Cela fait dix ans que la police est chargée en Kabylie de réprimer le "délit religieux". C’est insupportable pour la Kabylie.(PH/DR)
Déjeuner public en plein ramadan : pourquoi nous avons bravé l'interdit
« Le 3 août dernier, à Tizi-Ouzou, plus de 500 Kabyles ont mangé et bu en public en plein ramadan pour marquer leur liberté de choix. Parmi eux, certains comme Bouaziz Aït-Chebib avaient des revendications politiques et culturelles fortes : dénoncer l'"islamisation" de leur pays et les intimidations et la répression dont seraient victimes les non-jeûneurs en Kabylie.», C'est ainsi qu'est présentée la tribune accordée à Bouaziz Ait-Chebib, président du MAK, qui a participé à l'acte de résistance citoyenne, el 03 août en Kabylie. Ci après l'intégralité de la tribune publiée, ce jour, dans le plus du Nouvel Observateur.
La Kabylie n’a pas fait dans la provocation en décidant d’organiser un déjeuner public en plein ramadan. Elle n’a fait que réaffirmer sa véritable identité et défendre ses valeurs ancestrales de tolérance et de liberté.
Une atteinte à notre liberté
Cela fait dix ans que la police est chargée en Kabylie de réprimer le "délit religieux". C’est insupportable pour la Kabylie. L’État algérien a instauré un climat d’inquisition islamiste au point que des policiers, et dernièrement des gendarmes, ont à maintes reprises procédé à l’arrestation de personnes qui mangeaient pourtant dans des maisons fermées et à l’abri de tout regard.
Chaque mois de ramadan, la Kabylie a droit à des répressions, à des intimidations et à des procès infâmes contre les non-jeûneurs. En 2010, pas moins de 22 non-jeuneurs ont été traînés en justice. Ils seraient encore en prison si les citoyens kabyles, jeûneurs et non-jeûneurs, n’avaient pas massivement investi ces tribunaux, excédés par cette inquisition.
L’année dernière, un jeune du village des At Dwala a été passé à tabac par des éléments de la police parce qu’il a été surpris à ne pas jeûner. Cette année, c’est la gendarmerie qui a fait irruption dans une cafétéria à Tigzirt pour retirer le registre de commerce et intimider les non-jeûneurs qui s’y trouvaient.
À Bgayet (Béjaia), les abords des routes sont envahis par d'immenses panneaux publicitaires détournés à des fins de prosélytisme. C’en est trop. La Kabylie ne peut pas supporter que l’on attente ainsi à sa liberté.
« Le 3 août dernier, à Tizi-Ouzou, plus de 500 Kabyles ont mangé et bu en public en plein ramadan pour marquer leur liberté de choix. Parmi eux, certains comme Bouaziz Aït-Chebib avaient des revendications politiques et culturelles fortes : dénoncer l'"islamisation" de leur pays et les intimidations et la répression dont seraient victimes les non-jeûneurs en Kabylie.», C'est ainsi qu'est présentée la tribune accordée à Bouaziz Ait-Chebib, président du MAK, qui a participé à l'acte de résistance citoyenne, el 03 août en Kabylie. Ci après l'intégralité de la tribune publiée, ce jour, dans le plus du Nouvel Observateur.
La Kabylie n’a pas fait dans la provocation en décidant d’organiser un déjeuner public en plein ramadan. Elle n’a fait que réaffirmer sa véritable identité et défendre ses valeurs ancestrales de tolérance et de liberté.
Une atteinte à notre liberté
Cela fait dix ans que la police est chargée en Kabylie de réprimer le "délit religieux". C’est insupportable pour la Kabylie. L’État algérien a instauré un climat d’inquisition islamiste au point que des policiers, et dernièrement des gendarmes, ont à maintes reprises procédé à l’arrestation de personnes qui mangeaient pourtant dans des maisons fermées et à l’abri de tout regard.
Chaque mois de ramadan, la Kabylie a droit à des répressions, à des intimidations et à des procès infâmes contre les non-jeûneurs. En 2010, pas moins de 22 non-jeuneurs ont été traînés en justice. Ils seraient encore en prison si les citoyens kabyles, jeûneurs et non-jeûneurs, n’avaient pas massivement investi ces tribunaux, excédés par cette inquisition.
