Revue de la presse quotidienne internationale maghrébine du 26/02/2018

Lundi 26 Février 2018

Tunis - Les mouvements de protestation en Tunisie et en Algérie viennent en tête des thématiques, traitées lundi par les quotidiens dans ces deux pays maghrébins.

"La Presse de Tunisie" écrit, dans un éditorial intitulé "Où va-t-on?", que les sit-inneurs d'El Kamour sont de retour en promettant de boucler la ville de Tataouine et de paralyser, de nouveau, les sociétés pétrolières de la région si le gouvernement ne satisfait pas toutes leurs revendications figurant dans l'accord signé le 16 juin 2017, après de longs mois de protestation et de fermeture des vannes de l'or noir et des pertes colossales en ressources financières pour l'Etat.

Le journal rappelle que quelques jours auparavant, ce sont les protestataires du bassin minier qui ont fait leur grand retour avec le blocage des engins transportant le phosphate, l'autre importante source de revenus en devises étrangères, vers les unités de transformation jusqu'à l'épuisement du stock de la Compagnie de Phosphates de Gafsa (CPG) et l'arrêt de la production

Il précise que le gouvernement a la charge de répondre aux attentes des citoyens et satisfaire leurs besoins en emploi, en développement, en sécurité et tout le reste, mais il semble ne pas pouvoir suivre le rythme des mesures qu'il prend des promesses qu'il fait aux régions et aux protestataires tant celles-ci sont nombreuses, diverses et contraignantes pour lui dans un contexte économique et financier de plus en plus vulnérable.

Tout en indiquant qu'aucun gouvernement n'est en mesure aujourd'hui de trouver la baguette magique qui va renflouer en un tour de main les caisses de l'Etat et de créer des centaines de milliers d'emplois, il souligne que l'effort à accomplir est national et concerne tous.

Le quotidien met en garde contre le pire qui est à craindre si l'on ne prend pas la mesure des dangers qui nous guettent et si l'on ne fait rien pour redresser la barre de l'économie et renforcer l'immunité de la Tunisie contre les menaces de faillite et d'instabilité politique et sécuritaire.

Son confrère "Assabah Al Ousboui" considère que la suspension de la production des champs de pétrole et de phosphates entraîne la paralysie d'autres secteurs et impose un régime de famine collective.

Le journal souligne que le gouvernement est appelé à proposer des solutions et des alternatives auxquelles les manifestants doivent interagir positivement vu la conjoncture délicate que traverse le pays.

Pour sa part, "Al Bayane" fait savoir que malgré les efforts déployés par le ministère de l'Energie, des Mines et des Energies renouvelables et les rounds des négociations et une série de rencontres entre les différentes parties, la crise de la Compagnie des Phosphates de Gafsa se poursuit, faisant savoir que la production de la compagnie a diminué de 50 %.

Il rappelle que les villes de production de phosphates dans le bassin minier dont Redayef, Oum Larès, Métlaoui et Mdhilla enregistrent depuis le 20 janvier dernier des mouvements de protestation provoquant une paralysie totale des activités de la compagnie, précisant que ces protestations ont éclaté après la proclamation des résultats du concours pour le recrutement de 700 agents d'exécution au sein de la CPG.

Pour sa part, "Echourouq" revient sur les déclarations du chef du gouvernement Youssef Chahed, qui avait souligné que son gouvernement prône la voie du dialogue et que la situation sera bientôt débloquée grâce à l'implication de tous les acteurs et les intervenants.

En Algérie, "l'Expression" revient sur l'appel de l'intersyndicale à une grève générale qui "relève d'une logique d'escalade qui semble obéir à un agenda précis".

Quelques jours après les deux jours de débrayage organisé par cinq organisations syndicales du secteur de l'Education nationale, un autre appel à la grève émanant, cette fois d'un groupement d'une dizaine de syndicats concerne une grève pour le 4 avril prochain, rappelle le quotidien.

