Xénophobie en Afrique du Sud : les dirigeants sont les premiers responsables

Vendredi 13 Septembre 2019

La flambée de violences contre les étrangers en Afrique du Sud suscite inquiétude et colère dans les pays africains qui comptent de nombreux ressortissants dans ce pays. L’analyse d’un média zimbabwéen.
Xénophobie en Afrique du Sud : les dirigeants sont les premiers responsables
Alors que la xénophobie refait surface dans la nation arc-en-ciel, cette nouvelle vague de violences contre les étrangers témoigne des tensions qui agitent la société sud-africaine.

Par leur réticence à lutter efficacement contre ce fléau, les gouvernants de ce pays portent leur part de responsabilité. Ces dernières années, certains des dirigeants de la plus grande économie du continent africain ont témoigné de leur manque de compassion à l’égard de leurs frères africains, ne voulant voir que leurs défauts. Et cette dangereuse tendance au populisme xénophobe va du discours du roi zoulou Goodwill Zwelithini en 2015 [appelant les étrangers à “faire leurs bagages” alors que 7 personnes avaient été tuées lors de pillages visant des commerces tenus par des étrangers] aux violences xénophobes qui ont surgi en mars 2019 pendant la campagne électorale de Cyril Ramaphosa  [pour la présidentielle de mai] en passant par les commentaires du ministre de la Santé sur la surcharge que les étrangers font peser sur les services de santé.


La récurrence de ces actes xénophobes

En faisant preuve de populisme, tous ces dirigeants ont donné un blanc-seing aux instigateurs et aux auteurs de violences xénophobes, il n’est pas surprenant que de telles agressions soient devenues monnaie courante en Afrique du Sud. Autant dire que les dernières déclarations de Ramaphosa, qui se déclare prêt à réprimer ces “actes de violence gratuite”, n’ont pas trouvé beaucoup d’écho chez les nombreux Africains dont le seul crime a été de s’installer en Afrique du Sud.

Si le gouvernement sud-africain était sincère, il aurait traité les précédents actes de violence avec fermeté et y aurait mis fin. Mais la récurrence de ces actes xénophobes est bien la preuve que Ramaphosa n’est qu’un homme politique hypocrite qui essaie d’imputer sa mauvaise gestion du pays aux nombreux ressortissants africains établis dans ce pays.

Il est très triste que tant de Sud-Africains, et notamment les auteurs des violences, aient la mémoire courte ou choisissent d’oublier le rôle joué par les pays voisins dans leur lutte contre l’apartheid.

Leur soutien avait prouvé que l’unité africaine n’était pas une chimère, et c’est d’ailleurs encore un rêve qui reste à chérir. De nombreux Sud-Africains ont été accueillis dans d’autres pays d’Afrique australe à cette époque, et considérer aujourd’hui les ressortissants de ces pays hôtes comme des étrangers qui ne peuvent trouver la paix en Afrique du Sud, alors que leurs pays d’origine sont en flammes, est une tragédie.

 
Éditorial
Cet article a été publié dans sa version originale le 05/09/2019.



Source : https://www.maafrique.com/Xenophobie-en-Afrique-du...

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