La police coloniale de Mekla a fait subir un interrogatoire musclé et exaspérant à quatre militants indépendantistes

10/01/2017 23:59

AT ZELLAL (SIWEL) — Convoqués par la police coloniale aujourd'hui, 11 janvier, les quatre militants rattachés à la section d’At zellal ont préféré se rendre aussitôt au commissariat colonial afin de reprendre par la suite leurs préparatifs pour Yennayer. Ils ont eu affaire à un interrogatoire épuisant et exaspérant de 3h chacun. Un des 4 militants a témoigné.


Les 4 militants ont été isolés les uns des autres et 4 policiers arabophones se sont chargés de les interroger. L’interrogatoire a commencé à 15h30.
Les questions ont été nombreuses et sur le même procédé que pour Jugurtha Louerguioui, le militant de Attouche. A savoir que les policiers ont répété les mêmes questions à plusieurs reprises, passant d’une question à une autre avant de répéter les mêmes questions dans un autre ordre. De temps à autre un ou plusieurs policiers rentraient dans la pièce et parlaient sur un ton agressif.
Néanmoins, le policier auquel a eu affaire le militant qui a témoigné s’est montré réceptif aux réponses et notaient l’essentiel des dire du militant.

Ce qui a étonné notre interlocuteur est que l’agent de police connaissait tout du parcours personnel du militant, depuis le primaire. Sa vie a été passée au peigne fin.

Les questions ont été nombreuses mais c’est quand le policier a posé la question : « pourquoi vous avez intégré le MAK » que notre interlocuteur a pris le temps de répondre. Une véritable leçon sur l’histoire récente et ancienne de la Kabylie. Le policier a écouté jusqu’au bout sans interrompre.
Le militant a expliqué également que lors des événements sanglants de 2001, la gendarmerie l'a sérieusement blessé. Le policier a alors demandé si c’était pour ça qu’il a rejoint le MAK. Le militant a expliqué que ce n’est pas par esprit de revanche qu’il veut l’indépendance de la Kabylie mais c’est parce que c’est dans l’ordre des choses. Il lui a avoué ne se sentir aucunement algérien et que pour lui l’Algérie est un pays étranger qui est pire que le colonialisme français à son époque.

Le militant a eu également à répondre sur les cartes d’identité kabyles qui sont, pour le policier, interdites par la loi. Il a alors demandé au policier pourquoi ils n’ont pas fait respecter la loi quant aux pétards qui font des centaines de blessés lors de Moharem : « La carte d’identité kabyle est notre fierté et ne risque pas de vous exploser au visage contrairement aux pétards de Moharem pour lesquels vous n’avez pas fait votre devoir de faire respecter la loi algérienne »

Au bout de 2h, le militant a commencé à s’impatienter : « c’est quoi cet interrogatoire de 2h et toutes ces questions, on dirait que c’est moi qui ai tué Boudiaf. Je m’en vais ou envoyez-nous en prison ».
Il y a eu de nombreuses autres questions que le militant a expédiées, notamment sur les relations du Peuple Kabyle avec Israël. Le policer voulait également savoir si les militants étaient payés, les raisons de la démission de Bouaziz Ait Chebib à la tête du MAK et pourquoi ils ont accueilli Ahmed Haddag dans leur village. Ceci semblait les avoir énormément dérangés.

Les militants ne sont partis que vers 18h30. Notre interlocuteur a tenu à ce qu’on informe l’opinion publique kabyle que la section MAK d’AT Zellal prépare un large programme pour les citoyens de leur village, les enfants entre autre, et qui aura lieu demain, à la veille de la grande marche du mouvement indépendantiste , qu’ils rejoindront par centaines.

nbb
SIWEL 102255 JAN 17



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