Revue de la presse quotidienne internationale européenne du 29/05/2018

Mardi 29 Mai 2018

Bruxelles - Les derniers développements sur la scène politique italienne, notamment le rôle joué par le président de la République pour empêcher l'accès au pouvoir des populistes ainsi que la situation politique qui prévaut en Espagne avant l'examen au Congrès des députés de la motion de censure déposée par le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) contre le gouvernement de Mariano Rajoy ont meublé mardi les commentaires et analyses des quotidiens européens.

Le journal belge L’Echo rapporte que l’économiste rigoureux, apprécié en Italie tout comme sur le plan international, Carlo Cottarelli, vient d'être désigné par le Président Sergio Mattarella pour former le nouveau gouvernement "neutre" qui conduira la péninsule aux prochaines élections.

"Un mandat difficile et périlleux pour un homme qui, par nécessité et disposition naturelle, se sent appelé à baisser les dépenses publiques, c'est-à-dire un choix à l'opposé de ce que le -gouvernement du changement- de la Ligue et du M5S, choisi par environ 50% de l'électorat national, s'apprêtait à faire", estime la publication.

Le journal rappelle, dans ce sens, qu’en avril dernier, au cours d'une interview télévisée, réalisée quand le destin politique du pays était encore extrêmement confus, Cottarelli avait expliqué: "Les urnes ont choisi une Italie qui veut faire l'exact contraire de ce que je préconise, une Italie qui veut augmenter le déficit...".

Et d’ajouter que Cottarelli, âgé de 64 ans, est aujourd'hui "l'homme de l'austérité budgétaire que Bruxelles et tous les partenaires européens de l'Italie espéraient voir arriver au palais Chigi".

La Libre Belgique dresse de son côté le portrait de Carlo Cottarelli, 63 ans, qui a "travaillé vingt-cinq ans pour le Fonds monétaire international et connaît par cœur les problèmes des finances publiques italiennes".

"Rentré à Rome il y a cinq ans, rappelé alors par le président du conseil Enrico Letta, Carlo Cottarelli est devenu le chasseur de gaspillages de l’Etat italien », écrit le journal, notant que Cottarelli, surnommé "Monsieur ciseaux" par la presse, a mis le doigt sur trente milliards d’euros de dépenses que l’Italie pourrait éviter.

Alors que les institutions italiennes traversent la période la plus difficile depuis la naissance de la République, Cottarelli est appelé à tenter de rétablir une certaine harmonie, estime le Quotidien.

Son arrivée à la tête d’un gouvernement même composé de technocrates, poursuit le journal, devrait rassurer pour un moment les marchés et les partenaires européens.

Dans un éditorial intitulé "Italie: le choix obligé mais risqué de Mattarella", Le Soir relève que le choix du président Mattarella de désigner Carlo Cottarelli pour assurer la "délicate" transition vers les prochaines élections intervient après son refus de nommer l’eurosceptique Paolo Savona à la tête du ministère de l’Economie.

En rejetant Savona, Mattarella a assumé "une responsabilité institutionnelle rarement encourue par un président italien, et qui allait nourrir les discours anti-système des deux partis entrés en coalition", souligne l’éditorialiste.

Pour lui, le président italien a choisi "la fidélité à son devoir constitutionnel : protéger la position de son pays en Europe", en misant sur les principes plutôt que la tactique politique.

Sous le titre "face à l'euro, l’Italie le dos au mur", le journal suisse Le Temps écrit que les partis populistes italiens devront, s’ils repartent en campagne électorale, clarifier leur position sur la monnaie unique.

"Un choc annoncé dans ce pays fondateur de l’Union européenne où la défiance envers les institutions communautaires ne cesse de croître", souligne le journal, précisant que la question de l’euro est d’autant plus explosive que personne ne sait comment l’aborder.

"Mattarella est un homme de principes", titre la Tribune de Genève qui s'interroge sur la tournure que peut prendre le bras de fer entre le président et les populistes majoritaires.

