Revue de la presse quotidienne internationale maghrébine du 12/02/2018

Lundi 12 Février 2018

Tunis - La presse maghrébine a consacré, lundi, ses commentaires à la situation économique en Tunisie, aux recommandations des travaux du 5e congrès du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie en Algérie et aux mouvements de protestation de l'opposition en Mauritanie.

"Tunis-Hebdo" écrit qu'à peine sortie de la crise des pays considérés comme paradis fiscaux, elle est, aujourd'hui inscrite sur la liste des pays qui présentent de sérieuses déficiences en matière de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.

Il ajoute que cette classification fortement préjudiciable tant elle ternit l'image de la Tunisie vis-à-vis de l'extérieur avec toutes les conséquences qui s'en suivent en ce qui concerne les prochaines sorties sur le marché financier international.

"Cela va rendre, en effet, plus difficiles les négociations avec les bailleurs de fonds si elle ne les compromet pas, bien que le officiels veuillent en atténuer l'ampleur", déplore la publication, expliquant que le limogeage de Chedly Ayari de sa fonction de gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), mardi dernier, comme une action désespérée de lui faire porter le chapeau, à lui tout seul, même si sa responsabilité est fortement engagée dans ce qui est advenu de l'image de la Tunisie.

Et de poursuivre que la Tunisie collectionne les discrédits et montre, à l'évidence, qu'elle ne répond pas aux normes internationales en matière de transparence et de bonne gouvernance financière.

Pour "La Presse de Tunisie", Aujourd'hui, tout ou presque a été dit sur les erreurs commises un peu partout et ayant amené le parlement européen à classer la Tunisie parmi les pays qui financent le terrorisme et blanchiment d'argent sale.

Dans une analyse titrée "Mode de gouvernance et anticipation des crise: le temps du questionnement dans la sérénité", le quotidien écrit que ceux qui cherchaient à détrôner, à tout prix, Chedly Ayari de la Banque centrale ont eu gain de cause, se demandant : " que doit-on faire pour dépasser la crise ou comment le gouvernement doit-il agir pour répondre aux exigences de transparence er de respect des conditions de la bonne gouvernance afin que notre pays retrouve sa crédibilité et la confiance dont il bénéficiait auparavant auprès des investisseurs et des bailleurs de fonds étrangers?".

Il s'interroge aussi sur les mesures à prendre afin de faire de cette crise une opportunité pour que la Tunisie demeure, malgré toutes les difficultés, une destination d'investissements, plaidant dans ce sens pour des "décisions exceptionnelles qui prennent en considération l'intérêt supérieur de la nation".

"Et la Tunisie a besoin, maintenant plus que jamais, de sortir de sa crise actuelle en favorisant une solution consensuelle au-dessus des intérêts partisans et des calculs électoralistes", insiste-t-il.

"Al Bayane" évoque, de son côté, les conséquences d'une telle classification par le Parlement Européen sur l'économie tunisienne.

Il fait état dans ce sens d'un état de choc suite à l'annonce de l'inclusion de la Tunisie sur cette liste vu la gravité des problèmes auxquels fait face le pays, notant que les composantes de la sphère politique et économique avaient exprimé leur refus de cette classification.

A cet égard, il rappelle la position de la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (CONECT) qui avait "tiré la sonnette d'alarme sur les graves conséquences de la décision du Parlement européen d'inscrire la Tunisie sur la liste noire des Etats susceptibles d’être fortement, exposés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme et ce, après son inclusion dans la Blacklist puis la liste grise des paradis fiscaux".

La CONECT a précisé, selon le quotidien, que ces décisions auront des impacts sur le plan économique, l'image du pays à l'étranger et ses relations avec ses partenaires et les bailleurs de fonds.

Pour cette organisation patronale, "il est impératif d’analyser, de toute urgence, les causes réelles de ces décisions en associant toutes les parties concernées, dont les représentants des milieux économiques du pays, de préciser dans la transparence totale les responsabilités et de prendre les mesures qui s’imposent en termes de changements, de restructuration des administrations et des organismes officiels responsables de ces dossiers et de réformes profondes concernant surtout le volet financier, bancaire et douanier, les transferts de fonds et leur origine, la contrebande et le commerce parallèle".

