Revue de la presse quotidienne internationale maghrébine

Mardi 23 Juin 2020

Tunis - Les affrontements entre des manifestants et la police dans le Sud de la Tunisie et la polémique suscitée par la signature d'un accord entre la Mauritanie et une société canadienne pour l'exploitation d'une mine d'or sont les principaux sujets abordés, mardi par les journaux maghrébins.
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"Kapitalis" fait observer que les émeutes d'El-Kamour, à Tataouine, qui ont repris de plus belle depuis quelques jours, obligeant le gouvernement à déployer l’armée pour empêcher la paralysie de toute activité économique dans la région, suscitent des interrogations pour le moins légitimes sur les parties qui les alimentent à intervalles réguliers.

Le gouvernorat le plus au sud de la Tunisie et le plus vaste gagné cycliquement par la colère, la contestation et l’embrasement vote massivement depuis dix ans pour le parti islamiste Ennahdha, fait-il remarquer.

Il note que ce dernier, qui gouverne le pays depuis dix ans, ne lui a rien donné, n’a rien changé à sa situation et la colère populaire se poursuit mais paradoxalement, à chaque scrutin, il lui renouvelle sa confiance, se demandant sur les raisons de "cet attachement viscéral à des islamistes aussi incompétents et aussi peu reconnaissants".

Il rappelle que lors des dernières élections législatives, comme d’habitude Ennahdha a caracolé en tête secondé cette fois-ci par un nouveau venu, la coalition "Al-Karama", qui se trouve être un satellite d’Ennahdha regroupant ses éléments les plus radicaux dans une répartition des rôles pour le moins grossière.

Jamais les manifestants de Tataouine ne se sont révoltés contre les contrebandiers milliardaires opérant dans leur région et ne les ont obligés à investir et à développer leur gouvernorat au lieu de blanchir leur argent dans l’immobilier et les salons de thé des quartiers huppés de Tunis, explique-t-il.

"L'économiste Maghrébin" relève que les autorités judiciaires de Tataouine ont remis en liberté, lundi, 11 personnes arrêtées après leur audition devant le ministère public.

Il ajoute qu’une seule personne est admise actuellement à l’hôpital régional de Tataouine et sera traduite mardi devant le procureur de la République, précisant que le porte-parole des sit-inneurs d’El Kamour, Tarek Haddad, qui a été arrêté à l’extérieur de la région, sera lui aussi traduit devant la justice.

D’après la publication, les membres de la coordination d’El Kamour ont exprimé leur désengagement de ceux qu’ils qualifient d'’"intrus" et qui, selon eux, n’ont pas respecté le caractère pacifique des protestations.

Il rappelle que les protestataires revendiquent l’application des clauses de l’accord signé entre les sit-inneurs et le gouvernement en juin 2017 et qui porte sur la reprise immédiat de la production, la levée du sit-in, la réouverture de la route d’El Kamour, l’affectation de 1500 personnes au sein des compagnies pétrolières, l’adoption de la subvention de recherche de travail de 500 DT (1750 dh) à la disposition des recrutés des compagnies pétrolières à partir de septembre prochain, en attendant qu’ils occupent leurs postes.

De son côté, "TunisieNumérique" a relevé que les habitants de plusieurs quartiers de la ville de Tataouine, à l’instar de la cité administrative, à Tataouine Jadida, se sont plaints de l’excès de l’usage des gaz lacrymogènes à l’encontre des protestataires, expliquant que de nombreux cas d’intoxication et de suffocation ont été enregistrés parmi les riverains, notamment les personnes âgées ou les femmes et les enfants.

Selon la même source, ces habitants ont témoigné de cette souffrance causée par ces gaz et émis le vœu de voir les sécuritaires quitter la ville et être remplacés par les militaires, histoire d’apaiser un peu les esprits et permettre la reprise du dialogue.

"Directinfo" fait savoir que le chef du gouvernement tunisien tiendra, prochainement, une réunion en présence de plusieurs ministres pour prendre les mesures appropriées concernant l’accord conclu entre le gouvernement précédent avec les sit-inneurs dans la région d’El Kamour.

Citant le ministre d’Etat chargé de la Fonction publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption, Mohamed Abbou, il a ajouté que le gouvernement s’oriente vers la résolution des complications administratives qui entravent les projets de développement dans les différentes régions du pays et à créer des postes d’emplois.

Pour "Business News", un parti de la coalition incite à contrer les forces de l'ordre à Tataouine. Il revient sur une réunion tenue lundi entre le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh et les représentants des blocs parlementaires de la coalition au pouvoir à l’issue de laquelle le dirigeant d’Ennahdha et chef de son bloc parlementaire, Noureddine Bhiri a évoqué le "rôle incitateur d’un certain parti politique".

Et de souligner que "M. Fakhfakh doit obliger tous les partis politiques faisant partie de la coalition au pouvoir à respecter les institutions de l’Etat et ne pas envenimer davantage la situation", affirmant que "le parti a attiré l’attention du chef de gouvernement et a demandé d’ouvrir une enquête et la prise des mesures nécessaires en espérant que ça soit faux".



Source : https://www.mafrique.info/Revue-de-la-presse-quoti...

MAP