Toute langue naturelle parlée par les Hommes peut jouir du statut de langue officielle pour peu qu'il y ait une volonté politique. Dans le cadre algérien, le Tamazight a beau être la langue autochtone des habitants de l'Afrique du Nord, il n'en demeure pas moins vrai qu'il a toujours été relégué au second plan pour en faire un simple « dialecte », cette manière infâme de designer une langue.
Une langue est un dialecte avec une armée et une flotte dit un aphorisme popularisé par le linguiste yiddish Max Weinreich repris plus tard par Louis-Jean Calvet dans son fameux ouvrage "linguistique et colonialisme", pour montrer la différence arbitraire entre un dialecte et une langue. Le Tamazight a donc manqué de vigiles, voilà tout.
La France coloniale a bien entendu beaucoup à voir dans tout cela. La France connue pour son jacobinisme linguistique a inculqué aux gens cette fâcheuse mentalité qui exacerbe le statut dominant-dominé dans le rapport entre les langues qui coexistent dans une espace géographique donné. Si la colonisation française était pour une large part linguistique, la lutte de libération nationale l'a été tout autant, puisqu'on a opposé à la langue du « colon » la langue du « coran », une langue « cultivée » qu'on a cru, á tort ou à raison, à même de rivaliser avec le français.
L'indépendance acquise, s'ensuit une fuite en avant; Ben Bella criait sur les toits que nous étions arabes. Arabiser était vu comme coulant de source et nécessiterait des moyens colossaux pour mener plus loin cette politique d’envergure d’arabisation: l'arabe par-ci, l'arabe par-là, l’arabe partout. On faisait venir par cargaisons entières des pseudo- enseignants de tout le Moyen-Orient. Une descente aux enfers commença et toucha de plein fouet l’école dont les résultats catastrophiques firent réagir jusqu’à l’Unesco qui tira les oreilles au ministre de l’Education nationale sous la présidence de Boumediene et lui exigea de marquer une halte à ce processus d’arabisation plus revanchard que scientifique. Qu’à cela ne tienne la halte était de courte durée et la mort de Boumediene relança de nouveau le processus.
Pendant tout ce temps, il ne s'agissait pas seulement d'arabiser l'linguistiquement parlant, mais d'opérer l’arabisation des mentalités ; des séries télé Low Cost en provenance d’Egypte inondèrent la télévision algérienne. Parmi les enseignants recrutés au Moyen-Orient, nombre d’entre eux étaient des fauteurs de troubles dans leur pays car appartenant à la mouvance des frères musulmans et leur pays de tutelle ne demandaient qu’à s’en débarrasser. L'arabisation à la hussarde s'accompagna de l'islamisation galopante d'une société en mal de repères. Les événements sanglants des années 90 étaient l’aboutissement naturel des trois décennies d’arabisation et d’islamisation effrénées.
Aujourd’hui encore, Le caractère « sacré » de cette langue est également invoquée pour couper court à toute velléité de porter atteinte à son statut de langue nationale et officielle. La Kabylie, difficilement arabisable a toujours été dans la ligne de mire des francs-tireurs arabisants... Ils ne nous pardonnent jamais notre attachement à notre langue kabyle, et tjrs prompts à dégainer, leur media abondent en diatribes anti-kabyles ou l’on mêle haine et appels aux meurtres. La décennie 90 est une illustration éclatante de cette haine farouche du kabyle à la fois attachée à sa langue maternelle et au français et constituant par la même le dernier rempart contre l’arabisation totale du territoire national. Des intellectuels kabyles étaient pris pour cibles, beaucoup en ont été assassinés.
Aujourd’hui, si on veut faire du kabyle, la langue nationale et officielle, il faudrait qu'on ait les moyens de nos aspirations en mettant à sa disposition une armée et une flotte d’où l’impérieuse et urgente nécessité de mettre sur pied un Etat souverain kabyle.
Vive la Kabylie, vive la langue kabyle.
Kaci MEZAA
SIWEL 131131 JAN 16
Une langue est un dialecte avec une armée et une flotte dit un aphorisme popularisé par le linguiste yiddish Max Weinreich repris plus tard par Louis-Jean Calvet dans son fameux ouvrage "linguistique et colonialisme", pour montrer la différence arbitraire entre un dialecte et une langue. Le Tamazight a donc manqué de vigiles, voilà tout.
La France coloniale a bien entendu beaucoup à voir dans tout cela. La France connue pour son jacobinisme linguistique a inculqué aux gens cette fâcheuse mentalité qui exacerbe le statut dominant-dominé dans le rapport entre les langues qui coexistent dans une espace géographique donné. Si la colonisation française était pour une large part linguistique, la lutte de libération nationale l'a été tout autant, puisqu'on a opposé à la langue du « colon » la langue du « coran », une langue « cultivée » qu'on a cru, á tort ou à raison, à même de rivaliser avec le français.
L'indépendance acquise, s'ensuit une fuite en avant; Ben Bella criait sur les toits que nous étions arabes. Arabiser était vu comme coulant de source et nécessiterait des moyens colossaux pour mener plus loin cette politique d’envergure d’arabisation: l'arabe par-ci, l'arabe par-là, l’arabe partout. On faisait venir par cargaisons entières des pseudo- enseignants de tout le Moyen-Orient. Une descente aux enfers commença et toucha de plein fouet l’école dont les résultats catastrophiques firent réagir jusqu’à l’Unesco qui tira les oreilles au ministre de l’Education nationale sous la présidence de Boumediene et lui exigea de marquer une halte à ce processus d’arabisation plus revanchard que scientifique. Qu’à cela ne tienne la halte était de courte durée et la mort de Boumediene relança de nouveau le processus.
Pendant tout ce temps, il ne s'agissait pas seulement d'arabiser l'linguistiquement parlant, mais d'opérer l’arabisation des mentalités ; des séries télé Low Cost en provenance d’Egypte inondèrent la télévision algérienne. Parmi les enseignants recrutés au Moyen-Orient, nombre d’entre eux étaient des fauteurs de troubles dans leur pays car appartenant à la mouvance des frères musulmans et leur pays de tutelle ne demandaient qu’à s’en débarrasser. L'arabisation à la hussarde s'accompagna de l'islamisation galopante d'une société en mal de repères. Les événements sanglants des années 90 étaient l’aboutissement naturel des trois décennies d’arabisation et d’islamisation effrénées.
Aujourd’hui encore, Le caractère « sacré » de cette langue est également invoquée pour couper court à toute velléité de porter atteinte à son statut de langue nationale et officielle. La Kabylie, difficilement arabisable a toujours été dans la ligne de mire des francs-tireurs arabisants... Ils ne nous pardonnent jamais notre attachement à notre langue kabyle, et tjrs prompts à dégainer, leur media abondent en diatribes anti-kabyles ou l’on mêle haine et appels aux meurtres. La décennie 90 est une illustration éclatante de cette haine farouche du kabyle à la fois attachée à sa langue maternelle et au français et constituant par la même le dernier rempart contre l’arabisation totale du territoire national. Des intellectuels kabyles étaient pris pour cibles, beaucoup en ont été assassinés.
Aujourd’hui, si on veut faire du kabyle, la langue nationale et officielle, il faudrait qu'on ait les moyens de nos aspirations en mettant à sa disposition une armée et une flotte d’où l’impérieuse et urgente nécessité de mettre sur pied un Etat souverain kabyle.
Vive la Kabylie, vive la langue kabyle.
Kaci MEZAA
SIWEL 131131 JAN 16