Tirs croisés contre le MNLA : incessantes attaques terroristes et création tous azimuts de nouvelles «instances de l’Azawad».

21/05/2013 18:14

KIDAL (SIWEL) — Pendant que les groupes terroristes mènent des attaques militaires contre le MNLA, tantôt revendiquées par le Mujao, tantôt par le MAA, tantôt par les deux à la fois, un Haut Conseil de l’unité de l’Azawad (HCUA) a été crée, ce week-end à Kidal, avec à sa tête le vieil Aménokal Intallah Ag Ataher comme président et son fils ainé Mohamed comme secrétaire général. Or, si le vieil Amenokal dispose encore du respect des touaregs de Kidal en raison de son statut de chef coutumier de la région des ifoghas, il n’en est pas de même de ses fils, en particulier le numéro 1 du Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), un groupe islamiste qu’il a crée en quittant Ansar Dine désormais classée organisation terroriste, avant de le dissoudre finalement pour le diluer à nouveau dans cette nouvelle instance qu’est le HCUA.


Alghabass Ag Intalla, ex membre du groupe djihadiste Ansar Dine et fondateur du MIA, a annoncé la dissolution de son mouvement et son ralliement au HCUA. Une organisation qui semble avoir pour objectif d’évincer le MNLA ou du moins, d’en diminuer le poids, notamment en désignant comme président le vieil Amenokal des ifoghas, Intalla Ag Attaher, père d’Alghabass Ag Intalla (Photo/RFI)
Décidemment rien n’aura été épargné au MNLA : attaques frontales des groupes terroristes (Ansar Dine, Mujao, AQMI) dans l’Azawad pour ruiner leur combat, pression internationales pour renoncer à leur indépendance et déposer les armes avant toute négociations, et maintenant, multiplication d’entité pseudo-représentatives de l’Azawad pour brouiller les pistes et multiplier les interlocuteurs, à l’image du prétendu Mouvement arabe de l’Azawad, qui mène en même temps des attaques contre les positions militaires du MNLA et en dernier lieu la création d’un Haut Conseil de l'unité de l’Azawad dont les réels instigateurs sont pour l’instant encore inconnus.

Cette dernière initiative suscite la méfiance dans l’Azawad et plus particulièrement dans le MNLA qui a eu à faire les frais de la multiplication des groupes et structures qui prétendent représenter l’Azawad. Cependant, placée sous le signe de «l’union des azawadiens», il est difficile pour le MNLA d’opposer un refus catégorique à cette nouvelle instance sous peine de passer pour un « belligérant qui rejette les autres » mais le MNLA a néanmoins précisé dans un communiqué rendu public aujourd’hui que « s’il adhère effectivement et participe pleinement à la réalisation des objectifs du HCUA », à savoir la cohésion sociale de l’Azawad, « le MNLA ne saurait en aucun cas se dissoudre dans une organisation locale ».

D’autre part, le Haut Conseil de l'unité de l’Azawad (HCUA) a judicieusement désigné l'Aménokal Intalla Ag Attaher, chef coutumier de l’Adrar des Ifoghas, comme président et son fils Mohamed, comme secrétaire général, coupant ainsi l’herbe sous les pieds du MNLA qui ne peut pas, au regard de la tradition touareg, s’opposer frontalement au vieil Aménokal en raison du statut symbolique mais respecté que lui confère le titre d’Aménokal.

Cependant, le prestige du vieil Aménokal a été gravement entaché par l’autre fils du vieil Aménokal, le très instable Alghabass Ag Intalla, actuel numéro un du Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), qui a annoncé la dissolution de son mouvement pour l’intégrer au sein du HCUA dès l’annonce de sa création. Il faut préciser que cette intégration du MIA dans le HCUA permettra le redéploiement de 80% des membres d’Ansar Dine qui avaient rejoint le MIA après que la communauté internationale se soit résolue à déclarer la guerre au groupe terroriste Ansar Dine après l’avoir, sur instigation d’Alger, longtemps considéré comme un interlocuteur possible au détriment du MNLA.

