Revue de la presse quotidienne internationale européenne du 30/05/2018

Mercredi 30 Mai 2018

Bruxelles - Plusieurs sujets d'actualité ont suscité mercredi l'intérêt des quotidiens européens, notamment la fusillade meurtrière survenue mardi matin à Liège, en Belgique, la situation politique et économique en Espagne à la veille du débat parlementaire sur la motion de censure déposée par le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) contre le gouvernement de Mariano Rajoy, le rejet par le parlement portugais des textes visant la légalisation de l’euthanasie et les cérémonies organisées à la mémoire des victimes de l'attentat anti-turc perpétré il y a 25 ans, à Solingen, dans l'ouest de l'Allemagne. 

"Sur un trottoir du boulevard d'Avroy, deux policières liégeoises, des mères de 45 et 53 ans, ont été attaquées par derrière à coups de couteau, puis tuées. Un jeune passant, tout aussi innocent, décédera lui aussi. Il avait 22 ans. Leur tort ? Aucun. Ils étaient là, au mauvais moment, au mauvais endroit", écrit La Libre Belgique.

"L'auteur des faits a 36 ans. Il s’appelle Benjamin Herman. Originaire de Rochefort, il était incarcéré à la prison de Marche pour vols, dégradations de biens publics et petits trafics de drogue. Lundi, le détenu avait bénéficié d’une autorisation de sortie de quelques heures. Mais voilà, le soir venu, il manquait à l’appel", rapporte la publication, ajoutant que ce délinquant "qualifié d’instable, de violent et de marginal" a multiplié les séjours en prison.

L'évaluation de l’état mental d’un tel individu, et d’un détenu en général, en vue de son éventuelle libération ou de son suivi, est particulièrement "complexe et hasardeuse", relève le journal qui pointe du doigt le climat fertile à la violence en prison.

Sous le titre "la lâcheté a encore frappé", L'Echo écrit dans un éditorial qu'en plein cœur de Liège, "un homme a emporté dans la mort trois êtres, coupables d'exister à ses seuls yeux, innocents et anonymes pour le reste de la planète, qui laisseront sans doute une nuée de proches avec leurs larmes chaudes pour digérer le vide". 

"Un lâche comme il en court un peu partout dans le monde ces derniers temps", déplore l'éditorialiste qui s'interroge sur les motivations de l'auteur de la fusillade.

Et l'éditorialiste de poursuivre qu'"au-delà de ces interrogations sans doute légitimes et en partie cathartiques se posent cependant les irrémédiables questions que ces actes terroristes à répétition, couplés à d'autres moins sanglants, soulèvent: comment éviter de plonger la société belge dans un repli liberticide?".

"Les coups que ces fous portent aux esprits et qui nourrissent des sentiments noirs (...) finissent par créer l'adhésion à des visions sociales tout aussi noires, à des reflux sécuritaires et communautaires, et partant à l'émergence de radicalismes pour enrayer un autre radicalisme...", a-t-il mis en garde.
Dans un éditorial intitulé "L'horreur. Il n'y a pas d'autre mot", Le Soir écrit que Liège rejoint "ces autres villes en Europe et dans le monde où ces derniers mois, l'insupportable s’est produit soudain, dévoilant une sécurité toujours sous lourde hypothèque".

"L'heure est au deuil. Elle est aussi à l’hommage aux deux policières, Lucile et Soraya, arrachées à leurs enfants dans l’exercice de leurs fonctions, ainsi qu’à Cyril, ce jeune étudiant bientôt diplômé, assassiné sous les yeux de sa mère, aux policiers blessés aussi", souligne le journaliste.

Viendra ensuite le temps des réponses à apporter aux questions qui se posent suite à "un geste à ce stade inexplicable", ajoute-t-il.

Attaque terroriste de Liège : la Belgique, un foyer du djihadisme en Europe, titre, pour sa part, le journal français Le Figaro qui écrit que même si les motivations djihadistes de l'auteur de l'attaque restent à établir, l'attentat de Liège rappelle que la Belgique est l'une des cibles européennes les plus régulièrement visées par les terroristes islamistes, ces dernières années.

Quelque 450 Belges sont allés en Syrie et en Irak faire le djihad, ce qui, en proportion de sa population, place la Belgique parmi les pays européens qui comptent le plus de djihadistes au Levant, relève en outre le journal, notant que dix pour cent d'entre eux étaient membres ou gravitaient autour de l'organisation islamiste dissoute Sharia4Belgium.

L'auteur de l'attentat de Liège entretenait-il des liens avec Daech? Était-il en contact avec un «tutoriel» de l'EI dans le Nord-Est syrien, qui essaie d'échapper à la traque faite aux djihadistes étrangers par les forces spéciales américaines et françaises? Se demande l’auteur de l’article.

La ville de Liège est sous le choc, affirme, pour sa part, Libération, ajoutant qu’un délinquant en permission, réputé «très violent» et soupçonné de «radicalisme» islamiste par la police belge, a tué trois personnes mardi avant d’être abattu.

Sept ans après la fusillade qui avait fait sept morts au cœur de la «Cité ardente», un homme a tué trois personnes, dont deux policières, mardi matin, précise la publication, faisant savoir que peu d’éléments ont filtré quant aux motivations de l’assaillant.

Les quotidiens allemands, quant à eux, ont consacré leurs commentaires aux cérémonies organisées à la mémoire des victimes de l'attentat anti-turc perpétré il y a 25 ans, à Solingen, dans l'ouest de l'Allemagne. RHEINISCHE POST rappelle ainsi que Le 29 mai 1993, cinq femmes et fillettes âgées de 4 à 27 ans ont péri dans l'incendie criminel de leur maison, ajoutant que cet acte criminel est l'un des pires attentats racistes de l'Allemagne d'après guerre, perpétré il y a 25 ans, par les néo-nazis.

Pour le journal, cet acte démontre que la lutte contre la xénophobie est un combat de longue haleine, ajoutant que l'unique rescapée, une femme qui a perdu 5 membres de sa famille, continue de vivre en Allemagne sans sentiments de haine.

Pour sa part, LEIPZIGER VOLKSZEITUNG écrit que l'histoire de cette femme laisse perplexe plus d'un. Âgée maintenant de 75 ans, la femme continue et milite, 25 ans après l'attentat, pour la cohabitation des peuples.

MAP