Revue de la presse quotidienne internationale maghrébine

Vendredi 27 Août 2021

​Tunis - La lutte contre la corruption en Tunisie, les limites du système algérien de subventions et les dettes mauritaniennes envers le Koweït sont les principaux sujets abordés vendredi par la presse maghrébine.


Sous le titre "Les lobbies de la corruption", l'éditorialiste de "La Presse de Tunisie" écrit qu'il ne vient pas à l'esprit de ceux qui ignorent que la Tunisie traverse une étape importante de son histoire de s'interroger sur les exigences du moment.

L'indifférence croissante face aux contraintes et obligations pressantes auxquelles fait face le citoyen, l'insensibilité et l'insouciance à son pouvoir d'achat font écho à une distorsion sans précédent, fait-il observer.

Il rappelle que le Président Kaïs Saïed ne cesse de parler des parties qui œuvrent à affamer le peuple en monopolisant les produits alimentaires dans le cadre d'une politique visant à faire souffrir davantage les Tunisiens et il continue toujours à pointer du doigt les circuits de distribution qui, selon lui, affament le peuple, ainsi que les lobbies de la corruption qui sont derrière.

Selon le journal, l'incapacité à mettre fin aux pratiques de monopole et de spéculation et aux tentatives de contrôle des prix a engendré un sentiment d'impunité chez les différents contrevenants.

Cela est visible dans les pratiques auxquelles ils s'adonnent, mais aussi et surtout dans la manière avec laquelle les besoins et la survie des Tunisiens sont appréhendés, fait-il remarquer.

Il souligne qu'il ne fait aucun doute que la liberté de manœuvre est inextricablement liée à tout un réseau représentatif du monde de la corruption, estimant qu'il est évident que les différents acteurs sont protégés à différents niveaux.

Il explique que l'absence de réaction à l'appel du président de la République aux commerçants pour réduire les prix des produits alimentaires constitue une défiance et un ombrage pour l'Etat et pour ses institutions.

Plus grave encore : de l'avis même du Président tunisien, les prix ont augmenté de nouveau à l'appel de partis politiques bien connus, regrette-t-il, se demandant si il faut recourir aux représailles pour garantir le respect de la loi et mettre chaque partie devant ses responsabilités.

En attendant, le Tunisien continuera à subir le détournement et la perversion de ceux qui ont fait du monopole et de la spéculation non seulement un mode d'emploi, mais aussi une vocation pour affamer le peuple, regrette-t-il.

Pour sa part, "Le Quotidien" note que de très nombreux internautes ont lancé ces derniers jours un appel à l'adresse du Président de la République pour l'inciter à s'attaquer aux faux diplômes, dans le cadre de l'opération "Mains propres" initiée au lendemain du coup d'éclat du 25 juillet.

Selon la même source, ces Tunisiens considèrent, à juste titre, que les diplômes bidons et les fausses références créent non seulement des injustices sur le marché de l'emploi mais constituent, également, une forme de corruption qui porte gravement préjudice à la qualité des diplômes tunisiens.

Il souligne que certes, le phénomène des diplômes "frelatés" n'est ni nouveau ni spécifique à la Tunisie, mais il n'empêche qu'il a pris des dimensions tout à fait spectaculaires au lendemain de la révolution. Citant des sources concordantes, le journal relève que l'écrasante majorité des 170 mille fonctionnaires qui ont rejoint l'Administration durant le règne de l'ex-Troïka dirigée par le parti islamiste d'Ennahdha avaient de faux diplômes.

"On raconte même que nombre d'entre ces derniers étaient de parfaits analphabètes bilingues mais qui ont réussi, grâce à leur -référentiel islamiste-, à occuper des postes de responsabilité avec tous les privilèges qu'on peut imaginer", regrette-t-il, notant que les détenteurs de vrais diplômes délivrés par des universités ayant pignon sur rue sont les premières victimes de ce favoritisme vicieux et insidieux qui rentre dans le cadre de la stratégie sournoise poursuivie par Ennahdha pendant de longues années et visant à placer ses pions dans tous les rouages de l'Administration à des fins bassement électoralistes.

"La découverte en 2018 chez Tunisair de diplômes universitaires falsifiés dans les dossiers d'environ 200 fonctionnaires nous conforte à l'idée que le fléau est devenu un véritable sport national et n'épargne désormais aucun secteur", détaille-t-il.

Il estime que par souci de salubrité publique, il faudrait penser à faire le grand ménage et déclarer ouverte la chasse aux faux diplômes dans la Fonction publique et les entreprises étatiques qui sont devenues malheureusement le fief des arnaqueurs.

Ces derniers sont non seulement d'aucune utilité mais occupent également et surtout des postes de responsabilité qui auraient dû revenir en principe à de véritables compétences dont le pays a ardemment besoin, insiste-t-il, faisant observer que la corruption qui gangrène le pays et le népotisme des partis politiques au pouvoir sont à l'origine du recrutement ces dernières années d'une armée de bras cassés qui ont grevé lourdement les dépenses publiques.