Pour rappel, Alghabass Ag Intalla est l’un des fils de l’Amenokal Intalla. Au déclenchement des hostilités contre le régime malien, il avait d’abord rejoint le MNLA avant de le trahir et de passer dans les rangs du frère ennemi, le groupe djihadiste « Ansar Dine ». Lorsque ce dernier a été classé dans la liste noire des groupes terroristes au même rang que l’AQMI et le Mujao, auxquels il s’était allié pour combattre le MNLA, Alghabbas Ag Intalla a fait marche arrière et a crée le MIA (Mouvement islamique de l’Azawad) dans lequel il regroupe, selon ses propres déclarations dans une interview publiée dans un journal malien« malijet », près de 80% des membres d’Ansar Dine.
La grande énigme est : pourquoi le MIA n’est pas considéré par la communauté internationale comme une organisation douteuse puisqu’elle renferme en son sein 80 % de terroristes d’Ansar Dine? Est-ce dans le but de prendre le relais du frère ennemi Ansar Dine dans la destruction du MNLA qui gène, tout compte fait, tout le monde puisqu’il est le seul à maintenir son idéal de dignité et liberté pour l’Azawad et rien que l’Azawad et en dehors de toute considération religieuse ou ethnique?

Pour l’instant, on ignore encore les réels investigateurs de cette initiative mais elle rejoint, dans un registre certes différent mais complémentaire, en l’occurrence celui de « l’union des azawadiens », la création du MAA (Mouvement Arabe de l’Azawad), un groupe qui se dit ethniquement arabe et qui mène sans relâche des attaques contre les positions du MNLA, créant ainsi le doute et la suspicion sur l’entente communautaire dans l’Azawad.
La dernière attaque en date du MAA contre les positions du MNLA est celle du 17 mai à Anefis. Dans son communiqué d’aujourd’hui, le MNLA indique que l’attaque terroriste a été revendiquée par le MAA et par le Mujao et en tous cas par des terroristes arborant l’emblème noir des djihadistes. Justement à propos de l’attaque d’Anefis, le MNLA dit ceci : « si le MAA, dans le but de faire croire à des affrontements communautaires visant le MNLA, revendique effectivement ces attaques contre les positions du MNLA à Anefis, cela signifie sans aucun doute possible, que le MAA est un groupe terroriste à partir du moment où il en arbore les symboles (drapeaux noir des djihadistes) et en adopte les méthodes (ceintures explosives et mines anti-personnelles) ».Hélas, étant donné les énormes enjeux du sous-sol sahélien, il y a de fortes chances pour que « le repos du guerrier » ne soit pas pour demain au MNLA.

Après avoir traversée la période de la coalition terroriste des djihadiste d’AQMI, d’Ansar Dine et du Mujao, puis la période de la lourde et injuste pression internationale pour renoncer à l’indépendance et à déposer les armes face à l’armée malienne, l’enjeu pour le MNLA aujourd’hui est de tenir face à ces agressions multidimensionnelles : ( 1) face aux incessantes attaques militaires du Mouvement Arabe de l’Azawad qui joue sur le communautarisme arabe, (2) face à l’infiltration islamiste qui tente de se redéployer à travers de nouvelles structures étrangement tolérées par la communauté internationale, tel que le MIA et (3) face à la multiplication des interlocuteurs en vue des négociations et qui n’ont visiblement pas d’autres objectifs que de faciliter la tache à la partie malienne.

En effet pour conclure sur la suspicion qui règne sur cette initiative de Haut Conseil de l'unité de l’Azawad, selon RFI, dont nous reprenons textuellement les propos dans un article intitulé « les Touaregs divisés sur l’union entre le MNLA et le Haut Conseil de l’unité de l’Azawad », c’est «La perspective de négociations avec Bamako» qui «incite la communauté touarègue à se repositionner». Mais RFI précise encore que : «Selon les informations de RFI, le général Gamou, Touareg resté loyal à l’armée malienne, aurait été contacté. » après avoir indiqué que « Le Haut Conseil de l’unité de l’Azawad pourrait chercher aujourd’hui à jouer les rassembleurs de la communauté ». Avec cette information, un nouvel ingrédient de sabotage du MNLA se rajoute.

Pour rappel le colonel Gamou est ce que l’on pourrait appeler un Touareg de Service au service de l’Etat malien, un peu l’équivalent de l’ex premier ministre kabyle Ouyehya qui a rendu obligatoire l’usage exclusif de l’arabe au détriment de Tamazight ou de la ministre kabyle Khalida Toumi qui organise des festivals arabes à Tizi-Ouzou ou encore, hélas de la longue liste des kabyles de services qui continuent à servir un Etat raciste qui n’hésite pas à assassiner leur frères sans que cela ne soulève un soupçon d’indignité mais qui au contraire la justifient quand ils n’y participent pas directement.

zp,
SIWEL 211814 MAI 13



A lire aussi :