"Quitte à provoquer une crise sans précédent, Sergio Mattarella n'a pas cédé face aux partis antisystème qui voulaient imposer un ministre de l’Économie anti-euro", constate l'auteur de l'article.

Son confrère 24Heures se penche sur les positions du chef de l'Etat italien, ce Sicilien réservé de 76 ans qui a refusé de céder à ce que son entourage qualifiait de "diktat" de la part de la Ligue (extrême droite) et du Mouvement 5 Étoiles (M5S, antisystème).

"Il a mis son véto à la nomination de Paolo Savona, un économiste ouvertement anti-euro que la Ligue, soutenue par le M5S, tenait à voir au poste stratégique de ministre de l’Économie et des Finances", rappelle-t-il.

Sous le titre : "Italie : Mattarella, le rigoureux gardien du Temple institutionnel", Le Figaro écrit que depuis bientôt trois mois, le président de la République italienne s'est érigé comme dernier rempart face au chaos politique qui menace son pays, notant que ce rôle est désormais remis en cause par les dirigeants de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles.

Sergio Mattarella est intraitable sur les principes et inflexible dans la lutte contre la mafia qui a assassiné son frère Piersanti, président de la région Sicile, en 1980, poursuit le journal, notant que son ton grave et la solennité de son propos s'accompagnent d'une détermination sans pareille.

Ce n'est pas un hasard si tous les leaders européens, Angela Merkel, Emmanuel Macron, Jean-Claude Juncker entre autres, l'ont appelé dans cette bourrasque politique sans précédent pour lui signifier leur espoir qu'il parvienne à maintenir l'Italie dans la grande famille européenne, relève l’auteur de l’article.

D’ordinaire en retrait, le président italien, vieille figure de la Démocratie chrétienne, a fait barrage au projet de la coalition entre la Ligue et le Mouvement Cinq Etoiles, indique, pour sa part, Libération, faisant observer que l’air grave, le ton austère, il est l’homme qui a bloqué l’arrivée des populistes italiens au pouvoir.

Inflexible, moraliste, ce catholique pratiquant était encore récemment surnommé «la momie» en raison de sa volonté de ne pas intervenir ouvertement, en tant que chef de l’Etat, dans le jeu politique et de limiter ses apparitions publiques, affirme le journal, faisant observer qu’en coulisses, Sergio Mattarella n’hésite toutefois pas à faire entendre sa voix quand il le juge nécessaire, comme lorsqu’il a rabroué Vladimir Poutine qui voulait dicter la ligne à suivre sur la Syrie

Le Monde indique, quant à lui, qu’en mettant tout son poids institutionnel dans la balance, le président Sergio Mattarella a réussi à empêcher, à court terme, la constitution d'un gouvernement qu'il n'appelait manifestement pas de ses vœux. Mais il a, en même temps, offert aux partis " antisystème " un argument en or, crédibilisant l'idée d'un pouvoir téléguidé depuis Berlin et Bruxelles, qui refuse obstinément d'écouter la parole du peuple.

Le journal allemand SÜDDEUTSCHE ZEITUNG écrit aussi que "la crise politique en Italie est généralement perçue comme étant un folklore, que la situation ne va pas s'empirer davantage et que les populistes n'auront pas le dernier mot".

"On n'a pas réussi jusqu'à présent à former un gouvernement en Italie et les pronostics vont en direction d'élections anticipées qui ne vont pas apporter une solution à la crise, mais plutôt aggraver davantage la situation", selon le journal.

Pour sa part, le journal LANDESZEITUNG assimile les prochaines échéances en Italie au référendum organisé en Grande Bretagne sur le Brexit, et qui ne seront autres que l'expression de la colère du peule.

Le journal ajoute que le ton ferme des populistes de la Ligue et du Mouvement Cinq Etoiles qui n'ont pas réussi à accéder au pouvoir démontre leur volonté à instaurer une révolte pour "la troisième république".

