Témoignage de Brahim Azi sur l’arrestation de 13 militants du MAK par la gendarmerie algérienne

26/11/2016 20:56

VGAYET (SIWEL) — Hier vendredi 25 novembre, une réunion des membres du Conseil régional MAK de Vgayet-Stif-Jijel devait avoir lieu à Ivervacen (ex-Barbacha). A peine la réunion avait commencé que les militants ont été surpris par une armada de la gendarmerie coloniale algérienne. 13 d'entre eux ont été arrêtés durant 8h et environs 60 gendarmes ont été mobilisés contre des militants souverainistes kabyles pacifiques. Voici le témoignage de Brahim Azi, Président du Conseil régional MAK de Vgayet-Stif-Jijel.


Brahim Azi lors de la grande marche de Vgayet, le 20 avril 2016
Ce 25 novembre, aux environs de 10h30, un local, où se déroulait une réunion du Conseil régional MAK de Vgayet-Stif-Jijel, fut investi par les forces de la gendarmerie algérienne.

Sans présenter aucun mandat, les nouveaux occupants se lancèrent dans un pseudo dressement de procès-verbaux pour les militants (nous étions au nombre de dix) qui se trouvaient dans les lieux, avant qu’ils décident de nous embarquer dans leurs véhicules vers une destination inconnue.

Isolés de tout contact vers l’extérieur

Donc, après deux heures de détention arbitraire dans notre propre lieu de rencontre, nous voilà finalement chacun dans un véhicule avec quatre gendarmes à ses côtés. Trois autres militants étaient arrêtés dans les rues d’Ivarvecen. Nous étions donc 13 militants à avoir été embarqués dans 13 véhicules 4X4 de la gendarmerie algérienne. Chaque véhicule transportant 1 militant et 4 gendarmes. Le nombre de gendarmes monte donc à 52 gendarmes, sans compter d’autres véhicules et d’autres gendarmes qui étaient là.
Ce long convoi – que ne nous voyons normalement qu’en temps de guerre – a dû frapper les esprits des habitants d’Ivervacen, d’Amizour, d’Oued ghir et enfin de Toudja : car c’est la brigade de la gendarmerie Algérienne de cette localité Kabyle qui sera notre lieu de détention pendant plus de 6 heure. On a donc été séquestré par la gendarmerie algérienne durant à peu près 8h.

Or avant de nous embarquer et devant notre refus de nous dessaisir de nos téléphones, les gendarmes ont réussi quand-même à obtenir de nous la promesse de les éteindre. Seulement, une fois dans leurs locaux, nous sommes vu sommés de remettre nos téléphones. Ils nous ont ainsi réduits à l’impossibilité de pouvoir signaler à nos frères à l’extérieur notre lieu de détention. Mais c’était sans compter sur la détermination et l’ingéniosité d’un de nos militants qui n’a pas seulement réussi à garder un cellulaire dans sa poche, mais aussi à envoyer un message à l’extérieur sur la situation de notre lieu.

Arrêtés au nom d’une « opération sécuritaire »

Après des interrogatoires, où il faut souligner le fait que les gendarmes sur place n’ont à aucun moment fait un geste déplacé ou proféré une insulte à notre encontre et où l’invocation du volet sécuritaire de leur opération veut à tout prix masquer une opération de police politique (confiée étonnement à un corps d’armée !), ils nous ont fait signer des procès-verbaux.
Toute l’industrie employée pour réduire leur répression illégitime et illégale d’un mouvement politique et pacifique à une simple opération sécuritaire, les auteurs de cet acte de guerre n’ont pas pu s’empêcher – que ce soit durant le trajet, dans leurs locaux en marge des interrogatoires ou durant le dressement des procès-verbaux – de s’intéresser au MAK. D’ailleurs, chacun de nous s’est vu poser la question sur notre appartenance au mouvement souverainiste et de notre activité en son sein. En plus de cela, il est demandé à chacun qui s’est dit actif, s’il reçoit un salaire ou une prime en récompense de son activité.
Cette question bien sûr ne peut nous renseigner que sur deux choses :
- Une ignorance réelle ou affectée de la définition même du militantisme et de ses valeurs.
- Comme il y a une volonté à nous faire passer pour des mercenaires et non ce que nous étions réellement : les militants dévoués à une cause pour laquelle ils sont prêts à se sacrifier.
Donc aux alentours (je situe l’heure approximativement puisque mon portable était éteint et que je n’ai pas de montre sur moi) de 18 h30, ils nous ont relâché. A Oued Ghir nous étions quatre militants à être rejoins par des militants du MAK venus à Toudja pour nous assister.

Merci pour les soutiens

Tout au long de ce tableau brossé, aucun nom n’a été cité. Or ceci n’est pas une omission, mais une façon de dire que toute la famille souverainiste était touchée profondément par cet acte colonial ; et que tous ces membres étaient et restent solidaires de tout ce qui touche à n’importe qui d’entre nous. Il suffit pour cela de rappeler tous les messages de soutien que j’ai reçus personnellement (avec prière bien-sûr de les transmettre aux autres militants arrêtés). Ces messages me sont parvenus non seulement de toutes les forces agissantes de notre mouvement, mais aussi des personnes qui n’ont jamais milité dans notre cause.
A tous, je dis merci…car c’est leur action sur le terrain et sur les réseaux sociaux, aux côtés bien sûr de l’action de l’Anavad, qui ont limité cette détention arbitraire à seulement quelques heures.

Brahim Azi,
Président du Conseil régional MAK de Vgayet-Stif-Jijel.

SIWEL 262056 NOV 16



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