Commémoration
« Lettre posthume à Matoub »
Par : Moha MOUKHLIS
Dans quelques jours, nous commémorerons ton départ pour honorer ta mémoire et t’exprimer notre engagement indéfectible et notre fidélité à tes idées, tes rêves et tes utopies. Nous continuons la résistance. Notre jeunesse a repris le flambeau. Déterminée. Inébranlable. Tu lui sers de repère et tu continues d’éclairer le chemin qui mène vers sa liberté et sa libération. Ton sacrifice force notre respect et notre estime.
Tu es mort physiquement parlant, mais ta pensée nous désaltère et embaume notre exile forcé sur notre propre terre. La Faucheuse, en uniforme ou en Qamis, a eu raison de ton corps. Elle a frappé dans un virage, celui qui mène vers ton village à Tizi. Elle fut violente. Elle est l’œuvre de créatures démoniques, de vampires qui poussent des cris lugubres de joie et font de l’horreur une jubilation.
Tu as payé le prix d’un combat juste, le nôtre. Tu as refusé de vivre sous une identité d’emprunt en portant le masque de la veulerie. Tu as préféré mourir pour tes idées. Contre un pouvoir omnipotent et une idéologie délétère et aveugle. Tu as dénoncé avec force la mise à l’écart de notre langue et de notre culture et tu as œuvré pour la réhabilitation de ce que nous sommes, de nos valeurs millénaires amazighes. Tes chansons et tes mots nous ont arrachés de l’aliénation qui nous baigne. Ils nous ont poussés à reconsidérer lucidement notre situation et nous exhortent à la résistance permanente.
Tu as tourné en ridicule les gardiens du temple, les « videurs » d’un système obsolète, producteur de frustrations, un système militaro-religieux qui a érigé la bêtise et l’incompétence en normes et mode de vie. Ils ne t’ont pas pardonné, les vigiles. Ils t’ont éliminé car ta générosité, ta lucidité et ton attachement à l’amazighité leur sont insupportables. Ils ont tué l’homme sans défense mais n’ont pas pu atteindre l’artiste rebelle. Les lâches assassins.
Tu étais sans pitié pour l’Inquisition, contre les illuminés et les faux dévots qui s’érigent en Dieux pour juger les hommes, se croyant munis d’une mission divine. Délégués pour statuer sur le Bien et le Mal, autorisés à perpétrer des carnages, sodomiser les enfants, violer les filles, éventrer les femmes, décapiter les hommes, faire sauter les ponts et les avions, égorger les « mécréants », faire de la haine et de la violence des idéaux. De l’innommable.
Tu n’as pas appartenu à aucune église. Ton église est l’amazighité. Ta raison d’être la liberté d’expression et de conscience. Tu as vécu serein. Tu étais conscient du péril de la pensée monolithique qui nous a asservis, qui a bradé notre honneur et notre culture. Tu as dit non à l’amnésie officialisée, à la propagande idéologique qui a voulu nous enterrer vivants. Tu as illuminé notre ciel ombragé, tel une étoile filante qui a tracé notre trajectoire et notre inscription dans « le monde qui avance ».
Nous n’abdiquerons pas Lounès. Nous continuerons la lutte contre la pègre intégriste qui a défiguré notre contrée. Contre les pouvoirs totalitaires qui ont pris en otage notre patrie. Les eunuques qui nous gouvernent. Les traitres qui ont vendu leurs âmes au diable. Nous ne plierons pas. Nous vivrons debout. Nous nous inscrivons dans le sens de l’Histoire qui avance. Notre espoir est immense et ton sacrifice n’est pas vain.
Moha MOUKHLIS
SIWEL 131228 JUIN 14
« Lettre posthume à Matoub »
Par : Moha MOUKHLIS
Dans quelques jours, nous commémorerons ton départ pour honorer ta mémoire et t’exprimer notre engagement indéfectible et notre fidélité à tes idées, tes rêves et tes utopies. Nous continuons la résistance. Notre jeunesse a repris le flambeau. Déterminée. Inébranlable. Tu lui sers de repère et tu continues d’éclairer le chemin qui mène vers sa liberté et sa libération. Ton sacrifice force notre respect et notre estime.
Tu es mort physiquement parlant, mais ta pensée nous désaltère et embaume notre exile forcé sur notre propre terre. La Faucheuse, en uniforme ou en Qamis, a eu raison de ton corps. Elle a frappé dans un virage, celui qui mène vers ton village à Tizi. Elle fut violente. Elle est l’œuvre de créatures démoniques, de vampires qui poussent des cris lugubres de joie et font de l’horreur une jubilation.
Tu as payé le prix d’un combat juste, le nôtre. Tu as refusé de vivre sous une identité d’emprunt en portant le masque de la veulerie. Tu as préféré mourir pour tes idées. Contre un pouvoir omnipotent et une idéologie délétère et aveugle. Tu as dénoncé avec force la mise à l’écart de notre langue et de notre culture et tu as œuvré pour la réhabilitation de ce que nous sommes, de nos valeurs millénaires amazighes. Tes chansons et tes mots nous ont arrachés de l’aliénation qui nous baigne. Ils nous ont poussés à reconsidérer lucidement notre situation et nous exhortent à la résistance permanente.
Tu as tourné en ridicule les gardiens du temple, les « videurs » d’un système obsolète, producteur de frustrations, un système militaro-religieux qui a érigé la bêtise et l’incompétence en normes et mode de vie. Ils ne t’ont pas pardonné, les vigiles. Ils t’ont éliminé car ta générosité, ta lucidité et ton attachement à l’amazighité leur sont insupportables. Ils ont tué l’homme sans défense mais n’ont pas pu atteindre l’artiste rebelle. Les lâches assassins.
Tu étais sans pitié pour l’Inquisition, contre les illuminés et les faux dévots qui s’érigent en Dieux pour juger les hommes, se croyant munis d’une mission divine. Délégués pour statuer sur le Bien et le Mal, autorisés à perpétrer des carnages, sodomiser les enfants, violer les filles, éventrer les femmes, décapiter les hommes, faire sauter les ponts et les avions, égorger les « mécréants », faire de la haine et de la violence des idéaux. De l’innommable.
Tu n’as pas appartenu à aucune église. Ton église est l’amazighité. Ta raison d’être la liberté d’expression et de conscience. Tu as vécu serein. Tu étais conscient du péril de la pensée monolithique qui nous a asservis, qui a bradé notre honneur et notre culture. Tu as dit non à l’amnésie officialisée, à la propagande idéologique qui a voulu nous enterrer vivants. Tu as illuminé notre ciel ombragé, tel une étoile filante qui a tracé notre trajectoire et notre inscription dans « le monde qui avance ».
Nous n’abdiquerons pas Lounès. Nous continuerons la lutte contre la pègre intégriste qui a défiguré notre contrée. Contre les pouvoirs totalitaires qui ont pris en otage notre patrie. Les eunuques qui nous gouvernent. Les traitres qui ont vendu leurs âmes au diable. Nous ne plierons pas. Nous vivrons debout. Nous nous inscrivons dans le sens de l’Histoire qui avance. Notre espoir est immense et ton sacrifice n’est pas vain.
Moha MOUKHLIS
SIWEL 131228 JUIN 14