Revue de la presse quotidienne internationale maghrébine du 30/08/2021

Lundi 30 Août 2021

​Tunis - Les derniers développements politiques en Tunisie, la marginalisation de l'enseignement de la langue amazighe en Algérie et les intempéries en Mauritanie sont les principaux sujets abordés lundi par la presse maghrébine.


"Tunis-Hebdo" écrit dans son éditorial intitulé "Quel avenir pour Ennahdha?", que c'est sans surprise que le Chef de l'Etat Kaïs Saïed a annoncé la poursuite des mesures exceptionnelles qui seront appliquées jusqu'à nouvel ordre.

Pour certains analystes, ajoute l'éditorialiste, le maintien de ces mesures de manière indéfinie pose problème dans la mesure où ils souhaitent le retour à la "normale" le plus tôt possible en invitant le président de la république à présenter "sa feuille de route pour le futur.

Sur ce plan, il estime que l'appréciation des faits qui ont motivé ces mesures dépend -en l'absence d'une Cour constitutionnelle- de manière discrétionnaire du Chef de L'Etat., notant que leur poursuite est, par conséquent, tributaire de sa volonté, mais aussi de leur réelle existence.

"Il s'agit là d'une dimension que l'on ne peut ignorer mais qui pourra être aisément résolue si le président Saïed s'adresse finalement au peuple tunisien pour lui faire part de ses intentions", ajoute la même source.

Elle explique que cette situation floue ne peut pas perdurer d'autant plus qu'elle n'est pas suivie des effets attendus par l'opinion publique en ce qui concerne l'ouverture des grands dossiers de la corruption ou de l'amélioration de la visibilité quant à l'avenir proche et lointain du pays.

Dans ce contexte, elle fait état d'une "discrétion pour ne pas dire l'absence des partis politiques où, mis à part le Parti Démocrate Libéral et Abir Moussi qui continuent d'interpeller le président, ou de temps à autre des communiqués distillés par quelques autres formations politiques mais sans réelle incidence, le parti qui paraissait le mieux structuré, en l'occurrence Ennahdha, semble en perdition.

Selon le média, cette situation était incongrue auparavant tant la "maison" Ennahdha semblait solide et unie.

Il souligne que certes, on notait, de temps à autre, quelques voix discordantes, mais elles rentraient rapidement dans les rangs, soit par la pression, soit par la distribution des offrandes que les responsables du parti faisaient aux contestataires pour les faire taire ou les amadouer.

Cela se concrétisait principalement par les nominations soit aux structures élevées du parti, soit à différents postes au sein de l'Etat où les chefs de gouvernement successifs ne lui refusaient presque rien, rappelle-t-il.

Il note que quelques-uns, qui aspiraient à la succession de Rached Ghannouchi, ont préféré quitter le navire à l'instar de Hamadi Jebali ou plus récemment Abdelhamid Jelassi, mais tout en demeurant fidèles à la "communauté frériste".

Selon l'auteur, le 25 juillet a, semble-t-il, changé radicalement la donne au moins sur deux aspects dont le premier concerne la contestation beaucoup plus virulente visant directement le président du parti, Rached Ghannouchi, en lui faisant endosser la décrépitude d'Ennahdha.

"Ils lui reprochent d'avoir attisé les conflits avec le président Saïed et d'avoir amené celui-ci à ces mesures radicales. En fait, ils craignent un retour -de bâton- de l'Etat et la perte de leurs nouvelles postures ou les avantages acquis (de façon indue) durant ces dix dernières années, détaille-t-il.

Il fait savoir que le deuxième aspect concerne la fuite en avant du président d'Ennahdha, soulignant que face à cette remise en cause de son pouvoir et de son prestige personnel, qu'il estime en tant que chef théocratique et autocratique du mouvement comme inacceptable et inimaginable, il a renvoyé l'ensemble du bureau exécutif.

Il rappelle que le chef d'Ennahdha possède le pouvoir de limoger tout membre, ce qui montre la gestion despotique du parti par son chef.

