Revue de la presse quotidienne internationale européenne du 06/06/2018

Mercredi 6 Juin 2018

Bruxelles - L’épineuse crise migratoire qui divise actuellement l’Europe sur fond de la dernière réunion des ministres européens chargés des questions migratoires, mardi en Bulgarie, les propos du président américain concernant l'enquête sur l’ingérence de Moscou dans la présidentielle de 2016, la démission de Mariano Rajoy de la présidence du Parti populaire (PP) espagnol, le débat en cours autour d'une éventuelle ratification suisse du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et les nouvelles mesures de modernisation de l’administration au Portugal sont les sujets phares qui ont fait l'objet des commentaires et analyses développés mercredi par les quotidiens européens. Le journal belge Le Soir commente notamment la position du secrétaire d’Etat belge à l’Asile et à la Migration Theo Francken, du parti nationaliste flamand NVA, qui a créé une nouvelle polémique en suggérant de "contourner la Convention européenne des droits de l'homme" pour promouvoir le refoulement des bateaux chargés de migrants, une sortie dénoncée aussi bien par l’opposition francophone belge que par le commissaire européen en charge de la Migration, Dimitris Avramopoulos. Ce dernier a rappelé que "la politique migratoire de l'UE se fonde sur le principe de respect des droits humains et fondamentaux ainsi que sur celui de non-refoulement, qui est inscrit dans la convention de Genève. Cette dernière représente l'évangile de la politique migratoire de l'Union".

La publication relève que le cabinet de Theo Francken a lui-même rétropédalé devant le tollé: "Le problème ne réside pas tant dans la Convention européenne des droits de l'homme en elle-même mais bien dans l'interprétation large qu'en ont faite les juges de Strasbourg".

Pour L’Echo, deux écoles existent aujourd’hui sur la direction à prendre s’agissant de la politique migratoire. D’une part, il y a les partisans d’ "une fermeture totale des frontières de l’Europe, avec la nécessité ensuite pour la migration de s’adapter à la donne définie". Ceux-ci plaident souvent, selon le journal, pour la primauté de l’efficacité sur le respect des droits humains, estimant les conventions (de Genève, des Droits de l’homme) dépassées par la gravité de l’instant. 

D’autre part, il y a ceux qui "pensent que dresser des murs toujours plus haut n’empêchera jamais les migrants de vouloir entrer sur les territoires visés, poussés par les guerres, la pauvreté et les dérèglements climatiques". 

"Ceux-là estiment que l’action à mener doit combiner une gestion par des canaux migratoires légaux et sécurisés en même temps qu’une action plus décisive sur les causes la migration", relève l’éditorialiste pour conclure que les propos de Theo Francken suscitent dès lors une interrogation légitime : dans lequel de ces deux « camps » se situe désormais la Belgique.

Sous le titre "sur l’asile, les positions européennes se durcissent", La Libre Belgique retient que la énième tentative de doter l’Union européenne d’une politique migratoire s’est soldée, mardi, comme toutes les précédentes, par "un échec", à la lumière la déclaration du secrétaire d’Etat belge à l’Asile et à la Migration qui considère que la réforme du "système de Dublin est morte".

Ce dernier a souligné les crispations persistantes autour de ce règlement crucial, qui confie au pays d’arrivée dans l’UE la responsabilité de traiter une demande d’asile, rapporte le journal qui estime que Sofia n’a pas ménagé sa peine pour trouver un terrain d’entente (« quasi inexistant ») entre les Vingt-huit, mais "n’avait presque aucune chance d’y parvenir à l’heure où, au même moment, le nouveau gouvernement populiste de l’Italie prêtait serment ce mardi".

En France, les propos du président américain concernant l'enquête sur l’ingérence de Moscou dans la présidentielle de 2016 retient l’attention de la presse quotidienne qui souligne que le locataire de la Maison blanche défie de plus en plus ouvertement le procureur spécial de l’enquête.

«Trump teste les limites de ses pouvoirs », titre Le Figaro qui écrit que face au procureur Mueller, le président américain affirme avoir le « droit absolu » de s'accorder la grâce présidentielle.

Robert Mueller avance comme une machine - lent, silencieux, méthodique, imperturbable, souligne la publication, ajoutant que face à lui, Donald Trump s'agite en tous sens, joue des muscles, proteste à cor et à cri sans parvenir à chasser cette ombre muette.

Pris dans cet entrelacs de soupçons, de zones d'ombre et de mensonges, le chef de la Maison-Blanche se replie sur une conception extensive de ses pouvoirs présidentiels, relève l’auteur de l’article, expliquant que d'un tweet, lundi, il a relancé la toupie médiatique: «Comme cela a été établi par de nombreux experts juridiques, j'ai le droit absolu de me gracier moi-même, mais pourquoi ferais-je cela alors que je n'ai rien fait de mal?» Dans la foulée, il a déclaré l'enquête fédérale «inconstitutionnelle», en majuscules et sans explication. 

Le travail de sape de Donald Trump contre Robert Mueller, le procureur spécial chargé de l'enquête sur les interférences prêtées à la Russie pendant la présidentielle de 2016, gagne en intensité, soutient pour sa part Le Monde, faisant observer que les commentaires de Donald Trump, mettent à l'épreuve le principe de la séparation des pouvoirs.

