Uber au Maroc, c'est fini

Lundi 19 Février 2018

TRANSPORT - L'aventure aura finalement été de courte durée pour Uber au Maroc. Après trois ans de présence dans le royaume, la société de transport de personnes a décidé de plier bagage en pointant du doigt "l'incertitude réglementaire".

Aucun signe encourageant de la part des autorités

Dans un communiqué publié lundi 19 février sur son site officiel puis relayé sur les réseaux sociaux, Uber annonce suspendre ses activités au Maroc "dès cette semaine". Une décision qui survient malgré les nombreuses sollicitations de la compagnie américaine pour essayer de trouver, avec les autorités et pouvoirs publics marocains, "une solution qui conviendrait à tous". Ce serait donc le flou et le peu de clarté sur l’intégration des applications comme Uber au modèle de transport existant qui aura fini de décourager l'équipe locale.

Uber suspend son activité au Maroc le 23 Février. Plus d’informations sur : https://t.co/GSKpkHWCWm

— Uber Morocco (@Uber_Morocco) 19 février 2018

Cette situation de flou a également été exacerbée par les différents incidents violents dont ont été victimes des chauffeurs Uber. Car l'installation des applications de VTC (véhicule de tourisme avec chauffeur) dans les villes marocaines n'a pas été vue d'un bon œil, notamment pas les chauffeurs de petits taxis casablancais, directement concurrencés. Après moult manifestations et affiches anti-Uber placardées sur les pare-brise de leur véhicule, ces derniers sont passés à la vitesse supérieure. Certains allant même jusqu'à se faire justice.

"Entre le 15 et le 21 décembre 2016, une trentaine de véhicules Uber ont été piégés. Des chauffeurs de taxi ont commandé des Uber, une fois sur place, nos chauffeurs ont été encerclés par plusieurs chauffeurs de taxi. L'un d'eux a été blessé et a dû se faire opérer après avoir eu des fractures aux doigts", avait confié au HuffPost Maroc Meryem Belqziz, directrice générale d'Uber Maroc. Ces accidents se sont multipliés avec le temps créant un climat de paranoïa que ce soit chez les chauffeurs ou chez les clients.

300 chauffeurs accompagnés pour trouver une alternative

Contactées par le HuffPost Maroc, même les autorités avaient condamné ces agissements. "Malgré le caractère illégal et répréhensible de l’exercice des activités de transport de personnes non autorisées, toute tentative ou acte de la part de personnes non habilitées, y compris de chauffeurs de taxi, visant à appréhender ou à arrêter des véhicules ou des chauffeurs suspectés d’exercer des activités de transport non autorisées est condamnable et répréhensible", nous avait déclaré une source autorisée au sein du ministère de l'Intérieur.

Ne pouvant plus "fournir une expérience sûre est fiable" à cause de "l'incertitude réglementaire", Uber a donc décidé de mettre fin à ses activités, mettant ainsi en péril la situation de quelque 300 chauffeurs réguliers qui utilisaient l'application. Ils seront toutefois accompagnés "avec un support individuel le temps de passer cette transition difficile", promet la startup.

Ce n'est qu'un au revoir!

À l'en croire, il ne s'agit pas d'un adieu, mais seulement d'un au revoir le temps qu'une "vraie réforme et un environnement favorable aux nouvelles solutions de mobilité" soient mis en place. "Nous serons prêts à revenir dès que de nouvelles règles seront en place", assure Uber qui met en avant son partenariat avec la COP22 qui avait permis plus de 10.000 trajets en véhicules hybrides et électriques en moins d'une semaine.

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que la société américaine est obligée de se retirer d'un marché. Il n'est ainsi plus possible de commander un véhicule Uber notamment en Bulgarie, au Danemark, à Vancouver (Canada), en Chine et à Taiwan.

Face à plusieurs batailles judiciaires un peu partout dans le monde, Uber a parfois joué la carte de la menace de retirer ses services pour pousser certains gouvernements à repenser leur réglementation. C'est le cas de la ville canadienne d'Edmonton qui avait imposé une réglementation avec des restrictions sévères à l'entreprise et à ses chauffeurs. Résultat: Uber a plié bagage en mars 2016... avant de revenir quatre mois plus tard.

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Source : http://www.huffpostmaghreb.com/2018/02/19/uber-tra...