Revue de la presse quotidienne internationale maghrébine

Samedi 7 Août 2021

​Tunis - L'enquête concernant un contrat de lobbying conclu par le mouvement tunisien Ennahdha aux Etats Unis, la liberté de la presse en Algérie et les activités minières en Mauritanie sont les principaux sujets abordés samedi par la presse maghrébine.


"Réalités" fait savoir que le journaliste Haythem Mekki a publié vendredi sur facebook un document de lobbying signé par le mouvement Ennahdha dans la capitale américaine Washington avec l’agence internationale de communication et de relations publiques "Burson Cohn and Wolf" d’une valeur de 30 mille dollars, sans compter les impôts.

D’après la même source, le contrat a été signé le 29 juillet dernier, et qu’il se trouve publié sur le site du ministère américain de la Justice. Ce contrat a pour objectif de "faciliter le lien entre Ennahdha et les acteurs principaux aux Etats Unis, lui garantir le soutien des médias, ainsi que des prestations de conseil et stratégie en communication", ajoute le média.

Il relève que le document prouve que le mouvement islamiste a obtenu des financements étrangers, sachant que, selon la loi tunisienne, il est interdit aux partis de recevoir des financements étrangers.

Pour sa part, Ennahdha a catégoriquement nié, dans un communiqué, avoir signé, ni par l’intermédiaire de son représentant légal, ni par l’intermédiaire d’aucune de ses institutions ou dirigeants le moindre contrat avec aucune institution à l’étranger, démentant avoir signé un contrat de lobbying aux Etats-Unis d’Amérique.

"Nous n’avons effectué aucun virement vers l’étranger ni reçu des fonds de l’étranger", soutient Ennahdha cité par le média.

Il relève que le porte-parole du tribunal de première instance de Tunis 1, Mohsen Dali a annoncé que le ministère public a entrepris de collecter tous les éléments relatifs à ce contrat de lobbying conclu entre le mouvement Ennahdha et l’Agence internationale de communication et de relations publiques.

"Le ministère va prendre une décision soit par l’ouverture d’une nouvelle enquête ou par la jonction de cette affaire avec celle en cours sur les contrats de lobbying conclus avant les élections législatives de 2019", relève Dali.

Pour sa part, "Business news" indique que des observateurs de la scène nationale tunisienne, se posent des questions depuis la révélation de l’affaire, notamment en ce qui concerne l’étendue de la campagne d’influence menée par le mouvement islamiste et son impact sur les médias et les sphères de pouvoir US.

Il souligne qu’il est indéniable que les journaux américains suivent de très près la situation en Tunisie, certains diront de trop près.

Le propre du lobbying est de pousser d’une façon indirecte à ce que les milieux politiques et médiatiques s’intéressent à une situation toujours en faveur d’une partie, note-t-il.

Il estime que dans le cas d'espèce, cela penche en faveur du mouvement islamiste et si on prend en considération le contrat signé par une entité écran d’Ennahdha avec BCW, le lien est vite établi.

"Algériepart" écrit que l’Algérie est devenue le foyer mondial du théâtre de l’absurde, expliquant le récit du procès du journaliste Rabah Karèche, correspondant du journal "Liberté" à Tamanrasset, arrêté pour avoir couvert une manifestation, en est une parfaite illustration.

Selon le média, le correspond du quotidien francophone est détenu depuis plus de 111 jours à la prison de Tamanrasset, notamment pour diffusion de "fausses informations" portant atteinte à l’unité nationale.

Il relève que lors de son procès qui s’est tenu jeudi dernier au tribunal de Tamanrasset, les avocats et l’assistance ont découvert des absurdités inédites qui feront entrer la Justice algérienne dans les annales de l’histoire.

Et pour cause, toute l’incarcération du journaliste Rabah Karèche a été décidée à la suite d’une très mauvaise traduction réalisée par les services de sécurité, précise-t-il, notant que "La police judiciaire a utilisé la plateforme de Google traduction afin de traduire ses articles du français vers l’arabe" alors que le code de procédures pénales exige de faire appel à un traducteur assermenté.

Les policiers se sont ainsi basés sur la traduction approximative et hasardeuse de Google Traduction pour accabler le journaliste Rabah Karèche et l’accuser de vouloir semer des troubles entre divers clans tribaux dans la région de Tamanrasset, regrette la même source.

