Avant d'entrer dans le vif du sujet, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs?
M. Ouslimani : Je suis né à Bouadnane, village Ath Slimane. J'ai 68 ans, marié, 1 enfant. Je suis médecin radiologue exerçant en cabinet libéral en France.
Dans votre essai sur la Kabylie "La vie dans la tourmente", vous avez traité une période cruciale qui a marqué la Kabylie par une misère atroce, la soumission...De toute l'histoire de la Kabylie, pourquoi ce choix sur cette période précise?
La période où se passe le récit de "la vie dans la tourmente", est chargée de signes avant-coureurs annonçant la guerre contre le dernier occupant du pays, en l'occurrence la France...
C'est un témoignage poignant, que d'aucuns estiment que c'est à travers ces épisodes que la région a forgé sa personnalité. Est-il un récit de vie ou des histoires imaginaires mais qui s'inspirent d'une réalité tangible?
"La vie dans la tourmente" relate le quotidien d'un village de la Haute-Kabylie; l'histoire commence au début du vingtième siècle. La famine décime des villages. Cette histoire s'inspire de faits réels. Les habitants du village dont il est question ont vécu reclus sur eux-mêmes, s'entraidant pour faire face aux besoins les plus élémentaires et à la rigueur extrême du climat. J'ai vécu cette tourmente. J'ai marché pieds nus comme tant d'autres enfants, j'ai eu faim et froid ! La misère était le lot quotidien qui accompagnait la plupart des Kabyles de la Haute-Kabylie pendant toute leur existence. Cette époque a en effet forgé la personnalité du Kabyle qui a compris qu'en définitive, il ne peut compter que sur lui-même.
Ecrit dans un style assez accrocheur et souple, pourquoi les histoires narrées se terminent-elles d'une manière assez marquante qu'est la mort...
Par cette liste macabre, j'ai voulu signifier que la vie des personnages ne peut se terminer que dans la mort en l'absence de tout espoir. La misère côtoie la mort que l'on peut considérer comme une délivrance, dans ce contexte.
Dans votre roman, "La révolte des exclus", vous avez parlé de sujets politiques qui restent, au jour d'aujourd'hui, des éléments de débats. Pourquoi êtes-vous allé aux années 70 pour traiter d'une situation que l'on vit actuellement?
Le fait est que les problèmes que nous vivons actuellement sont déjà arrivés, de façon cyclique, avec quelques nuances dans la forme. Le mal qui ronge le pays n'ayant jamais été détruit, ses effets restent récurrents. Les années 70 représentent, à mon sens, une période charnière de la dérive de l'Algérie, qui s'est accentuée au fil des années. L'Algérie depuis cette période, a commencé à creuser sa tombe par une descente aux enfers. Les différentes décisions politiques prises sur des coups de tête, telle que la gestion socialiste des entreprises, la réforme agraire, la médecine gratuite, l'arabisation généralisée, commencèrent à montrer leurs limites. Entre-temps, la misère des populations s'est accentuée. Et les laissés-pour-compte devinrent un vivier inespéré pour les islamistes qui s'attelèrent à les embrigader pour en faire les fossoyeurs de leur propre pays. Certains citoyens, pour la plupart Kabyles, choisirent, dans la clandestinité, une autre religion que celle imposée par le pouvoir algérien -et qui avait existé en Afrique du Nord, bien avant l'islam-.
Les personnages choisis dans le roman partagent une certaine idée de la liberté malgré leur appartenance religieuse aussi différente les unes des autres, quelle est la relation entre la liberté de culte, le chômage, le poids des traditions sur la situation politique de la Kabylie?
La liberté de culte fait partie de l'identité kabyle. L'islam comme religion unique, a été imposé par le pouvoir arabo-islamique et propagé et protégé par certains Kabyles. Le choix d'une autre religion reflète un désir d'émancipation spirituelle. Le chômage est une conséquence de la mauvaise gestion des différents pouvoirs qui se sont succédé -sachant que le pays est très riche et que cela n'aurait pas dû arriver. Quand on ne s'aligne pas sur les diktats du pouvoir arabe et islamique, on est marginalisé! Bien des personnes ont été limogées de leur emploi car non-croyantes ou Kabyles. Certaines traditions kabyles, qui ont un lien avec l'islam, contribuent à freiner la marche vers l'émancipation de notre peuple. Autant de freins pour une politique de libération de la Kabylie...
Vous avez cerné la situation chaotique de la Kabylie, selon vous quelle voie de salut pour cette région?
L'Autonomie ! La Liberté
Vos livres seront-ils un jour chez les libraires en Algérie?