Le journal souligne en outre que Donald Trump a usé précocement et ostensiblement de son droit de grâce, au cours des derniers mois, alors que ses prédécesseurs avaient attendu plus longtemps avant de s'en servir, estimant que la majorité des cinq pardons présidentiels annoncés jusqu'à présent a été marquée par la volonté de contrer la justice pour le bénéfice d'alliés politiques.

En Espagne, les journaux mettent l'accent sur la démission de Mariano Rajoy de la présidence du Parti populaire (PP), quelques jours après l’adoption de la motion de censure qui a délogé le PP du pouvoir au profit du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE).

«El Pais» indique que Mariano Rajoy a annoncé qu’il mettait fin à son parcours à la tête de la formation de droite, et a chargé le parti de trouver un successeur lors d’un prochain congrès extraordinaire.

Rajoy pilotera un bref processus de transition au PP qui doit être couronné par le congrès extraordinaire, prévu avant la fin de l’été, souligne le journal.

«Avec des larmes et sans successeur», titre «El Mundo» en commentant l’annonce par Mariano Rajoy de son départ, notant que l’ex-chef du gouvernement a préféré ne pas désigner son successeur et ouvrir la voie à un processus électoral interne.

Le quotidien affirme, par ailleurs, que l’actuel président de la région de Galice (nord-ouest), Alberto Núñez Feijóo, part favori pour occuper le poste abandonné par Rajoy, alors que la vice-présidence du gouvernement par intérim, Soraya Saenz de Santamaria, pourrait entrer dans la course pour la présidence du PP.

«ABC» rapporte lui aussi que Rajoy a fait ses adieux après 40 ans de carrière politique, et ne restera à la tête du PP que pendant une courte période de transition pour garantir une succession «rapide et organisée».

Les quotidiens helvétiques, quant à eux, consacrent des commentaires au débat en cours autour d'une éventuelle ratification suisse du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

Sous le titre "Genève veut étouffer le feu nucléaire", la Tribune de Genève écrit que les députés suisses ont adopté lundi une motion pressant l'exécutif de signer et ratifier le traité international. "Ce vote des parlementaires oblige le gouvernement fédéral à clarifier sa position", souligne l'éditorialiste, affirmant que ce dernier était pour le moins dubitatif quant à l’efficacité d’un traité qui exclut de fait les puissances nucléaires. Le Temps titre : "le parlement vote contre le gouvernement sur le dossier nucléaire", relevant qu'"il s'agit d'une défaite pour le ministre des Affaires étrangères qui se montre sceptique sur la ratification du traité".

"Alors qu’il y a quelques mois, les tenants du parapluie nucléaire américain étaient encore relativement entendus à Berne, le discours a quelque peu changé", fait observer le journal. Le "24Heures" note de son côté que l'aboutissement de la motion des députés suisses a pris de court l'exécutif fédéral, soulignant que la mobilisation de la société civile en matière de désarmement insuffle une dynamique nouvelle qui submerge la raison d’Etat invoquée par certains pays. 

Au Portugal, les nouvelles mesures de modernisation de l’administration, une affaire de corruption impliquant le club de Benfica et les revendications des enseignants sont des sujets qui retiennent l’attention des quotidiens.

Diario de Noticias écrit que les "Espaces de citoyens", sorte de complexes administratifs, vont connaitre un nouvel "assistant personnel" : un robot qui s’appelle Lola, qui sera testé à Porto, et qui devra interagir avec les citoyens pour les acheminer vers le service qu'ils veulent, sans l'intervention d'un employé.

C'est l'une des huit nouvelles mesures du Simplex 2018, qui sera présenté mercredi par la ministre de la Présidence et de la Réforme de l'administration, poursuit le quotidien, rappelant qu’il s’agit d’un programme de "débureaucratisation" de l'Etat entamé en 2006 et dont les mesures phares sont notamment l’impôt sur le revenu automatique, l'enregistrement des naissances dans les services de maternité, le simulateur de pension, le renouvellement du permis de conduire en ligne.

Jornal de Noticias note que le ministère public et la police judiciaire ont effectué de nouvelles perquisitions au siège de Benfica, mardi, en raison de soupçons de fraude fiscale et de blanchiment d'argent, ajoutant que le club n’a pas confirmé.

L'enquête vise à clarifier si les montants facturés par différentes entreprises à Benfica étaient basés sur des services réels ou s'ils étaient simplement un moyen de justifier le retrait de quelques millions d'euros des comptes du club lisboète, croit savoir le quotidien.

"Les enseignants et le gouvernement : divorce en vue", titre Jornal "i", faisant observer que le parti communiste (PCP) et le Bloc de gauche (alliés du gouvernement socialiste minoritaire) ont laissé le chef du gouvernement et le ministre de l’éducation isolés face aux revendications des enseignants.

La position de «chantage» du ministre lors des négociations avec les syndicats pour expliquer le temps de service gelé et l'accusation d'"intransigeance"du Premier ministre coûtera au PS le vote d’environ 80 à 90% des enseignants aux prochaines élections législatives, indique le quotidien, citant des réactions des enseignants et des syndicalistes.

MAP