Dda Ramdane Aissani lors d'une conférence avec le Dr. Youcef Allioui à Montréal en 2012 (PH/DR)
Aujourd’hui je viens de recevoir la mauvaise nouvelle du décès d'un ami intime et de longue date, soit depuis que j'ai mis les pieds au Canada au milieu des années 90s. Il s'agit de Ramdane Aissani (64 ans environ) qui faisait parti de ces orphelins Kabyles, fils de héros de la guerre de libération contre les français, et que la misère a marqué mais aussi façonné.
A l’indépendance, il était major de promotion du fameux lycée technique de Dellys qui lui a valu une bourse d’études aux USA, couronné d’un diplôme de génie électrique de l’université de Boston à Massachusetts après une année passée à l’université de Syracuse, état de New York.
A mes débuts dans le pays d’érable, moi et le regretté, fils de Tizi Lhed à Bounouh (Boghni), avons travaillé dans une même compagnie de télécommunications, Nortel Networks ou nous avons travaillé comme ingénieurs dans la région de la capitale nationale.
Il reste que les moments les plus importants que nous avons vécu ensemble restent le militantisme pour notre cause que nous portons au point culminant de nos priorités; à savoir la Kabylité et l’Amazighité.
D'abord les événements du printemps noir 2001, où nous avons été de tous les rendez vous: Marche devant la maison blanche à Washington DC, Rassemblement devant le siège de l'ONU à New York, Toutes les marches devant l'ambassade d’Algérie à Ottawa, parlement canadien et consulat à Montréal pour dénoncer la répression et l'assassinat des 126 jeunes kabyles (2001-2004).
Le regretté Ramdane Aissani, que mes enfants adorent et appellent le Sean Connery Kabyle tellement la ressemblance est frappante avec l'acteur américano-écossais qui a campé le rôle de James Bond, était de tous les rendez vous culturels qu'ont organisé toutes les organisations culturelles amazighs existantes au Canada depuis l'association Tafsut Imazighens dans les années 70 avec son fondateur Amar Ouerdane entre autres, et l'association Averoes jusqu'aux plus récentes dont la fondation Tiregwa, l'association ACAOH, le CAM, INAS...
En 2000, nous nous sommes donnés corps et âme pour le téléthon BRTV. Je me rappelle qu'on a fait presque tous les commerçants Kabyles de Montréal pour ramasser de l'argent pour aider à sauver Berbère TV. On voyait en elle le début de la solution à notre drame identitaire.
Ramdane Aissani était un rassembleur, un spirituel au look angélique. Il avait la Kabylité et l'Amazighité dans ses tripes. On passait parfois chez lui, parfois chez moi, d’autres fois des heures et des heures au téléphone à discuter du comment contribuer pour sortir notre terre Kabylie/Tamazgha de la catastrophe dans laquelle elle se trouve.
Il avait reçu chez lui plusieurs personnalités artistiques, scientifiques et politiques, parmi nos invités, dont Ali Amran, Makilam, … et Ferhat Mehenni. Envers ce dernier il voue un profond respect et dont l’idée d’autodétermination l’emballait au point d’assister au récent pré-congrès du MAK en Amérique, fin novembre 2015. C’était sa dernière apparition publique avant de tomber gravement malade.
Un mois avant il tenait aussi à recevoir le chanteur mythique Assam Mouloud chez lui. Sa maladie ne lui a pas permis, mais il a tenu à se déplacer pour son spectacle le 31 octobre 2015. Il m’a dit ce jour là : Merci Rachid d’avoir rendu un de mes rêves possibles, celui de faire revenir le mythe Assam Mouloud sur scène.
Ramdane Aissani était très généreux, toujours présent quand il le faut. A mes débuts d’animateur journalistique à Berbère TV, avec l’amission Akkin i Latlantique (2005-2007), il me proposait souvent sa maison pour abriter quelques numéros dont la fameuse rencontre avec Sœurs Madeleine et Cécile, aujourd’hui décédées. Ces deux québécoises qui parlaient parfaitement le Kabyle puisqu’elles étaient à Bounouh dans les années 40/50.
