Arrestation de Jugurtha Louerguioui le 07 janvier : « J’ai vécu l'interrogatoire comme une torture morale »

09/01/2017 18:13

ATTOUCHE (SIWEL) — Samedi, 07 janvier 2017, Jugurtha Louerguioui, Ravah Berraj et quatre autres militants souverainistes kabyles ont été arrêtés à Attouche et Makouda. Jugurtha, dit Frawsen, et Ravah n’ont été relâchés qu’à 3h du matin, 11h après leur arrestation. Jugurtha, que nous avons contacté, a subi un traitement qui frôle la torture.


Mas Jugurtha Louerguioui, un des organisateurs de la réunion des coordinations du MAK-Anavad de l’Ouest du 06 janvier à Attouche, était dans le viseur de la police coloniale algérienne. Il en était conscient. Il savait qu’il allait être arrêté du fait qu’il a réussi à organiser cette réunion et parce qu’il soutient la Présidente de la Coordination MAK-Anavad de l’Ouest, Masa Rachida Ider, dont le mari, Ravah Berraj, a, lui aussi donc, été arrêté.

L’arrestation :

Jugurtha a été arrêté vers 17h30 alors qu’il était en train d’afficher l’appel à la marche de Yennayer à Makouda, avec d’autres militants, et embarqué vers le commissariat colonial de Makouda. Aussitôt, l’alerte a été donnée, plusieurs citoyens ont afflué devant le commissariat.
Le commissaire a alors donné l’ordre de le transférer au commissariat central de Tizi Wezzu.

Consultation médicale avant l’interrogatoire :

Arrivé au commissariat colonial de Tizi Wezzu, Jugurtha a été surpris d’entendre plusieurs policiers s’alarmer à son passage, en répétant « Attouche, Attouche ».
Les agents de la police coloniale ont délivré un certificat médical au détenu avant de l’emmener dans une salle pour l’interrogatoire. Sauf que le certificat médical est censé être fait juste avant que la personne arrêtée soit relâchée vu que le document sert à prouver qu’il n’a pas été agressée physiquement par les policiers. Cela a interpellé Jugurtha, qui s’est alors dit que les policiers avaient l’intention de le persécuter durant l’interrogatoire, maintenant qu’ils ont le certificat médical.


Des questions sur la réunion du 6 janvier, les drapeaux kabyles, Ferhat Mehenni, Siwel, etc :

Emmené dans une grande salle vide et glaciale, Jugurtha a été obligé de s’assoir sur une chaise en métal. L’interrogatoire a alors commencé. Les questions ont été nombreuses et étaient autour de l’organisation de la réunion du 6 janvier, de la procuration des drapeaux kabyles, des relations qu’il entretient avec le Président de l’Anavad, Ferhat Mehenni, de sa collaboration avec Siwel, etc.
Concernant le Président de l’Anavad, la police lui a dit : « Lui, il est en France et toi, tu suis ce qu’il dit ». Il a alors répondu : « Oui, je continuerai à suivre ce qu’il dit et de faire ce qu’il demande de faire ». Quant à Siwel, les agents de la police coloniale voulaient savoir s’il avait accès au site de l’agence d’information et pourquoi il collabore avec Siwel. « Siwel est notre média et c’est normal qu’on cherche à médiatiser nos actions », a-t-il dit.

« Je viens d’Alger spécialement pour toi » a dit un policier :

Durant l’entretien, un policier a avoué à Frawsen (c’est ainsi que Jugurtha Louerguioui est connu au sein du mouvement souverainiste), alors qu’il était en colère en voyant le militant indépendantiste sûr de lui-même, qu’il est envoyé d’Alger spécialement pour l’interroger.

« J’ai vécu mon interrogatoire comme une torture morale » :

Ce qui a marqué Frawsen c’est le traitement qui lui a été réservé et non les questions en elles-mêmes. Il était entouré de huit policiers, dont quelques uns étaient surexcités, qui répétaient les mêmes questions des dizaines de fois dans le but de finir par le faire craquer. Ils n’arrêtaient pas de lui donner des ordres de se lever de s’asseoir, de se déplacer, de changer de bureau, etc. Il n’avait même pas le droit à une gorgée d’eau durant les 11 heures qu’a duré l’interrogatoire et tout cela dans un froid glacial conjugué à un ton agressif et intimidant. Il nous a parlé d'une « torture morale ».

À la fin de ce calvaire, Jugurtha a été envoyé faire une prise des empreintes et des photos, avant d’être relâché à 3h du matin.

À Makouda, les citoyens ont failli perdre patience :

Durant toute cette arrestation, plus de 500 citoyens étaient regroupés en face du commissariat colonial de Makouda. Voyant que la police n’avait toujours pas relâché les deux militants, Ravah et Jugurtha, retenus à Tizi Wezzu, les citoyens voulaient mettre le feu à la brigade de gendarmerie qui se trouvait à quelques centaines de mètres du lieu du rassemblement. D’ailleurs, la brigade en question avait éteint toute lumière dans leur édifice durant toute la durée du rassemblement.

Les militants du MAK, à leur tête la présidente de la Coordination Régionale MAK-Anavad de l’Ouest, Rachida Ider, ont réussi à contenir la colère des citoyens.

Frawsen nous a également appris que, le lendemain, plusieurs citoyens, certains ne les connait pas, l’ont interpellé dans la rue pour l’assurer qu’il peut compter sur leur soutien.

nbb/wbw
SIWEL 091814 JAN 17



A lire aussi :