Même son de cloche pour «Liberté» qui relève que le 5e congrès ordinaire du Rassemblement pour la culture et la démocratie aura été un moment empreint d’une forte émotion mais aussi l’un des rares rendez-vous où la démocratie a prévalu. Un moment de démocratie, explique-t-il, parce que la voix des militants du parti, réunis en congrès, a véritablement compté et ensuite, car ce que le RCD a donné à observer participe de ces leçons de démocratie que peu de partis parviennent à administrer, car c’est l’une des rares fois où un congrès ajourne, sinon rejette des recommandations qui lui sont soumises.

«Leçon de démocratie», écrit la publication dans son éditorial en estimant que la réaction du congrès au projet de re-baptisation du parti est, incontestablement, à la fois, un signe de lucidité et de vitalité politiques. Autrement dit, ce ne serait pas aussi mauvais que cela qu’une telle chose arrive, bien au contraire, dit-il, car il y a raffermissement de la souveraineté d’un congrès que les coulisses, il a dû y en avoir, n’ont pas réussi à convaincre, comprendre orienter, voire asservir.

L’éditorialiste fait constater à ce, propos qu’au-delà du sigle, le Rassemblement pour la culture et la démocratie c’est d’abord des hommes, des pionniers dans les luttes pour l’identité et la démocratie, des chemins ardus et autant de sacrifices.

Pour leur part, «Echorouk» et «Al Hayat» rapportent que comme attendu, les débats étaient vifs et clivants lors de la deuxième et dernière journée du 5em congrès du RCD. En cause, la proposition de changer le nom du parti pour devenir «Les Progressistes» soumise aux congressistes qui a rencontré une forte résistance, soulignent-ils, notant que certains l’ont fait par attachement historique et affectif à un nom qui a marqué leur engagement militant et à un sigle qui a profondément marqué le paysage politique national.

Les journaux soulignent que les partisans du changement de «fermer la parenthèse RCD» estimaient que «c’est l’analyse de la situation nationale et celle du parti à l’aune de ces résultats électoraux plutôt mitigés» qui dicte, entre autre, le choix de «tourner la page RCD». Deux positions inconciliables et les débats n’ont pas parvenu à trancher, faute d’un consensus large.

De peur de provoquer un schisme, le président du parti Mohcine Belabbas, réélu la veille pour un second mandat, est remonté à la tribune du congrès pour «aplanir les divergences» en décidant de retirer la proposition de changer le nom du parti, expliquent-ils, estimant qu’à l’évidence, la question de modifier l’appellation du parti restera dans l’agenda du parti. «L’idée fera son chemin, arrivera à maturation et s’imposera naturellement», prévoient nombres de militants.

En Mauritanie, les journaux rapportent que le Forum National pour la Démocratie et l'Unité (FNDU), une coalition qui rassemble une dizaine de partis d'opposition, a organisé samedi une nouvelle marche de protestation à Dar Naim, dans la province de Nouakchott Nord, pour dénoncer la hausse des prix et la cherté de la vie.

La presse fait savoir que cette marche pacifique fait partie d'une série de manifestations annoncées récemment par l'opposition pour dénoncer ce qu'elle a décrit comme "effondrement économique et crise politique que traverse le pays".

Elle ajoute que les participants à la marche, à laquelle avaient pris part un certain nombre de leaders des partis d'opposition, scandaient des slogans appelant à la baisse des prix et la fin du monopole exercé par certains commerçants sur le marché des produits alimentaires de base.

Les manifestants ont pointé directement le doigt accusateur sur le gouvernement qui, disent-ils, ignore la réalité du peuple, en condamnant sa politique d'austérité qui a grandement affecté la classe moyenne et défavorisée.

La marche de protestation s’est achevée par un meeting lors duquel le président du Forum et président de l'Union des forces progressistes, Mohamed Ould Mouloud, et le président du parti mauritanien de l'Union et du changement, Saleh Ould Hanana, ont exprimé la position du forum et évalué la situation politique, économique et sociale dans le pays. Ils ont de même évoqué l’alternance pacifique au pouvoir, la sécurité et les dures conditions de vie du citoyen mauritanien, notamment au vu du déficit pluviométrique enregistré en Mauritanie.

MAP