Revue de la presse quotidienne internationale maghrébine du 21/02/2018

Mercredi 21 Février 2018

Tunis - L'affaire des enfants autistes maltraités en Tunisie, les irrégularités constatées dans la gestion du budget de l'Etat en Algérie et l'annonce de la date des journées de concertations sur la restructuration de l'Union pour la République en Mauritanie constituent, mercredi, les principaux sujets traités par la presse maghrébine.

Le journal tunisien "Echourouq" relève que la séquence vidéo, partagée samedi en masse sur les réseaux sociaux et montrant des enfants autistes subissant des violences physiques choquantes de la part des éducatrices d'un centre spécialisé du gouvernorat de l'Ariana, a suscité une indignation générale.

Il souligne qu'il s'agit d'un acte criminel et barbare qui traduit une crise de valeurs au sein de la société, rappelant les appels de plusieurs parties pour prendre les mesures nécessaires pour assurer la préservation de la dignité de ces enfants.

De son côte, "Al Maghreb" fait état de l'arrestation de la directrice du centre et deux éducatrices, qui n'ont pas cherché de nier les faits et ont avoué leurs crimes abjects.

Son confrère, "Le Temps" se demande si l'instauration des lois est suffisante, relevant que la vidéo est digne d'un film d'épouvante avec des séquences qui feraient pleurer même les cœurs de plomb.

"Un enfant, dos au mur, se fait tabasser par une adulte sans cœur qui l'humilie à coup d'insultes et le bas forcément", décrit le journal, faisant remarquer qu'on ne saura jamais pourquoi cet ange a été ainsi maltraité mais ce dont on est sûr, c'est que personne sur cette Terre ne mérite un tel châtiment et encore moins un enfant autiste.

"Comment ne pas se révolter contre tant d'absence d'humanisme et ne pas fondre de tristesse devant tant de vulnérabilité enfantine? comment ne pas hurler de rage face à ces abus qui se répètent et ses trop nombreux cas d'enfants qu'on violente aussi bien au sein de leurs familles que dans les établissements scolaires? Qui protège nos enfants?", se demande le journal avec amertume.

Il déplore aussi le fait que chaque jour des enfants sont en proie à des prédateurs sans cœur, ni pitié et que des adultes payés pour prendre soins de ces mineurs, ont l'audace de justifier leurs actes ignobles en se demandant sur les réseaux sociaux :"Pourquoi vous vous offusquez? Vous ne frappez pas vos enfants à la maison?".

Les autres journaux font savoir que plusieurs parents ont déposé une plainte devant le procureur de la République près le Tribunal de première instance de l'Ariana qui a déférées ces accusées devant la police judiciaire pour être entendus", ajoutant que les parents "tiennent aux poursuites judiciaires".

Ils ajoutent que la Présidence du gouvernement va demander une ordonnance judiciaire du juge de la famille pour placer tous les enfants du centre pour enfants autistes de l'Ariana sous le contrôle médical et psychologique de spécialistes relevant des ministères des Affaires sociales et de l'Education.

Il a également été décidé, précisent-ils, de placer ce centre sous le contrôle pédagogique du ministère des Affaire sociales jusqu'à la fin de l'enquête judiciaire en cours.

"La Presse de Tunisie" écrit dans un éditorial intitulé "Nos enfants autistes", que puisque l'horreur s'est produite, "ayons au moins l'humilité et la dignité de ne pas s'arrêter au stade de l'indignation. Des indignations le plus souvent sans lendemain".

"C'est grave, c'est pas un fait divers. Quand un enfant, être fragile et sensible mais être pensant, est agressé, quelle que soit sa condition, c'est un drame, une tragédie pour lui-même, sa famille, la société et la nation", déplore-t-il.

Il souligne que ces enfants, sujets de droit, sujets de parole, méritent toute et la plus absolue attention de l'Etat bien sûr, mais aussi de toute la vigilance de la société civile, précisant que la Tunisie expose aujourd'hui ses enfants à des risques (pauvreté, abandon, violences, mauvais traitements, handicap, déviance, exploitation économique).

Cette situation "doit nous interpeller nous adultes et commande un questionnement fécond sur les valeurs réellement partagées dans notre pays non seulement sur la responsabilité première de l'Etat, mais également sur le soutien et les moyens que la société dans son ensemble est prête à consentir pour que réellement s'épanouissent les enfants, tous les enfants", observe-t-il.

En Algérie, la presse se fait l'écho des irrégularités et des déficiences constatées dans la gestion du budget de l’État, ainsi que de l’existence d’un très grand nombre de fraudeurs qui seraient recensés et connus des services des impôts et contre lesquels les pouvoirs publics doivent exercer des sanctions.

Sur ce sujet, "Liberté" souligne que la Commission des finances de l’Assemblée Populaire Nationale a pointé du doigt dans son rapport sur le règlement budgétaire plusieurs insuffisances en matière de gestion du budget de l’Etat et appelle le ministère des Finances à remédier à ces dysfonctionnements et à ne pas répéter les mêmes erreurs dans la gestion et l’exécution du budget.

