Revue de la presse quotidienne internationale européenne du 28/05/2018

Lundi 28 Mai 2018

Bruxelles - La crise politique en Italie suite à la décision de Guissepe Conte de renoncer au poste de Premier ministre a dominé les commentaires et analyses développés lundi par les quotidiens européens, aux côtés d'autres sujets d'actualités nationale et internationale, notamment la précarité au travail en Italie, la motion de censure déposée par le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, opposition) contre le gouvernement de Mariano Rajoy, et la manifestation organisée dimanche à Berlin, par le parti d'extrême droite "Alternative pour l'Allemagne".

Sous le titre "Conte jette l'éponge, vers un retour aux urnes", le journal belge Le Soir rapporte que le juriste Guissepe Conte a renoncé à former le gouvernement au terme d’une journée vécue "dramatiquement sur le fil du rasoir".

"La solution qui semble désormais la plus probable est la formation d’un gouvernement directement désigné par le président Mattarella et uniquement destiné à conduire l’Italie aux urnes, probablement en automne, après la dissolution du Parlement", estime le journal.

Et de poursuivre que le président Mattarella a convoqué pour ce lundi Carlo Cottarelli, haut fonctionnaire du Fonds monétaire international (FMI) et ancien commissaire à la réduction des dépenses publiques qui pourrait être, selon la publication, le prochain président du Conseil de transition.

C’est sur le nom du candidat de la Ligue et du Mouvement cinq Etoiles pour le ministère de l’Economie, Paolo Savona, que les négociations avec le président de la République se sont interrompues, rapporte le quotidien qui fait observer que cet ancien ministre, grand commis de l’Etat puis dirigeant de grandes entreprises, est devenu au fil des ans le chef de file des eurosceptiques transalpins. 

Abondant dans ce sens, La Libre Belgique rapporte que les deux formations sorties en tête des législatives du 4 mars, la Ligue et le Mouvement Cinq Etoiles souhaitaient la nomination de Paolo Savona au poste de ministre des Finances, relevant que "si le président Mattarella a accepté du bout des lèvres de nommer Conte, il n’a jamais accepté la candidature de Savona, considéré comme le chantre de l’euroscepticisme en Italie".

"Déjà peu convaincu de l’autorité de Conte face aux poids lourds politiques qui composeront son équipe, le président Mattarella, garant du respect des traités internationaux, n’a pas cédé", souligne le quotidien, ajoutant que tous les camps demeurant sur leurs positions, Luigi Conte ne pouvait que constater l’échec de sa mission et jeter l’éponge. 

Résultat : le président Mattarella devrait composer un exécutif de technocrates pour gérer le pays en attendant un retour aux urnes, conclut le journal.

"L'Italie s'enfonce dans une crise politique majeure", titre, pour sa part, le journal français Le Figaro qui rapporte que Giuseppe Conte a renoncé dimanche à former un gouvernement après le refus du président Sergio Mattarella de nommer l'eurosceptique Paolo Savona au ministère de l'Économie.

Le ciel politique italien s'est soudain obscurci dimanche en fin d'après-midi, souligne la publication, estimant que C'est donc une crise politique d'une gravité sans précédent dans laquelle plonge l'Italie.

Dans une déclaration d'une grande intensité dramatique, le président italien Sergio Mattarella a réaffirmé qu'il avait agi dans le plein exercice de ses prérogatives constitutionnelles, notant qu’al a refait la genèse des efforts déployés pendant 84 jours pour donner vie à un «gouvernement politique», tout en rappelant que le président de la République ne «pouvait se voir imposer un choix» qu'il réprouvait. Allusion très claire aux fortes pressions exercées par la Ligue du Nord et le Mouvement Cinq Etoiles, les tuteurs politiques de Giuseppe Conte, pour le contraindre à accepter la nomination de Paolo Savona. 

Sous le titre : "En Italie, Giuseppe Conte renonce et ouvre une nouvelle crise politique", Libération affirme que le juriste désigné par la Ligue et le Mouvement Cinq Etoiles pour former le gouvernement a rendu les armes face au chef de l’Etat, qui refusait d’investir un eurosceptique au ministère de l’Economie.

L’Italie replonge dans la crise politique, poursuit le quotidien, rappelant que par le passé, plusieurs chefs de l’Etat ont rayé des noms suggérés par le Premier ministre. Ce fut le cas notamment en 1994, lorsque le président Oscar Luigi Scalfaro refusa catégoriquement de nommer Cesare Previti, le sulfureux avocat de Berlusconi, au poste de garde des Sceaux.

Mais cette fois, le conflit institutionnel s’est transformé en un périlleux bras de fer politique. Car la Ligue a décidé de tenir bon et de passer outre le veto présidentiel, fait observer le journal.

"L’Italie se retrouve sans gouvernement", titre la Tribune de Genève pour qui l’Italie affronte une crise de régime sans précédent après l’échec de Giuseppe Conte à former un gouvernement.

"C’est sur le nom du candidat de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles pour le ministère de l’économie, Paolo Savona, que les négociations avec le président italien se sont interrompues", souligne le journal. Il explique que ce grand commis de l’État, puis dirigeant de grandes entreprises, est devenu au fil des ans le chef de file des eurosceptiques transalpins.

Le "24Heures" souligne de son côté que la rupture entre le président de la République et la majorité provoque une véritable crise de régime, notant que plusieurs fois depuis les élections du 4 mars, l’alliance Ligue-Mouvement 5 étoiles a forcé, si ce n’est violé, la Constitution.

Les partis de la majorité, relève-t-il, ont cherché à imposer un paquet complet portant sur la présidence du Conseil, le programme de gouvernement et la liste des ministres, en même temps qu’ils récusent le droit de veto présidentiel sur les ministres.

