Saïd Sadi, président du RCD
Le gouvernement a donc multiplié, ces derniers jours, les instructions. Elles s’adressent, essentiellement, aux administrations et aux services de sécurité. Tous les secteurs sont mis à contribution : la police, à qui il est demandé de se montrer « souple », les collectivités locales sommées de « recevoir toutes les doléances », jusqu’aux entreprises publiques sensées « établir des plans de recrutement » même si leurs effectifs sont pléthoriques.
Les premières instructions concernent donc une sorte de mise en garde envers la police. Selon le quotidien arabophone privé « El Khabar », la direction générale de la Sûreté nationale a demandé aux fonctionnaires de la police de ne pas montrer de zèle. Elle a supplié les policiers de se « comporter correctement » lorsqu’ils ne sont pas en service. Ces derniers sont priés, entre autres, de ne pas solliciter les services publics, à l’image de la Poste ou les services d’État civil, lorsqu’ils sont en tenue de travail.
Le ministère de la Défense nationale est également mis à contribution. Il demande aux centres de service national de ne pas laisser « les jeunes partir sans document ». Les bureaux de ces services sont donc sommés de bien traiter les jeunes qui viennent solliciter une carte militaire ou un sursis. Les mêmes instructions sont envoyées aux hôpitaux et administrations locales. Les notes insistent à chaque fois sur « le bon accueil ». Autrement dit, les autorités se rendent à l’évidence que les services publics ne font pas leur travail.
Autre mesure urgente ; le gel des opérations de distribution des logements. Le premier ministre, Ahmed Ouyahia, a ainsi demandé aux autorités compétentes de « geler toutes les opérations » de distribution de logement. Ces opérations sont, ces derniers mois, à l’origine de plusieurs mouvements de protestations.
Pour atténuer le chômage, qui à l’origine de beaucoup d’actes d’immolation par le feu et de suicides, le gouvernement algérien a demandé aux entreprises publiques d’établir « des plans de recrutements ». Souvent en difficultés financières, ces entités économiques sont donc mises à contribution pour alléger le fardeau du chômage qui risque de mettre le feu aux poudres. Ces éléments, ajoutés aux dernières arrestations en cascades, montrent le degré de panique qui s’est emparée du pouvoir algérien.
L’Algérie a connu, pour rappel, une semaine d’émeutes au début du mois en cours. Ces perturbations avaient été officiellement déclenchées par une hausse subite des prix de l’huile et du sucre. Mais vite, les problèmes sociaux et politiques ressurgissent.
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SIWEL 211528 JAN 11
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