Revue de la presse quotidienne internationale maghrébine

Jeudi 14 Mars 2019

Tunis - La polémique autour du service public suite au décès de 15 nouveau-nés dans une maternité en Tunisie et les répercussions de l’échec des partis d'opposition en Mauritanie à se mettre d'accord sur un candidat unique pour la prochaine Présidentielle sont les principales thématiques traitées, jeudi, par plusieurs quotidiens maghrébins. 

Sous le titre "Un cri d'alarme", "La Presse de Tunisie" écrit qu'avec le décès de ces nouveau-nés au centre de maternité de l'hôpital "La Rabta" et le viol de vingt enfants par un enseignant, le moins qu'on puisse dire pervers et criminel, les Tunisiens se sentent blessés, humiliés et menacés dans le plus cher de leurs acquis et spécificités faisant leur fierté jusqu'à une époque pas très lointaine la santé et l'éducation. 

Il s'agit de la déliquescence annoncée du système national de santé qui était considéré comme l'une des plus belles réussites de la Tunisie au point que les compétences sanitaires nationales étaient courtisées, pour leur savoir faire et leur expertise, par les institutions sanitaires mondiales et que les hôpitaux tunisiens étaient fréquentés par les patients du monde entier, en premier lieu ceux des pays européens, explique le journal. 

Idem pour la position privilégiée que l'enfance tunisienne occupait dans la stratégie nationale de développement intégral et durable, un statut spécial qui faisait de l'enfant un partenaire incontournable dans la dynamique d'édification de la Tunisie de demain, rappelle-t-il. 

Malheureusement, avec les remous, les remises en question, les revirements faussement révolutionnaires opérés après les événements du 14 janvier 2011 et renforcés ou même enracinés tout au long des huit dernières années, la Tunisie s'est retrouvée dépossédée, avec une méthodologie affligeante et une régularité "impressionnante", de ses plus chères et précieuses réalisations civilisationnelles, déplore-t-il.

Il ajoute qu'il s'agit d'un système de santé qui est passé de la santé pour tous à la santé de qualité, un système éducatif qui ne demandait qu'à évoluer et à parfaire et une enfance épanouie, préservée et protégée juridiquement par un code que plusieurs observateurs n'ont pas hésité à qualifier de la troisième constitution nationale aux côtés du Code du statut personnel, la deuxième constitution tunisienne depuis sa promulgation le 13 août 1956. 

Pour sa part, "Le quotidien", qui titre "La mort du service public pour bientôt?", estime que très coûteux et non rentable, le service public est devenu insupportable pour l'Etat qui a du mal à camoufler la privatisation des secteurs socialement stratégiques.

N’hésitant pas à prendre part aux cérémonies d'inauguration des cliniques privées organisées en grande pompe, presque tous les ministres qui ont pris les commandes du département de la santé publique en Tunisie au cours des huit dernières années sont accusés d'avoir implicitement encouragé la privatisation d'un secteur vital pour la société, explique le journal.

Il indique qu'aucun d'entre eux n'a été capable de ralentir la descente aux enfers des établissements de la santé publique laissés pour compte malgré les cris de détresse lancés par tous le corps de métiers dans le secteur.

La tragédie survenue à la fin de la semaine passée dans le service de néonatologie du CHU de la Rabta ne marque-t-elle pas la mort d'un secteur en agonie ?, se demande-t-il, ajoutant que beaucoup croient, en effet, que ce sont les cliniques privées qui vont profiter de la situation. 

Il ajoute que dans l'enseignement, l'autre secteur dans lequel la Tunisie a toujours misé pour la bâtir l'Etat moderne, le décor change mais l'ambiance est presque la même.

Frappés par les conflits opposant les syndicats et les autorités de tutelle, universités, lycées et écoles publiques sont de plus en plus concurrencés par le secteur privé.

