Mass Lyazid Abid, expose son point de vue à travers les démêlés du chanteur populaire Takfarinas avec ses fans kabyles, qui lui reprochent, rappelle-t-il, « son accointance avec les officiels algériens ».
A partir de ce constat le Vice-président du GPK, se pose des questions lancinantes. D’abord, est-ce que le fait qu'un artiste qui s’exprime, sur un sujet politique, en s'affichant avec une ministre de la Culture connue pour ses tendances à censurer tout ce qui dérange, y compris des livres d'auteurs algériens reconnus dans le monde entier, relève de la liberté d’opinion ? Ensuite, est-ce qu’un artiste à qui l’on permet une « liberté d’expression » à la télévision d'Etat, pour appeler les citoyens à aller voter, alors que la même TV refuse d’accorder la parole aux députés des partis d’opposition agréés, peut se prévaloir de la liberté d’opinion ?
A ces deux questions s’ajoute, précise-t-il encore, une autre question de fond : Est-ce que soutenir une dictature relève de la liberté d’opinion ?
Pour Mass Abid, « exprimer sa pensée librement, sans être inquiété, est un droit fondamental protégé par la déclaration universelle des droits de l’homme et reconnu, dans les faits, par les Etats démocratiques à tous leurs citoyens ». Ainsi, « cette liberté d’expression ne doit jamais faire l’objet de censure préalable, mais plutôt de responsabilité par rapport aux conséquences qui en découlent ».
Il précisera, par ailleurs qu’il est vrai que dans le monde entier, « les vedettes sont sollicitées pour inciter les jeunes à accomplir leur devoir citoyen en allant voter. Mais voilà, relève-t-il « ce qui est valable dans un pays démocratique, n'est pas forcément valable dans une dictature ».
« Accomplir son devoir citoyen dans une dictature, c'est d’abord refuser d'aller voter », assène encore le responsable au sein du GPK, en soulignant que Takfarinas a dit qu'il avait appelé les citoyens à aller voter, mais qu'il n'avait pas dit pour qui. Serait-il le seul en Algérie à ne pas savoir que les résultats comptent peu pour le pouvoir, puisqu'ils sont fixés d'avance?
« Ce qui compte pour le régime militaire, c'est de montrer aux observateurs étrangers des files d'attente devant les bureaux de vote ».
« Nous savons tous que le seul rapport que le pouvoir algérien entretient avec les artistes et les intellectuels est celui de la soumission ou de la neutralisation », avertit Mass Abid, avant d’ajouter que quand il a à faire à un Kabyle, « il faut qu’il le tienne bien dans ses griffes pour s’en servir comme instrument au service de son implacable détermination à dépersonnaliser, par tous les moyens, la Kabylie ».
Sur un autre plan, il évoque la ruse, la censure puis les hostilités qui caractérisent « le rapport qu’impose le pouvoir algérien à l’élite kabyle ». Pour comprendre cette relation, Mass Abid rappelle que même en 1953, lors de la publication du roman de Dda Lmulud at Maamer, La colline oubliée », l’auteur a été pris à partie par d’autres algériens pour le fait qu’il a parlé des Kabyle.
Aussitôt, le roman publié « Sahli et Lachraf accusèrent notre amusnaw qui avait osé parler des Kabyles, de vouloir diviser le peuple algérien et de rendre ainsi service à la France ».
A l’indépendance, ajoute Lyazid Abid, « ce fut carrément la chasse à tout ce qui était kabyle. L’anti-kabylisme a été vite érigé en mode de gouvernance. C'est dans ce contexte que la chanson kabyle a connu un magnifique essor. Négligée par le pouvoir et ses gardiens du temple qui la méprisaient, elle était devenue un moyen extraordinaire de revendication, de communication et de communion entre les chanteurs et le peuple kabyle ».
« Aujourd’hui, la dictature, pour s’accommoder de la démocratie, a adapté son visage aux exigences du temps. Moins brutal vis-à-vis des artistes, il n'en est pas moins plus redoutable qu’avant. L’aisance financière aidant, elle favorise, par des subsides sélectifs, la médiocrité et la marginalisation des talents. Elle fête Yennayer et le 20 avril, tout en continuant à arabiser les Kabyles et leur construire des mosquées à tour de bras », analyse le responsable au sein du GPK.
