Zuma, la fin d’un pouvoir narcissique

Mercredi 21 Février 2018

Ce qui est né du chaos retournera au chaos.
En 2009, la présidence de Jacob Zuma a émergé d’un procès pour corruption [un de ses conseillers a été condamné en 2005 dans une affaire de vente d’armes], d’un procès pour viol [il a été blanchi en 2006] et d’une révolution de palais [il a écarté l’ex-président Thabo Mbeki pour prendre le pouvoir]. Une dangereuse expérience de laboratoire qui, dans un pack nauséabond et fripon, a fusionné le populisme, le marxisme, le conservatisme, le centrisme, le chauvinisme, la séduction, l’adulation et une épique nonchalance.

Près de neuf ans plus tard, les hommes et les femmes qui avaient porté Zuma au pouvoir sont aussi ceux qui l’ont gentiment poussé vers la sortie [le Congrès national africain – ANC, parti au pouvoir – a exigé sa démission]. Trop raffinés et distingués pour l’évincer d’un grand coup magistral, ils ont préféré se dandiner autour la tombe politique de leur dirigeant, tels les interprètes d’une pantomime de Noël. Inévitablement, ils ont fini par obtenir gain de cause : le 14 février 2018, Jacob Zuma, quatrième président de la République d’Afrique du Sud, a perdu sa place de numéro un.

Bilan quasi inexistant

Le futur cherchera bientôt à analyser le passé. Je pense que les générations futures seront surtout stupéfaites du bilan quasi inexistant de Zuma pendant ses neuf années au pouvoir : ses interventions utiles ont été rares, son incidence sur le pays a été anecdotique. Et pendant tout ce temps, il a accaparé notre attention. Sans compter tous les dégâts qu’il a infligés aux institutions de l’État et au corps politique.

Patriarche distant, apathique et oisif, constamment devant les tribunaux pour répondre de telle ou telle accusation, il était tout de même capable de foutre la merde par sa seule existence. Il n’a fait que créer des vides pour que d’autres les comblent, ce dont ils ne se sont pas privés – avec des mouvements réellement radicaux comme les initiatives étudiantes Rhodes Must Fall (contre une statue de l’ex-colonisateur britannique Cecil Rhodes) ou Fees Must Fall (contre les frais de scolarité).

“Il se foutait de tout”

Ceux qui décrypteront le bilan de Zuma se poseront sûrement des questions : il manque quelque chose, là,
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Richard Poplak


Source : https://www.courrierinternational.com/article/zuma...