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Seule l’auto-organisation de la Kabylie peut offrir une perspective pour sortir de ce face-à-face Kabylie - Etat colonial

03/01/2017 - 16:12

OPINION (SIWEL) — Cette analyse d'un de nos contributeurs s'adresse aussi bien aux manifestants, aux commerçants grévistes qu'aux militants souverainistes kabyles. Ces derniers ont un rôle à jouer dans la canalisation de cette colère légitime qui risque d'aller vers un embrasement général.


Un vent de révolte souffle sur la Kabylie. Des milliers de jeunes sont sortis dans les rues pour crier haut et fort leur colère. Des commerçants ont baissé rideau pour dire halte à l’arbitraire fiscal imposé par l’État colonial d’Alger, pénalisant ainsi leur activité. Le peuple kabyle est sommé de serrer la ceinture suite à la politique d’austérité brutale décidée par le gouvernement d’Alger. Un sentiment de peur et de désarroi s’est emparé de la région qui fait les frais des politiques racistes de l’État central et des jeux des clans en lutte pour le pouvoir.

La situation socio-économique de la Kabylie, déjà largement dégradée, risque de se détériorer encore. Le pouvoir d’achat des populations kabyles est en nette régression, jetant des pans entiers de la société kabyle dans la pauvreté. Les commerçants sont doublement et injustement imposés. Les opérateurs économiques de la région sont contraints d’aller investir en dehors de la Kabylie, abandonnant la région à son triste sort. Les jeunes Kabyles, en proie au chômage et à l’exclusion scolaire, n’ont d’autres perspectives que l’émigration clandestine ou le suicide qui fait des ravages ces dernières années.

La révolte kabyle est légitime. Elle est l’expression d’une rupture radicale avec le régime d’Alger et constitue un désaveu cinglant à la représentation des partis politiques dit « kabyles » que l’histoire a déjà condamnés. C’est un fleuve de sang qui sépare depuis 2001 la Kabylie des autorités coloniales d’Alger. Entre les Kabyles et les partis politiques censés les représenter s’interpose une longue histoire faite de reniements et de trahisons. La violence des manifestants dont parlent certains pour délégitimer le mouvement n’égalera jamais celle du régime dont les mains sont trop entachées du sang des jeunes kabyles. Si des commissariats, des brigades de gendarmes, le siège de la wilaya de Vgayet ont été assiégés, c’est symboliquement l’État colonial qui est poussé dans ces derniers retranchements.

Mais il faut rester vigilant. La guerre au sommet de l’État que se livrent les divers clans mafieux risque d’embraser inutilement la Kabylie. A l’état d’émeute, la colère kabyle peut faire l’objet de toutes les manipulations. Car enfin ce vent de révolte devrait pousser les voiles du bateau de l’indépendance de la Kabylie. Il n’y aura pas de perspective à la Kabylie et à sa révolte légitime sans une direction politique consciente de sa mission historique et ayant un ancrage dans toutes les régions de la Kabylie. Oui, seule une direction politique kabyle, consciente de sa mission historique, peut canaliser la colère kabyle et déjouer les plans machiavéliques du régime d’Alger et de ses relais locaux.

Seule l’auto-organisation de la Kabylie peut offrir une perspective historique et concrète pour sortir de ce face-à-face Kabylie-Etat colonial qui n’a que trop duré. Les traditions de lutte des Kabyles sont telles que la Kabylie est dotée et depuis longtemps des organisations de masses les plus démocratiques et les plus avancées dans toute la région de l’Afrique du Nord. C’est un capital d’auto-organisation politique et sociale qui a souvent été gaspillé dans d’autres mouvements de lutte (Mouvement national, guerre d’Algérie, etc.) mais qui doit, aujourd’hui et impérativement, être investi pour faire avancer la cause kabyle. C’est pourquoi il est urgent que tous les militants kabyles souverainistes investissent les comités de village, les syndicats de la Kabylie, les organisations des commerçants, les comités étudiants, les associations culturelles pour canaliser la révolte kabyle et la mettre sur les rails de l’Indépendance de la Kabylie. Sans la présence et l’implication dans les luttes réelles, concrètes et quotidiennes, les militants souverainistes n’auront aucune visibilité politique auprès des masses kabyles et notre cause restera à l’état de slogan.

gnj
SIWEL 031612 JAN 17



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