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Énoncé de politique générale du ministre de la Langue et de la Culture kabyles

22/11/2016 - 12:00

EXIL (SIWEL) — Dans un communiqué transmis à notre rédaction, Mas Karim Achab, ministre de la Langue et de la Culture kabyles au sein du Gouvernement provisoire kabyle en exil (Anavad), rend publique la politique générale de son ministère, axée sur trois priorités : l’aménagement linguistique, le patrimoine culturel et immatériel et la protection des intérêts des artistes kabyles. Ci-après, le communiqué dans son intégralité :


Mas Karim Achab, ministre de la Langue et de la Culture kabyles au sein de l'Anavad (PH/SIWEL)
Mas Karim Achab, ministre de la Langue et de la Culture kabyles au sein de l'Anavad (PH/SIWEL)
ANAVAD AQVAYLI UΣḌIL
GOUVERNEMENT PROVISOIRE KABYLE
PROVISIONAL GOVERNMENT OF KABYLIA
Ministère de la Langue et de la Culture kabyles

Énoncé de politique générale du ministre de la Langue et de la Culture kabyles

J’ai le plaisir de porter à votre connaissance l’énoncé de politique générale du ministère de la Langue et de la Culture kabyle au sein de l’Anavad. Ce programme sera articulé autour de trois principaux pôles : l’aménagement linguistique, le patrimoine culturel et immatériel et la protection des intérêts des artistes kabyles.

1. L’Institut d’aménagement linguistique

L’Institut d’aménagement linguistique se penchera sur trois priorités. La première consistera à rendre visible et audible la langue kabyle dans les espaces publics et privés en Kabylie. Plus particulièrement, des campagnes de sensibilisation seront menées en vue d’interpeller la population ainsi que les acteurs socio-culturels, politiques et économiques pour rendre à la langue kabyle la place qui lui revient en Kabylie, notamment dans la signalisation routière, les édifices publics ou privés, les enseignes commerciales, les étalages ainsi que les emballages des produits fabriqués dans la région. Il n’y a aucune raison de continuer à indiquer des noms de villes, de villages ou de rues en arabe ou/et en français mais pas en kabyle. L’espace kabyle appartient aux citoyens de Kabylie. Les citoyens de Kabylie doivent s’accaparer la gestion de leur espace.

La deuxième priorité à laquelle nous devons nous attaquer est la toponymie. Les noms de lieu renferment et transmettent une forme de mémoire linguistique et émotive, puisée dans l’histoire locale, régionale ou mythologique. La plupart de ces noms de lieu sont aujourd’hui arabisés ou simplement remplacés par des équivalents arabes, parfois aberrants. Un exemple criant est celui de « Amecras » qui est remplacé par "Mecht-el-Ras" (peigne de la tête), ou bien Imceddalen, arabisé en Mched-Allah ! À la gare routière d’Alger, le nom de la ville kabyle d'« Iwadiyen » est arabisé en « Oued-Hiyas » (sic).

Pour mener à bien cette priorité et la concrétiser sur le terrain, trois commissions seront créées : une commission juridique, une commission scientifique et une commission « diffusion ». La commission juridique s’appuiera sur les textes et traités internationaux. La commission scientifique se chargera de retrouver et d’expliquer les noms de lieux d’origine et authentiques, et de les rétablir. Elle étudiera les différentes stratégies à adopter en vue de concrétiser sur le terrain leur réhabilitation. La commission « diffusion » se chargera de diffuser les travaux des deux premières.

La troisième priorité concerne la standardisation de la langue kabyle et elle sera prise en charge par une commission scientifique que nous appellerons « académie ». Cette académie aura pour rôle, dans un premier temps, de faire l’état des lieux concernant les pratiques au niveau de la transcription du kabyle et recensera les zones d’ombres ou les points non encore tranchés. Elle prendra attache avec les acteurs culturels, scientifiques et pédagogiques impliqués dans la transcription, d’une manière ou d’une autre, en vue d’adopter une position commune et définitive.

La commission « Académie » se penchera aussi sur la place que doit occuper l’alphabet Tifinagh dans la transcription de la langue kabyle. À cet effet, des sondages et des consultations seront menés auprès d’un échantillon touchant les différentes catégories de la population. À l’issue de ces consultations, cette commission académique formulera des recommandations.

2. Le patrimoine culturel et immatériel

Le patrimoine culturel et immatériel est défini par l’UNESCO comme « [comprenant] également les traditions ou les expressions vivantes héritées de nos ancêtres et transmises à nos descendants, comme les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ou les connaissances et le savoir-faire nécessaires à l’artisanat traditionnel. »

Deux axes d’action seront considérés. Le premier axe portera sur la sensibilisation de la population en vue de réhabiliter certaines traditions et de rehausser et valoriser les traditions vivantes. À cette occasion, le ministre de la Langue et de la culture proposera au gouvernement de l’Anavad l’idée de faire de Yennayer une « journée de congé national » en Kabylie.

Ce volet sera géré par la commission « Patrimoine culturel et immatériel » qui se chargera de définir les priorités à court, à moyen et à long termes.

3. La protection des intérêts des artistes kabyles

L’Anavad, via son ministère de la Langue et de la Culture, en concertation avec les artistes kabyles, étudiera la faisabilité et la possibilité de créer une "coopérative autonome" qui sera gérée entièrement par les artistes. Parmi les différents rôles de cette coopérative, la formation d’un orchestre commun, l’organisation de concerts et d’expositions, l’établissement et la gestion d’un calendrier des tournées internationales, la promotion des artistes à l’échelle internationale, ainsi qu’un service juridique en vue de soutenir les artistes kabyles.

Le ministère de la Langue et de la Culture kabyles fera appel à des experts dans la recherche des modes appropriés de financement et de fonctionnement d’une telle coopérative et en fera des recommandations aux artistes qui accepteront de participer. Des contacts seront bientôt entamés avec l’ensemble des artistes kabyles, en Kabylie et dans la diaspora.

Les différentes commissions susmentionnées auront pour mission première d'affiner les objectifs énoncés.

Ottawa, le 16 novembre 2016

Karim At Aɛmeṛ (Achab dans l’État civil)
Ministre de la Langue et de la Culture kabyles
Gouvernement provisoire kabyle (Anavad)

SIWEL 221200 NOV 16



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