Il précise, en outre que cette même dictature encense le grand chanteur Aït Menguellet, » mais le fait participer aux festivals de la chanson arabe, manière de montrer que la culture amazighe est une sous-culture arabe ». D’ailleurs, précise encore « ces festivals sont organisés de préférence en Kabylie. Elle a même créé une chaîne de télévision et des radios tamazight, qu'elle utilise pour folkloriser la culture kabyle et promouvoir la dépersonnalisation de la Kabylie par l'arabisation et l’obscurantisme ».
Evoquant Matoub Lounès, l’une des icônes de la chanson kabyle et la JSK, Mass Lyazid Abid souligne que « nos repères sont entrain de tomber un par un. Matoub Lounès qui, à travers son dernier album-rupture, a décidé d’assumer politiquement sa différence kabyle, a été assassiné. La JSK, symbole de la résistance des Kabyles contre le déni identitaire et la dictature de Boumediene dans le années 70, est devenue actuellement le symbole de l'affairisme, de l’esbroufe et de la soumission ».
A la face des artistes aux accointances avérées avec le pouvoir criminel d’Alger, Mass Abid leur rappelle que « c'est la politique assumée de génocide culturel mené par Alger contre la Kabylie qui inquiète les Kabyles? Ils souhaitent, de ce fait que « leurs idoles se tiennent en dehors des liaisons dangereuses avec le pouvoir et ses relais sur le terrain, placés à des endroits stratégiques justement pour nouer des liens pervers avec nos artistes et intellectuels ».
« Ce qui irrite le plus dans la conduite de certains artistes, ce n'est pas de courir après les subsides du pouvoir, ce qui n'est certes pas très glorieux, mais humain ». Mais, « c'est la confusion entretenue sciemment entre l'affairisme et l'engagement militant ». Sinon comment expliquer « l'hommage rendu à Matoub Lounès en présence de sa mère et de sa sœur au spectacle de Takfarinas organisé par le directeur de la culture à Tizi Ouzou, pour -selon la presse algérienne- distraire les jeunes Kabyles et les soustraire au stress quotidien généré par les kidnappings, le terrorisme, les feux de forêt et le chômage? ».
N'eut-il pas été plus utile pour ces jeunes que notre artiste dénonce les autorités pour toutes ces calamités qu'elles imposent depuis 2001 aux Kabyles?
Faut-il rappeler que Matoub Lounès a été assassiné parce qu'il avait fait usage de sa liberté d'expression, la vraie, celle-là ?
Synthèse aai
Siwel 311544 août12
A partir de ce constat le Vice-président du GPK, se pose des questions lancinantes. D’abord, est-ce que le fait qu'un artiste qui s’exprime, sur un sujet politique, en s'affichant avec une ministre de la Culture connue pour ses tendances à censurer tout ce qui dérange, y compris des livres d'auteurs algériens reconnus dans le monde entier, relève de la liberté d’opinion ? Ensuite, est-ce qu’un artiste à qui l’on permet une « liberté d’expression » à la télévision d'Etat, pour appeler les citoyens à aller voter, alors que la même TV refuse d’accorder la parole aux députés des partis d’opposition agréés, peut se prévaloir de la liberté d’opinion ?
A ces deux questions s’ajoute, précise-t-il encore, une autre question de fond : Est-ce que soutenir une dictature relève de la liberté d’opinion ?
Pour Mass Abid, « exprimer sa pensée librement, sans être inquiété, est un droit fondamental protégé par la déclaration universelle des droits de l’homme et reconnu, dans les faits, par les Etats démocratiques à tous leurs citoyens ». Ainsi, « cette liberté d’expression ne doit jamais faire l’objet de censure préalable, mais plutôt de responsabilité par rapport aux conséquences qui en découlent ».
Il précisera, par ailleurs qu’il est vrai que dans le monde entier, « les vedettes sont sollicitées pour inciter les jeunes à accomplir leur devoir citoyen en allant voter. Mais voilà, relève-t-il « ce qui est valable dans un pays démocratique, n'est pas forcément valable dans une dictature ».
« Accomplir son devoir citoyen dans une dictature, c'est d’abord refuser d'aller voter », assène encore le responsable au sein du GPK, en soulignant que Takfarinas a dit qu'il avait appelé les citoyens à aller voter, mais qu'il n'avait pas dit pour qui. Serait-il le seul en Algérie à ne pas savoir que les résultats comptent peu pour le pouvoir, puisqu'ils sont fixés d'avance?
« Ce qui compte pour le régime militaire, c'est de montrer aux observateurs étrangers des files d'attente devant les bureaux de vote ».