Dans tous les cas de figure, Ennahdha semble au fil des années revenir à son véritable poids électoral et politique, celui d'un mouvement sectaire et minoritaire dans une société tunisienne tolérante, libre et profondément progressiste, estime "Tunis-Hebdo".

En Algérie, "TSA" note que la place de tamazight au sein de l'école algérienne est à nouveau au centre de la polémique à trois semaines de la rentrée scolaire, dont les rumeurs de report une seconde fois sont démenties par les syndicats de l’éducation nationale.

Il souligne que s’il n’y a pas de doute sur la date de la rentrée scolaire, une polémique s’est installée sur la place de tamazight dans les programmes d’enseignements.

Réuni samedi dernier à Béjaia, un collectif d’inspecteurs de la langue amazighe a discuté de "l’exclusion de l’enseignement de tamazight de l’emploi du temps alternatif de l’élève pour l’année scolaire 2021-2022", rappelle-t-il.

Reprenant un communiqué publié à l’issue de cette réunion, le média fait savoir que le collectif a dénoncé la "correspondance du secrétariat général du ministère de l’Education nationale émise sous le numéro 194, du 14 août 2021" annonçant cette décision.

Ils ont décidé d’adresser un courrier au ministre du secteur "pour attirer son attention sur les arrières pensées et les conséquences d’une telle décision, pour le moins inattendue", selon la même source.

Elle fait savoir que les inspecteurs de la langue amazighe comptent rappeler au ministre de l’éducation nationale "les devoirs de l’Etat envers l’enseignement de la langue amazighe".

Cette annonce a également suscité les réactions de syndicats du secteur qui interpelle le ministre Abdelhakim Belabed afin de répondre aux questionnements et dissiper les ambiguïtés autour de cette question, révèle la même source.

Pour sa part, "L'Expression" fait état d'une vive polémique à la veille de la rentrée scolaire, relevant qu'après le feuilleton du report et celui du nouvel emploi du temps, place à tamazight.

Selon le journal, la rumeur qui circulait depuis quelques jours sur la suppression de l'enseignement de cette langue nationale et officielle, du programme scolaire, a été à moitié confirmée par les inspecteurs de la langue amazighe qui se sont réunis, samedi dernier, au niveau de la wilaya de Béjaïa, afin de donner plus de détails sur cette information.

En fait, il ne s'agit pas d'une suppression totale mais d'un décalage de l'emploi du temps scolaire, explique Méziane Mériane, coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), cité par le quotidien.

D'après la même source, ce syndicaliste s'est insurgé contre cette décision qu'il estime "injuste", en s'interrogeant sur le fait que le choix de la tutelle se soit porté uniquement sur l'enseignement de cette langue.

"On peut comprendre que la situation sanitaire oblige à faire quelques concessions, mais pourquoi le choix s'est-il porté sur cette matière et pas sur une autre?", soutient-il, non sans rappeler qu'elle était déjà marginalisée, étant considérée comme une matière facultative.

Le journal cite aussi les propos de Boualem Amoura, président du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef) qui partage le même avis.

"La Constitution est claire à ce sujet. Il s'agit d'une langue nationale et officielle. Pourquoi ne pas avoir décalé une langue étrangère?", se demande-t-il.

Pour lui, ce réaménagement est "une mise à mort de l'enseignement de cette langue (..) Il est inconcevable de croire que des élèves vont revenir pendant leur temps libre juste pour étudier une matière. Les enseignants se retrouveront certainement face à des classes désertes".

En Mauritanie, la presse locale revient sur les dégâts causés par les dernières intempéries qui se sont abattues sur le pays.

Ces médias relèvent que la commission chargée de la gestion des catastrophes relevant du ministère mauritanien de l’Intérieur et de la décentralisation a présenté dimanche, son bulletin quotidien des dégâts causés par les pluies et le ruissellement des eaux.

"Les vents ont détruit, selon les mêmes sources, des maisons en banco et des hangars dans la commune de Dar El Barka relevant de la moughataa de Boghé, dans la wilaya du Brakna (nord-ouest).

Vingt autres habitats et hangars se sont également effondrés sous l'effet des intempéries, dans la localité de N’teyzent, dans la wilaya du Trarza, précisent-elles.

MAP