L’année dernière, un jeune du village des At Dwala a été passé à tabac par des éléments de la police parce qu’il a été surpris à ne pas jeûner. Cette année, c’est la gendarmerie qui a fait irruption dans une cafétéria à Tigzirt pour retirer le registre de commerce et intimider les non-jeûneurs qui s’y trouvaient.
À Bgayet (Béjaia), les abords des routes sont envahis par d'immenses panneaux publicitaires détournés à des fins de prosélytisme. C’en est trop. La Kabylie ne peut pas supporter que l’on attente ainsi à sa liberté.
Le régime algérien mise tout sur sa dernière carte : l’islamisme, la manipulation de la religion avec, notamment, le déploiement en masse dans les mosquées de Kabylie d’imams islamistes pour remplacer les imams traditionnels kabyles. Ici, à Aokas, le 3 août (PH/DR)
La Kabylie n’a pas de problème avec l’islam
Les courants salafistes qui gangrènent toutes les sphères du régime algérien parlent de "provocation". C’est tout de même un comble.
La provocation suppose une nature belliqueuse, que la Kabylie n’a pas. La Kabylie ne tient pas non plus à se faire des ennemis. Elle n’aspire qu’à vivre en paix avec son voisinage humain immédiat, y compris avec tous ceux qui la prennent pour une ennemie et qui lui dénient le droit de vivre avec ses spécificités. Elle n’est l’adversaire d’aucune religion, à commencer par l’islam, qui est majoritaire chez elle.
C’est, entre autres prétextes, ce traitement respectueux et égalitaire vis-à-vis de toutes les religions que n’hésitent pas à lui reprocher tous ceux qui ne cherchent réellement que sa mort identitaire. Non seulement leurs sentiments négatifs, envers elle, ne datent pas d’aujourd’hui, mais en plus ils n’ont pas pour origine véritable des motifs religieux.
La Kabylie n’a pas de problème avec l’islam. Elle a un problème avec l’islamisme et avec l’État algérien, qui instrumentalise la religion à des fins d’aliénation de la population.
L’opposition systématique à tout ce qui est kabyle est basée, chez tous ceux qui se considèrent comme ses ennemis, sur une seule contre-valeur : la haine ! Ou plutôt, lâchons le mot, le racisme anti-kabyle.
Les courants salafistes qui gangrènent toutes les sphères du régime algérien parlent de "provocation". C’est tout de même un comble.
La provocation suppose une nature belliqueuse, que la Kabylie n’a pas. La Kabylie ne tient pas non plus à se faire des ennemis. Elle n’aspire qu’à vivre en paix avec son voisinage humain immédiat, y compris avec tous ceux qui la prennent pour une ennemie et qui lui dénient le droit de vivre avec ses spécificités. Elle n’est l’adversaire d’aucune religion, à commencer par l’islam, qui est majoritaire chez elle.
C’est, entre autres prétextes, ce traitement respectueux et égalitaire vis-à-vis de toutes les religions que n’hésitent pas à lui reprocher tous ceux qui ne cherchent réellement que sa mort identitaire. Non seulement leurs sentiments négatifs, envers elle, ne datent pas d’aujourd’hui, mais en plus ils n’ont pas pour origine véritable des motifs religieux.
La Kabylie n’a pas de problème avec l’islam. Elle a un problème avec l’islamisme et avec l’État algérien, qui instrumentalise la religion à des fins d’aliénation de la population.
L’opposition systématique à tout ce qui est kabyle est basée, chez tous ceux qui se considèrent comme ses ennemis, sur une seule contre-valeur : la haine ! Ou plutôt, lâchons le mot, le racisme anti-kabyle.
Le racisme dont souffrent la Kabylie et les Kabyles, en Algérie, est d’abord institutionnel et officiel. À chaque contestation du pouvoir par la Kabylie, celui-là a accusé celle-ci d’être à la solde de la France, du Maroc, d’Israël et des USA. ici, Bouaziz Ait-Chebib, face aux forces policières venues réprimes la manifestation pacifique de Yennayer 2013 à Tizi-Ouzou (Photo/Tamurt)
Un racisme anti-Kabylie
Le régime algérien, contesté les armes à la main dès 1963 en Kabylie, n’a jamais raté une occasion de stigmatiser celle-ci en retour. Elle n’a jamais cessé d’être désignée comme "l’ennemi interne" ou comme "la" menace sur l’unité de l’Algérie.