Il souligne que face à "cette révélation incroyable, les avocats du journaliste incarcéré n’ont pas pu retenir leur étonnement. Ils ne savaient même pas s’ils devaient rire ou pleurer face à la gravité de la situation".

La traduction effectuée par Google Traduction a accordé un tout autre sens aux textes du correspondant du quotidien Liberté, fait savoir la même source, qui estime que cet amateurisme dont ont fait preuve les éléments de la Police Judiciaire de la wilaya de Tamanrasset reflète l’incroyable légèreté avec laquelle les autorités algériennes traitent les affaires de délit de presse.

A la fin de ce procès absurde, le parquet du tribunal de Tamanrasset a réclamé une peine de trois ans de prison ferme contre le journaliste Rabah Karèche, regrette le média.

Cité par la publication, le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) a indiqué qu’il lui est également reproché la "création d’un compte électronique consacré à la diffusion d’informations susceptibles de provoquer la ségrégation et la haine dans la société" et d’avoir porté "atteinte à la sûreté et l’unité nationale".

Pour sa part, La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) a demandé l’abandon de toutes les charges retenues contre le journaliste et sa libération inconditionnelle.

Pour Saïd Salhi, vice-président de cette ONG, "Rabah Karèche est poursuivi pour délit de presse, pourtant abrogé par la loi".

Le journaliste avait été inculpé et écroué le 19 avril après avoir publié le compte-rendu d'un mouvement de protestation des Touaregs, minorité berbère locale, rappelle le média, qui ajoute qu’il avait rapporté que les habitants historiques de la région de Tamanrasset dénonçaient "l’expropriation de leurs terres au profit" des wilayas (préfectures) de Djanet et d’Illizi, nouvellement créées.

D’après la même source, la détention prolongée de Rabah Karèche a suscité la colère de ses collègues et des avocats après que le président algérien Abdelmadjid Tebboune a qualifié le journaliste de "pyromane", dans un entretien à l’hebdomadaire français Le Point. Ses avocats ont dénoncé "une violation de la présomption d’innocence" et une "tentative d’influencer la justice", révèle-t-elle.

En Mauritanie, la presse locale revient sur un récent rapport de la Banque Mondiale qui a révélé que les activités minières au cours des deux dernières années ont sauvé l’économie mauritanienne de l’effondrement à cause des retombées négatives du coronavirus.

Ce rapport de 66 pages publié par l’institution précise par ailleurs que l’économie mauritanienne devra s’améliorer à l’horizon de 2023.

Le rapport de la banque mondiale, publié par les journaux, rappelle que la pandémie a entraîné un rétrécissement de l’économie mauritanienne qui avait atteint 1,5% en 2020, ajoutant que les secteurs de la pêche, le commerce, les transports et les services ont été à l’origine de ce rétrécissement.

Ces impacts négatifs ont été compensés par l’important rendement du secteur minier, les aides extérieures et la réduction de la dette de la part des créanciers, poursuit la même source.

Elle note que malgré les impacts négatifs sur l’économie, l’appui des donateurs et l’amélioration des échanges commerciaux ont allégé les pressions extérieures.

Elle estime que la situation financière générale du pays est demeurée forte grâce aux recettes non fiscales et la faible exécution des dépenses car le disponible budgétaire fait ressortir un excédent de 1 % en 2020 contre 1,5% du PIB en 2019.

Selon ces médias, à propos de la production du gaz depuis le champ "la grande tortue" partagé avec le Sénégal attendue en 2023, cette exploitation appuiera la croissance à moyen terme, en plus des industries minières ce qui va se répercuter positivement sur la réduction du déficit du budget commercial.

D’après les mêmes sources, la banque mondiale s’attend à que la politique budgétaire prudente du gouvernement maintienne le processus stable pour aider à l’augmentation des ressources afin d’aider les familles les plus pauvres.

Elles rappellent que la banque mondiale a formulé récemment des recommandations aux autorités officielles mauritaniennes pour le moyen et le court termes destinées à alléger les impacts de la pandémie du covid-19 sur l’économie.

Parmi ces recommandations figurent le maintien de la stratégie actuelle qui privilégie les financements concessionnels, ainsi que l’élaboration d’un cadre budgétaire global, afin de permettre aux générations futures de bénéficier des ressources gazières, précisent les mêmes sources.

MAP