Revue de la presse quotidienne internationale maghrébine du 01/06/2018

Vendredi 1 Juin 2018

Tunis - Les derniers développements politiques en Tunisie, le cafouillage dans la gouvernance économique en Algérie et les alliances électorales en Mauritanie sont les principales thématiques traitées vendredi par les quotidiens maghrébins.

En Tunisie, "Le Quotidien" écrit, dans son éditorial intitulé "Entre deux feux", que la vengeance est un plat qui se mange, désormais, chaud, précisant que quelque peu grisé d'avoir les atouts les plus influents de son côté, le chef du gouvernement a mené, mardi soir, une contre-offensive foudroyante à la faveur d'un discours au vitriol où il s'est permis de descendre en flammes celui qui voulait coûte que coûte sa tête, à savoir le directeur exécutif "autoproclamé" de son propre parti, Hafedh Caïd Essebsi.

Il ajoute que le speech vindicatif de Youssef Chahed a suscité des réactions diverses, précisant que certains l'ont assimilé à une légitime défense, au moment où d'autres ont reproché au patron de la Kasbah le fait de s'être abaissé et d'avoir utilisé son image de chef de gouvernement pour répondre aux attaques de son frère-ennemi et de laver ainsi le linge sale de son propre parti en public.

"Ce qui est sûr en tout cas, c'est que la partie du pugilat politique où tous les coups -les plus tordus s'entend- sont permis, tourne actuellement à l'avantage de Youssef Chahed, qui s'est permis le luxe de donner le coup de grâce aux ambitions ubuesques de son rival.

Sous le titre "Les fruits de l'ambigüité: A qui le dernier mot!", "Le Temps" estime qu'après maintes hésitations, Youssef Chahed semble de plus en plus déterminé à "aller au charbon" et prendre des risques pour ambitionner le commandement qui passe d'abord et essentiellement par cette image qu'il a tardé à refléter, jusque là, celle d'un homme prêt à faire de la politique de haut niveau, y compris manœuvrer (comme tout le monde) pour espérer le plébiscite populaire aux prochaines échéances.

Il fait remarque que son dernier discours, suite au flop de Carthage II, annonce une nouvelle stratégie du président du gouvernement, qui ne refuse plus de s'engager politiquement au nom de ce statut, commercialisé depuis la fin de la Troïka du "technocrate dirigeant" sans assise populaire.

La publication explique qu'il s'agit d'une dévaluation, en quelque sorte sans cesse croissante, de l'art politique dans son essence même, et dont la première règle est celle de la représentativité.

Et de souligner que quelle que soit l'ambiguïté de la situation, Nidaa Tounès au pouvoir a besoin d'une thérapie chirurgicale et au plus vite et que l'enjeu est considérable pour tout le modèle sociétal et idéologique de la Tunisie moderniste, mais identitairement musulmane tolérante et modérée et non "islamiste".

De son côté, "La presse de Tunisie" écrit que ceux qui ont récité la Fatiha sur le consensus quand Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha, a refusé de suivre Hafedh Caïd Essebsi, l'homme fort de Nidaa Tounès et de cautionner le point 64 du Document de Carthage II exigeant le départ de Youssef Chahed, doivent revoir leur copie et réajuster leurs analyses pour saisir que mettre fin à la politique d'"Attawafok" ne relève pas des prérogatives de Hafedh Caïd Essebsi du côté de Nidaa Tounès, mais bel et bien du président Béji Caïd Essebsi, à qui revient le dernier mot quand il y a malentendu ou désaccords entre Ennahdha et Nidaa Tounes.

Il y a fort à parier que le président tunisien et le chef d'Ennahdha ont repris les négociations sur la meilleure approche à mettre en oeuvre en vue de surmonter la crise relative au maintien de Chahed au poste de chef du gouvernement avec la possibilité de le voir accepter d'opérer un remaniement profond au sein de son équipe ministériel comme le veut Ennahdha ou la révocation pure et simple du locataire de la Kasbah, qui signifie convaincre les nahdaouis de changer de position et de rejoindre ceux qui cherchent à avoir la tête de Chahed à tout prix.

Pour faire face à la chute des cours du pétrole et limiter les importations, les pouvoirs publics ont fait une fixation sur le commerce extérieur national en instituant une gestion purement administrative pour le contrôler, faite essentiellement d’interdiction, rappellent-ils.

Idem pour le journal électronique «TSA» qui relève que l’on ne sait pas quel sort sera réservé au système des interdictions, des quotas et des licences, tout comme d’ailleurs à celui de la hausse des taxes sur les documents biométriques, mais il est certain que si la levée de l’interdiction est entérinée et passe ensuite le cap du Parlement, ce serait un autre grand chamboulement pour le commerce extérieur de l’Algérie dont la législation connaît une instabilité chronique depuis quelques années.

Il indique que le gouvernement s’apprête en effet à lever le système des interdictions, des quotas et des licences et qu’en lieu et place, de fortes taxes sur certains articles pouvant aller de 30 à 200% du prix du produit seront instaurées.

Les autres journaux signalent que dès le début, de nombreux experts et opérateurs économiques ont affiché clairement leur défiance vis-à-vis des solutions administratives et plaidaient en faveur d’un traitement économique de l’envolée des importations. La plupart d’entre eux exprimaient leur scepticisme à propos des décisions administratives, licences et autres interdictions, en soulignant qu’une modulation des droits de douane et des taux de TVA serait l’option la plus appropriée pour orienter la consommation vers la production nationale et décourager l’importation de produits de luxe ou jugés "superflus".

En Mauritanie, la presse locale revient sur l'alliance électorale entre le parti nationaliste arabe "Sawab" et le mouvement de soutien de la candidature à la présidentielle du militant antiesclavagiste Biram Dah Abeid.

Ces deux formations ont annoncé, que cette alliance qui reste ouverte aux autres formations politiques et à la société civile, a été scellée 

en perspective des élections municipales, régionales et législatives de 2018 et l'élection présidentielle de 2019.

D'après les mêmes journaux, les deux parties ont exprimé un "désir réel que ce partenariat soit une première étape dans le développement d’un projet national unitaire faisant évoluer les pays vers des options réelles de paix civile et de transition démocratique en 2019".

Sawab et le mouvement de soutien de la candidature de Biram Dah Abeid, citée par la presse locale, ont souligné qu'ils "tendent la main à l’ensemble des acteurs politiques et sociaux à se joindre à ce pôle régi par l’unique vision consistant à mettre fin aux passifs humanitaire, économique et culturel néfastes des régimes d’exception".

A propos de la position du gouvernement vis-à-vis de cette alliance entre le parti '’Sawab’’ et le mouvement ‘’IRA’’, les journaux citent le ministre mauritanien de la culture et de l'artisanat, porte-parole du gouvernement, M. Mohamed Lemine Ould Cheikh qui avait indiqué que la formation "Sawab" est un parti politique reconnu qui a le droit d’exercer toute activité politique dont l’extension de son activité à d’autres mouvements pour s’attirer de nouveaux militants sans toutefois propager le discours ou arborer les slogans spécifiques qui singularisent une partie non autorisée.

MAP