Revue de la presse quotidienne internationale maghrébine du 05/02/2018

Lundi 5 Février 2018

Tunis - La situation sociale et économique en Tunisie, la corruption en Algérie et l’appel de l’opposition en Mauritanie à des manifestations contre les mauvaises conditions de vie des citoyens sont les principaux thèmes abordés, lundi, par la presse maghrébine.

"La presse de Tunisie" relève que 250 négociateurs de l'Union Générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT) dans le secteur privé devront se réunir, ce lundi, sous la présidence du Secrétaire général Noureddine Taboubi pour mettre en place la stratégie à suivre en mars prochain quand démarrera le dialogue avec l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA).

Ces négociations, dont la date a été déjà fixée entre les deux centrales syndicales patronale et ouvrière, interviennent dans un contexte particulier marqué notamment par l'avènement à la tête de l'UTICA d'une nouvelle direction et d'un nouveau président (Samir Majoul), déterminés à imprimer à l'action patronale un nouveau souffle qui permettra à l'entreprise tunisienne de reprendre le rôle qui lui revient de droit dans la relance de la machine économique.

Selon le quotidien, le retour à la table des négociations salariales est attendu dans un nouveau climat caractérisant désormais les rapports UGTT-UTICA dont la marque principale est cet accord entre Taboubi et Majloul annonçant la guerre contre les grèves anarchiques et les revendications exagérées qui ne font que menacer la pérennité de l'entreprise nationale.

Quant à "Tunis-Hebdo", il revient sur la production minière en Tunisie qui fait face à des difficultés énormes suite aux mouvements de protestations.

La publication relève que même si l'année 2017 n'a pas été au niveau des espérances en raison des troubles vécus dans le bassin minier, les chiffres réalisés ont apporté du baume au coeur des responsables de la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) qui misent sur 2018 pour une relance de la production des phosphates pour refaire le terrain perdu depuis 2012 et remonter la pente. 

Sous le titre "Bassin minier: Cherche solution désespérément", elle écrit que le constat relevé sur les différents sites de production ne permet pas l'espoir d'envisager de renverser la vapeur et de reconquérir la place qui est celle de ce secteur et dont la perte, en a fait le talon d'Achille de l'économie tunisienne qui bat déjà de l'aile.

Il souligne que dans une région fortement affectée depuis le 14 janvier par les troubles sociaux, la CPG n'est plus en mesure d'endosser, à elle seule, l'habit du sauveur pour absorber une crise aiguë de chômage en l'absence d'autres alternatives qui auraient pu offrir à ce grand trust une issue de secours, rappelant le tollé soulevé suite à l'annonce des résultats d'un concours de recrutement de 1700 agents d'exécution, considéré comme le sésame par les demandeurs de l'emploi dans les quatre délégations du bassin minier.

Pour sa part, "Echourouq" évoque les répercussions de la baisse de la valeur du dinar tunisien en s'interrogeant sur les raisons réelles de l'effondrement de la monnaie locale.

Il note que les experts conviennent que la baisse continue du dinar signifie la poursuite de la récession économique et la hausse de prix qui ont des répercussions directes sur le pouvoir d'achat des citoyens.
Le quotidien fait état d'une chute de 40 % de la valeur du dinar tunisien face à l'euro et de 25 % face au dollar au cours des trois dernières années et qui est consécutive à la faiblesse des exportations, en particulier les phosphates et de la production de pétrole.

Selon les dernières statistiques publiées par la Banque Centrale de Tunisie (BCT), les réserves de change de la Tunisie ont atteint un nouveau record jusqu'au 30 janvier, notant que ces avoirs couvrent actuellement seulement 87 jours d'importations, fait observer pour sa part le journal "Al Bayane". 

Citant l'ancien ministre des Finances, Hossein Dimassi, le journal relève que la politique monétaire du pays s'était orientée vers l'augmentation des salaires par le budget de l'Etat, ce qui a conduit à une hausse de l'endettement et de l'inflation et partant la dépréciation du dinar.

M. Dimasi souligne que la BCT et le gouvernement devraient mettre en place une politique monétaire qui parie sur la création et l'expansion de la richesse et, en contrepartie, l'augmentation des impôts et des prix afin d'éviter l'inflation et protéger la monnaie tunisienne.

Et de se demander si la justice algérienne qui, de fait, est la première institution concernée, va-t-elle s'autosaisir et demander l’ouverture d’une enquête sur ces accusations de corruption ? Difficile d’être affirmatif, même si l’on sait que cette institution s’est autosaisie à plusieurs reprises, par le passé, pour des motifs moins graves que celui de la corruption, estime le journal, rappelant, toutefois, que la justice n’avait enclenché aucune procédure suite aux révélations sur l’affaire dite des Panama Papers, un scandale dans lequel était cité le même Bouchouareb qui était encore en poste au gouvernement.

«L’Expression» relève, quant à lui, qu’il serait, sans doute, naïf de compter sur une réaction spontanée de la Justice algérienne puisqu’elle avait toujours démontré sa promptitude à plutôt s’autosaisir des articles de presse jugés diffamatoires que des affaires de corruption révélées. Dans ce cas de figure, une autosaisine du Parquet semble plus que nécessaire, tant il s’agit de laver le gouvernement de ces pratiques en montrant, si les faits reprochés à Bouchouareb étaient avérés, que celui-ci avait commis "un acte isolé" qui ne relevait pas d’une orientation gouvernementale, soutient-il.

Le quotidien ajoute qu’une autosaisine de la justice montrerait aussi que l’ex-ministre incriminé ne bénéficie d’aucune protection clanique, notant que la loi est pourtant claire : elle prévoit une ouverture systématique d’une information judiciaire pour faire la lumière sur une quelconque affaire.

En Mauritanie, les journaux se sont notamment intéressés au nouvel appel de l'opposition à ses militants et sympathisants à participer à deux manifestations, mercredi et samedi, dans la capitale Nouakchott, pour protester contre les mauvaises conditions de vie des citoyens.

Le Forum national pour la démocratie et l'unité (opposition) a appelé ses partisans à protester, en accusant le gouvernement et les autorités de ce qu’il a qualifié «tragédie de la vie» des citoyens mauritaniens, suite à la détérioration de leurs conditions de vie, soulignent-ils.

Citant le Forum, les quotidiens déplorent la situation économique et sociale des citoyens qui s’est détériorée dans de nombreux secteurs : Santé, éducation, taxes…etc. Des conditions, disent-ils, qui risquent encore de s’aggraver avec la hausse des prix, l’absence de contrôle du marché soumis à la loi de la spéculation des commerçants et le monopole de l'importation de produits alimentaires de base.

Et d’ajouter que le Forum, qui comprend en plus des partis politiques, des représentants des syndicats, des organisations de défense des droits de l'homme et de la société civile, ainsi que des personnalités indépendantes, a dénoncé «la faillite de la Société nationale d'importation et d'exportation qui approvisionne le marché et assure la stabilité des prix sur tout le territoire national». C’est pour dénoncer cette situation que le Forum a appelé à deux manifestations le mercredi et le samedi prochains, notent-ils. 

Les journaux mauritaniens ont, à cet égard, rapporté des propos du chef du parti «l'Union pour la République», Sidi Mohamed Ould Mahm qui met ainsi en garde que «ceux qui font le commerce de la paix sociale dans notre pays jouent avec le feu».

MAP