Le racisme dont souffrent la Kabylie et les Kabyles, en Algérie, est d’abord institutionnel et officiel. À chaque contestation du pouvoir par la Kabylie, celui-là a accusé celle-ci d’être à la solde de la France, du Maroc, d’Israël et des USA.
À force de diaboliser collectivement les Kabyles, le racisme dont ils sont victimes s’est petit à petit développé, renforcé et popularisé un peu partout où l’islamisme et l’arabisme sont devenus prégnants dans la société. L’indifférence générale dans laquelle se sont déroulés les tragiques événements de 2001, lors du Printemps noir de Kabylie, est très significative de l’ampleur des dégâts.
Sommée par le pouvoir algérien de s’arabiser ou d’être écartée des retombées faramineuses de la rente pétrolière du pays, la Kabylie n’a jamais renoncé à rester elle-même, quitte à en payer le prix le plus fort. En 2001, ce sont près de 150 Kabyles qui ont été froidement abattus par des gendarmes qui tiraient à balles explosives, et genoux à terre, sur des manifestants pacifiques.
Depuis l’indépendance confisquée, le régime algérien met tout en œuvre pour soumettre la Kabylie et la dépersonnaliser : stigmatisation, répression, arabisation, chantage économique, corruption, terrorisme, kidnappings, banditisme, assassinat individuel, massacre collectif. Rien n’a été épargné à la Kabylie.
Le régime algérien va de provocation en provocation
Malgré tout cela, la Kabylie résiste. Alors, le régime mise tout sur sa dernière carte : l’islamisme, la manipulation de la religion avec, notamment, le déploiement en masse dans les mosquées de Kabylie d’imams islamistes pour remplacer les imams traditionnels kabyles.
Cette année, il s’est même trouvé des imams "officiels", implantés dans la région de Fréha, pour refuser d’enterrer les morts parce que les rites funéraires kabyles ne sont pas conformes à leur conception de l’islam. Un bras de fer s’est engagé entre ces imams zélés et la population a fini par imposer leur départ.
En Kabylie, le régime algérien va de provocation en provocation. La goutte qui a fait déborder le vase cette année a été l’arrestation de trop, celle d’un patron de restaurant par les gendarmes de la région alors que les terroristes sillonnent quasi librement les routes de Kabylie et que le banditisme prospère à vue d’œil. Or, le seul crime de ce patron a été d’ouvrir durant la journée son établissement à d’éventuels clients.
La population de la localité de Tigzirt a réuni son comité de village et a unanimement décidé de faire le siège de la Brigade de la gendarmerie locale jusqu’à la libération de la personne arrêtée. C’est à ce moment-là que l’idée d’un casse-croûte public et en plein jour de ramadan a jailli et fut vite mise en application.
Une politique d'inquisition
Malgré le climat d’insécurité savamment entretenu en Kabylie par un terrorisme qui n’en finit pas d’être "résiduel", malgré la politique d’inquisition pratiquée par l’État, l’événement a suscité un engouement parmi la population, qui a vu en cette initiative une bouffée d’oxygène, un sursaut de courage et de dignité face à un sentiment d’abdication, en particulier dans la classe politique démocratique et laïque, prise au jeu des alliances de circonstance avec des partenaires avec lesquels elle est tenue de maintenir des positions "idéologiquement correctes", en particulier sur la question religieuse.
C'est précisément l’absence de visées électorales, l’absence de quêtes de partage de pouvoir avec un régime qui assassine la Kabylie qui nous a permis de réaliser cet acte de lucidité et de courage politique dans un environnement politique algérien particulièrement hostile.
Tous les "dépositaires de la religion", en allant du ministre des Affaires religieuses aux partis islamistes tels que le MSP, le Haut conseil islamique et, bien entendu, tous les groupuscules islamistes et/ou salafistes, ont condamné cet acte de salut public pour la société kabyle comme un acte "blasphématoire" et un torrent de haine, et pour certains de menaces de mort, s’est déversé sur les non-jeûneurs kabyles.
Une vague de haine qui était du reste prévisible et à laquelle on s'attendait mais il fallait réagir et reprendre l'initiative sur ces questions essentielles qui engagent gravement l'avenir de la Kabylie telle qu'elle a toujours été. La riposte n'a pas tardé.