En Algérie, "TSA" relève qu'à nouveau la question des pénuries refait surface dans le pays, cette fois-ci, il s'agit de farine, en dépit des quantités importantes de blé importées, ce qui montre une nouvelle fois les limites du système algérien de subventions.

Le média relève, en citant Sami Kolli, responsable de la régulation et de l’organisation des marchés au ministère du Commerce, que la farine est disponible et en "quantité", se demandant toutefois : "comment dans ce cas-là parler de pénurie ?"

Il fait savoir qu'en différents points du pays, des tensions se font sentir concernant la disponibilité en baguette de pain dite ordinaire, expliquant que les boulangers sont accusés d’ajouter quelques ingrédients tels de la semoule, du son, des graines de pavot ou de sésame pour faire passer la baguette subventionnée dans la catégorie des pains spéciaux et ainsi faire passer son prix de 10 à 15 ou même 20 DA.

Il ajoute que de leur côté, les boulangers évoquent une pénurie de farine, faisant savoir, en citant des professionnels, que "la farine manque, elle n’est plus disponible et son prix est plus élevé.

Le média rappelle que cette crise de la farine serait apparue dès le début du mois d’août suite à la fermeture de nombreuses minoteries.

Il relève que les officiels accusent certains boulangers de refuser de travailler avec le système de facturation, d’acheter de la farine aux moulins et d’aller l’acheter aux grossistes à des prix exorbitants.

En fait, les boulangers ne trouvent plus leur compte avec le mécanisme d’encadrement des prix de la baguette de pain à 8,5 DA, poursuit la même source, qui indique que certains affirment que "le pain subventionné va nous ruiner".

Le prix de la baguette est réglementé, alors que dans les faits ce n’est plus le cas de la farine, commente--t-il, précisant que les boulangers disent ne plus pouvoir faire face à la hausse des salaires de leurs employés et de leurs charges.

"Bien que cela soit interdit, déjà quelques-uns affichent la baguette à 15 DA alors que d’autres menacent de ne plus la commercialiser. En fait, les boulangers semblent vouloir que leur rôle social soit rétribué à sa juste valeur", poursuit le média.

Il fait savoir que si les minoteries peuvent compter sur la plus-value réalisée sur les ventes des issues de meunerie très prisées des éleveurs, elles ne fonctionnent qu’avec les quotas de blé que leur attribue l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). Or, ces quotas ne dépassent pas 40 % de leur capacité de trituration d’où un manque à gagner certain, note-t-il, estimant qu'il s'agit de pertes d’autant plus préjudiciables pour les minoteries les plus récentes qui ont des emprunts à rembourser.

Il souligne que les pistes d’amélioration semblent limitées, indiquant qu'il serait possible de réduire les charges des boulangers, de jouer sur le taux de mouture afin d’accroître les quantités de farine livrées aux boulangers ou d’orienter les minoteries vers le soutien à la production locale de blé et à sa collecte.

Contrairement aux laiteries, les minoteries sont pour la plupart déconnectées des producteurs locaux, déplore-t-il, faisant observer que cette crise rappelle celle de l’huile au printemps dernier.

Il soutient qu'à défaut d’une orientation des subventions vers les ménages à faible revenu, tout laisse à penser que le système de soutien des prix pour tous montre aujourd’hui ses limites.

Le différentiel de prix entre prix soutenus et prix libres ouvre la voie à des dysfonctionnements, commente-t-il, ajoutant que nombreux sont les observateurs pour qui "le manque de pain est la résultante de la pénurie de farine créée par les spéculateurs" .

En Mauritanie, la presse locale relève que le gouvernement mauritanien a annoncé jeudi être parvenu à une solution définitive avec le Koweït à propos de sa dette contractée auprès de ce pays.

D'après les médias mauritaniens, le nouvel accord prévoit d’annuler 95% des intérêts de cette dette, alors que la dette initiale sera désormais de 82 millions de dollars.

Reprenant les propos du ministre mauritanien des Affaires étrangères, Ismael O. Cheikh Ahmed, ces médias relèvent que le Koweït a toujours été aux côtés de la Mauritanie dans les moments décisifs pour l’aider.

D'après les mêmes sources, les deux parties sont convenues de payer la dette initiale sur 20 ans, avec un délai de grâce des intérêts pendant deux ans.

Il existe des divergences quant au volume de la dette mauritanienne à l’endroit du Koweït, la majorité des rapports l’estiment à 950 millions de dollars, quand bien même on estime que ce montant est la conséquence d’intérêts sur une dette initiale de 150 millions de dollars, empruntés majoritairement dans les années 70 du siècle dernier, rappellent-ils.

La dette de la Mauritanie vis-à-vis du Koweït constituait une dette dormante qui n’était pas remboursée mais qui le sera désormais, a dit le ministre mauritanien des finances, sur 20 ans après l’annulation de 95% des intérêts.

Les mêmes sources relèvent que le règlement du dossier de la dette koweïtienne est intervenu après un long processus de concertation entre les deux pays.

MAP