Dans le même ordre d'idées, "Le Temps" relève que la stratégie de modernisation de la Fonction publique qui sera lancée prochainement comporte des mesures qui seront exécutées sur le moyen terme, en plus des mesures exceptionnelles et qui prévoit la révision de la loi de la fonction publique, l'instauration de la haute fonction publique, le renforcement de la mobilité et du redéploiement des fonctionnaires et le développement des systèmes de formation. 

Il s'agit, également, de l'instauration d'un système de gestion approximative des ressources humaines et la révision des statuts et des régimes de salaires, relève la publication, pour qui cette stratégie sera appliquée en partenariat avec les partenaires sociaux avec le soutien de la Banque mondiale et de l'Union Européenne. 

Elle rappelle que 673 mille agents exercent dans la Fonction publique dont 36 mille dans les collectivités locales avec une masse salariale estimée en 2017 à 14 pc du PIB. 

Le journal fait remarquer qu'après 2011, les recrutements dans la Fonction publique ont été à caractère politique et social, loin de répondre aux réels besoins de l'administration tunisienne.

En Mauritanie, la presse se fait l'écho des répercussions de l’échec des partis d'opposition à se mettre d'accord sur un candidat unique pour les prochaines élections présidentielles et des choix qui s'offraient à eux.

La coalition électorale des partis d'opposition avait décidé, lors d'une réunion tenue mercredi, d'adopter la stratégie à candidats multiples au lieu du candidat unique, relève-t-elle, notant que la coalition s'était engagée dans une déclaration de principes signée le 17 janvier dernier d’œuvrer au choix d'un candidat unique pour la Présidentielle de 2019, un engagement qui a suscité une grande satisfaction des masses, se demandant à quel point une opposition sérieuse n'a pas été en mesure de respecter ses engagements avant d'arriver au pouvoir.

Les journaux soutiennent que l’opposition se doit de se rendre à l’évidence que cette fois-ci sa culpabilité ne sera jamais pardonnée et que personne ne donnera d’importance à ses blocs ou à ses engagements futurs, tant qu’elle ne parviendra pas à honorer un simple engagement de se mettre d’accord sur un candidat unique pour une élection présidentielle cruciale.

Et d’expliquer que cet échec ne constitue point une surprise, car nombre d’observateurs et acteurs politiques de cette coalition hétéroclite étaient très sceptiques depuis le lancement de cette option.

Force est de souligner qu’après un long processus de négociations et après la signature d'une déclaration de principes visant à faire avancer une candidature commune, la coalition électorale a, enfin, décidé que chaque parti puisse présenter son propre candidat aux prochaines élections.

Le parti «Tawassoul» soutient le candidat externe à l’opposition, Sidi Mohamed Ould Boubacar, dont le chemin n’a jamais croisé celui de l’opposition avant cette échéance qualifiée de cruciale, alors que le reste de l’opposition, partisane d’une candidature interne, a choisi de miser sur un autre candidat de l’Alliance électorale de l’opposition démocratique (AEOD).

La presse retient que les déclarations de certains leaders des islamistes dont le parti est accusé de ne pas jouer franc jeu, auguraient de l’échec de cette option. C’est que le ver était déjà dans le fruit.

«Nous ne nous sommes pas parvenus à s’entendre sur le choix d’un candidat unique pour la présidentielle prochaine», a déclaré un leader des partis de l’Alliance électorale à sa sortie d’une réunion de l’opposition. Et d’ajouter : «Nous partons à l’élection présidentielle en rangs dispersés et en cas de second tour nous soutiendrons le candidat de l’opposition».

Sur ce dernier point, les journaux s’interrogent si l’engagement de se retrouver en cas de 2e tour, derrière un candidat de l’opposition bien placé a-t-il un sens ? La question mérite d’être posée, sachant que les uns et les autres trouveront toujours un moyen d’étaler leurs divergences au grand jour. 

Ils rappellent, à cet égard, que depuis plus de trois mois, les leaders des partis du FNDU et l’AEOD tiennent d’interminables rencontres dans le but de parvenir à trouver un candidat unique et consensuel qui pourrait affronter celui du pouvoir, le ministre de la Défense, Ould El Ghazouani.

MAP