Le régime algérien, contesté les armes à la main dès 1963 en Kabylie, n’a jamais raté une occasion de stigmatiser celle-ci en retour. Elle n’a jamais cessé d’être désignée comme "l’ennemi interne" ou comme "la" menace sur l’unité de l’Algérie.
Le racisme dont souffrent la Kabylie et les Kabyles, en Algérie, est d’abord institutionnel et officiel. À chaque contestation du pouvoir par la Kabylie, celui-là a accusé celle-ci d’être à la solde de la France, du Maroc, d’Israël et des USA.
À force de diaboliser collectivement les Kabyles, le racisme dont ils sont victimes s’est petit à petit développé, renforcé et popularisé un peu partout où l’islamisme et l’arabisme sont devenus prégnants dans la société. L’indifférence générale dans laquelle se sont déroulés les tragiques événements de 2001, lors du Printemps noir de Kabylie, est très significative de l’ampleur des dégâts.
Sommée par le pouvoir algérien de s’arabiser ou d’être écartée des retombées faramineuses de la rente pétrolière du pays, la Kabylie n’a jamais renoncé à rester elle-même, quitte à en payer le prix le plus fort. En 2001, ce sont près de 150 Kabyles qui ont été froidement abattus par des gendarmes qui tiraient à balles explosives, et genoux à terre, sur des manifestants pacifiques.
Depuis l’indépendance confisquée, le régime algérien met tout en œuvre pour soumettre la Kabylie et la dépersonnaliser : stigmatisation, répression, arabisation, chantage économique, corruption, terrorisme, kidnappings, banditisme, assassinat individuel, massacre collectif. Rien n’a été épargné à la Kabylie.
Le régime algérien va de provocation en provocation
Malgré tout cela, la Kabylie résiste. Alors, le régime mise tout sur sa dernière carte : l’islamisme, la manipulation de la religion avec, notamment, le déploiement en masse dans les mosquées de Kabylie d’imams islamistes pour remplacer les imams traditionnels kabyles.
Cette année, il s’est même trouvé des imams "officiels", implantés dans la région de Fréha, pour refuser d’enterrer les morts parce que les rites funéraires kabyles ne sont pas conformes à leur conception de l’islam. Un bras de fer s’est engagé entre ces imams zélés et la population a fini par imposer leur départ.
En Kabylie, le régime algérien va de provocation en provocation. La goutte qui a fait déborder le vase cette année a été l’arrestation de trop, celle d’un patron de restaurant par les gendarmes de la région alors que les terroristes sillonnent quasi librement les routes de Kabylie et que le banditisme prospère à vue d’œil. Or, le seul crime de ce patron a été d’ouvrir durant la journée son établissement à d’éventuels clients.
La population de la localité de Tigzirt a réuni son comité de village et a unanimement décidé de faire le siège de la Brigade de la gendarmerie locale jusqu’à la libération de la personne arrêtée. C’est à ce moment-là que l’idée d’un casse-croûte public et en plein jour de ramadan a jailli et fut vite mise en application.
Une politique d'inquisition
Malgré le climat d’insécurité savamment entretenu en Kabylie par un terrorisme qui n’en finit pas d’être "résiduel", malgré la politique d’inquisition pratiquée par l’État, l’événement a suscité un engouement parmi la population, qui a vu en cette initiative une bouffée d’oxygène, un sursaut de courage et de dignité face à un sentiment d’abdication, en particulier dans la classe politique démocratique et laïque, prise au jeu des alliances de circonstance avec des partenaires avec lesquels elle est tenue de maintenir des positions "idéologiquement correctes", en particulier sur la question religieuse.
C'est précisément l’absence de visées électorales, l’absence de quêtes de partage de pouvoir avec un régime qui assassine la Kabylie qui nous a permis de réaliser cet acte de lucidité et de courage politique dans un environnement politique algérien particulièrement hostile.
Tous les "dépositaires de la religion", en allant du ministre des Affaires religieuses aux partis islamistes tels que le MSP, le Haut conseil islamique et, bien entendu, tous les groupuscules islamistes et/ou salafistes, ont condamné cet acte de salut public pour la société kabyle comme un acte "blasphématoire" et un torrent de haine, et pour certains de menaces de mort, s’est déversé sur les non-jeûneurs kabyles.
