Thaïlande : après une année de deuil et une transition réussie au trône, le tigre asiatique reprend son épique ascension

Mardi 26 Décembre 2017

Bangkok - Après une année de deuil où tout le pays a vécu avec forte émotion les ultimes hommages à son défunt Roi vénéré, Bhumibol Adulyadej, une transition au trône réussie avec le nouveau Roi, Maha Vajiralongkorn, la Thaïlande, tigre de l'Asie du Sud-est, a repris avec vigueur son épique ascension avec des performances économiques records et la perspective d’un meilleur avenir.


Depuis le décès du Roi Bhumibol, le 13 octobre 2016 à l’âge de 88 ans, toute la Thaïlande se pare de noir et blanc et entre en deuil durant toute l’année 2017. Le peuple thaïlandais voue une grande admiration et même une vénération empreinte de spiritualité envers leur souverain au vu de la longévité de son règne et en reconnaissance de ses grands efforts pour le développement de la Thaïlande qui est actuellement l’un des pays les plus prospères de l’Asie de Sud-Est. Bhumibol Adulyadej a été couronné en 1950 sous le nom dynastique de Rama IX. Souverain constitutionnel, il est le chef de l'État et protecteur des religions de Thaïlande.

À sa mort, il est le plus ancien chef d'État en exercice, étant resté sur le trône pendant 70 ans et 4 mois. Son fils Maha Vajiralongkorn (64 ans), désigné en 1972 héritier du trône, lui succède. Ce n’est qu’après les funérailles que pourra avoir lieu le couronnement officiel du nouveau Roi. Monté sur le trône le 1er décembre dernier sous le nom de Rama X, le nouveau Roi de Thaïlande Maha Vajiralongkorn semble vouloir se mettre sur les pas de son père.

Lors de son discours télévisé du nouvel an, le 31 décembre 2016, le nouveau souverain thaïlandais a remercié le peuple thaïlandais pour sa loyauté à la monarchie et appelé à l’unité et à la cohésion. Un message bien reçu puisque la succession s’est déroulée dans une parfaite cohésion, sans ruptures, cafouillages ou hésitations, pourtant caractéristiques des débuts de règne.

Dans sa première grande apparition publique, le nouveau Roi a officié, du 25 au 29 octobre, les funérailles grandioses de son père. Des funérailles dans la pure tradition de la monarchie thaïlandaise qui ont ébahi le monde entier par leur grandeur, leur splendeur et leur cérémonial ancestral. Cinq jours durant, ce sont de lentes processions où moines bouddhistes, corps de l’armée aux grands apparts et des dizaines de milliers de personnes ont rendu un ultime hommage à Rama IX aux alentours du palais royal de Bangkok.

C’est le monument dressé spécialement pour la crémation qui a particulièrement impressionné. Non loin du palais royal, Sur la place de Sanam Luang, un immense crématorium doré à neuf tours et d’une hauteur de 50 mètres a été érigé. L’œuvre éblouissante richement décorée, dorée et ornée de statues d’animaux sacrés dans la culture bouddhiste a été ouverte au publique après les funérailles.

Depuis de longues files de thaïlandais s’agglutinent chaque jour pour visiter le monument censé avoir abrité l’ascension de l’âme du défunt Roi vers les cieux et son réincarnation. Pour permettre à tout le pays de vivre ces moments intenses, les autorités thaïlandaises ont fait bâtir 85 répliques du crématorium et près de 900 pavillons en bois de santal pour chacune des 76 provinces de Thaïlande et certaines localités autour de Bangkok.

Néanmoins, une année de deuil n’a pas affecté l’économie Thaïlandaise dont la reprise a été confirmée le long de l’année 2017 avec des performances qui rappellent la croissance à deux chiffres des années fastes du Royaume de Siam durant la précédente décade.

