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Message de soutien à Ferhat Mehenni, par Arezqi At Qacy

23/12/2016 - 23:51

OPINION (SIWEL) — Devant la vague fascisante d’Hitler, un grand artiste et pacifiste, Bertolt Brecht déclare : ‘’ En ce temps de choix décisifs, l’Art aussi doit choisir …’’ et consacre son temps et son talent au service de la paix. Il en est ainsi aujourd’hui, alors je choisis d’être solidaire avec un Homme de ma Kabylie natale : Mas Ferhat Mehenni.


Ferhat Mehenni en mai 2009, devant la sculpture "Non-Violence" de Carl Fredrik Reuterswärd, au siège des Nations Unies à New York (PH/DR)
Ferhat Mehenni en mai 2009, devant la sculpture "Non-Violence" de Carl Fredrik Reuterswärd, au siège des Nations Unies à New York (PH/DR)
C’est avec beaucoup d’émotions que j’ai lu et ensuite écouté le message que le Président du MAK-Anavad, M. Ferhat Mehenni, avait livré à la cérémonie en son hommage organisée à Ottawa.

Pour la première partie concernant les membres de sa famille disparus tragiquement ou par maladie j’exprime toute ma compassion au Président et à sa famille élargie.

Ensuite, ses déclarations relatives à sa sécurité personnelle me laissent dans un tel émoi et très tourmenté aussi.

Car en l’espace de quelques semaines, le Président est revenu au moins à deux reprises dans ses prises de paroles publiques sur sa sécurité et le danger de mort qu’il encoure.

Non, ce n’est pas aujourd’hui que je découvre cette charge et ce risque, notre récente histoire collective est hélas jalonnée d’Étoiles kabyles violemment éteintes car elles étaient … kabyles et libres ! Et j’espère de toutes mes forces que le MAK-Anavad est proactif pour parer à cette innommable menace.

Personne, aucune institution, aucun pouvoir, aucune prérogative ne donne le droit de faire subir cette torture mentale et tenir cette menace extrême telle une épée de Damoclès au-dessus d’un être humain surtout lorsque celui-ci est trempé dans deux valeurs rarissimes de nos jours : L’humanisme et la non-violence.

Ferhat Mehenni est un enfant, un père, un artiste, un humaniste, un politique, un universaliste, un pacifiste, un altruiste, un généreux, un courageux, un sincère, un vrai ...

Avec un tel profil, les peuples de ce monde en font des icônes et des modèles à suivre.

Aux Québécois auxquels le ‘’vainqueur’’ a martelé durant des siècles ‘’ vous n’êtes qu’un peuple de bûcherons incapables de gérer une entreprise financière de plus de 10 personnes …’’ un homme, un sportif nommé Maurice Richard est sorti de là où on l’attend le moins pour redonner la fierté à ce peuple et le tirer vers le haut.

Son exploit ? Il était le premier à avoir marqué 500 buts au Hockey sur glace et a parlé à voix haute de la discrimination qui frappait alors les joueurs francophones du Québec.

Par cette prise de position publique qui pourrait paraître ‘’sportive et banale’’, il a participé au départ de la révolution tranquille au Québec. De son vivant, il est admis au Temple de la renommée du hockey et à l'âge de 78 ans il décède et tout un pays lui fait des funérailles nationales, nomme des arénas et dresse des plaques et statues à sa mémoire.

Aujourd’hui encore, les Québécois et Québécoises s’en ressourcent en courage, fierté et ‘’Self-Esteem’’ positive individuelle et collective.

Des Bertolt Brecht et des Maurice Richard kabyles, on en a nous aussi ! Et on a comme ambition saine de les honorer comme le font ces peuples civilisés avec leurs icônes, car nous aussi sommes civilisés.

Nous aussi sommes capables de cela envers les nôtres qui nous honorent au quotidien et qui, hélas, paient ce courage et cette liberté de dire et de bâtir le meilleur pour nous tous au prix de douleurs indicibles.

J’ai toujours associé l’homme, Ferhat Mehenni, homme aux multiples facettes au personnage du Petit Prince de Saint-Exupéry car : Tous les deux se questionnent, tous les deux rêvent, tous les deux se mettent en défis, tous les deux vont à la rencontre de gens divers, tous les deux rêvent et veulent aussi un monde meilleur pour l’humain, tous les deux trouvent le Roi injuste et hautain, tous les deux voient cet essentiel invisible …

Mais que puis-je pour réduire cette hantise de voir encore la Kabylie perdre tragiquement et injustement et violement une de ses plus belles étoiles ? Je n’y peux rien, ou presque rien.

Alors dans ce presque rien, je réaffirme tout mon soutien à cette belle icône de la Kabylie.

La meilleure couverture pour lui et pour nous tous est la refondation d’un État kabyle moderne le plus souverain et le plus libre et le plus indépendant possible. Car la culture de la violence est étrangère à la pratique politico-sociale du peuple kabyle. Nferru-tent s w-awal, maççi s wuzal !

Je lui souhaite plein succès dans toutes les directions et chemins qu’il est en train d’ouvrir pacifiquement et avec courage pour les siens, le peuple kabyle.

Il consacre toutes ses énergies pour rendre la maison kabyle belle, sécuritaire, sereine, saine, chaleureuse, forte car posée et fondée sur ses propres valeurs et ouverte sur le monde.

Je lui souhaite de vivre longtemps et en paix et dans l’amour de ceux et celles qu’il aime et qui l’aiment aussi.
Nous aussi on t’aime et Yennayer n talwit a Mas Aselway !
"Akka i d Taqvaylit…" !
Seg ul.

Arezqi At Qacy, nom colonial Kessal

Laval, le 23 décembre 2016.



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