Une vague de haine qui était du reste prévisible et à laquelle on s'attendait mais il fallait réagir et reprendre l'initiative sur ces questions essentielles qui engagent gravement l'avenir de la Kabylie telle qu'elle a toujours été. La riposte n'a pas tardé.
En Kabylie, le régime algérien va de provocation en provocation. La goutte qui a fait déborder le vase cette année a été l’arrestation de trop, celle d’un patron de restaurant par les gendarmes de la région alors que les terroristes sillonnent quasi librement les routes de Kabylie et que le banditisme prospère à vue d’œil. (PH/DR)
Un sentiment de fierté
C’est Ali Belhadj, leader politique des islamistes algériens, co-fondateur du FIS, à l’origine des 10 années de terrorisme sanglant et de plus de 200.000 victimes, dont un des fils est d’ailleurs un émir terroriste envoyé en Kabylie, qui a appelé pour le 5 août à une manifestation protestant contre l’acte de tolérance et de liberté du 3 août.
Il faut rendre grâce au collectif des imams non salafistes de Tizi-Ouzou, qui, eux, ont appelé les croyants à ne pas répondre à l’appel des intégristes ; et il faut également souligner que le directeur des affaires religieuses de Tizi-Ouzou a personnellement participé au rassemblement de protestations des islamistes.
Ces deux points sont clairement significatifs et déterminent avec précision dans quels rangs se trouvent les artisans de l’obscurantisme islamiste.
Aujourd’hui, le sentiment de fierté exprimé par la Kabylie, qui, le 3 août, a vu ses enfants braver le pouvoir algérien et ses lois islamistes en brisant l’interdit de manger publiquement en plein jour de ramadan, est semblable à celui éprouvé lorsque le gouvernement provisoire kabyle s’est rendu en Israël en mai 2012. Il constitue un nouveau jalon dans l’avancée inexorable de la Kabylie à la maîtrise de son destin.
De la crise berbériste en 1949 en passant par la guerre en 1963, le printemps berbère en 1980, le boycott scolaire en 1994, le Printemps noir en 2001, la lutte pour l'autonomie de la Kabylie, le gouvernement provisoire kabyle en 2010, la Kabylie a mené bien des combats pour sa liberté, sa dignité et sa propre existence en accord avec sa langue, sa culture et son identité. Elle ne saurait aujourd'hui se soumettre au diktat de l'inquisition islamiste.
C’est Ali Belhadj, leader politique des islamistes algériens, co-fondateur du FIS, à l’origine des 10 années de terrorisme sanglant et de plus de 200.000 victimes, dont un des fils est d’ailleurs un émir terroriste envoyé en Kabylie, qui a appelé pour le 5 août à une manifestation protestant contre l’acte de tolérance et de liberté du 3 août.
Il faut rendre grâce au collectif des imams non salafistes de Tizi-Ouzou, qui, eux, ont appelé les croyants à ne pas répondre à l’appel des intégristes ; et il faut également souligner que le directeur des affaires religieuses de Tizi-Ouzou a personnellement participé au rassemblement de protestations des islamistes.
Ces deux points sont clairement significatifs et déterminent avec précision dans quels rangs se trouvent les artisans de l’obscurantisme islamiste.
Aujourd’hui, le sentiment de fierté exprimé par la Kabylie, qui, le 3 août, a vu ses enfants braver le pouvoir algérien et ses lois islamistes en brisant l’interdit de manger publiquement en plein jour de ramadan, est semblable à celui éprouvé lorsque le gouvernement provisoire kabyle s’est rendu en Israël en mai 2012. Il constitue un nouveau jalon dans l’avancée inexorable de la Kabylie à la maîtrise de son destin.
De la crise berbériste en 1949 en passant par la guerre en 1963, le printemps berbère en 1980, le boycott scolaire en 1994, le Printemps noir en 2001, la lutte pour l'autonomie de la Kabylie, le gouvernement provisoire kabyle en 2010, la Kabylie a mené bien des combats pour sa liberté, sa dignité et sa propre existence en accord avec sa langue, sa culture et son identité. Elle ne saurait aujourd'hui se soumettre au diktat de l'inquisition islamiste.