Je le souhaiterais.
aai
SIWEL 06 1620 fev13
M. Ouslimani : Je suis né à Bouadnane, village Ath Slimane. J'ai 68 ans, marié, 1 enfant. Je suis médecin radiologue exerçant en cabinet libéral en France.
Dans votre essai sur la Kabylie "La vie dans la tourmente", vous avez traité une période cruciale qui a marqué la Kabylie par une misère atroce, la soumission...De toute l'histoire de la Kabylie, pourquoi ce choix sur cette période précise?
La période où se passe le récit de "la vie dans la tourmente", est chargée de signes avant-coureurs annonçant la guerre contre le dernier occupant du pays, en l'occurrence la France...
C'est un témoignage poignant, que d'aucuns estiment que c'est à travers ces épisodes que la région a forgé sa personnalité. Est-il un récit de vie ou des histoires imaginaires mais qui s'inspirent d'une réalité tangible?
"La vie dans la tourmente" relate le quotidien d'un village de la Haute-Kabylie; l'histoire commence au début du vingtième siècle. La famine décime des villages. Cette histoire s'inspire de faits réels. Les habitants du village dont il est question ont vécu reclus sur eux-mêmes, s'entraidant pour faire face aux besoins les plus élémentaires et à la rigueur extrême du climat. J'ai vécu cette tourmente. J'ai marché pieds nus comme tant d'autres enfants, j'ai eu faim et froid ! La misère était le lot quotidien qui accompagnait la plupart des Kabyles de la Haute-Kabylie pendant toute leur existence. Cette époque a en effet forgé la personnalité du Kabyle qui a compris qu'en définitive, il ne peut compter que sur lui-même.
Ecrit dans un style assez accrocheur et souple, pourquoi les histoires narrées se terminent-elles d'une manière assez marquante qu'est la mort...
Par cette liste macabre, j'ai voulu signifier que la vie des personnages ne peut se terminer que dans la mort en l'absence de tout espoir. La misère côtoie la mort que l'on peut considérer comme une délivrance, dans ce contexte.
Dans votre roman, "La révolte des exclus", vous avez parlé de sujets politiques qui restent, au jour d'aujourd'hui, des éléments de débats. Pourquoi êtes-vous allé aux années 70 pour traiter d'une situation que l'on vit actuellement?
Le fait est que les problèmes que nous vivons actuellement sont déjà arrivés, de façon cyclique, avec quelques nuances dans la forme. Le mal qui ronge le pays n'ayant jamais été détruit, ses effets restent récurrents. Les années 70 représentent, à mon sens, une période charnière de la dérive de l'Algérie, qui s'est accentuée au fil des années. L'Algérie depuis cette période, a commencé à creuser sa tombe par une descente aux enfers. Les différentes décisions politiques prises sur des coups de tête, telle que la gestion socialiste des entreprises, la réforme agraire, la médecine gratuite, l'arabisation généralisée, commencèrent à montrer leurs limites. Entre-temps, la misère des populations s'est accentuée. Et les laissés-pour-compte devinrent un vivier inespéré pour les islamistes qui s'attelèrent à les embrigader pour en faire les fossoyeurs de leur propre pays. Certains citoyens, pour la plupart Kabyles, choisirent, dans la clandestinité, une autre religion que celle imposée par le pouvoir algérien -et qui avait existé en Afrique du Nord, bien avant l'islam-.
Les personnages choisis dans le roman partagent une certaine idée de la liberté malgré leur appartenance religieuse aussi différente les unes des autres, quelle est la relation entre la liberté de culte, le chômage, le poids des traditions sur la situation politique de la Kabylie?
La liberté de culte fait partie de l'identité kabyle. L'islam comme religion unique, a été imposé par le pouvoir arabo-islamique et propagé et protégé par certains Kabyles. Le choix d'une autre religion reflète un désir d'émancipation spirituelle. Le chômage est une conséquence de la mauvaise gestion des différents pouvoirs qui se sont succédé -sachant que le pays est très riche et que cela n'aurait pas dû arriver. Quand on ne s'aligne pas sur les diktats du pouvoir arabe et islamique, on est marginalisé! Bien des personnes ont été limogées de leur emploi car non-croyantes ou Kabyles. Certaines traditions kabyles, qui ont un lien avec l'islam, contribuent à freiner la marche vers l'émancipation de notre peuple. Autant de freins pour une politique de libération de la Kabylie...
Vous avez cerné la situation chaotique de la Kabylie, selon vous quelle voie de salut pour cette région?
L'Autonomie ! La Liberté
Vos livres seront-ils un jour chez les libraires en Algérie?
Je le souhaiterais.
aai
SIWEL 06 1620 fev13