Il n’y a pas une évaluation de l’impact des projets d’équipement et d’un respect scrupuleux des délais de réalisation, d’où le problème récurrent des importantes réévaluations de projets, relève-t-il, expliquant qu’en premier lieu, le rapport recommande l’évaluation de l’impact des projets d’équipement et le respect scrupuleux des délais de réalisation.

En second lieu, dit-il, ce processus d’élaboration du budget de l’Etat n’est pas assis sur une vision prospective, sur une évaluation réelle des besoins des secteurs et sur une coordination entre les structures concernées du ministère des Finances afin d’aboutir à des données économiques et financières exactes, des estimations et des prévisions budgétaires adéquates, présuppose-t-il.

Sous le titre «Plusieurs dysfonctionnements pointés du doigt», le journal indique que le rapport fait valoir la nécessité d’instaurer une politique d’estimation à travers une vision prospective en vue de déterminer les estimations budgétaires en fonction des besoins réels des secteurs.

La commission souligne l’importance de mettre en place des mécanismes de coordination entre la direction générale des prévisions et le reste des administrations centrales du ministère des Finances pour l’adoption de données économiques et financières exactes en vue de déterminer les prévisions des projets de loi de finances, soutient-il.

Son confrère «El Fadjr» relève que plusieurs de ces recommandations ont été déjà soumises aux différents gouvernements qui se sont succédé ces dernières années, mais il semble bien qu’elles n’ont pas été suivies à la lettre en dépit de leur pertinence et de leur apport à l’amélioration de la situation économique et financière du pays.

Notant que le problème de collecte de l’impôt se pose avec acuité aujourd’hui en Algérie, le quotidien souligne que la commission des finances du parlement recommande le renforcement du suivi des contribuables par l’administration fiscale, le contrôle des déclarations et le recours à tout type de contrôle en vue de s’assurer du respect des engagements fiscaux.

Le rapport recommande, par ailleurs, d’éviter les financements des entreprises publiques à partir du Trésor et relève la nécessité de mettre en place un système d’information fiable.

Pour sa part, «El Watan» rapporte des déclarations du ministre des Finances, Abderrahmane Raouia, lors des débats à l’Assemblée populaire nationale sur le règlement budgétaire, en relevant que la lutte contre les phénomènes de fraude et d’évasion fiscales est une «priorité» pour les pouvoirs publics.

Le ministre a fait état de l’existence d’un fichier de 120.000 fraudeurs qui seraient donc recensés et connus des services des impôts et contre lesquels les pouvoirs publics exercent déjà, selon lui, des sanctions et un contrôle très rigoureux. Le journal explique que d’après les explications de du grand argentier du pays, il s’agit ainsi de 120.000 opérateurs inscrits au fichier national des fraudeurs comme étant coupables d'infractions graves aux législations et réglementations fiscales, commerciales, douanières, bancaires et financières.

Ces fraudeurs, a-t-il tenté de rassurer, «sont exclus des transactions commerciales extérieures, de la participation aux marchés publics et de tous les avantages accordés habituellement aux investisseurs».

La publication indique que le ministre n’a pas révélé de plus amples détails sur le préjudice causé par ces fraudeurs au Trésor public, mais a néanmoins tenté de mettre en avant la détermination de l’Etat à sévir désormais contre la fraude et l’évasion fiscales, citant à ce propos des échanges d'informations réguliers tant au plan interne qu'international, notamment avec les pays auxquels l'Algérie est liée par des conventions de coopération fiscale.

Sur un autre registre, «TSA» se fait l’écho de la polémique suscitée par la baisse de la valeur du dinar et des rumeurs sur un possible changement de monnaie, rapportant à ce sujet des propos du vice-gouverneur de la Banque d’Algérie, Djamel Benbelkacem, qui a commenté la hausse de la valeur officielle de l’Euro en estimant d’abord que la parité dinar algérien (DA) / Euro a baissé de 16% en moyenne annuelle au cours de l’année 2017.

Il fait remarquer à ce sujet que cette situation n’est pas propre à l’Algérie mais concerne également des pays comme «la Chine, l’Indonésie, la Turquie ou encore le Brésil, dont la monnaie a connu une dépréciation de 10 à 15% par rapport à l’Euro».

Le vice-gouverneur de la Banque d’Algérie affirme en outre que les rumeurs récurrentes sur un éventuel «changement de monnaie» sont fantaisistes et « n’ont aucun sens dans la situation actuelle de notre économie».

En Mauritanie, la presse revient sur l'annonce par l'Union pour la République (au pouvoir) de la date des journées de concertation proposées par le comité de restructuration du parti

Elle précise que le parti a convoqué les membres de son conseil national à se réunir le 2 mars à Nouakchott dans le cadre de ces journée de concertation, précisant que la réunion ordinaire de cette instance prévue également le 5 mars intervient quelques semaines après l'annonce du président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz de former un comité en charge de la restructuration du parti.

Elle fait savoir que ces journées de concertations sont l'aboutissement des travaux du comité technique formé par le président Ould Abdel Aziz pour étudier la réalité du parti et proposer les moyens à mettre en place en perspective des prochaines échéances électorales.

MAP