La Kabylie relève le défi d’exister en tant que nation envers et contre tous ceux qui tentent depuis des décennies de la "suicider" ou la noyer dans l’arabo-islamisme qui lui est hostile et étranger. Ici à Aokas (Vgayet )où une marche a été improvisée après le déjeuner public (PH/DR)
Se réapproprier pacifiquement notre destin
La Kabylie relève le défi d’exister en tant que nation envers et contre tous ceux qui tentent depuis des décennies de la dominer.
Elle accomplit les actes par lesquels elle se réapproprie pacifiquement, doucement mais surement, la maîtrise de son destin qui lui a été confisquée d’abord par la colonisation française de 1857 à 1962, puis par le pouvoir algérien, dont elle subit la violence et la répression depuis 51 ans mais qu’elle refuse toujours de reconnaître comme étant le sien.
La Kabylie relève le défi d’exister en tant que nation envers et contre tous ceux qui tentent depuis des décennies de la "suicider" ou la noyer dans l’arabo-islamisme qui lui est hostile et étranger.
En agissant comme elle vient de le faire le 3 août, elle ne fait qu’affirmer, à la face de l’Algérie et de la communauté internationale, au moins deux de ses vérités.
1. La première est celle de la forte singularité de son identité, de sa langue et de sa culture kabyles, sa spécificité cultuelle dont sa laïcité, ses valeurs de liberté, de démocratie et de respects des droits de l’homme chez son peuple qui n’a jamais voilé ses femmes.
De ce fait, elle reste indissoluble dans tout État qui ne soit pas le sien, de surcroît lorsque celui-ci est aux antipodes de tout ce qui fait sa réalité. Et il n’y a aucune raison de croire que l’avènement, par ailleurs fort improbable, d’un État démocratique en Algérie puisse y changer quoi que ce soit.
2. La deuxième, qui découle de la première, est qu’en vertu de l’unité de son territoire, de sa langue, de la particularité de son histoire, de l’importance numérique de son peuple (plus de 10 millions de personnes) elle aspire à exister en tant qu’État dans le concert des nations.
Sans violence, elle revendique l’exercice de son droit à son autodétermination c’est le peuple kabyle qui choisira lui-même son mode de gouvernance et non pas un régime qui met tout en œuvre pour anéantir son existence en détruisant, un a un, tous les éléments qui fondent son identité.
Source Nouvel Observateur
Siwel 082126 AOUT 13
Article depuis source sur le Nouvel Observateur
La Kabylie relève le défi d’exister en tant que nation envers et contre tous ceux qui tentent depuis des décennies de la dominer.
Elle accomplit les actes par lesquels elle se réapproprie pacifiquement, doucement mais surement, la maîtrise de son destin qui lui a été confisquée d’abord par la colonisation française de 1857 à 1962, puis par le pouvoir algérien, dont elle subit la violence et la répression depuis 51 ans mais qu’elle refuse toujours de reconnaître comme étant le sien.
La Kabylie relève le défi d’exister en tant que nation envers et contre tous ceux qui tentent depuis des décennies de la "suicider" ou la noyer dans l’arabo-islamisme qui lui est hostile et étranger.
En agissant comme elle vient de le faire le 3 août, elle ne fait qu’affirmer, à la face de l’Algérie et de la communauté internationale, au moins deux de ses vérités.
1. La première est celle de la forte singularité de son identité, de sa langue et de sa culture kabyles, sa spécificité cultuelle dont sa laïcité, ses valeurs de liberté, de démocratie et de respects des droits de l’homme chez son peuple qui n’a jamais voilé ses femmes.
De ce fait, elle reste indissoluble dans tout État qui ne soit pas le sien, de surcroît lorsque celui-ci est aux antipodes de tout ce qui fait sa réalité. Et il n’y a aucune raison de croire que l’avènement, par ailleurs fort improbable, d’un État démocratique en Algérie puisse y changer quoi que ce soit.
2. La deuxième, qui découle de la première, est qu’en vertu de l’unité de son territoire, de sa langue, de la particularité de son histoire, de l’importance numérique de son peuple (plus de 10 millions de personnes) elle aspire à exister en tant qu’État dans le concert des nations.
Sans violence, elle revendique l’exercice de son droit à son autodétermination c’est le peuple kabyle qui choisira lui-même son mode de gouvernance et non pas un régime qui met tout en œuvre pour anéantir son existence en détruisant, un a un, tous les éléments qui fondent son identité.
Source Nouvel Observateur
Siwel 082126 AOUT 13
Article depuis source sur le Nouvel Observateur