L’émission a fait énormément de succès partout en Kabylie, en France, en Europe et en Amérique. Elle a été rediffusée à plusieurs reprises. C’était émouvant! Aussi un moment de bonheur pour Ramdane Aissani puisqu’il se rappelait bien de ces deux sœurs tout petit qu’il était durant la guerre de libération. Il était ce jour avec sa sœur aînée Nna Madouda qui était venue lui rendre visite au Canada. Elle avait participé à l’émission ce jour là.
Mon plus grand souhait est que Berbère TV fouille dans ses archives pour retransmettre telle émission et voir comment Nna Madouda conversaient avec Sœurs Madeleine et Cécile en Taqbaylit.
Toutes mes condoléances à sa femme et ses beaux enfants Idir, Ouiza et Massil. Quels beaux prénoms Kabyles! Tout un message!
Adieu mon ami Ramdane. Reposes en paix. Rendez vous dans l’au delà ou, s’il existe, je vais certainement te retrouver, quand mon heure sonnera, aux côtés de Ouali Bennai, Mouloud Mammeri, Lounes Matoub, Sifaw Said Mahroug, Ali Azaykou, et tous les militants spirituels Kabyles/Amazighs justes et sincères comme tu l’as toujours été.
Plus de détails suivront pour ce qui est du lieu et de la date du recueillement.
Une boite de dons est placé au café de Tikjda, sis. 3880, Rue Bélanger Est, pour ceux qui veulent aider sa famille à la préparation des funérailles qui auront lieu à Montréal. Sinon vous pouvez me contacter personnellement par facebook.
NB :
Je vous laisse avec ces quelques moments ou le regretté Ramdane Aissani posait une question au Chercheur Dr. Youcef Allioui (auquel il voue un grand respect), invité de la fondation Tiregwa en été 2012. Voir à partir de la minute 3min30.
https://www.youtube.com/watch?v=Vt7UG9_04NY
Racid At Ali uQasi
Ottawa, 13 mars 2016
SIWEL 132346 FEV 16
A l’indépendance, il était major de promotion du fameux lycée technique de Dellys qui lui a valu une bourse d’études aux USA, couronné d’un diplôme de génie électrique de l’université de Boston à Massachusetts après une année passée à l’université de Syracuse, état de New York.
A mes débuts dans le pays d’érable, moi et le regretté, fils de Tizi Lhed à Bounouh (Boghni), avons travaillé dans une même compagnie de télécommunications, Nortel Networks ou nous avons travaillé comme ingénieurs dans la région de la capitale nationale.
Il reste que les moments les plus importants que nous avons vécu ensemble restent le militantisme pour notre cause que nous portons au point culminant de nos priorités; à savoir la Kabylité et l’Amazighité.
D'abord les événements du printemps noir 2001, où nous avons été de tous les rendez vous: Marche devant la maison blanche à Washington DC, Rassemblement devant le siège de l'ONU à New York, Toutes les marches devant l'ambassade d’Algérie à Ottawa, parlement canadien et consulat à Montréal pour dénoncer la répression et l'assassinat des 126 jeunes kabyles (2001-2004).
Le regretté Ramdane Aissani, que mes enfants adorent et appellent le Sean Connery Kabyle tellement la ressemblance est frappante avec l'acteur américano-écossais qui a campé le rôle de James Bond, était de tous les rendez vous culturels qu'ont organisé toutes les organisations culturelles amazighs existantes au Canada depuis l'association Tafsut Imazighens dans les années 70 avec son fondateur Amar Ouerdane entre autres, et l'association Averoes jusqu'aux plus récentes dont la fondation Tiregwa, l'association ACAOH, le CAM, INAS...
