Sbagha Bagha: Toutes nouvelles, toutes belles, voici les 5 fresques XXL de Casablanca

Vendredi 6 Juillet 2018

CULTURE -  Pour cette 5ème édition, le festival Sbagha Bagha s’est achevé par un sentiment de “mission accomplie”. Les artistes ont tenu leur promesses, fait vibrer la ville durant quelques jours d’une ambiance festive et contribué à placer Casablanca comme un haut-lieu de street-art, à l’instar de Los Angeles, Buenos Aires ou Lisbonne, en marquant la blancheur de certaines édifices de fresques colorées. 

Après une semaine de coups de crayons et pinceaux, en apesanteur à quelques mètres du sol, les peintures à grande échelle de 4 artistes de renom venus de partout sont enfin finies. Animaux géants et couleurs vives dans des endroits emblématiques de la ville, les fresques murales communiquent entre elles et ont respecté la thématique engagée voulue pour cette édition: la préservation de la faune et la flore, en disparition progressive dans la capitale économique. Ces artistes, qui ont en commun l’exploration, l’appropriation et la réinterprétation du monde animalier, avaient pour mission de réintégrer des figures animalières dans la ville, et peut-être amener à une réflexion sur l’avenir du microcosme urbain de Casablanca.

Découvrez ci-dessous les cinq fresques de cette 5ème édition de Sbagha Bagha:

L’artiste canadienne Danae invite les Casablancais, boulevard Zerktouni, dans son univers fantasmagorique avec une oeuvre complexe et pleine de métaphores. Elle a peint une créature animalière qui présente plusieurs personnalités, notamment un pan de la sienne. “Pour moi, les murs c’est une sorte de journal personnel”, explique-t-elle dans une vidéo publiée sur le compte Instagram de Sbagha Bagha. “J’ai dessiné une femme avec un nid à la place de la tête, à l’intérieur il y a une maison, et une sorte de petit village. L’idée est de pouvoir se faire son propre petit village intérieur”, poursuit-elle, ajoutant que les couleur restent “son trip total”, elle qui n’hésite jamais à en abuser. 

Elle partage quelques caractéristiques communes avec l’univers mystico-magique de la fresque du mexicain Werc, dont le dessin, sur 98 mètres de haut, à la fin du boulevard Zerktouni, ne passe pas non plus inaperçu. On reconnait sur le mur le lapin d’Alice au Pays des Merveilles, fusionné à une panthère et à une figure masculine, entouré de certains symboles de la flore locale: hibiscus et feuilles de palmiers. L’artiste dit s’être inspiré de la symbolique du lapin dans des cultures et traditions du monde entier, où il est souvent représenté comme un animal farceur, joueur et intelligent. 

Plus urbaine et organique, la peinture de l’artiste belge Roa présente un tableau composé d’animaux reptiliens qui se fondent dans le décor de Casablanca, en plein coeur du quartier Bourgogne. Seule fresque peinte en noir et blanc, elle offre un mélange de textures pour mettre en avant les écailles des animaux, à savoir un serpent, une tortue et un pangolin, animal en voie de disparition. 

Du côté marocain, l’artiste Ed a, sur le boulevard Moulay Youssef, laissé une petite touche de poésie en peignant un vendeur ambulant de ballons, et des enfants affublés de masques animaliers. “Une scène simple qu’on retrouve à Casablanca”, explique-t-il, et que chacun est libre d’interpréter. 

Parmi les temps forts de cette édition figure la Résidence d’artistes BD, qui allie bande dessinée et street art à travers diverses techniques pour une mutation expérimentale de la BD, du papier aux murs en passant par le digital. 4 artistes du collectif casablancais SkefKef ont ainsi créé une bande dessinée expérimentale, transposée sur la façade du centre culturel de l’ex-église Buenaventura.

Les 4 acolytes se sont imprégnés de l’ambiance de l’ancienne médina pour créer 4 vignettes géantes avec des couleurs, des formes mais aussi une histoire à lire dans n’importe quel sens, soit de haut en bas, de bas en haut, de gauche à droite et inversement, en offrant à chaque fois une interprétation différente. On y aperçoit une petite fille tentant de sauver ou de pêcher un poisson, selon le sens de la lecture. 

Pour les organisateurs du festival, la véritable fierté de Sbagha Bagha ne se résume pas seulement à rhabiller les murs de la ville mais “s’étend aux véritables moments de bonheur et d’échanges humains qui se produisent et qui perdurent souvent au-delà des dates programmées”.

Cette cinquième édition du festival a été l’occasion pour les habitants de s’approprier l’espace public et leur quartier, de discuter avec les artistes, d’échanger et de sensibiliser davantage les Casablancais aux arts de rue. Vivement la prochaine édition!



Source : https://www.huffpostmaghreb.com/entry/sbagha-bagha...

Yasmine Bidar