Assemblée Mondiale Amazighe : Communiqué relatif aux résultats du recensement qui témoigne de la continuité de la politique d’exclusion contre les Amazighs

29/10/2015 17:35


RABAT (SIWEL) - L’Assemblée Mondiale Amazighe a organisé, le matin du mercredi 21 octobre 2015, une conférence de presse au siège du journal Le monde amazigh, sur les résultats du recensement général de la population. A l’unanimité, les intervenants ont jugé les statistiques de Lahlimi non crédibles et salué les recommandations émises par Le comité onusien des droits économiques, sociaux et culturels. Outre, ils ont demandé à l’Etat d’accélérer la mise en œuvre des droits linguistiques et culturels et de respecter les recommandations et les critères internationaux pour l’organisation du recensement, en plus de la condamnation de l’indifférence de Lahlimi dont ils ont demandé le limogeage en raison de la question - de la grille du recensement – relative à la langue maternelle.
Ci-après le texte du communiqué distribué par L’Assemblé Mondiale Amazighe lors de la conférence de presse à Rabat :


Assemblée Mondiale Amazighe

Communiqué relatif aux résultats du recensement
qui témoigne de la continuité de la politique d’exclusion contre les Amazighs



Le Délégué du Haut Commissariat au Plan, Ahmed Lahlimi, a communiqué, au début du mois d’octobre, ce qu’il a considéré comme résultats complets du recensement général de la population organisé l’année passée. Lesquels résultats limite le nombre de marocains parlant l’amazighe à seulement 27%. Et du fait que le recensement comporte des violations et des dépassements nombreux, concomitamment avec La journée mondiale du recensement, L’Assemblé Mondiale Amazighe déclare à l’opinion publique ce qui suit :

· Ahmed Lahlimi s’est basé sur un échantillon ne dépassant 2% de la population pour affirmer ses résultats, bien que le budget alloué à l’opération de recensement est de 100 milliards, dont 44 milliards sont réservés à la logistique informatique dans le but de publier les résultats au terme d’une année. Nous entendons par l’ensemble des résultats « les spécificités de la population dans toutes les provinces, régions et communes ».Et En définitif, Lahlimi nous surprend en publiant ses résultats se basant l’échantillon de seulement 2%. De plus, Ahmed Lahlimi a prétendu avoir couvert le recensement à 99%, sans mentionner les boycotteurs et les familles absentes lors de l’opération.

· Le Délégué du Haut Commissariat au Plan a refusé l’intégration d’une question relative à la langue maternelle dans la grille du recensement, ignorant de ce fait, de manière délibérée, les données figurants dans les rapports des Nations Unies, révisés et actualisés par la Filière des recensements des Nations unies relatifs à la langue maternelle, au titre de la session des recensements de 2010.. Il déclara à la presse son refus d’appliquer les recommandations des Nations Unies relatives à la langue maternelle. Il donna une charge idéologique incompréhensible de la langue maternelle, dans ce sens qu’il a estimé, dans un entretien qu’il a accordé au journal Akhbar Al yawm, en date du 25 juillet 2014, que poser la question relative à la « langue maternelle aux marocains » est dangereux, complètement interdit, immoral, non professionnel et aboutissant à des faits graves.

· Quelques jours avant le lancement du recensement, fait qui témoigne de décisions absurdes et boiteuses, le Délégué du HCP, Ahmed Lahlimi, a adressé une circulaire aux déléguées régionaux de planification, pour changer une question relative à l’amazighe et figurant dans la grille de recensement. Le premier contenu de la question est le suivant « Connais-tu la lecture et l’écriture en amazighe, caractère tifinaghe ? » ; quant à la version modifiée, elle supprima le caractère tifinaghe et s’est suffit de la question : « Sais tu lire et écrire en amazighe ». Sans préciser le caractère.

· Le Délégué du Haut Commissariat au Plan a changé la question relative à l’amazighe, par le biais d’une circulaire, sans que le contenu du changement soit objet de revendication, et sans répondre aux revendications des amazighes ni au respect des recommandations des Nations Unies relatives à la langue maternelle

· Ahmed Lahlimi, bien qu’il supprima la question : « Sais-tu la lecture et l’écriture en amazighe en caractère tifinaghe », a dévoilé, lors des résultats du recensement, que 2,8 écrivent et lisent le tifinaghe. Résultats incompréhensible. Si la question est éliminée ; alors d’où viendrait les réponses ?

· Le Délégué du Haut Commissariat au Plan a posé des questions vicieuses dans sa grille de recensement qui empêchent les citoyens de se référer à leur langue maternelle. Comme exemple « La langue étudiée et écrite » ou « la langue locale utilisée ». Concernant « la langue locale utilisée », Lahlimi a voulu que les millions d’amazighes de Rabat, de Casablanca répondent pour la « Darija marocaine », bien qu’ils maitrisent l’amazighe. Quant à la langue de l’enseignement écrite, elle est connue et la part de l’amazighe dans l’enseignement et très réduite et n’est lancée que récemment. C’est ainsi que Lahlimi, en évitant de manière délibérée de poser la question de la langue maternelle, a voulu, par d’autres questions, empêcher les citoyens d’évoquer leur langue maternelle Et même évoquée, leur réponse ne trouve pas de place dans la grille du recensement ;

· Lahlimi a opéré la dialectisation de l’amazighe entre le tamazighte, tarifit et tachelhit, fait qu’il a évité pour la Darija marocaine, au lieu de considérer l’amazighe comme langue et non comme dialectes, dans le but de faire apparaître la Darija marocaine comme langue véhiculaire et de la majorité des marocains, en contradiction avec le réel.

· L’indifférence d’Ahmed Lahlimi vis-à-vis de la question de la langue maternelle et son entêtement pour des raisons idéologiques, pour faire apparaître le Maroc comme Etat arabe, est dangereux, en raison de sa responsabilité au sein de l’Etat et de l’importance des données statistiques dans la prise de décisions stratégiques par l’Etat. Lahlimi aspire à ce que les plans stratégiques de l’Etat conçoivent les marocains comme peuple arabe et les amazighes comme minorité. Et au sein de l’Assemblée Mondiale Amazighe, nous ne sommes pas surpris par les chiffres de Lahlimi qui ne sont pas crédibles, car concoctés d’avance. C’est pour ce que nous avions appelé au boycotte du recensement de la population l’année dernière. Suite au rejet de nos revendications relatives au respect des recommandations onusiennes qui ont trait à la langue maternelle. En plus du refus de notre demande du limogeage d’Ahmed Lahlimi El Alami, qui a passé plus de dix ans à le tête du Haut Commissariat au Plan, du moment qu’il est impliqué dans la falsification du recensement de 2004, particulièrement le pourcentage des amazighes au Maroc, qu’il a réduit à moins de 29%, fait reconduit par le recensement de 2014 où il ne sont que 27%.


Et tout en renouvelant notre demande relative au respect des recommandations onusiennes et au limogeage d’Ahmed Lahlimi, nous demandons en plus de cela, à l’Etat marocain d’organiser une enquête externe sur tous les aspects du recensement. L’objectif étant d’éviter la prise de décisions sur de fausses données.

Remarque : ce communiqué est accompagné d’un rapport complet comportant les violations et les dépassements ayant trait à l’opération de recensement.


Assemblé Mondiale Amazighe
Le Président
Rachid Raha



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