La Thaïlande a, en effet, enregistré son meilleur trimestre (3eme trimestre 2017) en termes de performances économiques en trois ans, repassant au-dessus de la barre des 4 pc de croissance. Pour toute l’année 2017, les autorités thaïlandaises ont estimé que la croissance devrait atteindre à la fin de l’année 4 pc, soit mieux que les prévisions initiales qui tablaient sur une croissance de 3 pc et meilleur que l’année précédente où cette dernière stagnait au dessous de 3 pc.

Cette performance est attribuée essentiellement au secteur de l’exportation, la reprise du marché touristique émetteur chinois, et la relance des investissements publics et privé. Le Comité mixte thaïlandais du commerce, de l'industrie et des banques a annoncé en novembre dernier une progression des exportations de 7,5 pc et une inflation autour de 0,5 pc à 1 pc. Et à la faveur de la plupart des indicateurs économiques et des investissements publics colossaux en infrastructures, la Thaïlande devra continuer sur sa lancée en 2018.

Le secteur touristique, qui représente une part importante du PIB de la Thaïlande, est aussi impliqué dans cette dynamique avec un chiffre record de plus de 36 millions de touristes en 2017. Les observateurs mettent en garde, toutefois, contre la montée de la valeur de la monnaie locale, le baht, face aux principales devises étrangères, notamment le dollar. La monnaie thaïlandaise a enregistré, en quelques mois en 2017, une hausse de plus de 5 pc par rapport au billet vert.

Le secteur des entreprises thaïlandaises a exprimé son inquiétude vis-à-vis de l’augmentation rapide du baht qui risque de peser sur les exportations, fer de lance de la reprise. L’évènement marquant de l’année 2017 a été le feu vert aux travaux de la construction du chemin de fer pour train à grande vitesse qui reliera la Chine au Laos en passant par la Thaïlande. Les autorités thaïlandaises ont annoncé le démarrage des travaux pour ce projet pharaonique qui coûtera, dans son tronçon thaïlandais, près de 5 milliards de dollars.

Cerise sur le gâteau de cette embellie économique, la performance hors norme de la Thaïlande dans le classement "Doing Business" de la Banque mondiale. Le Royaume de Siam s’est hissé à la 26eme place de ce classement, alors qu’il figurait à la 46eme position dans l’édition précédente.

Au niveau politique, la Thaïlande semble engagée sur la bonne voie pour un retour à la normale après le coup d’état militaire de 2014. Le premier ministre, le général Prayut Chan-o-cha, a annoncé, en octobre dernier, la tenue des élections législatives en novembre 2018 et la levée, bien auparavant, de l’interdiction des activités politiques en vigueur depuis 2014.

Le putsch de 2014, qui a évincé le gouvernement de Yingluck Shinawatra, a été le 12e coup d’état réussi en Thaïlande depuis 1932. L'armée avait déclaré avoir été obligée de prendre le pouvoir pour mettre fin à la corruption, relancer l'économie et remettre de l'ordre dans le pays, invoquant notamment le cycle de violence et d'instabilité qui minait le pays depuis 2006. L’Union Européenne vient d’interagir positivement avec la promesse de la tenue des élections.

Le Conseil européen a décidé, courant décembre, de "rétablir des contacts politiques à tous les niveaux avec la Thaïlande" afin de faciliter un dialogue constructif concernant les sujets importants pour les deux parties, y compris "les droits de l'homme, les libertés fondamentales et la voie vers la démocratie". L’UE, a décidé ainsi de relancer les pourparlers sur un accord de libre-échange avec la Thaïlande. Des pourparlers suspendus au lendemain du coup d’état de 2014.

Les milieux des affaires et des entreprises en Thaïlande ont salué cette décision de nature à rétablir la confiance des investisseurs et relancer la croissance. La Thaïlande, un modèle de développement réussi en Asie du Sud-est grâce à sa stabilité assurée par une monarchie ancestrale qui fait l’unanimité, envisage désormais un meilleur lendemain et une reprise de sa performance économique qui a fait du Royaume de Siam l’un des pays les plus prospère de sa région.


MAP - Driss Hidass