En Espagne, les journaux continuent de commenter la situation politique avant l'examen au Congrès des députés de la motion de censure déposée par le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) contre le gouvernement de Mariano Rajoy.

«El Pais» indique que le Parti populaire (PP) au pouvoir veut une fin rapide de la crise politique engendrée par la condamnation de la formation à une amende dans une affaire de corruption, qui a conduit le PSOE à déposer la motion de censure, notant que l’objectif des populaires est de permettre à Rajoy d’aller jusqu’au bout de son mandat.

Rajoy a ainsi accéléré la procédure pour l’examen de la motion de censure afin de réduire la marge de manœuvre du secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez, de même que pour freiner les critiques au sein du PP et éviter une période d’instabilité en pleine application en Catalogne de l’article 155 de la Constitution, souligne le journal.

De son côté, «ABC» a estimé que la motion de censure est «un pari dangereux» de Sanchez, qui veut accéder au pouvoir alors que le parti libéral Ciudadanos lui demande de ne pas se présenter en tant que candidat à la présidence du gouvernement en cas de départ de Rajoy et que le parti de gauche radicale Podemos réclame la démission de Sanchez si la motion de censure échoue.

Les difficultés viennent aussi de l’intérieur du PSOE dans les principales figures demandent à Sanchez de ne pas chercher l’appui des indépendantistes en faveur de la motion de censure, relève le quotidien.

«Blocage politique à 48 heures de la motion de Sanchez», titre pour sa part «La Razon», estimant que le PSOE aura du mal à faire aboutir la motion de censure sans le soutien de Ciudadanos, d’autant plus que le vote des partis régionaux n’est pas garanti.

Au Portugal, les risques d’une bulle immobilière dans les grandes villes et le débat prévu mardi au Parlement autour de la légalisation de l’euthanasie sont les sujets les plus commentés par la presse locale.

Correio da Manha écrit que depuis janvier 2015, la valeur moyenne des maisons est chaque mois plus chère pour les banques, citant des données de l'Institut national des statistiques (INE), selon lesquelles l'évaluation bancaire du mètre carré a augmenté de façon consécutive pendant 40 mois. 

Les agents immobiliers parlent de "bulles situées dans les centres des grandes villes", rapporte le quotidien. Pour Luís Lima, président de l'Association des sociétés de médiation immobilière du Portugal (APEMIP), "il y a beaucoup de demande de la part de personnes qui veulent acheter dans les mêmes régions", et donne des exemples de quartiers typiques de Porto et de Lisbonne.

M. Lia estime urgent d'augmenter l'offre de maisons, mais à "des prix contrôlés", ajoute la publication.

Jornal de Noticias indique que le Parlement va discuter aujourd’hui de quatre projets de loi sur la légalisation du suicide médicalement assisté ou la décriminalisation de l'euthanasie.

Six bâtonniers de l’Ordre des médecins, dont l'actuel, ont remis mercredi au président de la République une déclaration conjointe dans laquelle ils expriment leur opposition à la dépénalisation de l'euthanasie, a indiqué le président de l’ordre des médecins Miguel Guimarães, pour qui "les Portugais doivent être conscients de ce que l'Assemblée de la République s'apprête à approuver, même si le parlement a la légitimité de décider.

Jornal "i" écrit que les députés votent aujourd'hui le texte sur la décriminalisation de l’euthanasie, sous l'œil vigilant du président de la république Marcelo Rebelo de Sousa, qui peut opposer son veto aux projets de loi approuvés.

Si, du côté des socialistes, le vote promet d'être quasi unanime , au Parti social-démocrate (PSD-droite) il y a des opinions divergentes, des votes pour de la part d’éventuels "désalignés": il y a sept députés qui ont assuré qu’ils vont voter «oui»; il y a au moins une abstention, mais il y a aussi des indécis qui devraient prendre une décision à la dernière minute, fait observer le quotidien.

MAP