« Nous savons tous que le seul rapport que le pouvoir algérien entretient avec les artistes et les intellectuels est celui de la soumission ou de la neutralisation », avertit Mass Abid, avant d’ajouter que quand il a à faire à un Kabyle, « il faut qu’il le tienne bien dans ses griffes pour s’en servir comme instrument au service de son implacable détermination à dépersonnaliser, par tous les moyens, la Kabylie ».
Sur un autre plan, il évoque la ruse, la censure puis les hostilités qui caractérisent « le rapport qu’impose le pouvoir algérien à l’élite kabyle ». Pour comprendre cette relation, Mass Abid rappelle que même en 1953, lors de la publication du roman de Dda Lmulud at Maamer, La colline oubliée », l’auteur a été pris à partie par d’autres algériens pour le fait qu’il a parlé des Kabyle.
Aussitôt, le roman publié « Sahli et Lachraf accusèrent notre amusnaw qui avait osé parler des Kabyles, de vouloir diviser le peuple algérien et de rendre ainsi service à la France ».
A l’indépendance, ajoute Lyazid Abid, « ce fut carrément la chasse à tout ce qui était kabyle. L’anti-kabylisme a été vite érigé en mode de gouvernance. C'est dans ce contexte que la chanson kabyle a connu un magnifique essor. Négligée par le pouvoir et ses gardiens du temple qui la méprisaient, elle était devenue un moyen extraordinaire de revendication, de communication et de communion entre les chanteurs et le peuple kabyle ».
« Aujourd’hui, la dictature, pour s’accommoder de la démocratie, a adapté son visage aux exigences du temps. Moins brutal vis-à-vis des artistes, il n'en est pas moins plus redoutable qu’avant. L’aisance financière aidant, elle favorise, par des subsides sélectifs, la médiocrité et la marginalisation des talents. Elle fête Yennayer et le 20 avril, tout en continuant à arabiser les Kabyles et leur construire des mosquées à tour de bras », analyse le responsable au sein du GPK.
Il précise, en outre que cette même dictature encense le grand chanteur Aït Menguellet, » mais le fait participer aux festivals de la chanson arabe, manière de montrer que la culture amazighe est une sous-culture arabe ». D’ailleurs, précise encore « ces festivals sont organisés de préférence en Kabylie. Elle a même créé une chaîne de télévision et des radios tamazight, qu'elle utilise pour folkloriser la culture kabyle et promouvoir la dépersonnalisation de la Kabylie par l'arabisation et l’obscurantisme ».
Evoquant Matoub Lounès, l’une des icônes de la chanson kabyle et la JSK, Mass Lyazid Abid souligne que « nos repères sont entrain de tomber un par un. Matoub Lounès qui, à travers son dernier album-rupture, a décidé d’assumer politiquement sa différence kabyle, a été assassiné. La JSK, symbole de la résistance des Kabyles contre le déni identitaire et la dictature de Boumediene dans le années 70, est devenue actuellement le symbole de l'affairisme, de l’esbroufe et de la soumission ».
A la face des artistes aux accointances avérées avec le pouvoir criminel d’Alger, Mass Abid leur rappelle que « c'est la politique assumée de génocide culturel mené par Alger contre la Kabylie qui inquiète les Kabyles? Ils souhaitent, de ce fait que « leurs idoles se tiennent en dehors des liaisons dangereuses avec le pouvoir et ses relais sur le terrain, placés à des endroits stratégiques justement pour nouer des liens pervers avec nos artistes et intellectuels ».
« Ce qui irrite le plus dans la conduite de certains artistes, ce n'est pas de courir après les subsides du pouvoir, ce qui n'est certes pas très glorieux, mais humain ». Mais, « c'est la confusion entretenue sciemment entre l'affairisme et l'engagement militant ». Sinon comment expliquer « l'hommage rendu à Matoub Lounès en présence de sa mère et de sa sœur au spectacle de Takfarinas organisé par le directeur de la culture à Tizi Ouzou, pour -selon la presse algérienne- distraire les jeunes Kabyles et les soustraire au stress quotidien généré par les kidnappings, le terrorisme, les feux de forêt et le chômage? ».
N'eut-il pas été plus utile pour ces jeunes que notre artiste dénonce les autorités pour toutes ces calamités qu'elles imposent depuis 2001 aux Kabyles?
Faut-il rappeler que Matoub Lounès a été assassiné parce qu'il avait fait usage de sa liberté d'expression, la vraie, celle-là ?
Synthèse aai
Siwel 311544 août12