Sous le titre " le Premier ministre désigné jette l'éponge", Le Temps écrit que l’insistance de Conte à exiger la nomination aux Finances de Paolo Savona, ouvertement eurosceptique, a provoqué une rupture avec le président.

L’éditorialiste juge redoutable la division de la Péninsule, rappelant que d’après les sondages, les voisins italiens sont, les moins satisfaits parmi les citoyens des 27 Etats membres de l’UE.

Pour sa part, Le Corriere Della Sera écrit que l'Italie a fait dimanche un saut dans l'inconnu après la décision du Premier ministre désigné de renoncer à son poste, suivie par un appel du leader du Mouvement5 étoiles (M5S), Luigi Di Maio, pour la destitution du président.

"Ce n'est pas la première fois qu'un président demande le changement d'un ministre, mais ce qui se passe aujourd'hui montre que la formation antisystème "fait tout pour réduire à néant la fonction du chef de l'Etat", a-t-il fait observer.

Dans un éditorial intitulé "bras de fer entre forces politiques italiennes", La Reppublica écrit que la volonté affichée par le M5S de destituer le président pour trahison en ayant recours à l'article 90 de la Constitution est "une démarche tout à fait surréaliste". Tous les acteurs se doivent de faire montre de responsabilité parce qu'il y a des questions économiques urgentes qu'il convient de traiter, sans oublier la révision de la loi électorale afin d'éviter des élections anticipées qui risquent de reproduire la même situation de paralysie, estime la publication.

La Stampa relève de son côté que la crise actuelle dans laquelle est plongée l'Italie requiert une grande responsabilité de la part des différentes parties afin de sortir de ce blocage politique sans précédent. Le président Sergio Mattarella, note-t-il, n'a d'autre choix que de désigner un autre Premier ministre. Le quotidien signale à cet égard que l'ex-responsable au FMI Carlo Cortelli paraît comme l'homme de la providence pour épargner au pays un enlisement sur le plan financier. 

Au Portugal, le quotidien Publico écrit que Giuseppe Conte, Premier ministre italien désigné, a renoncé à former un gouvernement après que le président Sergio Mattarella a opposé son veto au nom de Paolo Savona pour le portefeuille de l'Économie et des Finances en raison de ses positions eurosceptiques.

Le président dit qu'il va attendre avant de convoquer de nouvelles élections, mais le chef d'extrême droite, Matteo Salvini, les exige maintenant, poursuit le quotidien, ajoutant que ce dernier a également déclaré que "si nous avons un ministre qui n'est pas apprécié à Berlin, cela signifie qu'il est le bon ministre".

Jornal de Noticias note que le juriste Giuseppe Conte, dont la nomination à la tête du gouvernement a été contestée par certains, au vu de son manque d'expérience politique, a renoncé ce dimanche de former un nouveau gouvernement en Italie, à la demande du chef de l'Etat, Sergio Mattarella, compte tenu des difficultés rencontrées dans le choix des membres de son exécutif.

De cette façon, la crise politique en Italie s'aggrave, et on ne sait pas pour le moment quelle sera la décision du chef de l'Etat, fait observer le quotidien.

Diario de Noticias indique que le Portugal compte plus de 711.000 travailleurs ayant des contrats à durée déterminée ou même des formes d’emploi encore plus précaires, notant que ces personnes se trouvent dans cette situation de manière "involontaire".

Ce chiffre se développe en nombre absolu et reste très élevé en termes de poids dans l’emploi total, soit le cinquième en Europe: 82% des personnes sont contraintes d'accepter des contrats plus précaires parce qu'ils avaient besoin de travailler et ne pouvaient pas trouver un emploi permanent , poursuit le quotidien, ajoutant que Bruxelles note pour sa part que "malgré l'augmentation significative du nombre d'emplois permanents en 2017, la proportion des travailleurs temporaires est restée stable à 22%, l'un des plus hauts niveaux de l'Union européenne".

En Espagne, les journaux s'intéressent à des sujets de l’actualité politique après la déposition par le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, opposition) d’une motion de censure contre le gouvernement de Mariano Rajoy.

«El Pais» indique que le président catalan, l’indépendantiste Quim Torra, veut que le PSOE s’exprime en faveur de la libération des anciens responsables catalans placés en détention dans le cadre de l’affaire du processus indépendantiste, une condition préalable à tout soutien à cette motion de censure.

Le journal rappelle toutefois que Torra est un candidat indépendant de la liste Ensemble pour la Catalogne, et ne s’exprime donc pas au nom des deux principales formations indépendantistes, le Parti démocratique européen catalan (PDeCAT) et la Gauche républicaine de Catalogne, dont certains responsables ont posé des conditions plus souples en contrepartie d’un soutien à la motion de censure.

De son côté, «La Razon» publie les résultats d’un sondage sur les intentions de vote qui montre le Parti populaire (PP) au pouvoir resterait en première place en cas d’élections générales, malgré sa condamnation à une amende dans le cadre d’un vaste procès pour corruption, qui constitue la raison invoquée par le PSOE pour réclamer le départ de l’exécutif de Mariano Rajoy.

Le PP obtiendrait 25,6 pc des voix, suivi du parti libéral Ciudadanos (24,4 pc), le PSOE (23,6 pc) et le parti de gauche radicale Podemos (15,8 pc), affirme le quotidien, qui relève par ailleurs que le chef du gouvernement Mariano Rajoy veut que la motion de censure soit débattue rapidement au Congrès des députés.

Pour sa part, «El Mundo» publie une interview avec le président de Ciudadanos, Albert Rivera, qui réclame l’organisation d’élections anticipées et la poursuite de l’application de l’article 155 pour contrer l’indépendantisme en Catalogne.

MAP