Sahara: "Le SG des Nations unies a bien reçu les messages du Maroc" (ANALYSE)

Mercredi 4 Avril 2018

ANALYSE - Recommandation rime avec apaisement. Dans son rapport, rendu public ce mercredi 4 avril, le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a recommandé au Conseil de Sécurité sur le Sahara la prorogation de 12 mois, jusqu’au 30 avril 2019, du mandat de la mission onusienne au Sahara (Minurso).

Le SG des Nations unies a aussi appelé l’Algérie à “faire d’importantes contributions au processus politique” et à augmenter son engagement dans le processus de négociations. “Les conséquences socio-économiques, humanitaires et sécuritaires de ce conflit prolongé pèsent lourdement sur l’intégration régionale et sous-régionale”, a-t-il prévenu, rappelant le soutien du Conseil de Sécurité à son appel d’avril 2017 à la relance du processus de négociation “avec une nouvelle dynamique et dans un nouvel esprit”.

Les parties sont ainsi appelées à continuer à travailler avec le nouvel envoyé personnel du SG des Nations unies “dans ce nouvel esprit et cette dynamique et à s’engager véritablement dans le processus de négociation conformément aux directives établies par les résolutions du Conseil de sécurité”.

Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres.

La prolongation n’est pas un enjeu

“Cette proposition de prolongation était attendue. Suite à la présentation faite, il y a deux semaines, par l’envoyé spécial au Conseil de Sécurité, il était clair que les Nations unies allaient dans ce sens”, affirme le président du Centre marocain des études stratégiques (CMES), Mohamed Benhammou, dans une analyse au HuffPost Maroc. Selon lui, le véritable enjeu pour le Maroc sera la réponse du Conseil de Sécurité: “Le plus important est comment le Conseil de Sécurité compte amener le Polisario à cesser ses violations répétitives et a participer sérieusement et concrètement au processus de paix”. 

Dans son rapport, le SG des Nations unies a réitéré l’engagement du Maroc vis-à-vis de la question de la résolution du conflit du Sahara et cité un extrait du discours  royal à l’occasion du 42e anniversaire de la Marche Verte. Il a notamment cité le passage dans lequel le souverain affirme que “sur le plan international, le Maroc maintient l’engagement qu’il a fait d’adhérer à la dynamique actuelle voulue par Son Excellence Monsieur Antonio Guterres, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies et à coopérer avec son Envoyé Personnel”.

Le SG a également relevé, dans son rapport, que le Maroc ne restera pas “les bras croisés à attendre que soit trouvée la solution souhaitée”, mais poursuivra l’action engagée pour “stimuler le développement de nos provinces du Sud”.

“Le SG des NU a bien reçu les messages du Maroc. Et au niveau du Conseil de Sécurité, on a compris que la patience du Maroc a ses limites et qu’il n’est plus possible de continuer à la tester indéfiniment”, constate Mohamed Benhammou. Et d’estimer qu’il est clair que le SG des Nations unies et le Conseil de Sécurité cherchent désormais ”à temporiser” pour “gérer cette phase en évitant toute escalade dans la région”. 

Mohamed Benhammou, président du Centre marocain des études stratégiques.

Tir rectifié

Et cette carte de l’apaisement, l’analyse la constate aussi dans les déclarations du porte-parole du SG des Nations unies, Stéphane Dujarric. Ce dernier avait déclaré, lundi 2 avril, lors de la conférence de presse quotidienne des Nations unies, que “la Minurso n’a observé aucun mouvement d’éléments militaires sur le territoire du nord-est. La Minurso continue de suivre de près la situation”. Une déclaration mal venue dans le contexte actuel. Le Maroc venait, la veille, de dénoncer officiellement, par la voie d’une lettre adressée au Conseil de Sécurité, le déplacement par le Polisario de toute structure civile, militaire, administrative ou de quelque nature que ce soit des camps de Tindouf en Algérie vers l’Est du dispositif de sécurité au Sahara marocain soulignant que cela “constitue un casus belli”.

Stéphane Dujarric a tenu, le lendemain, à la conférence de presse du 3 avril, à préciser que l’ONU veille sur sa neutralité. “L’ONU ne prend pas parti. La Mission onusienne (MINURSO) rend compte de ce qu’elle observe. C’est une zone très vaste qu’ils doivent couvrir. Ils partent et rapportent ce qu’ils voient”, a-t-il affirmé, réitérant: “encore une fois, il ne s’agit pas de prendre parti. Il s’agit de rapporter ce que nous observons, comme le fera le SG dans son rapport”. “Il a compris que sa malheureuse déclaration du 2 avril a rapidement été exploitée et qu’il se mettait dans un engrenage de propagande anti-marocaine. Il a donc tenté de rééquilibrer la situation par l’argument de la neutralité des NU”, déduit l’analyste.

Même si les messages du Maroc ont été entendus, il n’est pas question pour le Maroc de “baisser sa garde”. Selon Mohamed Benhammou, “il faut maintenir la pression, la mobilisation et l’action sans relâche jusqu’à ce que le Conseil de Sécurité tranche. Il ne faut pas attendre et être dans la logique d’éteindre le feu. Il est temps de l’éteindre une fois pour toute”.



Source : https://www.huffpostmaghreb.com/entry/sahara-le-sg...

Leïla Hallaoui