Il ajoute que bien que la première action de protestation n'ait pas drainé grand-monde, la seule menace d'un débrayage illimité peut très facilement constituer un motif de stress pour les élèves et leurs parents, faisant observer qu'il semble que cet aspect des choses ne soit pas une priorité pour les syndicats qui disent représenter les travailleurs des secteurs de l'éducation, de la santé, de l'enseignement supérieur et de l'administration.

Réunis le week-end au siège de l'Union Nationale des Professionnels de l'Education et de la Formation (UNPEF), les responsables syndicaux ont évalué "le mouvement de protestation et la grève nationale du 14 février 2018 qui a réussi à mobiliser les travailleurs et travailleuses de plusieurs secteurs autour des revendications".

Constatant, disent-ils, "l'absence de dialogue social sérieux entre le gouvernement et les organisations syndicales et le recours à des méthodes entravant le travail syndical, l'utilisation de l'autorité et le recours automatique à la justice pour régler les conflits sociaux", ces syndicats justifient donc un recours à une action radicale, dont "le seul impact, si elle réussit, consiste à bloquer toute la Fonction publique, provoquant instantanément une situation d'anarchie dans le pays".

Pour "Le Soir d'Algérie", qui se demande sur le rôle des syndicats, précise que le 24 février, anniversaire de la nationalisation de la SONATRAC, est célébré dans des conditions très particulières cette année : Le pays est secoué par des mouvements sociaux intenses, menés par des syndicats dont le rôle fait débat actuellement.

"La date est à la fois symbole de la nationalisation des hydrocarbures et de la création de la centrale syndicale, mais le double anniversaire intervient donc à un moment crucial, cette fois-ci. Peut-être même déterminant dans le processus d'évolution de la prise en charge des revendications sociales dans toute leur diversité en Algérie", poursuit la publication.

Elle estime que les Algériens ne s'accommodent plus des structures syndicales censées encadrer et porter leur voix, expliquant que les événements qui secouent depuis plusieurs semaines le monde de l'éducation ont ainsi mis en exergue l'existence d'une situation paradoxale dans laquelle le rôle des syndicats n'est, non plus contesté, mais tout bonnement décrié.

Effarés par la tournure prise par les modes de contestation déclenchées par le CNAPESTE et le CAMRA, les parents d'élèves et les élèves eux-mêmes se sont publiquement dressés à l'encontre de ces organismes, fait-elle savoir, ajoutant qu’il accusent, sans détour, les mis en cause d'œuvrer uniquement dans leurs intérêts au détriment des enfants régulièrement sacrifiés et mis dans des situations délicates pouvant compromettre leur scolarité.

Pour sa part, "Le jour d'Algérie" évoque la grève des blouses blanches et des enseignants, relevant que le ministre du Travail ainsi que le secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd et le président du Mouvement El Bina, Mustapha Belmehdi, ont appelé les grévistes des secteurs de l’Education et de la Santé à "reprendre le travail" et "de favoriser le dialogue".

"Nous sommes conscients qu’il y a des problèmes dans ces secteurs, mais il y a également un développement notable dans les secteurs de l’Education nationale et de la Santé et même si les revendications des grévistes sont légitimes, il n’en demeure pas moins que le moyen utilisé par les syndicats pour les demander est illégal, car la justice a déclaré ces mouvements illégaux", a indiqué le ministre cité par le quotidien.

Même déclarations du côté du secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Abdelmadjid Sidi Saïd qui a appelé lui aussi les syndicalistes à "favoriser le dialogue" et à préserver la paix et la stabilité du pays.

Même discours pour le président du Mouvement El Bina, Mustapha Belmehdi qui a indiqué que les mouvements de grève qui secouent le pays et qui "s’élargissent chaque jour, interpellent l’Etat qui doit trouver des solutions urgentes à travers un dialogue sérieux et non par la répression".

Il a ajouté, à ce propos, que l’élargissement de ces mouvements de protestation témoigne de "leur mauvaise appréciation" d’autant que la contestation touche deux secteurs sensibles, à savoir l’Education et la Santé.

MAP