Visite du Président Hollande au Maroc Les relations économiques maroco-françaises

Mercredi 3 Avril 2013

Afin de faire le point des relations économiques maroco-françaises, Attijariwafa Bank a consacré le 21 Mars 2013 à Casablanca sa troisième Conférence sur le thème « Les nouvelles autoroutes de croissance ». Les relations économiques entre les deux pays sont déjà très importantes. La France est en effet le premier partenaire économique du Maroc. 

Premier partenaire commercial avec une valeur d’échanges annuel de 8 milliards d’euros, et premier investisseur avec 50% de stock d’IDE et 750 filiales employant 120.000 travailleurs. La France est également le premier bailleur de fonds avec un rôle très actif de l’Agence française de développement, et le premier fournisseur de touristes.

Après avoir fait ce constat, les participants à cette conférence économique ont surtout réfléchi à de nouveaux leviers de croissance dans les relations économiques entre les deux pays. C’est ainsi qu’ont été identifiés de nouveaux secteurs stratégiques, tels que le développement des transports dans les villes, l’aménagement des villes vertes, les énergies renouvelables, sans oublier d’autres secteurs plus traditionnels comme l’agro-alimentaire. Certes, la quasi-totalité des grandes sociétés du CAC 40 sont déjà présentes au Maroc, un effort tout particulier devra être porté aux PME françaises pour les encourager à s’installer au Maroc. De même ont été soulignés les nouveaux secteurs du Plan Emergence que sont la Chimie-parachimie, les IMME et la pharmacie. A ce sujet, la Secrétaire Générale du Ministère du Commerce et de l’Industrie a présenté en détails les mesures qui seront prises par l’Etat pour le développement de ces secteurs.

Un autre concept a été discuté lors de cette conférence économique qui n’est autre que la co-localisation. Il s’agit pour les entreprises françaises de délocaliser certaines de leurs activités au Maroc afin de gagner en compétitivité. C’est donc un concept gagnant-gagnant : pour le Maroc création de richesses et d’emplois, pour la France gain en compétitivité. Ce concept est parfaitement illustré par le projet Renault à Tanger-Med qui a permis au Maroc la création d’emplois et le développement des exportations. Ce projet a également permis au groupe français Renault d’améliorer ses résultats financiers qui ont été bien meilleurs en 2012 que son concurrent PSA.

L’Ambassadeur français Charles Fries a annoncé également une première :

à savoir l’organisation d’une journée pour la promotion des investissements marocains en France. On ne peut que saluer cette initiative, car les relations économiques doivent se développer dans les deux sens. Il faut vaincre la frilosité des hommes d’affaires marocains qui hésitent à investir en France. Il est recommandé de faire une étude pour identifier les secteurs économiques dans lesquels les investisseurs marocains ont le plus d’avantages à s’établir en France. Il faudrait aussi accélérer les négociations en cours entre le Maroc et l’Union européenne quant à la libération du secteur des services, car ce secteur peut créer de nouvelles opportunités d’investissements entre les deux pays et dans les deux sens.

Deux autres orientations ont été discutées lors de cette conférence économique. Il s’agit d’une collaboration entre entreprises marocaines et françaises pour investir en commun en Afrique. Le Maroc dispose notamment en Afrique de l’Ouest de banques et d’entreprises qui peuvent jouer un rôle de relais dans la promotion des investissements dans cette région. Le continent africain est appelé à connaître pendant la prochaine décennie une croissance démographique et économique significative, ouvrant de nouvelles perspectives d’échanges et d’investissement. Enfin a été mis en exergue la formation professionnelle où la France peut apporter une contribution notamment dans les secteurs de l’automobile, l’aéronautique, le ferroviaire, et les énergies renouvelables.    

On ne peut que se féliciter de ces nouvelles autoroutes de croissance dans les relations économiques entre le Maroc et la France. Il faudrait à mon avis ajouter la contribution de la France à la réforme du système éducatif de notre pays notamment en ce qui concerne les Grandes Ecoles d’Ingénieurs. Il est de notoriété publique que le système éducatif marocain actuel ne répond pas aux besoins de l’économie marocaine. Beaucoup de réformes ont été entreprises jusqu’à présent qui n’ont pas donné de résultats probants. L’expérience de la France en matière d’éducation publique peut être utile à notre pays. Enfin tout en consolidant ses relations avec ses partenaires traditionnels dont la France, le Maroc doit veiller également à diversifier ses relations économiques vers d’autres destinations : Afrique, Asie, Amérique. Comme le dit la sagesse populaire : « Il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier ».

Jawad Kerdoudi
Président de l’IMRI
(Institut Marocain des Relations Internationales)


Jawad Kerdoudi