgayet qui fut un nouveau souffle à même de prendre le relais de Tizi-Ouzou.
En mai 1981, à l’instar de Tizi-Ouzou l’année d’avant, c’est toute la population de Vgayet qui a investi à son tour la rue pour protéger sa jeunesse contre la dictature et la répression du régime négationniste d’Alger. Parmi les revendications principales des évènements du 19 mai 1981, il y avait la libération inconditionnelle des détenus de 1980 à Tizi-Ouzou, la reconnaissance de la langue et la culture amazighes et la restitution du projet universitaire de Vgayet détourné au profit d’une autre région.
Le printemps de 1981 et la journée du 19 mai n’était rien de moins que la poursuite du 20 avril et du printemps amazigh qu’elle a engendré. La grandiose marche du 19 mai 1981 a balayé le gigantesque dispositif répressif mis en place par le pouvoir algérien. Profitant de la journée nationale du 19 mai, les lycéens et étudiants de Vgayet, auxquels se joignent en masse les populations. C’est une véritable déferlante humaine qui fait face à la police algérienne et les fourgons de la police ne font pas le poids face à la détermination du peuple kabyle à Vgayet. Ils sont littéralement renversés.
Malgré le dispositif impressionnant, les bombes lacrymogènes et les rafles policières, la ville entière de Vgayet appartient à ses citoyens. Par la suite les « meneurs », jugés pour atteinte à la sureté de l’Etat, sont soutenus le jour même de leur audience par des militants venus de Tizi-Ouzou et d’Alger qui entonnaient les chants révolutionnaires de Ferhat Imazighen Imoula. En juin 1982, ils seront libérés sur décision de Chadli Bendjedid, alors président de la république algérienne après une grève de la faim de 26 jours. Pendant leur incarcération, le centre universitaire détourné a été finalement construit dans la précipitation mais avec une interdiction d’inscription pour certains militants.
Le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK) organise une marche à Vgayet le 19 mai pour commémorer cet évènement important de l'histoire contemporaine de la Kabylie. Pour le mouvement kabyle, « il est important que le peuple kabyle connaisse toute l’étendue de la lutte qu’il mène depuis tant et tant d’années ».
C'est dans cet esprit que le MAK dit avoir « décidé de commémorer publiquement tous les évènements importants du combat identitaire mené par la Kabylie» et ce « dans un souci de réappropriation de la totalité de l’Histoire contemporaine du combat kabyle et afin de rendre l’hommage qui est dû à tous les enfants de Kabylie qui se sont dressés contre l’impérialisme arabo-islamique représenté par l’Etat algérien, de Muhand Arav Bessaoud à la jeunesse kabyle de 2001, en passant par Muhand ou Haroun, de Tizi-Ouzou à Vgayet en passant par Tuvirett», a encore affirmé le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie, par la voix de son président, M. Bouaziz Ait-Chebib.
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SIWEL 110227 MAI 14