En 2000, nous nous sommes donnés corps et âme pour le téléthon BRTV. Je me rappelle qu'on a fait presque tous les commerçants Kabyles de Montréal pour ramasser de l'argent pour aider à sauver Berbère TV. On voyait en elle le début de la solution à notre drame identitaire.
Ramdane Aissani était un rassembleur, un spirituel au look angélique. Il avait la Kabylité et l'Amazighité dans ses tripes. On passait parfois chez lui, parfois chez moi, d’autres fois des heures et des heures au téléphone à discuter du comment contribuer pour sortir notre terre Kabylie/Tamazgha de la catastrophe dans laquelle elle se trouve.
Il avait reçu chez lui plusieurs personnalités artistiques, scientifiques et politiques, parmi nos invités, dont Ali Amran, Makilam, … et Ferhat Mehenni. Envers ce dernier il voue un profond respect et dont l’idée d’autodétermination l’emballait au point d’assister au récent pré-congrès du MAK en Amérique, fin novembre 2015. C’était sa dernière apparition publique avant de tomber gravement malade.
Un mois avant il tenait aussi à recevoir le chanteur mythique Assam Mouloud chez lui. Sa maladie ne lui a pas permis, mais il a tenu à se déplacer pour son spectacle le 31 octobre 2015. Il m’a dit ce jour là : Merci Rachid d’avoir rendu un de mes rêves possibles, celui de faire revenir le mythe Assam Mouloud sur scène.
Ramdane Aissani était très généreux, toujours présent quand il le faut. A mes débuts d’animateur journalistique à Berbère TV, avec l’amission Akkin i Latlantique (2005-2007), il me proposait souvent sa maison pour abriter quelques numéros dont la fameuse rencontre avec Sœurs Madeleine et Cécile, aujourd’hui décédées. Ces deux québécoises qui parlaient parfaitement le Kabyle puisqu’elles étaient à Bounouh dans les années 40/50.
L’émission a fait énormément de succès partout en Kabylie, en France, en Europe et en Amérique. Elle a été rediffusée à plusieurs reprises. C’était émouvant! Aussi un moment de bonheur pour Ramdane Aissani puisqu’il se rappelait bien de ces deux sœurs tout petit qu’il était durant la guerre de libération. Il était ce jour avec sa sœur aînée Nna Madouda qui était venue lui rendre visite au Canada. Elle avait participé à l’émission ce jour là.
Mon plus grand souhait est que Berbère TV fouille dans ses archives pour retransmettre telle émission et voir comment Nna Madouda conversaient avec Sœurs Madeleine et Cécile en Taqbaylit.
Toutes mes condoléances à sa femme et ses beaux enfants Idir, Ouiza et Massil. Quels beaux prénoms Kabyles! Tout un message!
Adieu mon ami Ramdane. Reposes en paix. Rendez vous dans l’au delà ou, s’il existe, je vais certainement te retrouver, quand mon heure sonnera, aux côtés de Ouali Bennai, Mouloud Mammeri, Lounes Matoub, Sifaw Said Mahroug, Ali Azaykou, et tous les militants spirituels Kabyles/Amazighs justes et sincères comme tu l’as toujours été.
Plus de détails suivront pour ce qui est du lieu et de la date du recueillement.
Une boite de dons est placé au café de Tikjda, sis. 3880, Rue Bélanger Est, pour ceux qui veulent aider sa famille à la préparation des funérailles qui auront lieu à Montréal. Sinon vous pouvez me contacter personnellement par facebook.
NB :
Je vous laisse avec ces quelques moments ou le regretté Ramdane Aissani posait une question au Chercheur Dr. Youcef Allioui (auquel il voue un grand respect), invité de la fondation Tiregwa en été 2012. Voir à partir de la minute 3min30.
https://www.youtube.com/watch?v=Vt7UG9_04NY
Racid At Ali uQasi
Ottawa, 13 mars 2016
SIWEL 132346 FEV 16