Inauguration du carrefour Matoub Lounes à Tizi-Wezzu : La Kabylie fidèle au combat du Rebelle

03/07/2013 15:25

TIZI-WEZZU (SIWEL) — Le grand carrefour se situant à l’entrée de la ville de Tizi-Ouzou en arrivant par l’ouest porte désormais le nom de Lounès Matoub.


A partir de ce carrefour, l’automobiliste peut suivre le boulevard Stiti en tournant à droite. S’il désire faire demi-tour pour emprunter à nouveau la RN12, il peut continuer tout droit sur une distance de quelques mètres pour tomber ensuite sur le rond-point et le contourner ; ce qui est appelé dans le code de la conduite le « sens giratoire ». Dans le troisième cas, c’est-à-dire, si l’automobiliste veut pénétrer dans la ville de Tizi-Ouzou à partir de ce carrefour Lounès Matoub, il n’a qu’à emprunter la voie du tunnel pour tomber ensuite en plein boulevard Larbi Ben M’hidi.

De par sa situation géographique et son impact en matière de communication, ce carrefour est d’une grandeur incontestable. Et par conséquent, la décision de le baptiser au nom du Rebelle a été longuement réfléchie par les pouvoirs publics, notamment par le wali, Abdelkader Bouaghzi, qui, d’ailleurs, a signé l’arrêté baptismal.

C’est en présence d’une foule nombreuse composée des deux sexes et de tous les âges et parmi laquelle se trouvaient aussi de nombreuses personnalités du monde universitaire, politique, culturel et artistique tels que Lounis Aït-Menguellet, l’historien, Younès Adli, le président de l’APW de Tizi-Ouzou, Hocine Haroun, le directeur de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou et responsable de la maison de la culture Mouloud Mammeri, Ould Ali El Hadi, la grande famille militante et patriotique du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK), à sa tête, BOuaziz Aït-Chebib, l’architecte et président de l’association culturelle et scientifique, Ausnaw, El Hachemi Touzène, l’ex-dirigeant du mouvement citoyen des aârchs, Mustapha Mazouzi et tant d’autres responsables et militants du Rassemblement pour la Culture et la démocratie (RCD), et tant d’autres représentants de formations politiques ainsi que naturellement la mère et la sœur du Rebelle, en l’occurrence Na Aldjia et Malika Matoub, que le président de l’APC de Tizi-Ouzou, Ouhab Aït-Menguellet et ses proches collaborateurs ont procédé officiellement, hier à 19 heures, l’inauguration du carrefour Lounès Matoub.


La plaque commémorative est faite avec du néon et laisse voir la photo de Lounès Matoub. Comme il fallait s’y attendre, ce geste inaugural a été suivi par une multitude de slogans hostiles au pouvoir et répétés en chœur. Toutefois, la foule, très excitée, chanta aussi des antiennes et des épithalames. Concernant la prise de parole pour cette circonstance, elle sera assurée respectivement par Ouhab Aït-Menguellet, Na Aldjia, Malika Matoub et Hocine Haroun. Pas un d’eux ne sera toutefois prolixe.

Le premier magistrat de la commune de Tizi-Ouzou dira tout simplement pour sa part qu’« aujourd’hui, c’est un grand jour, car la rencontre d’aujourd’hui sera pour nous tous et toutes le début de la construction de notre ville, notre région et notre pays ». Ouhab Aït-Menguellet a rappelé également son attachement indéfectible à la cause amazighe et son appartenance à la famille Révolutionnaire et son statut de « fils de chahid ».

La seconde personne à s’adresser à la foule est Na Aldjia. La mère du Rebelle manifestera sa gratitude à celles et ceux qui portent encore dans leur cœur « Lounès » et extériorisera sa joie devant l’unité de tous les fans du Rebelle. « La seule chose qui me manque et que je continue à réclamer de toute mon âme est la vérité sur l’assassinat de Lounès », dit-elle en substance.



S’agissant de la sœur, elle remarquera qu’en « France, pas moins de 13 rues portent le nom de mon frère alors qu’ici en Algérie, ce n’est que 15 ans après que les pouvoirs publics ont daigné enfin baptiser un carrefour en son nom ». Tout en réclamant comme sa mère la vérité sur les circonstances exactes du rebelle, Malika Matoub exprimera sa reconnaissance à l’endroit de la personnalité du wali de Tizi-Ouzou qui « a signé l’arrêté baptismal ».

S’agissant enfin du président de l’APW, il déclarera d’emblée que « personne ne peut se targuer d’être la seule à avoir activé pour qu’un carrefour porte le nom de Lounès Matoub ». « Cette action baptismale est le résultat de votre lutte et de votre combat à tous », a clamé Hocine Haroun tout en signalant « qu’après tout, il n’y a aucune animosité entre nous ». L’allusion est faite à la relation pas toujours amicale entre son parti, le FFS, et le RCD. Et naturellement, comme ses prédécesseurs, le président de l’APW de Tizi-Ouzou a réclamé la vérité sur l’assassinat de Lounès Matoub.

Sur ce, le petit meeting prit fin. Nous devons signaler enfin que si la manifestation s’est déroulée sans incident, il n’en demeure pas moins que l’unicité des rangs n’était pas au rendez-vous. Il y avait au moins quatre (04) parties qui, chacune se réclamait comme la seule digne représentante de l’image du Rebelle et tout aussi digne de poursuivre son combat. A voix basse, plusieurs langues ont dénoncé cet autre « comme un traître, un vendu et un imposteur car son nom n’a jamais figuré sur le carnet des intimes du Rebelle ».

Il reste à savoir qui est honnête et qui est malhonnête. Ce qui est en revanche certain, c’est que beaucoup de gens qui disent aujourd’hui avoir connu et côtoyé Lounès Matoub ne sont en réalité des fabulateurs. En effet, pour qu’un homme puisse connaître et consacrer un certain temps au nombre de personnes qui prétendent avoir connu le Rebelle au point de déjeuner et partager des moments intimes avec lui, il lui faudrait vivre au moins trois siècles.

st/tamurt
SIWEL 03 1525 JUIL 13



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